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J'ai lu plusieurs livres de Carofiglio, tous en version originale, cet auteur me plait et j'aime sa manière d'écrire.

La trame en est très simple : le protagoniste, Guido Guerrieri, est avocat au pénal, vit et travaille à Bari. Un de ses collègues, avocat au civil, s'adresse à lui car depuis six mois une jeune étudiante universitaire à Rome a disparu. Guido est plutôt réticent à accepter ce travail, relevant davantage d'un détective privé, mais l'acceptera et finira par résoudre ce mystère.

Contrairement à un roman policier classique, la trame n'a ici qu'une importance relative, et d'ailleurs la fin est prévisible dès la première page...
C'est véritablement un roman policier atypique : il ajoute et mêle à l'histoire des réflexions sur la vie, de nombreuses références littéraires et musicales, des souvenirs d'enfance, beaucoup d'éléments ne faisant habituellement pas partie d'un polar classique mais qui rendent le héros réel et très sympathique, une véritable empathie se crée avec lui.
L'auteur s'attache à l'analyse psychologique de ses personnages, Guido est un homme à la recherche de soi et a un confesseur bizarre, son sac de boxe avec qui il a des dialogues surréalistes, sa carrière est brillante mais il est mélancolique et seul. À cette solitude, la musique et son punching-ball servent d'antidote. Ses pensées sont souvent des paroles qu'il n'oserait prononcer à voix haute. Toutes ses divagations nous le rendent sympathique et réussissent à reléguer l'intrigue à l'arrière-fond.
J'aime également la description des parents de l'étudiante, leur douleur et leur espérance, la description de la société de Bari particulièrement sa bourgeoisie. Les personnages secondaires ne sont pas à négliger non plus.
Le livre m'a fait souvent rire et penser.
Le style est fluide, toujours direct, l'auteur utilise le présent (sauf dans les flash-backs) et le protagoniste principal parle à la première personne ce qui rend la lecture aisée.
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Guido Guerrieri n'est pas tout à fait un avocat comme les autres. Droit, engagé, il ne s'en laisse pas compter. Noctambule, boxeur à ses heures perdues, il rappelle à la fois le Mickey Haller de Michael Connelly et le commissaire Montalbano d'Andrea Camilleri. Il est plutôt cultivé, fréquente les librairies et apprécie la bonne chère : c'est d'ailleurs l'occasion, souvent mise à profit, de présenter Bari, ses tables, le Sud de l'Italie et plus particulièrement les Pouilles, région à laquelle notre homme est très attaché et où se déroulent les intrigues de cette série.

Son métier, il l'exerce à Bari avec l'aide de Consuelo et de Pasquale. Et voici qu'un de ses confrères, Sabino Fornelli, lui demande de s'occuper d'une affaire banale à priori, celle de la disparition de Manuela, une étudiante, six mois plus tôt. Reprenant officieusement l'enquête, il ne décèle aucune négligence et ne trouve pas l'ombre d'une nouvelle piste. Au point mort, c'est au fil de ses rencontres avec les amis, les témoins et les familiers de la victime que la lumière, au moment le plus inattendu, lui fournira une réponse implacable, dans le sillage de Caterina, un personnage clef dont le charme ne laisse pas indifférent Guido Guerrieri, méfiant certes, mais non pas moins homme...


Hors des conventions du genre, ce roman mêle une bonne intrigue à des considérations philosophiques non dénuées d'humour qui accentuent son originalité. Gianrico Carofiglio écrit un roman policier digne de ce nom, qui incite volontiers à s'installer dans un fauteuil un verre à la main, jusqu'au dénouement de l'enquête. Une valeur sûre !
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Publié en 2010, c'est le quatrième de la série avec l'avocat Guerrieri.
Cette fois il n'est pas dans son rôle de juriste, mais dans un emploi insolite, plus adapté à un détective.
Il ne s'agit pas d'une enquête policière mais d'une enquête humaine à la demande expresse d'une famille pour découvrir la raison de la disparition de Manuela, étudiante à l'Université de Rome, qui n'est pas rentrée à Bari en fin de semaine.
Pour ce faire, il rencontre Catarina, sa meilleure amie , laquelle reconstruit pour lui le monde secret de la jeune étudiante et les raisons de sa disparition.
En parallèle, se développent les longues conversations nocturnes avec une ancienne prostituée de luxe, ancienne cliente de l'avocat, et ses confessions inattendues.

