Mike Carey n'est pas seulement le scénariste niveau expert des X-Men depuis X-Men: Supernovas, c'est également un créateur qui développe ses propres séries que Vertigo se fait un plaisir de publier que ce soit Lucifer 1: Devil in the Gateway ou
Unwritten 1: Tommy Taylor and the Bogus Identity, ou encore un certain nombre de graphic novels. Ce tome comprend les épisodes 1 à 5 d'une série aujourd'hui achevée et qui compte 3 tomes (Crossing Midnight 2: A Map of Midnight + Crossing Midnight 3: The Sword in the Soul).
Toshi et Kai Hara sont des adolescents jumeaux ; l'un est né juste avant minuit et sa soeur est née juste après minuit. Suite à une promesse faite par son père devant un autel dédié à un kami inconnu, Toshi qu'aucune lame ne peut blesser doit accepter d'être la servante d'Aratsu, un être surnaturel portant le titre de seigneur des couteaux. Son frère est amené à passer un marché (pour sauver son père des yakusas) avec Nidoru, une créature femelle appartenant également au monde surnaturel.
Mike Carey prend le temps d'installer son histoire dans le Japon contemporain. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a bien bossé la culture et la géographie japonaises avant d'écrire. Non seulement ses connaissances en matière de kamis et de yokais sont solides, mais en plus son utilisation des quartiers de Nagasaki montre qu'il a fait plus que simplement regarder un plan. Même son évocation du lâcher de la deuxième bombe atomique sur le Japon réussit à déjouer les clichés pour trouver une place légitime et logique dans le récit. Comme dans tous les débuts d'histoire, le lecteur ne sait pas très bien où le scénariste veut l'emmener. Mais ici le voyage est tellement dépaysant que cet aspect de la narration est vite oublié pour profiter des paysages et des situations.
C'est
Jim Fern qui se charge des illustrations avec des encrages de Rob Hunter pour le premier épisode et de
Mark Pennington pour les suivants. Dans les épisodes 1 à 4 son style se marie bien avec l'histoire. Il utilise des traits très fins et très peu d'à-plats de noir, ce qui donne des cases faciles à lire et assez aériennes. Dans le dernier épisode, le style reste le même, mais visiblement
Jim Fern n'a pas eu assez de temps pour finir ses dessins et on passe de cases aériennes à des cases affreusement vides et fades. Espérons qu'il ne s'agit que d'un incident de parcours.
Ce premier tome est très intriguant,
Mike Carey réussit par moment à capturer l'atmosphère des meilleurs seinens contemporains. Et j'ai vraiment envie de savoir où ces tribulations vont mener les jumeaux.