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Quel très chouette livre ! Franchement, on ne s'ennuie pas une seconde, l'intrigue est tortueuse à souhait, et même si la construction pourrait sembler biscornue – on retrouve en fait plusieurs groupes de personnages qui creusent en parallèle les différents pans de l'histoire -, on s'y retrouve sans problème.

L'énigme en elle-même est assez classique. Mais ce qui fait la spécificité et l'originalité de ce livre, c'est qu'au-delà de l'intrigue policière, c'est en réalité une immersion dans les bas-fonds de Chicago aux heures les plus sombres de la Prohibition qui nous est proposée. Et c'est très réussi. En réalité, Chicago n'est pas le décor de ce livre, mais l'un de ses personnages.

L'auteur est visiblement un fin connaisseur de jazz – en tout cas, il parvient à en donner l'impression, car je m'y connais trop peu pour en juger ! -, et la manière dont il nous décrit l'ambiance de la ville et des clubs et les enregistrements d'Armstrong donne furieusement envie de se constituer une bonne petite playlist de jazz, à écouter au fil de la lecture… et de l'écriture de cette chronique (après Don't Jive Me, j'écoute Summertime, avec Ella Fitzgerald).

Dans Carnaval, on découvrait les personnages, et notamment Ida. La Nouvelle-Orléans occupait déjà une place importante mais, sans doute est-ce lié à mon caractère, cela ne me donnait guère envie de cette ville poisseuse, écrasée de chaleur, toute en paradoxes. Dans ce tome, même si la ville de Chicago nous est présentée sous son aspect le plus sombre et le plus glauque, c'est presque elle qui prend le dessus sur les autres personnages et même sur l'intrigue…

Alors ? Alors pas d'hésitation. Lisez Mascarade, et on se retrouve après, pour parler de Mafioso, qui se déroule à New-York en 1947…
Lien : https://ogrimoire.com/2019/1..
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west end blues


Mascarade est le second volet de la tétralogie que prépare Ray Celestin. Il en reprend pourtant tous les éléments clé; une ville, une saison un contexte historique. En tout cas Mascarade est un roman noir et historique absolument pas frelaté. A l'inverse de l'alcool qui y coule...
L'histoire se déroule neuf années après celle de Carnaval, mais cette fois on est à Chicago et plus à La Nouvelle Orléans. le lecteur qui a Carnaval lu n'est pourtant pas dépaysé et retrouve les personnages d'Ida Davis, de Michael Talbot et de Louis Armstrong là où il s'attend à les trouver. Chacun a avancé dans sa vie, mais les petites péripéties qu'ils ont vécu n'ont pas fait dérailler le train de leur destin.
C'est évidemment la ville du crime, où Al Capone est roi. C'est également la ville du jazz et une ville moderne même si paradoxalement elle est à la fin d'une époque. Al Capone est de plus en plus contesté, la prohibition touche à sa fin, et New York attire de plus en plus les habitants et est en passe de surpasser Chicago.
Mascarade va permettre de toucher du doigt tous ces aspects. La disparition de la jeune van Haren est-elle liée au corps d'un homme blanc qui est retrouvé au même moment dans une ruelle du quartier noir.
Tout comme dans Carnaval, le lecteur va suivre ici plusieurs fils car Ray Celestin n'hésite pas à jeter de nombreux personnages dans l'aventure. Ainsi Jacob qui est photographe pour la police mène lui l'enquête sur le meurtre à coup de bouteille de champagne de l'homme blanc, qui travaillait vraisemblablement pour les gangs.
Pendant ce temps Al Capone fait venir de New York Dante, qui a fuit Chicago depuis des années. Capone veut que ce soit lui qui mène l'enquête pour savoir si une nouvelle guerre des gangs va se produire.
Tout cela se rapproche beaucoup de la construction de Carnaval avec l'ancien flic Luca D'Andrea qui menait également l'enquête pour la mafia en parallèle de Michael et d'Ida. Comme dans Carnaval, un raz de marée est également sur le point de se produire dans la ville.
Mais cette fois pas d'inondation, mais une marée humaine qui vient pour assister au match de boxe pour le titre de champion du monde entre Gene Tunney et Jack Dempsey. C'est évidemment l'approche de ce match qui fait office de compte à rebours pour le dénouement final.
Le tout est emmené avec un bon rythme et on est vraiment pris dans l'histoire. Les personnages sont détaillés avec soin. On sent l'évolution des personnages principaux, Michael, Ida et Louis. Mais les personnages secondaires sont également soignés. Comment ne pas s'attacher à Dante et Jacob. Comment ne pas mieux comprendre ce qui se passait dans la tête d'al Capone et de ces mafieux en quête de pouvoir.
L'enquête a son lot de retournements de situation et de surprises. Elles ne sont jamais cousues de fil blanc ni invraisemblables. Il faut rappeler que Mascarade est aussi un roman historique.
Ray Celestin a fait beaucoup de recherches ce qui permet de donner un contexte réel à l'histoire. Un certain nombre de personnages ou d'anecdotes sont aussi nés de la synthèse de plusieurs événements vécus. Cela contribue également au plaisir de lecture. Vivement la suite.
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Pour le coup, voilà un livre acheté complètement au hasard dans un aéroport pendant que je regardais le rayon roman. Attirée par une couverture sympathique et une histoire prometteuse dans un contexte historique fascinant. Je viens de fermer les dernières pages et qu'en ai-je pensé ?

