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L'univers de Carver est très simple il s'articule autour du quotidien. Et qu'est-ce que le quotidien pour Carver ? Eh bien ce sont les petits riens qui empoisonnent l'existence, les vieilles rancoeurs que l'on ressassent, les obligations à échéances qui nécessitent un petit chèque mensuel, les inextricables affaires de coeurs avec la voisine pendant un engagement multiple, les comportements inexplicables et intimes plutôt inexplicables des individus, des voisins, des personnes veules, des membres de la famille.
Des nouvelles de vies comme la votre sans artifices avec son lot d'habitude et ses petites contrariétés qui parfois prennent une ampleur démesurée. Ce n'est pas ce qui manque et il faut avoir une bonne dose d'abnégation ou de philosophie pour y faire face ou et, c'est souvent le cas, de désespoir.
Un enchaînement de gestes répétitifs auquel on ne prend garde et qui en soi est normal mais qui, lorsqu'on s'extériorise et se regarde faire, devient insupportable car il n'y a pas une once de folie ou de poésie , que de l'ordinaire, du vu et déjà vu sans surprise.
Carver sait capter cette intimité quotidienne et on se demande qu'elle est sa motivation à la mettre en nouvelles à justifier ou non ce comportement machinal dans le déroulé habituel de la journée.
Il y a quelque chose de dur à lire ce quotidien privé de rupture car on reconnaît bien souvent le notre. C'est angoissant de se sentir englué dans une vie sans issue, un train train selon le même enchaînement qui nous bouffe beaucoup de temps et nous détourne de l'essentiel.
Dépouillé mais dense, brièveté de style, la qualité de cette écriture peut être qualifiée de laconisme, mais laconisme de précision chirurgicale. Carver ne donne pas un avis mais donne des choses réalistes à voir, des faits irréfragables. On sent derrière ce laconisme une sensibilité pudique que Carver préférerait cacher.
A lire mais pas trop souvent car déprimant.

Enfin je vais vivre
Comme d'habitude*
Je me lève
Et je te bouscule
Tu ne te réveilles pas*
* extrait de paroles de « Comme d'habitude » de claude François
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Raymond Carver est un spécialiste des nouvelles. Dans ce livre il y en a 7 de 20 à 30 pages pour la plupart ancrées dans la vie quotidienne à l'exception de la dernière qui concerne la mort de Tchekhov. Ce sont des petits bijoux dans une écriture simple et fluide. Un régal.
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Tchekhov, mon chouchou de la dernière année, m'a conduite à Carver, ce dernier ayant été surnommé le « Tchekhov américain ». Force est de constater la parenté littéraire, mais pas que. Les deux auteurs proviennent de milieux prolétaires et ils sont morts trop jeunes, l'un de la tuberculose l'autre d'un cancer du poumon, deux grands maux de leur époque respective. Surtout, ils excellent tous les deux dans l'art de la nouvelle minimaliste, sans un mot de trop, mettant en scène de petites gens qui n'en vivent pas moins de vastes tourments.

Sans surprise, ma rencontre avec Carver relève du coup de coeur. Les sept nouvelles du recueil sont excellentes. J'ai beaucoup aimé la nouvelle éponyme, Les trois roses jaunes, qui raconte les dernières heures de Tchekhov, mais ce sont toutes les autres, au « je », qui m'ont le plus frappée. le bout des doigts est ma préférée. Son histoire est simple et banale : une femme quitte son mari. Son traitement est fantastique : un mélange parfaitement orchestré d'angoisse, de folie, de tristesse et de résignation, avec une touche d'humour. Pour n'en retenir qu'une, l'image de l'apparition dans le brouillard d'un cheval échappé broutant la pelouse du couple est d'une beauté saisissante.
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Difficile de chroniquer ce recueil, de tenter d'en dire quelque chose d'intelligent qui ne vient pas... Et pourtant j'ai beaucoup aimé picorer chacune de ces nouvelles distillées une à une pendant quinze jours entre deux autres lectures, avec un faible particulier pour l'éléphant.

Juste dire que Carver (ici traduit par François Lasquin), c'est un univers, celui du quotidien, celui de M. et Mme Nobody, celui de vous ou de moi, en ce moment ou un jour prochain, celui de ces incidents de la vie et de l'amour, de ce qui ne vaut pas un livre, mais qui pour Carver vaut bien une nouvelle.

Juste dire que Carver écrit des textes tellement simples, des nouvelles tellement accessibles, qu'elles ne peuvent pas ne pas avoir été énormément travaillées. Là où une telle épure de mots et d'effets de style passerait chez d'autres pour un manque d'ambition, cela devient fluide avec Carver. Et nul besoin de twist final ou de chute humoristique, chaque fin devient chez Carver une ouverture. Qui appelle donc d'autres prochaines lectures...

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; Dans le monde de Carver les femmes et les hommes ploient comme des roseaux sous les malheurs accumulés ,dans le monde de Carver , ils tournent lentement le regard étonné dans la spirale qui les engloutit ,mais dans le monde de Carver un murmure d'oiseau ,un éclat de soleil ,une fragrance de rose les fait renaître à l'illusion de l'espérance …
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Un écrivain qui écrit très bien , le "père" de Bukowski ou des Fante père et fils, les choses sont précises directes, on dépeint la réalité difficile de l'Amérique vraie. Les différentes nouvelles manquent cependant un petit peu de moteur, c'est dommage.
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Dans ses nouvelles, Raymond Carver réussit à faire vibrer le quotidien. Il conte la banalité mais qu'est-ce qu'il le fait bien !
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Raymond Carver, c'est la mise en abîme de la profondeur du vide!
Je suis toujours surpris de voir comment, en quelques phrases, il arrive à donner une profondeur à ses personnages malgrès le vide de leur quotidien...

