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3,53

sur 371 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Hannelore Cayre n'y va pas de main-morte. Quand elle met des personnages en place, elle les choisit bien denses, fort et entiers, malgré leurs fardeaux physiques . Il en est ainsi de Blanche, une îlienne bretonne qu'un exosquelette consolide tant bien que mal. C'est la rencontre fortuite d'un trio de touristes en goguette sur son île et les retrouvailles glaciales avec son père qui vont déclencher une démarche de recherche sur ses origines. Quitte à utiliser des moyens en limite voire au delà de la légalité.

Mais ce qu'elle ne sait pas Blanche, c'est que pendant qu'elle se décarcasse pour comprendre sa généalogie, nous, lecteurs, profitons de l'histoire d'un de ses ancêtres , Auguste , fils de bonne famille, qui se bat pour ne pas partir à la guerre contre les prussiens.

Alternant les époques et les histoires, le récit est palpitant et l'auteur a le don de distiller les indices pour construire peu à peu l'édifice. Avec à la clé un héritage qui pourrait changer les destins

C'est brillant, adroit, et cela confirme les talents d'écrivain de cette auteure dont j'avais beaucoup aimé La daronne.

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Issue d'une branche pauvre et oubliée, poussée en 1870 sur l'arbre généalogique d'une riche et peu scrupuleuse famille d'industriels, la narratrice décide de donner un coup de pouce au destin pour se retrouver seule héritière.


Navigant constamment de 1870 à aujourd'hui dans un rapprochement assez noir entre la société inégalitaire du XIXe et les fractures sociales du XXIe siècle, le texte donne vie à des personnages forts qui ne font pas dans la demi-mesure, et bouscule le lecteur par l'impertinence pleine d'humour d'un texte au vitriol aux accents parfois anarchistes.


Le résultat est un mélange détonnant et parfois surprenant, menant du siège de Paris par les Prussiens en 1870 et des idéaux de la Commune, du tirage au sort des conscrits au XIXe siècle et de la pratique de l'achat de remplaçants militaires, à la communauté expérimentale d'Auroville en Inde, au méroxage en pleine mer et au déversement de déchets toxiques en Afrique, en passant par un certain matriarcat breton et par une critique politique de l'art contemporain. L'ensemble témoigne d'un désespoir à voir changer une société confrontée aux problèmes sociaux et environnementaux, mais figée dans un schéma où seul l'argent est roi.


Au-delà de ses thèses politiques qui ne pourront plaire à tout le monde, ce roman incisif et provocateur à l'humour ravageur témoigne des questionnements d'une société contemporaine confrontée à des défis majeurs, et qui aime de plus en plus souvent caresser l'idée d'un monde « d'après ». J'ai pris plaisir à le lire comme une vaste caricature de notre actualité.

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Dans la famille « Lutte des classes façon puzzle », je demande Blanche de Rigny, 38 ans, mère célibataire lourdement handicapée, appareillée, employée à la Reprographie judiciaire, où elle duplique en douce des données confidentielles pour mettre un peu de beurre dans ses épinards.
Blanche est Bretonne. En arrêt maladie, elle rend visite à son père sur l'île où vit sa famille depuis des générations et désoeuvrée, se met à s'intéresser à son patronyme, et à la branche inconnue à particule.
Doublement exclue, par son milieu social, et par son handicap, Blanche s'aperçoit que les de Rigny eux ont toujours su s'enrichir sur le dos des autres, sans que ni les guerres, ni les krachs boursiers ne mettent à mal leur capital.
Et comble de l'indécence, son ancêtre Auguste de Rigny a échappé à la conscription et à la guerre de 1870 en s'achetant un remplaçant parti au combat à sa place.
Bon sang ne saurait mentir. Si les de Rigny ôtaient de leur soleil ceux qui se mettaient en travers de leur fortune, Blanche va elle envoyer ad patres les rejetons indignes qui piétinent la populace de leur mépris.

