Tout d'abord, merci aux éditions le Bélial et à Babelio pour l'envoi de ce livre. Comme promis donc, voici ma critique :
Mon avis est plutôt positif. Je me suis rapidement pris à l'histoire, à l'enquête, et ce jusqu'à la dernière page et les derniers rebondissements. Il est vrai qu'on ne s'ennuie pas ! L'écriture est vive et l'ensemble très rythmé. Trop, même, peut-être... J'ai parfois trouvé que c'était un peu forcé, qu'il y avait trop de ruptures dans la narration, d'entremêlements sur une même page de présent, de passé, de souvenirs, de rêves, de visions dues à l'alcool, avec en plus des histoires d'araignées au plafond et de singes en mousse jouant de la cymbale ; ça crée un truc faussement halluciné qui m'a un peu agacé.
Le roman est certainement une critique des réseaux sociaux, ainsi que de tous ces petits appareils qui aujourd'hui calculent et nous renseignent sur la moindre de nos calories dépensées, nos pas quotidiens, notre "courbe de forme", etc, etc, etc. Ici, ce sont nos taux d'hormones et ceux de différentes molécules présentes dans notre corps (adrénaline, dopamine, alcool...) qui s'affichent sur un genre d'écran implanté, parce qu'on l'a bien voulu, dans notre avant-bras. Et tout est stocké, enregistré, "en cas de besoin". Mais bon, vu "qu'on n'a rien à se reprocher", ça ne nous fait pas peur et on y va gaiement. Que voulez-vous, c'est apparemment la marche du progrès, et on ne peut rien faire contre ça, le progrès, sauf à arrêter d'acheter ces fichus appareils, mais ce serait trop se priver, il y a trop d'intérêt à savoir si on a effectué dans la journée plutôt 5000 ou 8000 pas. Bref, j'écrirai une autre fois là-dessus. Tout ça pour dire que, dans le roman, le but suprême de l'humanité devient dès lors de rechercher des émotions, des sensations fortes qui lui permettent d'obtenir de "belles courbes", un peu comme aujourd'hui on est prêt à vendre père et mère pour une poignée de likes.
Dans ce monde de progrès, donc, et c'est ainsi que s'ouvre le roman, un meurtre est commis ; tout de suite, la principale suspecte est arrêtée, le père en larmes, une avocate, la "toile" qui s'enflamme. Comment alors, dans ce futur-à-notre-porte, se rend donc la justice ? Eh bien, elle consiste surtout à émouvoir l'opinion publique. La "vérité" est la version de l'affaire qu'est prêt à recevoir émotionnellement le jury. C'est déjà le cas aujourd'hui dans le principe, même si dans une moindre mesure mais pour combien de temps, où tout le monde est juge et donne son avis tout le temps sur toutes les affaires, comme tout le monde est épidémiologiste depuis le début de la crise sanitaire. le but des avocats pour défendre leur cause est donc d'abord d'aller titiller le génie empathique du jury (pour leurs "belles courbes" et les sensations fortes, c'est bon pour la santé). Et donc d'établir des "plans de com'" avec des slogans. D'ailleurs, à la fin, la justice n'est pas rendue, il semble qu'il n'y ait pas eu d'enquête véritable, et Amélie reconnaît elle-même que "ce serait si facile à prouver". le verdict a seulement suivi l'opinion publique, et s'en est contenté.
L'auteur nous donne donc à imaginer les dérives d'une telle justice, éloignée de la vérité, qui drague la foule, ne se préoccupe même plus des faits, ou alors pour s'en servir à des fins de communication sur les réseaux sociaux et faire pencher la balance (le pourcentage de culpabilité) d'un côté ou de l'autre. Elle est le propre du sophisme, en recherchant l'accomplissement des désirs de la foule tyrannique, pour servir les carrières de ceux qui la rendent. Inquiétant.
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