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Dans cette pièce de théâtre, écrite en 1920, l'un des pères de la littérature de science-fiction offre à l'homme un miroir gênant.

Dans sa pièce dystopique R.U.R, Karel Capek imagine l'invention des robots au service des humains. Non seulement ses robots existent désormais, mais, de surcroit, ils portent le nom qu'il a inventé pour eux ! En effet, “rob” vient de l'ancien slave et veut dire esclave et “robota” veut dire corvée en tchèque, voilà l'invention d'un mot révolutionnaire pour les siècles à venir… la classe quoi !

“Je veux réveiller la conscience de ceux qui n'ont pas réfléchi” écrivait le poète tchèque Vítezslav Nezval. Comme son collègue, Karel Capek est engagé à gauche et fait réfléchir sur son époque et n'aura de cesse de le faire jusqu'à sa mort en 1938 quelque semaines avant son arrestation planifiée par la Gestapo.

Ces robots, parfaits, dociles, sorte de vertige de l'hubris humain, ne sont ils pas une sorte de miroir tendu à l'homme ? Leur révolte face à leurs créateurs, ils la justifient ironiquement ainsi : “il faut tuer et régner pour être comme les hommes” que peut-on leur opposer ?

Plus que les robots, reprogrammés, c'est l'homme nouveau, concept en vogue dans l'entre-deux-guerre qu'il soit soviétique ou nazi, qui inquiète l'humaniste qu'est Capek. Un homme tout au service d'un collectif, dont l'humus intime pour reprendre le mot de Robert Musil, labyrinthe et toile de soie d'émotions n'est plus utile à la fonction productive.

Seul moyen d'empêcher la révolte unifiée des robots ? En faire des êtres de couleurs et de langue différentes, sorte de mythe de Babel revisité. C'est aussi le mythe Homérique que revisite Capek, Hélène Glory comme Hélène de Troie est le grain de sable dans la machine, celle par qui la guerre arrive.

“Vous comprenez, il est quand même plus agréable de donner des ordres que de travailler.” le rêve d'une société se reposant sur la technique pour effectuer les tâches les plus ingrates, est aujourd'hui largement débordé, les robots prennent en charge nos activités industrielles, ménagères, mais aussi intellectuelles, récréatives et même affectives… Bientôt ChatGPT s'inscrira-t-il sur babélio ? Ou commenterons-nous ses oeuvres ?

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Voilà bien longtemps que je voulais plonger dans la lecture de "R.U.R.", l'origine même du mot Robot par le philosophe tchèque Capek.

Cette pièce, écrite en 1920, est superbement contemporaine. Dans une société où le profit dicte les lois, une entreprise décide de proposer des robots pour remplacer les ouvriers et ainsi, proposé une vie sans emploi où les biens seraient totalement gratuit.

Malheureusement, il suffit de 3 actes et de quelques années pour que tout parte de travers! Cette société utopique vire à la dystopie voire, au pire qui pouvait arriver à l'humanité.

Une pièce d'anticipation qui inspirera bon nombre de roman, série et film de Science-fiction. Elle aurait pu être écrire en 2024. Les dialogues sont intéressants, philosophiques et très bien écrits.

Une pièce que se doit de lire, tout fan de Science-fiction!


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On peut se poser la question pourquoi cet auteur tchèque n'est pas devenu aussi célèbre ou aussi adapté au cinéma que des Asimov, Huxley ou Orwell.
Néanmoins, Karel Capek est passé à la postérité grâce au mot "robot" que l'on utilise quotidiennement et qui apparaît pour la première fois dans ce livre.
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RUR est une pièce de théâtre de science-fiction tchèque de 1920. Elle est connue pour son invention du terme "Robot".

L'histoire est aujourd'hui éculée. Les robots, fatigués d'être utilisés comme des esclaves, se retournent contre leurs créateurs. C'est une allégorie ouvrière, Capek était marxiste.