Le comportement de Guerrieri change suivant les événements. Lui_même a sa propre personnalité et une psychologie complexe. Pas très heureux en amour il se défoule sur son sac de boxe accroché dans son séjour.
Comme souvent avec lui, fouiller dans la vie des autres revient à fouiller aussi dans la sienne. Il est introspectif et fascinant.

Le style est sec et essentiel. les dialogues, réalistes et vraisemblables donnent au livre un rythme soutenu et l'envie de tourner les pages.
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Un bon moment de détente entre roman et roman policier.

Carofiglio abandonne son personnage de juge pour investir un avocat de Bari, là aucun changement, d'une mission qui ressort davantage des compétences d'un détective que de celles d'un membre du barreau. Qu'importe, l'histoire se tient, même si un flair léger permet de découvrir le dénouement.

Lu en version originale, et la langue de l'auteur est comme d'habitude fluide et agréable à lire.

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Il y a des bouquins, comme ça, qui sont des livres-bibliothèques. Non, non, pas des livres de bibliothèque – qu'on rend toujours à la bourre – mais des livres-bibliothèques, ceux dont chaque page contient une étagère. On parcourt les lignes qui regorgent de titres, on y passe le doigt et, outre la poussière, on se souvient avec plaisir de ceux qu'on a lus. C'est le cas du Silence pour preuve de Carofiglio qui multiplie les références aux classiques de la littérature (policière ou non). Et c'est assurément ce qui me le rend sympathique. Car il n'y a rien de pédant dans ces rappels, pas d'allusions virtuoses ou de mise-en-abyme pour gros malins. On est entre copains, majeurs et vaccinés, et on n'a rien à prouver. Carofiglio cite donc les auteurs qu'il aime et dont il emprunte l'intrigue, le style ou les images. L'originalité en littérature, il s'en fout ; quant à l'authenticité, c'est celle de son plaisir de lecture. En effet, Carofiglio et son personnage Guido Guerrieri sont des jouisseurs – pas des gros jouisseurs à la San Antonio, mais des petits jouisseurs tout de même. L'avocat est ainsi intraitable sur les fautes de goût de ses clients : « le professeur était à coup sûr coupable […], c'était un vantard mielleux et surtout il portait des mocassins à glands. » Pour se convaincre de la sensualité du personnage, on peut aussi considérer tout ce que Guerrieri s'enfile (les petits verres de vin ou de whisky, les menus de gourmet, la jeune fille de vingt ans sa cadette et les séances de boxe, histoire de sentir la sueur) ou tout simplement à quelques passages comme, lorsqu'après une référence à Simenon (donc à Maigret, autre sensuel), l'avocat traverse un pont au-dessus du Tibre : « Semée d'étincelles couleur mercure, l'eau, d'un jaune tirant sur le vert, procurait une impression de gaieté. Il n'y avait pas grand monde, et l'on entendait en arrière-fond de rares bruits de circulation, ainsi que des voix indistinctes. » C'est le genre d'infimes moments où l'on se sent doucement exister. Et oui, ma foi, ça va.

On comprend donc assez vite que ce roman ne va pas trop donner dans la grosse baston et les poursuites en bagnoles. Guerrieri n'aime pas la vitesse, comme lorsqu'un de ses clients parmi les plus grossiers, fait des pointes de vitesse en voiture : « il conduisait comme un chauffeur de taxi de Bombay au son de tubes italiens des années soixante-dix qui auraient soutiré des aveux aux membres les plus radicaux d'al Qaida. » L'intrigue policière va donc se dérouler d'elle-même comme un doux clapotis : une jeune fille a disparu sans laisser de traces, à Maître Guerrieri de la retrouver en interrogeant quelques personnages, peinard. La résolution est prévisible, le coupable est aussi discret que Bernard Tapie et, à la limite, c'est pas très grave : l'énigme est noyée dans ces petits moments où Guerrieri mange un morceau, discute avec une copine, va promener le chien, boit un verre avec une autre copine, écoute un disque. Bref, c'est les vacances, pas la peine de se grouiller.
On peut donc prêter attention à ces petits riens, habituellement éclipsés par l'urgence quotidienne et qui sont pourtant essentiels. le silence notamment, qui recèlent les éléments les plus importants du roman : la résolution de l'énigme, mais aussi la douleur des victimes (le père de la jeune fille) et des condamnés. Ainsi quand l'avocat téléphone à l'un de ses clients pour lui annoncer qu'il devra passer des années en prison : « Je tentai d'ignorer que sa vie se déchirait dans ce silence… ». Caroflio et Guerrieri savent que parler, c'est toujours courir le risque si ce n'est de se trahir, du moins commettre une faute. D'où les personnages qui bégayent, qui mentent, qui se réfugient derrière le secret professionnel ou qui ne se confessent qu'en tapant sur un sac de boxe : dans le roman policier, on peut vous attaquer sur un mot de trop. Guerrieri en fait presque une éthique. A de nombreuses reprises, il se reproche d'avoir parlé pour ne rien dire, d'avoir usé de clichés ou d'un mot en trop. Dans l'ensemble, ce roman est en quête d'honnêteté : il ne cherche pas à faire croire qu'il est plus intelligent qu'il ne l'est, pas d'esbroufe de détective dur-à-cuire ou de thriller conspirationniste, le silence de Caroflio cherche le ton juste.

