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EAN : 9782491366070
176 pages
Oneiroi (15/12/2022)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Le steampunk joue avec l’histoire du XIXe siècle, la tord et en imagine des ressorts différents de notre réalité. Dans cette anthologie, vous marcherez dans les pas d’inventeurs en quête de gloire, de pouvoir, de connaissance ou d’argent. Pris dans les feux croisés de la politique, ces ingénieurs interrogent leur sens moral : ils devront décider entre mettre leur création au service du gouvernement ou du peuple. Cependant, ce choix leur appartient-il vraiment ?
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est à travers ce quatrième volume d'anthologie de nouvelles steampunk que j'inaugure la collection « Vapeur & Mécanique » des éditions Oneiroi.
C'est sympathique de découvrir dans un format poche 4 nouvelles ayant le même thème « Innovation & jeu de pouvoir » et qui poursuivent un même objectif : faire découvrir le steampunk, ses inventeurs et leurs inventions, ainsi que ceux qui ont voulu se les approprier.

"Le prix du charbon" de Alexandre Boise
Théodore Nicéphore Nièpce, petit-fils du célèbre inventeur de la photographie et dont la vie l'a amené à parachever l'un des nombreux projets de son aïeul, le pyréolophore, le premier moteur à combustion interne du monde.
Voilà le personnage qui arpente, vogue et vole à travers ces quelques pages.
Notre cher Niépce est le fruit d'une époque sexiste et xénophobe à l'approche de l'exposition universelle de 1889, son humour et sa répartie allègent le ton sans enlever toute sa véracité, tel l'enrobage sucré d'un bonbon au coeur acidulé (oui ma comparaison n'a rien à voir avec le sujet et alors ?). Et ce Niépce est aussi la petite graine d'une génération d'inventeurs qui se sont donnés corps et âme à leurs recherches et expérimentations, laissant ainsi l'enfant grandir naïvement dans les jupons de sa nurse.
Ses voyages et mésaventures qui l'amènent jusqu'à la capitale et aux hautes instances du pouvoir sont assez rocambolesques. le récit, bien qu'optimiste, dénonce les politiques et les conditions de vie du prolétariat.
L'écriture est fluide, décors et actions trouvent leur équilibre, et les personnages sont bien décrits. le trio éclectique Nicéphore, Emma et Hunka est plutôt bien trouvé, même si celui qui se révèle à nos yeux, qui évolue au cours du récit (les deux autres étant plus des faire-valoir), est bien évidemment notre jeune inventeur en quête de succès.


"Prophétesse" de Sacha Page
Licinia est une prêtresse de la Déesse Isis qui se confronte à sa perte de foi devant tant d'injustices sociales. Elle qui, pourtant, vient d'un foyer favorisé, puis exerce une fonction religieuse valorisante, elle va peu à peu dégringoler de son statut, jusqu'à occuper un des rangs les moins enviables, celui de “gladiatrice”. Mais si elle se retrouve là, dans les Jeux du Colisée de Rome, ce n'est pas involontaire… Elle a un plan pour imposer sa vision, son idéal social, et ce dernier est aussi louable que son application déviante : Licinia est prête à tout. Ce personnage ambigu semble porté à la fois par un ego démesuré et par un altruisme bienveillant. Arrivera-t-elle à ses fins, et ce, quels que soient les moyens pour y parvenir ?
Un récit que j'ai apprécié principalement par son ambiance, mêlant le côté antique que nous attachons aux Jeux à Rome, et l'aspect plus steampunk avec les automates. Si j'y ai vu quelques répétitions et ai anticipé sa fin, la nouvelle n'en reste pas moins intéressante.