L'originalité tient dans son retournement final. *Alerte : divulgâcheur* :

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Cette pièce de théâtre dystopique est un vrai petit bijou, une perle littéraire qui est malheureusement un peu tombée dans l'oubli de nos jours, à l'instar de « Nous Autres » de Zamiatine. Pourtant, ces deux récits ont ouvert la voie à un nouveau genre … Mais, concentrons-nous sur « R.U.R » puisqu'il s'agit ici de notre propos.
C'est de Rossum's Universal Robots (R.U.R) que nous vient notre mot robot. le mot « robota » signifie « corvée, travail » en tchèque, et Capek a créé le mot « robot » en enlevant une lettre. le robot, c'est donc celui qui accomplit les corvées. La pièce est parue dans les années vingt et a connu un succès international extraordinaire (moults traductions, représentations dans les plus grands théâtres), et les lecteurs auxquels ce commentaire donnera envie de découvrir cet ouvrage, comprendront aisément les raisons de l'engouement mondial pour ce livre.
Tout d'abord, l'écriture est remarquable.
Ensuite, l'histoire est ponctuée de dialogues drôles que le dramaturge a admirablement construits.
Enfin, le sujet, pour tous les amateurs de dystopie est tout simplement fascinant : c'est déjà celui de l'intelligence artificielle sous la forme de créatures quasi humaines. L'histoire se déroule sur une île, au loin, « dans le futur » comme il est indiqué au début de la pièce. C'est là que se trouvent les usines de la société RUR, qui doit son nom aux inventeurs des robots, Rossum Senior et Rossum Junior. Ceux-ci ne sont plus, mais leur invention leur survit, année après année, et est un succès commercial phénoménal. La société est gérée, entre autres par Harry Domin. Un beau jour, une jeune fille idéaliste arrive sur l'île. Je n'en dévoile pas plus pour la trame. Concernant les idées, les questions et les réflexions développées dans la pièce, l'auteur a réussi le tour de force d'en condenser un nombre incroyable en moins de cent pages. Les personnages s'interrogent sur et débattent des notions de travail (travail-plaisir ou travail-corvée), de conscience, de sensibilité, d'humanité, de courage politique ; et même le rôle des dividendes et des actionnaires dans les choix sociétaux sont abordés.
En fermant ce livre, on ne peut pas s'empêcher de penser que des années 1920, où paraît « R.U.R », aux années 2020 avec « Noël 2041 », en passant par « Nous Autres », « le Meilleur des Mondes », « Ravage », « 1984 », « Auprès de toi toujours », et bien d'autres ouvrages encore, différents auteurs ont bien décrit les potentiels dangers des excès technologiques et les questions d'éthiques qui y sont liées.
En conclusion, R.U.R est un ouvrage qui mérite d'être remis au goût du jour !
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Karel Čapek, R.U.R (Rossum's Universal Robots), @editions_de_la_difference