Seulement voilà, c'est aussi pour cela que ce roman finit par agacer. On ne peut pas lui faire de reproches, non, ce serait trop méchant alors que, lui, il est trop gentil. Mais bon, disons-le franchement : ce bouquin devient ennuyeux par trop de vertu, il est chiant comme l'honnêteté. On s'effarouche parce que les « jeunes » fument des joints – et, bien entendu, les meurtriers prennent de la coke –, on s'encanaille en discutant avec dealers sympathiques ou des putes rangées des bagnoles, on fait des cas de conscience lorsqu'un quarantenaire désire une jeune fille. Guerrieri comme héros de polar, c'est un peu comme une andouille de porc qui ne sent pas : c'est trop propret pour ne pas déranger les amateurs. Au mieux, on peut le taxer d'être une belle âme un peu fade, qui n'a pas souvent mis les mains dans l'action, au pire on peut soupçonner une pudique hypocrisie. Guerrieri évolue dans un système qu'il dit lui-même vicié, et pourtant il reste assez intègre pour jouer avec ses scrupules. Lorsque je lis que Carofiglio a été juge antimafia puis sénateur du Parti démocrate, je ne puis que m'étonner devant l'absence d'une quelconque référence politique. Sûrement voulait-il laisser de côté son boulot et ses affres quotidiens ? Je vous le dis, ce roman sent les vacances et l'utopie.

Ah, sinon, remarquons le superbe choix de la photo de couverture, qui est tout simplement à côté de la plaque.
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Les terres grises : le silence pour preuve de Gianrico Carofiglio

Gianrico Carofiglio ne fait pas profession d'écrivain. La biographie de cet italien le présente surtout comme un magistrat et sénateur de la région des Pouilles. Mais il se trouve qu'il écrit aussi. Et plutôt bien. Sa plume est classique mais efficace, précise et sans fioritures mais évocatrice. Un style que l'on aime penser à l'image de l'homme ; Gianrico Carofiglio est, à n'en pas douter, un magistrat très investi dans la vie politique italienne qui possède, en outre, une culture littéraire et classique très solide, si l'on s'en réfère aux nombreuses (et très bien choisies) citations qui émaillent le texte de son roman paru en 2009 et traduit en 2011 pour le Seuil Policiers. C'est donc sans surprise – mais avec plaisir – que le silence pour preuve nous fait découvrir un héro taillé dans le même bois que celui de son auteur. L'avocat Guido Guerrieri (dont c'est la quatrième aventure) est un homme de loi qui aime, lui aussi, s'aventurer sur d'autres terres que celles des salles d'audiences feutrées. L'homme, la quarantaine fatiguée et nonchalante, sait s'improviser enquêteur amateur à l'occasion de certaines de ses affaires et des demandes de ses clients.