Dans un premier temps, Ray Celestin a un style très accrocheur et efficace ! En quelques pages, il parvient à nous immerger dans le Chicago endiablé des années 20, en pleine prohibition et dans la violence des affrontements de gangs. L'auteur construit trois histoires distinctes mais qui finissent par se croiser, un procédé narratif classique mais toujours prenant. Surtout qu'ici, Ray Celestin maîtrise très bien son récit et en profite pour distiller des informations sur son époque.

En effet, le roman est très documenté. Nous assistons à bien plus qu'à un simple thriller, mais c'est le portrait d'une ville et d'une époque qui se construit. Entre splendeur et misère, le Chicago bouillonne de jazz, de fêtes, de vie, mais aussi de drame, de violence et de sang. On y croise plusieurs personnalités proéminentes : le dangereux Al Capone mais aussi Louis Armstrong, qui est en pleine ascension, en voie de devenir la grande star qu'il est devenu.

L'histoire est bien rythmée et n'a pas vraiment de temps mort. Tous les personnages ont une personnalité forte et illustrent à leur manière les paradoxes d'une société fracturée. Michael Talbot est marié à une femme noire. Ida Davis est une noire à la peau pâle, mettant régulièrement en lumière les rapports de hiérarchie qui régissent les Etats-Unis de la ségrégation. J'ai été touché par le personnage de Dante, en lutte avec ses addictions et un passé très violent.

L'auteur se repose sur le principe de l'OULIPO pour cette série de romans. Il s'est restreint à des règles strictes : chaque livre de cette série correspond à un morceau de jazz et à une ville. le roman en suit le rythme et chaque personnage représente un instrument.

