Ce tome fait suite à Messiah Complex ; il comprend les épisodes 208 à 212 de la série X-Men débutée en octobre 1991. Cette série prend le titre de "X-Men : legacy" à partir du numéro 208. Après "Messiah complex", la distribution des X-Men a été revue dans les différents titres. Les responsables éditoriaux de Marvel ont décidé de consacrer "X-Men : legacy" à mettre le passé de certains personnages en perspective.
À la fin de "Messiah complex", Charles Xavier est abattu d'une balle dans le crâne par Bishop. Au début de ce tome, le lecteur apprend que le corps comateux du professeur a été récupéré par Exodus et ses acolytes. Exodus tente par tous les moyens de ramener le professeur à la conscience. le récit nous montre comment Charles Xavier reprend connaissance, à quel prix, et comment il part sur les routes à la recherche de ses souvenirs.
Sur la base de cette trame simpliste,
Mike Carey bâtit un scénario passionnant et tendu. le scénariste ne se contente pas de faire ressurgir des images du passé pour jouer sur la nostalgie. Il réussit le tour de force de faire partager le monologue intérieur de Xavier, sans pour autant recourir aux bulles de pensées. Chaque plongeon dans le passé est mis en scène comme un flashback. Mais chacun de ces retours en arrière ne s'arrête pas à redonner la même vision qu'à l'origine, chacun est empreint de la subjectivité de Xavier et de celle de son interlocuteur.
Mike Carey ne fait pas de Charles Xavier un saint homme en rationalisant chacune de ses erreurs, il n'en fait pas non plus un démon assoiffé de pouvoir, ou un général lançant ses troupes à la boucherie. Il montre de manière fort habile comment Xavier a effectué des choix pour le mieux en fonction des circonstances, de ses convictions et de sa personnalité.
Ce tome est à conseiller à des lecteurs déjà initiés aux X-Men.
Mike Carey revisite beaucoup d'épisodes de la vie du professeur Xavier dans des pages soigneusement élaborées. Lors de ces incursions dans le passé, les pages sont illustrées par un dessinateur différent du reste de l'épisode. Les souvenirs sont ainsi mis en scène par
John Romita Jr. Encré par
Klaus Janson (dessins supportables, Romita est dans un registre passable), Billy Tan (très bien),
Greg Land (agréable avec une superbe pleine page d'Emma en forme diamant),
Brandon Peterson (une magnifique évocation de Jean Grey) et
Mike Deodato (en mode je dessine plus vite que mon ombre). Pour les souvenirs,
Mike Carey a choisi de laisser les illustrations indiquer au lecteur quand se situe l'action à l'aide des costumes des X-Men, de la composition de l'équipe et des criminels qu'ils affrontent. Les dialogues se chargent uniquement de donner le point de vue de Xavier et de son interlocuteur. SI vous êtes familiers de tous les titres des X-Men depuis 1963, vous reconnaîtrez tout. Sinon (comme moi) certaines scènes resteront muettes, mais intéressantes par les émotions transmises et ce qu'elles disent sur le caractère de Xavier.
Mike Carey a également eu la chance de se voir attribuer un bon dessinateur en la personne de Scott Eaton. Il adopte un style assez réaliste et il est capable de construire des cases avec une pléiade de personnages tout en assurant une lisibilité maximale pour le lecteur. Chaque personnage se reconnaît aisément. On pourrait juste lui reprocher une tendance aux décors passe partout. Heureusement il bénéficie de la mise en couleur de Frank D'Armata, toujours aussi riche et nuancée, un délice pour les yeux. Il faut également mentionner les magnifiques couvertures de
David Finch dans un style qui évoque un croisement entre Jim Lee et
Marc Silvestri.
Vous aimez les X-Men ? Vous n'avez pas peur d'affronter un peu de continuité ? Vous rêvez de tout savoir sur Charles Xavier ? N'hésitez pas et plongez dans la lecture de ce tome passionnant et très intelligemment écrit Vous croiserez le chemin d'Exodus, d'Erik Lehnsherr (sans pouvoir), du Hellfire Club, de Gambit, du Juggernaut, de Mister Sinister et de la génération des parents de Xavier. La chasse aux souvenirs se poursuit dans X-Men: Legacy: Sins of the Father.