"Zvukofon" de Matthieu Clerjaud
Dans ce récit, Jakov Katić est un ancien soldat et inventeur. Il revient dans la ville de Sivgrad (référence à Visegrad en Hongrie ou en Bosnie-Herzégovine ?) afin de participer à l'Exposition (référence à celle qui s'est tenue à Vienne en 1873 ?) pour y présenter sa nouvelle création, et ce, sur sollicitation de son ami Dmitri.
Ici, on est dans l'illustration pure d'une invention détournée de son intention initiale. Et je parle d'intention morale, pas technologique. Il ne s'agit pas là de détourner le mécanisme pour en faire autre chose, non, mais de mettre à profit l'invention aux mains d'individus qui prévoient d'autres contextes d'utilisation.
Mais de quoi parle-t-on ? le Zvukofon est un appareil d'enregistrement et de restitution sonores, qui rappelle les travaux du Français Édouard-Léon Scott de Martinville, qui déposa un brevet en 1857 pour son phonautographe, ainsi que celui du très connu Edison, qu'on ne présente plus, avec son phonographe de 1877, ou encore, et je pense que l'invention de Jakov y est tout à fait similaire, le gramophone de l'Allemand Émile Berliner.
Et cet appareil, qui a vocation à bouleverser notre rapport au son, à la musique - qui jusqu'alors devait s'apprécier qu'en concert - aura nombre de fractures sociales, mais ici s'en trouve menacé par de vils desseins. Les représentants du pouvoir s'immiscent dans les inventions et comptent bien se les approprier.
C'est l'une des nouvelles que j'ai le plus appréciée, aussi bien dans le style d'écriture que dans les sujets abordés. J'ai bien une ou deux choses à redire (l'incipit et le final), mais dans l'ensemble elle m'a laissé une plus forte impression que les autres. Cette nouvelle est tout de même l'une des moins optimistes, elle signe un aveu de faiblesse, tout en montrant une forme d'opposition, avec une certaine mélancolie, c'est doux- amer.

"Soleil noir" de Paul Carto
Dans ce récit, qui est le plus sombre des quatre de l'anthologie, je me suis perdue, je suis restée coincée dans ce conduit de cheminée. Tantôt éblouie, tantôt plongée dans la pénombre, difficile de savoir où j'allais (et si j'avais vraiment une destination), et le récit aussi.
On accompagne ici deux frères bretons, Elouen et Gwenvaël, qui ont l'immense joie et malheur à la fois (dites, je crois bien que l'oxymore se prolonge) d'avoir réussi à générer quelque chose, semblable à une source d'énergie.

Oui le thème est bien présent, le pouvoir veut s'emparer à tout prix de l'invention, mais quel parcours…
Comment traduire objectivement ce que j'en pense ? C'est compliqué, car je n'ai pas réussi à me plonger pleinement dans le récit. Et pour deux principales raisons : à cause de son rythme très haché (beaucoup de phrases courtes qui habituellement sont utilisées pour faciliter la lecture, l'immersion, et qui peuvent agrémenter un ton incisif ; ici, j'ai la sensation qu'elles ont aplani l'ensemble). Et souvent par son manque de simplicité, car il y a un florilège de descriptions et de termes techniques qui a alourdi le propos et qui m'a déconnectée de l'émotion.
Peut-être qu'une seconde lecture sera nécessaire pour celle-ci, afin de profiter vraiment de cette histoire tragique.
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Un recueil de nouvelles pour le coup assez sombre.

J'ai trouvé que dans toutes les nouvelles, c'était le plus sombre aspect des inventions au service du pouvoir qui était abordé. C'est le thème, bien sûr, et c'était très bien réalisé, mais un peu d'optimiste aurait été bienvenu dans ce monde de noirceur.

J'ai commencé le recueil un peu dubitative avec la première nouvelle. Il faut dire que le protagoniste était franchement peu agréable, surtout à l'égard des femmes pendant les premières pages. Alors j'ai décidé de me moquer et de rire ouvertement de ce personnage grotesque, qui finalement ne s'avère pas si mauvais (elle est d'ailleurs peut être là, cette touche d'optimisme).