Dans le silence pour preuve, c'est un de ses confrères qui lui présente un cas épineux et dramatique. Manuela, une jeune étudiante de Bari, a disparu depuis 6 mois. de retour de vacances, elle s'est tout simplement volatilisée. Depuis, le silence s'est installé : pas de signe de vie (ou de mort), pas de témoins, aucune raison invoquée. Alors que le procureur s'apprête à classer une affaire qui n'en est plus vraiment une aux yeux de la police et de la justice italiennes, les parents de la jeune fille, désespérés, jouent leur dernière carte. Ils convainquent Guido Guerrieri de reprendre l'enquête afin de trouver des éléments nouveaux qui permettraient à l'affaire de ne pas être abandonnée. L'avocat accepte avec réticence de mener quelques investigations qui s'avèreront fructueuses…

Une disparition, très peu de témoins - tous silencieux, un travail sur le passé et les souvenirs : « Pourquoi cette fille normale ayant une vie normale et une famille normale avait-elle, du jour au lendemain, disparu dans le néant ? »*. La trame de l'histoire est d'une simplicité biblique… et le restera jusqu'au dénouement. Tout le charme de ce legal thriller – qui porte d'ailleurs bien son nom car on y apprend quelques principes de droit et de procédure italiens exposés avec précision et un certain sens didactique – repose sur cette simplicité. Pas de cavalcades, pas de rebondissements extravagants, pas même de grands moments de prétoire… Et pourtant, un vrai suspens est maintenu très habilement tout au long du livre. Car la tension ne repose, en effet, pas tant sur les faits ou l'action que sur quelques personnages forts et leurs non-dits criants. le personnage du héro, Guido Guerrieri, n'est d'ailleurs pas le moins mystérieux. Il sait s'aventurer entre deux eaux, là où la culpabilité et l'innocence ne sont pas des concepts toujours bien définis, prédéterminés et prévisibles. Ce sont des terres grises qui peuvent mener ceux qui les foulent à l'aigreur et au cynisme. Mais, c'est plutôt l'humour et la mélancolie qui affleurent au fil des pages de ce roman policier nonchalant.

Ainsi, Gianrico Carofiglio parvient à faire du Silence pour preuve un polar tout aussi efficace qu'attachant et prouve, à la suite de son héro, qu'on peut bien mener deux vies de front : être un magistrat intraitable et un bon écrivain de roman noir.

Agnès Fleury

* Extraits de le silence pour preuve : une enquête de l'avocat Guido Guerrieri, Gianrico Carofiglio (Seuil, 2011) - Lu dans le cadre du jury Seuil policiers et Babelio
Lien : http://unchatnoir.canalblog...
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Elle a disparu. Cela fait 6 mois maintenant. Volatilisée. Aucune trace, aucun indice. Une fugue ? L'envie d'un possible ailleurs ? Rapt crapuleux ? Nous sommes en Italie, pays où le crime est organisé. La tentation est grande pour le lecteur d'aller dans cette direction là.

C'est parce qu'ils sont désespérés et qu'ils comprennent que l'affaire va être prochainement classée que les parents de Manuela, parviennent à convaincre Guido GUERRIERI, avocat de profession de reprendre le dossier pour voir si la police ne serait pas passée à côté d'un élément capital dans son enquête sur la disparition de leur fille.

Touché par leur détresse celui-ci accepte de jouer les apprentis détectives et de reprendre l'affaire à zéro. le voilà remontant le cours du temps à la recherche des dernières personnes à avoir vu ou côtoyé Manuela. Son ex petit ami, avec qui la séparation fut particulièrement explosive, qui aurait pu faire le suspect idéal, mais son alibi le met à l'abri des suspicions ; Nicoletta et Caterina ses amies avec qui Manuela étudiait à Rome, et Anita, celle qui est la dernière à l'avoir vue vivante, en la déposant à la gare.

« le silence pour preuve » marque ma toute première rencontre avec Gianrico Carofiglio, un auteur italien que je n'avais pas encore eu l'occasion de découvrir jusqu'ici.

Voilà le type de roman policier ( pour un peu le terme même de « policier » serait un peu excessif) indispensable au genre que nous apprécions tant. Car il nous prouve qu'il possible raconter une histoire sans pour autant devoir se vautrer dans l'hémoglobine, la poudre à canon et la violence à outrance.

C'est un roman épuré, profondément humain que nous offre Gianrico CAROFIGLIO . Un roman qui parle d'une histoire simple, banale, et elle nous est comptée sans artifice, très sobrement. Pas de rebondissement, pas de spectaculaire, de dénouement à couper le souffle. Et ce qui en donne toute sa puissance.