Vous le savez, j'aime la littérature d'Europe centrale (noooon, c'est vrai Marie ? On ne savait pas du tout 😱) et j'aime Karel Čapek, le grand auteur tchèque du XXe siècle (gros coup de coeur : le Châtiment de Prométhée et autres fariboles, chez @editionsnoirsurblanc) qui frappe toujours par sa culture, sa pertinence, sa finesse de regard sur l'espèce humaine et la fluidité de sa langue.
Cette pièce, écrite dans les années 20, nous interpelle sur l'humanité, le progrès, le concert des nations, les guerres perpétuelles, l'utopie, la volonté de pouvoir… On sent une veine qui donnera par exemple « Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny » (Brecht, 1930), il y a la question de la révolte comme dans « Les Justes » (Camus, 1939) le tout avec un zeste de Zweig et de Kafka (et peut-être même de Barjavel ou d'Orwell), et dans nos esprits les images de Metropolis (Fritz Lang, 1927). Vous l'aurez compris je recommande vivement 😉
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Cette pièce a été créée il y a 100 ans en 1921, et traduite du tchèque en une vingtaine de langues. Ça vaut bien qu'on y revienne pour son centenaire, d'autant que c'est à cette pièce que la langue française doit le mot robot. La pièce de Karel Čapek (1890-1938) s'appelle R.U.R. ou Russumovi univerzálni roboti, qu'on peut traduire par Robots universels de Rossum. Rossum est le nom de l'ingénieur qui fabrique ces robots. Son patronyme vient du mot tchèque rozum dérivé du français raison. Ainsi, chacune des deux langues aura donné un mot à l'autre. Ce néologisme, qui en français a remplacé le mot automate, en attendant androïde, vient du tchèque robota, travail et robotovat, travailler, issu de rob, esclave en slave ancien. Robotnik veut dire ouvrier dans plusieurs langues slaves. La pièce, qui est beaucoup plus que de la science-fiction, se déroule dans une fabrique de robots dont certains ont été imprudemment dotés de sensibilité. Un atelier fabrique les cerveaux, un autre des bobines de fibres nerveuses, des tubes artériels, des os, etc., en attendant d'être assemblés comme dans une chaîne de montage automobile. La société fabrique des milliers de robots et les humains n'ont plus besoin de travailler, deviennent oisifs et décadents, n'ont que la guerre comme passe-temps, et un jour, comme en 1789, les robots finissent se révolter contre leurs maitres et anéantir l'humanité. le secret de leur fabrication a été brûlé, mais à la fin de la pièce, deux d'entre eux découvrent l'amour, redeviennent donc humains, et Alquist, le dernier humain, remet la responsabilité du monde à ces nouveaux Adam et Ève. La pièce est une satire de la foi aveugle dans le machinisme, bien avant Les Temps Modernes de Ch. Chaplin (1936), et déjà une mise en garde contre le totalitarisme, raison pour laquelle elle a été interdite en Tchécoslovaquie à l'ère communiste. Après l'invasion des Sudètes par Hitler, l'auteur n'a été sauvé de l'arrestation par la Gestapo que parce qu'il est mort quelques jours avant.
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Dans cette pièce de théâtre en un prologue et trois actes, Karel Capek invente le terme de robot (à partir du mot tchèque robota qui signifie corvée au sens féodal du mot). Ces robots ressemblent d'ailleurs plus à des androïdes qu'à ce que nous appelons actuellement robot, et encore, ils sont organiques et non mécaniques, proches de clones en quelque sorte, mais des clones sans âme. Ce qui frappe à la lecture de cette pièce, c'est sa modernité, tant à son époque (elle date de 1920) qu'actuellement. C'est un des textes majeurs de l'univers de la Science-Fiction. On y trouve le thème maintes fois traité depuis des robots prenant conscience d'eux-même et se révoltant contre leurs créateurs, qu'ils décident d'éliminer.
La pièce est une critique virulente du rationalisme économique sans état d'âme. C'est aussi un pamphlet contre les ventes d'armes (la première guerre mondiale vient à peine de se terminer). Les questions que l'auteur pose sur l'emploi de la robotique dans la production industrielle ne sont pas très loin de questions actuelles. C'est presque un conte philosophique dystopique. Dommage que la fin soit très classique et sans grand intérêt.
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« R.U.R. » est une pièce de théâtre écrite en 1920 et originellement sous-titrée « Comédie utopiste en trois actes et un prologue ». La présente version en est la première traduction française, datant de 1924. Dans cette traduction, la version choisie pour l'extension du sigle est « Rezon's Universal Robots » (il existe plusieurs traductions différentes). le contexte : « R.U.R. » se déroule dans le futur, alors qu'une usine, dirigée par un certain Domin, vient de mettre sur le marché des humanoïdes, c'est-à-dire des machines ressemblant traits pour traits aux hommes. Ce sont des Robots. On peut sourire de ce terme aujourd'hui, en ayant vu défiler tant et tant. Pourtant, dans cette pièce, non seulement le nom prend une majuscule, mais c'est la première fois qu'il est publié ! En d'autres termes, le mot Robot est inventé dans cette pièce, même si l'idée de départ vient de Josef, le frère de ČAPEK.

Des humanoïdes donc. Fabriqués à des centaines de milliers d'exemplaires pour servir l'Homme, faire les besognes à sa place, les travaux ingrats. Les patrons se les arrachent car leur main d'oeuvre, et pour cause, est bon marché, de plus l'utilisation de Robots pourrait dans un proche avenir rendre l'homme oisif et jouisseur : « Avant dix ans, les Rezon's Universale Robots auront fait tant de froment, tant de tissus et de tout, que nous dirons : les choses n'ont plus aucune valeur. Que chacun prenne ce dont il a besoin. Il n'y a plus de misère. Oui, ils seront sans travail. Mais il n'y aura plus de travail du tout, car les machines vivantes feront tout. Les Robots nous vêtiront et nourriront. Les Robots feront des briques et construiront des maisons pour nous. Les Robots écriront pour nous des chiffres et balaieront nos escaliers. le travail sera supprimé. L'homme ne fera que ce qu'il aimera faire. Il sera débarrassé des soucis et de l'humiliation du travail. Il ne vivra que pour se perfectionner ».