Ensuite vient Prophétesse, sans doute le texte du recueil qui m'a le plus marqué. Sa protagoniste, une prêtresse ayant perdu la foi, est assez frappante. Et aussi terrifiante. Elle part avec de bonnes intentions, certes… mais le risque de dérive semble très, très important. Ambitieuse, cette petite…

Les deux nouvelles suivantes sont sombres également, et liées à des conflits de pouvoirs entre pays. Et ça finit… plus ou moins mal pour les petites gens.

Comme on peut s'y attendre, dès qu'un objet innovant fait son apparition, il faut s'en saisir avant le voisin et assoir sa position.

En bref, un recueil très sympathique, une bonne dose de steampunk, même si j'aurais aimé un peu plus d'optimisme.

Petit pour la couverture : j'adore, c'est élégant, doré, et mécanisé, du pur steampunk comme on l'aime.
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Cette anthologie de nouvelles Steampunk comporte quatre nouvelles de qualité, très bien écrites. Deux ont cependant plus retenu mon attention.

Prophétesse, écrite par Sacha Page, se distingue des trois autres par son angle d'attaque. Son récit se déroule à Rome, dans le Colisée, où les Jeux, qui perdurent depuis des siècles, mêlent humains et automates. le texte est rythmé et l'univers foisonnant.

Le Prix du charbon, d'Alexandre Boise, est incontestablement mon coup de coeur. Je me suis surprise à rire en lisant cette nouvelle écrite dans un style plein de panache. le personnage principal, Nicéphore, est un inventeur tour à tour visionnaire et pétri d'a priori, ce qui le rend drôle et touchant. L‘écriture du personnage est empreinte de justesse, vu l'époque et le contexte. Remis à sa place par son acolyte féminin au caractère bien trempé, le duo marche du tonnerre. Il est certain que l'auteur a un véritable don pour dépeindre des personnages emplis de contradictions, aussi agaçants qu'attachants, bref totalement humains.
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Un recueil de nouvelles très sympa, qui renouvelle bien le genre. D'habitude, je ne suis pas un très grand fan du steampunk, mais en montrant les tropes du genre dans des lieux et cultures différentes, on lit des histoires rafraichissantes. Je pense notamment à Prophétesse et son univers Romain Steampunk très original.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Elle avait assisté à tant de Jeux qu’elle ne les comptait plus ; d’abord comme fille de patricien dans les gradins premiers, puis dans la loge des sénateurs en tant qu’initiée des mystères de la Déesse, et, plus tard, tout en haut, mêlée à la plèbe transpirante, partageant une longue-vue avec cinq autres personnes, calculant, notant, étudiant. Mais les entrailles du Colisée, les couloirs étroits et obscurs où gladiateurs et monstres de métal attendaient d’être jetés dans l'arène pour se déchirer, cela, elle n’en avait aucune expérience. Pour l’instant.
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Deux choses m'ont frappé lors de mon arrivée à Sivgrad : d'abord à quel point la ville était différente de mes souvenirs, puis le poing d'un colosse dans l'estomac. (95)
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Quelle chute ce fut de revenir là, au Domaine du Gras. Je trouvai la maison inchangée, et peut-être fut-ce cela qui me heurta le plus. [...] Cette sempiternelle odeur d’iodure d’argent, de bitume de Judée et d’essence de lavande avec lesquels mon grand-père et son frère Claude avaient créé les premières héliographies.
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Après avoir demandé à mon doux ami de se tenir devant le pavillon du Zvukofon, j’installai un cylindre de cire, plaçai la tête de cristal destinée à la gravure sur le burin et enclenchai le mécanisme. Le cylindre se mit à tourner et je fis signe à Dmitri de commencer.
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La trappe de bois tonna sur les ardoises. Le jeune homme se hissa par l'étroite ouverture. Assis sur le rebord de la cheminée, il accrocha un trépied en bois au faîtage près de lui.
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