L'avocat avance dans cette histoire avec une certaine langueur, à la manière d'une promenade nocturne dans les rues de la ville comme il aime à faire parfois. Il observe, à l'écoute de ce qui l'entoure, en particulier de ces jeunes qu'il interroge et lui délivrent une partition sans fausse note. Et là, devant cette façade sociale si lisse le rideau des apparences commence à bouger fébrilement, soulevé par le souffle de curiosité de cet avocat.

Ce n'est pas tant dans la trame de ce roman que réside à mes yeux l'intérêt de celui-ci que dans la complexité insoupçonnée de cet avocat, parcouru par des tourments intérieurs, qui aime à poser un instant son existence sur la table d'un bar homo pour s'enivrer d'alcool et retrouver Nadia la propriétaire du lieu, ancienne actrice porno, ancienne call girl qu'il avait un jour défendue, qui écoute mais pose peu de questions.

Et cela va bien à cet avocat ami des livres, pour qui la relation à l'autre n'est pas aussi simple et qui préfère se confier à son sac de frappe quand il enfile des gants de boxe pour se vider l'esprit. Mister Sac est son ami et confident.

Un homme à l'âme mélancolique, un peu fatigué , un funambule qui marche en équilibre sur le fil de la vie, et qui navigue à la frontière toujours floue entre le mal et le bien, l'innocence et la culpabilité, à la recherche d cette vérité qu'on veut lui cacher mais dont il devine la présence toute proche.

Paradoxalement, on ressort apaisé de ce roman et c'est délicatement que le lecteur referme son livre, la pensée tout à ce personnage et cette histoire simple et cruelle.
Lien : http://passion-polar.over-bl..
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Quand Sabino Fornelli, avocat civiliste, propose à Guido Guerrieri, avocat en cassation, de le rencontrer avec deux de ses clients à propos « d'une affaire délicate et urgente », ce dernier flaire l'embrouille. Manuela, jeune étudiante à Bari, la fille des deux clients en question, a mystérieusement disparu. Guerrieri va être chargé d'enquêter. Les carabiniers ont déjà mené une enquête sérieuse et approfondie : notre avocat va-t-il pouvoir découvrir « une chose manquante » qui fera basculer l'enquête, tel un habile Sherlock Holmes ?

J'ai lu ce policier paru en mai 2011 aux éditions du Seuil dans le cadre du Jury Seuil Policiers 2011 et je tiens à remercier Babelio de m'avoir offert l'opportunité d'en faire partie.

C'est une enquête de l'avocat Guido Guerrieri que nous propose Gianrico Carofiglio, auteur italien né en 1961 à Bari. Il a peut-être choisi un avocat pour incarner la figure de l'enquêteur en raison de sa propre profession de magistrat.

Après lecture de ce policier, il m'apparaît que l'enquête était plutôt secondaire pour l'auteur : j'ai eu l'impression qu'il attachait plus d'importance à brosser le portrait de l'avocat enquêteur. Celui-ci me semble particulièrement réussi : Guerrieri est très attachant parce que pétri de doutes et de questionnements. Cela est particulièrement visible avec Caterina, une jeune femme d'une vingtaine d'années, dotée de charmes physiques ravageurs. Guerrieri est alors tiraillé face à elle entre ses pulsions viriles et son surmoi redoutable (qui lui souffle notamment que cette jeune femme pourrait être sa fille…). Il fait également preuve, en toutes circonstances, de beaucoup d'autodérision ce qui le rend encore plus attachant. Ses propos, tout en finesse et humour, savent faire mouche et provoquer le rire du lecteur, en témoigne ce passage où sa réflexion avisée l'amène à une conduite prudente :

Sur l'escalier de la Trinité-des-Monts, je fis la connaissance de deux Américaines, avec qui je mangeai une pizza. Mais je déclinai l'invitation à poursuivre la soirée dans leur appartement après avoir saisi un regard de complicité entre elles : calculant qu'elles pesaient entre quatre-vingts et quatre-vingt dix kilos chacune, je songeai que prudence est mère de sûreté. (p. 16.)