On l'aura compris, Blanche est la digne héritière de la Daronne, une femme seule tirant le diable par la queue, et qui ne dédaigne pas marcher en dehors des clous pour survivre: « Aux censeurs de droite qui m'accuseraient de fausser le jeu économique ou voudraient m'interdire de vivre comme je vis, aux gentilles personnes de gauche qui pour mon bien seraient tentées de me faire la morale ou de m'asséner des messages de prévention débiles, je répondrais que, lorsqu'il n'y a pas de victime à une infraction, si ce n'est ni le corps d'autrui, ni ses biens, ni ses droits qui sont en danger, alors c'est l'Ordre que l'on cherche à protéger, et l'Ordre, ça fait très longtemps que je l'emmerde… Et à ce que je sache, ce n'est pas moi qui ai créé ce statut merdique d'autoentrepreneurs… »


Plus Hannelore Cayre vieillit, et plus elle flingue. Il semble que le roman ait été écrit au moment où le pays s'enflammait. Etablissant sans-cesse des liens entre cette France du début du XXIème siècle en pleine fracture sociale et la société inégalitaire du XIXème siècle, multipliant les aller-retour entre la de Rigny de 2019 et son ancêtre de 1870, dont elle cherche la trace pendant la Commune, la romancière dresse un portrait assez désespéré et désespérant du pays.
J'aime vraiment beaucoup son style, son humour caustique, et sa sobriété. Sa concision faisait merveille dans La Daronne, ici , elle m'a parfois gênée. Ça taille sec, parfois un peu trop, quite à rendre certains passages un peu bancals comme la cohabitation avec la douairière ou le voyage en Inde, et à déséquilibrer l'ensemble, expédiez, c'est pesé. Mais cela n'enlève rien au plaisir de lecture que procure Richesse oblige, les bons mots, les références à la littérature du XIXème siècle, l'ahurissante plongée dans le commerce du remplacement militaire, véritable marché aux esclaves, et l'incursion dans le Paris de la Commune. Le roman trouve aussi une résonance particulière en ce moment, lorsque l'on se demande dans quelles conditions idylliques ceux qui ont délocalisé et prospéré pendant des décennies passent leur confinement alors que chaque matin les smicards se lèvent pour aller au casse-pipe.
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Ce n'est pas la première fois que ce type de coïncidence se produit mais, chaque fois, cela m'épate toujours autant.
Figurez-vous qu'il y a deux jours, en naviguant sur mon fil d'actualité FB, je tombe, complètement par hasard, sur un article illustré d'une vidéo, concernant le village d'Auroville fondé en 1968 au nord de Pondichéry en Inde. Bien qu'ayant été très proche du mouvement hippie dans ma jeunesse, je n'avais jamais, au grand jamais, entendu parler d'Auroville.
Et bam ! Ne voilà t-il pas que le dernier chapitre de Richesse Oblige se déroule à Auroville ! Deux fois coup sur coup, alors que je n'en avais jamais entendu parler pendant soixante-six ans. Dingue, non ?

Idem pour Adolphe Thiers dont je ne connaissais guère plus que le nom. Je ne suis pas fière de mon ignorance mais je n'en ai pas honte non plus ; l'essentiel étant de ne pas s'y engluer.
Figurez-vous encore que, il y a une quinzaine de jours, à l'occasion de la lecture de Les Innocents de Paris de Gilbert Cesbron, j'ai beaucoup appris sur Thiers lors d'un excellent chapitre sur La Commune de Paris qui à lui seul vaut la lecture du livre.
Et, re-bam ! La moitié de Richesse Oblige se situant en 1870-1871, il y est beaucoup question de ce monsieur Thiers, grand symbole de l'évolution des classes dirigeantes françaises.
Étranges, ces coïncidences, non ?

À savoir également que je ne connaissais pas, non plus, Hannelore Cayre. Je l'ai découverte lors d'une émission de la Grande Librairie et, séduite par sa personnalité et son propos, j'ai immédiatement acheté son livre.
Au lu de certaines critiques, il semblerait que ce dernier n'arrive pas à la hauteur de son grand succès "La Daronne" qui était, paraît-il excellent. Et je m'en réjouis car Richesse Oblige m'ayant beaucoup plu, je devrais être littéralement emballée par sa Daronne que je compte bien lire incessamment sous peu.
Belle découverte que cette auteure dont j'aime le style, le ton et l'état d'esprit.