L'usine R.U.R. est devenue une vraie curiosité. Ainsi, Hélène, la propre fille du Président du pays va visiter la fabrique. Seuls des Robots y travaillent, exceptés les décisionnaires, c'est-à-dire une poignée de dirigeants. Hélène est membre de la Ligue pour l'Humanité et, à ce titre, souhaiterait que les Robots soient traités comme des humains et non comme des machines. Pourtant les Robots ne semblent avoir ni âme ni sensations.

Ellipse. Dix années ont passé, les Robots ont été perfectionnés, ont même été armés. Ils ont participé à tant de guerres, tué tant d'humains, répondant à des ordres, soldats obéissants et efficaces. Ils ont envahi les lieux de travail. L'Homme devenu inutile a fini par s'ennuyer, la natalité a drastiquement baissé, rendant l'espèce humaine en danger. « On ne daigne même plus allonger son bras pour prendre la nourriture, on la leur met droit dans la bouche pour leur éviter de se lever. Ah ! Ah ! Les Robots de Domin se chargent de tout ! Les femmes n'engendreront pas pour les hommes qui sont devenus inutiles ».

Parallèlement, les Robots se sont émancipés, « humanisés », réclamant leur part de pouvoir, se montant en syndicats. Ils représentent un dixième de la population mondiale.

Le vent tourne. Les Robots se révoltent et leurs inventeurs, les dirigeants de l'usine R.U.R. doivent mettre fin à la jacquerie, alors que désormais les Robots existent depuis une trentaine d'années seulement. le manuscrit de fabrication des Robots existe en unique exemplaire, or lui seul peut permettre de continuer à développer les humanoïdes…

Ne nous y trompons pas : « R.U.R. » n'est pas un simple récit de science fiction, il est surtout un pamphlet politique et social pacifiste. Écrit au lendemain de la première guerre mondiale, il se dresse contre les guerres, contre les ventes d'armes internationales. Il est une revendication humaniste allégorique et puissante. En somme, en quelques dizaines de pages, il peut être vu comme un petit chef d'oeuvre d'intelligence appuyé par une fin épique. Une dystopie, sans aucun doute, mais sur un ton drôle, qui cependant s'aggrave au fil des pages. Cette pièce de théâtre est un véritable coup de maître, l'un de ces textes qui changent la littérature, à l'instar d'un « Nous » du russe ZAMIATINE, dystopie sortie la même année, et qui pour sa part a influencé ORWELL pour son « 1984 » (écrit près de 30 ans plus tard !) et HUXLEY pour « le meilleur des mondes ». « R.U.R. » est incontestablement une pierre à l'édifice de la future littérature contre-utopique. La version proposée est la numérique de la Bibliothèque russe et slave, à partir d'une traduction de 1924.

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Le rideau s'ouvre sur Rumba, un robot chargé d'exécuter la noble tâche de faire le ménage, d'aspirer en lieu et place d'un homme de ménage pour le compte d'une maîtresse de maison. Rumba travaille, travaille, travaille mais Rumba ne sait que répondre lorsque sa maîtresse lui demande de danser sur un rythme afro-cubain et lorsqu'il chante, il n'émet qu'un désagréable bruit de moteur, au grand dam de sa maîtresse. Et cette dernière se renseigne auprès de la R.U.R. , une compagnie fabriquant des robots qui lui fait parvenir, sur demande, un catalogue répertoriant différents modèles de robots révolutionnaires. Les robots fabriqués par la R.U.R. ont cette caractéristique de ressembler aux hommes, d'être faits de la même matière. Ils sont tellement ressemblants, tellement réussis sur le plan esthétique qu'on aurait bien du mal à les différencier des hommes si les hommes et les robots devaient paraître, ensemble, dans une pièce de théâtre de Karel Capek. Ces robots peuvent et doivent travailler, bien sûr (labor !) mais certains modèles, plus élaborés, peuvent lire, écrire, compter, et pourquoi pas danser, rire, aimer ? Rumba, l'aspirateur, aspire, aspire, aspire, aspire à devenir un homme, lui aussi.
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