Il épingle également un manuel de développement personnel censé résoudre un mal décrit par les psychologues et les psychiatres :

Procrastination, tel est le nom de cette pathologie.
Les sujets manquant d'assurance et dotés d'une faible estime de soi renvoient à plus tard les besognes désagréables pour éviter de se mesurer à leurs faiblesses, leurs peurs et leurs limites. C'est tout du moins ce que j'avais lu dans un manuel intitulé Cessez de remettre à plus tard et commencez à vivre, qui expliquait en deux cents pages, de manière analytique, les causes de ce phénomène et proposait des exercices délirants du style – textuellement – « se libérer de cette maladie de la volonté et mener une existence pleine, productive et sans frustration ». p. 47.

L'auteur a décrit un narrateur particulièrement nostalgique, en proie à de fréquentes ruminations. Il se complaît dans l'évocation de souvenirs passés et nous amène à réfléchir au travail de la mémoire, sur le mode de la madeleine de Proust :

Les souvenirs ne se dissipent jamais. Ils demeurent tous cachés sous la fine croûte de la conscience, y compris ceux que nous croyions à jamais perdus. Parfois un geste, une image suffisent à les ramener à la surface.
Par exemple un gâteau trempé dans du thé, ou un gros chien aux yeux mélancoliques qui offre sa gorge aux caresses. p. 118.

C'est ainsi qu'un Cane Corso (molosse italien) l'amène à retrouver le fil de ses souvenirs d'enfance.

Ainsi, ce policier présente des dimensions attachantes et plaisantes. Je lui ai trouvé cependant quelques longueurs : l'auteur opère de multiples digressions, perdant parfois le fil de l'enquête (qui m'apparaît donc secondaire sous la plume de l'auteur), en évoquant les affaires que doit traiter notre avocat. Elles m'ont semblé sans grand intérêt pour l'histoire. Hormis ces longueurs, l'intrigue en elle-même est intéressante : la fin, notamment, qui délivre la clé, m'a semblé passionnante, le suspens grandissant étant bien rendu dans des chapitres courts, se terminant sur une énigme, un rebondissement, repris dès le début du chapitre suivant.

Un policier plaisant, très agréable à lire, qui campe un portrait attachant d'un avocat humain et nostalgique, mais qui présente quelques longueurs.
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Sélection polar Babelio / Seuil
J'ai choisi de faire la critique de ce roman avant la fin, pour éviter dans un premier temps l'inévitable aspiration du dénouement, et me concentrer d'abord sur l'écriture. Ce roman d'une facture classique - enquête sur une affaire non résolue - se situe dans une tradition largement éprouvée de whodunit. Ce n'est pas là qu'il faut attendre la surprise. Les personnages, et notamment l'avocat Guerrieri, sont moins conventionnels. C'est sans doute là que la patte de Carofiglio, magistrat lui-même, se ressent le plus, la capacité à incarner ses personnages. le roman est italien sans trop l'être. Comme une atmosphère flottante, un peu ensoleillée sans doute, qui rend la noirceur moins sombre. Avant d'atteindre le dénouement, je trouve cette lecture agréable, un texte bien écrit (et bien traduit sans doute), ancré dans la culture européenne classique (références littéraires, musicales). Pour l'instant, le meilleur des trois romans lus pour le jury polar Babelio / Seuil.
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Après avoir terminé Les Raisons du Doute avec grand plaisir, j'ai retrouvé Guido Guerrieri, l'avocat de Bari, dans une nouvelle enquête. Thriller très, très soft. L'enquête est loin d'être trépidante. Partie de presque rien : la disparition d'une étudiante, a déjà été classée par la police qui n'a rien trouvé. Les parents ne peuvent se résoudre à accepter cette disparition. Ils chargent Guido Guerrieri d'étudier le dossier, espérant trouver une faille dans les recherches policières.

Un week-end festif dans les trulli et la piste s'arrête à la gare d'Ostuni... Trois jeunes filles, deux amies et celles qui l'a accompagnée à la gare. Bien peu d'indices!

Nous suivons l'avocat dans les prétoires, plaidant d'autres affaires, dans son nouveau bureau avec ses collaborateurs, chez lui boxant son sac, à vélo dans la ville, en promenade dans ses lieux familiers....C'est un agréable compagnon qui aime les livres, le cinéma, qui est capable de réciter de mémoire les dialogues des films qu'il a aimés ou les images frappantes de ces films. Contemplatif, il laisse surgir des images de son passé. On en apprend davantage sur Guido que sur Manuela qui, finalement ne nous intéresse pas tant que cela.

L'enquête se poursuit. Mais il vous faudra lire le livre pour connaître le dénouement.

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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