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Ce que j'ai ressenti:

▪️Talent oblige…

Hannelore Cayre nous revient en ce mois de mars, avec encore des personnages féminins très forts. Elle a vraiment le chic cette auteure pour faire briller les femmes, toutes les femmes. Et plus particulièrement, elle fait sortir de l'ombre ces femmes qu'on oublie, ces femmes ordinaires que l'on regarde à peine, mais qui sont pourtant tellement fabuleuses pour un peu qu'on s'y intéresse…Je trouve qu'elle a un super pouvoir cette Hannelore Cayre, celui de magnifier les femmes dites « invisibles ». Lire son roman noir pendant ce Mars au féminin, c'est de régaler d'avoir à vivre le temps d'une lecture avec des personnalités bien campées et hautes en couleurs et de rire à leurs côtés de leurs audaces… Donc que je vous présente: Blanche de Rigny, son amie Hildegarde et leur petite protégée Juliette dans leur sillage, des femmes fortes et déglinguées, avec un redoutable sens de l'efficacité et déterminées plus que jamais, à sauver le monde…Toutes différentes qu'elles sont, ce duo de nanas, qui a l'art et la manière de « faire chier », donne un sacré coup de pied, là où ça fait bien mal et nous, lecteurs, on en redemande forcément!

"-C'est bien la jeunesse, ça, de courtiser le désastre!"

▪️Généalogie oblige…

En point de départ, un nom de famille pour le moins étrange. de Rigny. C'est vrai, que ça résonne bizarrement comme un nom de la noblesse, alors Blanche s'interroge et va se concentrer sur son arbre généalogique et faire bouger les branches en secouant bien fort pour faire tomber les fruits pourris…Vous savez ce genre de secrets de famille qu'on planque sous les tapis à coups de pots-de-vins et autres petites « arrangements » que les riches peuvent se permettre pour un peu qu'on y mette le prix?!…C'est la toute première fois que j'entends parler de « remplacement militaire », et je dois dire que je ressors choquée, outrée même qu'on puisse acheter une vie, switcher son destin parce qu'on a l'argent et le pouvoir, pour le faire, mais ce n'est pas le seul thème que cette auteure aborde, pour nous faire bondir de nos chaises… Elle en a sous le pied Hannelore!!… Avec ces sauts dans le temps de 1870 à nos jours, on s'aperçoit que les histoires passées ont toujours l'emprise sur nos présents, et que le futur ne pourra changer que si l'on se bouge, même à notre petite échelle, même entravé, avec des idéaux plus sains que ce que la Richesse oblige

"Un prix des hommes existe toujours, mais son calcul ne répond plus aussi directement à la loi de l'offre et la demande."

▪️Karma oblige…

Après le détonant roman noir et son personnage inoubliable de la Daronne, je confirme que Hannelore Cayre fait partie de mon paysage du polar. Elle a une plume énergique, incisive et avec du caractère! Pour moi, une incontournable! Elle dénonce avec un sacré bagout, les problèmes de sociétés d'hier et d'aujourd'hui et nous surprend avec un humour noir et brillant de mille feux. Loin de moi, l'idée de vous obliger à quoi que ce soit, mais je vous conseille de découvrir cette auteure parce qu'en fait, elle est tout simplement, géniale!

"Croche dedans si tu peux, il n'y en aura pas pour toutes!"


Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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De cette auteure, j'avais adoré La daronne et Commis d'office, des romans très noirs et très drôles, écrits avec une plume bien acérée. Je suis moins convaincue par celui-ci.

Le récit alterne entre 1870 et l'époque actuelle. Tout commence avec Auguste de Rigny, jeune homme aux idées de gauche mais issu d'une famille très bourgeoise et obsédée par l'argent. Auguste doit partir faire la guerre contre la Prusse en 1870 suite à un tirage au sort. Mais sa famille veut qu'il soit remplacé par un pauvre moyennant paiement (oui c'était possible à l'époque…). Blanche de Rigny est née sur une île bretonne. Elle est gravement handicapée suite à un accident automobile et vit chichement avec sa fille et sa meilleure amie. A priori, rien ne lie les deux personnages sauf leur nom. Mais en cherchant plus précisément, il y a sûrement un lien…

L'auteur a manifestement voulu montrer les ressemblances entre la deuxième moitié du XIXème siècle et notre époque. de plus en plus de pauvres et un petit pourcentage de très riches.