Si je ne suis pas clair, lisez et faites vous votre propre avis ;-)
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Les trois roses jaunes, R. Carver, nouvelles, trad. François Lasquin, éd. Rivages

J'ai repris la lecture de Carver. J'ai du mal avec lui. Et ça me fait de la peine. Je sais que c'est un grand nouvelliste, et O. Adam, dont j'apprécie beaucoup les livres, le revendique comme modèle d'écriture acérée.
Carver a des obsessions : l'alcool, le travail (ou pas) les relations de couple très instables, le besoin d'aimer et d'être aimé, la vie difficile des petites gens alourdies d'un horrible héritage, ou « une vie machinale. Sans objet. La vie de tout le monde. » la solitude, le difficile métier de vivre. Car l'homme n'a qu'une vie et il ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures, lit-on en exergue, sous la plume de M. Kundera.
Je regarde de près ses nouvelles, sept dans ce recueil, pour sûr elles sont construites. Et les titres sont choisis. La vie est subtilement rendue. L'angoisse monte. Les fins laissent planer le doute, ou le mystère. Elles laissent l'esprit pensif, par exemple le bout des doigts qui fait allusion à la mémoire phénoménale du narrateur, qui ne veut pas voir ce qui est sous ses yeux, et quand sa femme s'en va, prend conscience qu'il perd son histoire et va devoir vivre sans elle. Est-ce à dire que l'homme ne vaut pas tout seul? Ou L'éléphant, qui met en scène un narrateur exténué par le travail pour subvenir aux besoins de ses proches, parasites qui savent pouvoir se reposer sur lui en jouant sur ses sentiments . A la fin de la nouvelle, le narrateur laisse tout derrière lui, et monte par pur hasard dans la voiture au moteur neuf d'un collègue de travail. Où cette voiture le conduira-t-elle ? Y trouvera-t-il enfin le repos ? Pour avoir autre chose devant lui que le néant, comme le personnage principal de Menudo, à qui un ami prépare un menudo, plat de tripes qui va le remettre en forme, mais il s'endort et d'autres que lui goûteront ce plat réconfortant.
Mais elles ne m'émeuvent pas. Bien qu'elles disent les incidents et accidents de la vie.
Ainsi, la nouvelle qui donne son titre au recueil, parle de la mort de Tchekhov. L'écrivain qui vit bourgeoisement : il a ses habitudes dans un grand restaurant. La tuberculose l'achève. En sa qualité de médecin, il doit le savoir, mais fait comme si le traitement qu'il suit améliore son état. Tolstoï lui rend visite à l'hôpital. Tolstoï n'aime pas le dramaturge, mais goûte fort le nouvelliste, et surtout apprécie énormément la personne. Dans les dernières heures de l'agonie, le médecin appelé à son chevet se rend compte qu'il n'y a plus rien à tenter, et fait monter du champagne dans la chambre. L'attention du lecteur se déporte alors vers le jeune chasseur, sorti du sommeil subitement pour accomplir son service. le chasseur est mal réveillé, son uniforme est défraîchi et plissé de partout ; il ne voit pas s'il y a quelqu'un dans la chambre. le médecin le gratifie d'un énorme pourboire. le lendemain, il revient dans cette même chambre, porteur d'un vase dans lequel se trouvent trois roses jaunes. Qui les offre ?Pourquoi jaunes ? Pourquoi trois ? Il est bien éveillé, son uniforme est impeccable. Il voit qu'une des coupes est dans la chambre. Il constate aussi que le bouchon de la bouteille est à terre. Comment faire pour le ramasser ? La femme de Tchekhov l'informe que son mari est mort et qu'il doit aller chercher personnellement l'ordonnateur des pompes funèbres. Elle n'en finit plus de donner des précisions. Elle sort une liasse de billets. Reste totalement et constamment aveugle aux roses. A la fin, le chasseur, vase à la main, se baisse et ramasse le bouchon qu'il garde dans sa main.
Tout aussi bien , la nouvelle aurait pu s'intituler le bouchon. La mort de Tchekhov, content d'avoir bu du champagne, est paisible, reposant dans les bulles et les fleurs solaires. On retrouve le Tchekhov du début de la nouvelle, d'avant le rude assaut de la maladie. le chasseur, dans sa jeunesse et la force du matin, relève le bouchon, symbole de fête. Mais aussi, un sentiment de vide que veut remplir l'épouse avec sa couverture de mots, et que souligne la vanité des roses.
Toute l'histoire est contée avec simplicité, dans une attention constante aux détails. Et avec humanité : l'hommage rendu par Tolstoï à un homme, et l'embarras du chasseur, aux prises avec les choix de la vie, la proximité du grand et du petit.
Il faudra que je relise Carver. Je dois sûrement rater quelque chose. Car si l'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir, dixit Kundera, je veux, moi, savoir la force de Carver.
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Tranches de vies, pas toujours limpides, tant pour les personnages que pour le lecteur mais on se laisse finalement emporté sans déplaisir.
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