Mais en brassant une foule de personnages à deux époques différentes et beaucoup de sujets (handicap, inégalités, écologie), j'ai eu parfois du mal à m'y retrouver et tout m'a semblé un peu effleuré. Cela se lit très facilement et il y a quelques passages dans lesquels j'ai retrouvé la même verve et le même cynisme enjoué que dans les précédents : la vente des carnets d'adresse de dealers, l'exposition de photographies notamment, mais cela n'a pas suffi pour faire de celui-ci un vrai bon roman.
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Hannelore Cayre se surpasse dans ce roman qui flirte avec la grande Histoire et ses trivialités et le quotidien d'une femme handicapée, mère célibataire d'une fillette. Blanche de Rigny n'avait jamais songé que son patronyme à particule pouvait receler certains pans cachés d'une histoire familiale ignorée à dessein. C'est à la faveur d'une conversation anodine entre des touristes, captée lors d'une traversée vers son île natale bretonne, que Blanche, piquée par la curiosité, entreprendra des recherches poussées sur sa lignée, facilitées par son emploi au sein de l'appareil judiciaire français.
Après Toiles de maître et La Daronne, Hannelore Cayre use encore une fois de son imagination débridée pour concocter une intrigue audacieuse parsemée de faits historiques étonnants sur la guerre franco-allemande de 1870. Un roman aux effets bien dosés, porté par des dialogues savoureux et une verve pétillante qui nous entraîne allègrement jusqu'à la fin, trop vite arrivée. Un heureux mélange des genres littéraires parfaitement réussi.
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Je ne me risquerai pas à classer ce roman dans une case, mais cela ne m'empêche pas de dire que je l'ai beaucoup aimé.
A la fois quête des origines et quête de justice sociale, c'est un cocktail explosif qui se déclenche sous la plume acérée et ironique d'Hannelore Cayre.
Les personnages sont attachants et l'aspect historique est passionnant ( sur le remplacement militaire et la Commune notamment). On regrette simplement que ce roman ne soit pas plus long car on le referme à regret.
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J'aime le début du roman, surtout la partie historique avec Auguste et l'histoire du tirage au sort pour les conscrits de 1870, mais je décroche quand l'auteur raconte comment son héroïne arnaque la société avec sensiblement les mêmes ficelles que dans "La daronne".

L'intrigue était intéressante, mais sous prétexte de nous dessiller les yeux autant à l'époque que de nos jours, cela part dans tous les sens. L'histoire n'est pas assez approfondie, avec des personnages dont on ne connaît ni vraiment l'existence ni la psychologie. D'ailleurs, beaucoup sont caricaturaux, manquent de développement et c'est fort dommage.

Cependant, j'aime la façon de penser de l'auteur et ses nombreuses colères. J'aime sa volonté de m'ouvrir les yeux et son humanité. J'aime le ton, les uppercuts lancés, les vérités sur notre société qu'elle déballe, ses réflexions sur la politique, sur le handicap, mais à force cela se fait au détriment de l'histoire et c'est dommage. le rocambolesque a ses limites.
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Après "La Daronne" j'attendais avec impatience le nouveau roman d'Hannelore Cayre et le moins qu'on puisse dire est que je ne suis pas déçue. J'y ai retrouvé sa verve, ses personnages bancals et hauts en couleurs, leur habileté à exploiter les failles d'un système qui les écrase.

L'histoire navigue entre deux périodes, celle de 1870, avec la Commune et la guerre qui s'annonce et l'époque actuelle qui ne manque pas de similitudes, avec les gilets jaunes et ses gouvernants arrogants.

Blanche de Rigny, la narratrice, se découvre un ancêtre inconnu et intriguée, se lance dans l'exploration de son arbre généalogique à la recherche de cet Auguste, jeune homme idéaliste, mais qui laisse sa famille acheter un pauvre pour le remplacer lorsque le sort le désigne pour le service militaire de sept ans.

Blanche, la jeune femme au corps brisé, va mettre au point une stratégie qui lui permet de mettre à jour les combines de la branche riche des de Rigny, accompagnée de sa fille, Juliette et de sa copine de toujours, Hildegarde.

On peut compter sur l'auteure pour brosser sans langue de bois le tableau d'une société dominée par l'argent et d'une classe sociale sûre de sa supériorité sur tout ce qui ne fait pas partie de son petit cercle, que ce soit au XIXe ou au XXIe siècle.

Un roman décapant et souvent jubilatoire, à ne pas manquer.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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