Mascarade est une pépite parmi les thrillers. Son contexte historique fascinant et rigoureux apporte un vrai plus à l'ensemble de l'histoire, créant une atmosphère à la fois survoltée et étouffante. L'histoire est bien maîtrisée et montre les recherches très poussées que l'auteur a menées. Un livre de swing, qui oscille constamment entre émerveillement et horreur.
Lien : https://www.lageekosophe.com
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Mascarade, je viens juste de refermer les pages de ce magnifique roman de Ray Célestin . Il est comme le premier un swing sur tempo de Jazz . L'écriture historique et soignée, les termes dans le livre, aborde a été très bien choisie . L'auteur a écrit un roman magistral . Il a fait des recherches et ça se sent , se tellement bien travailler . Quand on lit le roman tout autour de soi, on a l'impression d'être à Chicago, en 1928, tout le décor autour de nous change et on se sent complètement envoûter par cette plume . On retrouve cette époque avec le célèbre gangster Al Capone , la prohibition de l'alcool frelaté, l'héroïne . Et l'histoire cette histoire berce de son de Jazz avec Louis Armstrong . Ce roman et une pépite . Ici il s'agit d'une femme appartenant à l'une des plus grandes dynasties de la ville de Chicago qui fait appel à l'agence Pinkerton . Celle où retrouvent les deux détectives Michael Talbot et Ida Davis.Aidés par un jeune jazzman Louis Amstrong vont se charger des investigations . Et ils vont se retrouver dans une histoire rocambolesque, dur , et semer d'embûches. Se à nouveau un gros coup de coeur ❤️ pour cet auteur . J'avais lu Son premier " Carnaval " que j'avais dévoré et celui de ci m'a laissé complètement satisfaite et je ne sais de source sûre que je réitérais à nouveau avec son prochain roman. Se un thriller inspiré de faits réels. Se de la dynamite , se profond , se un superbe roman avec le tempo du jazz qui résonne à chaque page. La couverture est magnifique et le livre tout bleu foncé et dorer les chapitres illustrés. Bravo 👏 l'auteur mérite vraiment d'être plus connus . 🎙
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Voici le deuxième tome de Ray Celestin... cette fois l'histoire se déroule à Chicago à la fin des années 20. On y croise Louis Armstrong, Al Capone... On est entrainé dans l'univers du jazz, de la prohibition, des gangsters, de la corruption. Encore une fois ce deuxième policier est vraiment bien écrit et jusqu'au bout... A recommander.
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J'avais adoré Carnaval du même auteur, avec MascaradeRay Celestin continue de nous surprendre !

Chacun de ses romans est un hommage à une époque et à une ville qui sont propres aux États-Unis, tout cela en y ajoutant une enquête policière fascinante. J'aime beaucoup son univers car il sait créer une harmonie entre une investigation à part entière, l'approfondissement des personnages et la description d'une période et d'un lieu. C'est vraiment passionnant !

Nous sommes à Chicago dans les années 20, une ville qui connait le crime, la violence c'est dans ce cadre spatio-temporel que des meurtres et disparitions vont amener des personnages à s'allier pour comprendre et résoudre cet ensemble. Est-ce une conséquence de l'arrivée de nouveaux criminels qui font de l'ombre aux anciens dans la lignée de Capone ? Est-ce l'oeuvre d'un tueur solitaire ? Deux affaires se mettent en place mais sont-elles liées ? Il n'y a aucun temps mort dans cette lecture ! Je verrais bien ce livre adapté dans la lignée d'une saison de True Detective.

Ce petit pavé de 550 et quelques pages ne se lâche pas, il nous plonge tête la première dans une atmosphère addictive et prenante, Ray Celestin est réellement un maitre du thriller historique ! Sa plume est fluide, elle passe de dialogues percutants à des descriptions pointilleuses. Mascarade est aussi bon que son prédécesseur et j'ai donc terriblement hâte de lire le prochain de l'auteur !

En définitive, un thriller incontournable et extrêmement bien maitrisé !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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De la Nouvelle-Orléans à Chicago.
Les personnages du premier volet reviennent, enfin, pour certains. J'ai été assez déçue de ne pas revoir D'Andréa qui était un des personnages les plus intéressants. Heureusement on fait la connaissance d'autres, tout aussi secrets et touchants.
Le noyau dur demeure, on suit toujours activement Michael et Ida, désormais connaissance et collègues, ce qui n'était pas le cas avant.
Et puis, on fait la connaissance d'un être pour le moins célèbre : Al Capone.

Une fois encre Celestin nous entraîne dans une époque historique bien spécifique (Chicago à la fin des années 20, juste avant le crack boursier, et pendant la prohibition) à la rencontre de personnages ayant, pour certains, existé.

Plus addictif, peut-être mieux maîtrisé, quoi qu'il en soit Mascarade est un thriller historique qui porte bien son nom. Baladé de théories en conspirations, de conspirations en complots, Mascarade est un deuxième tome meilleur que son prédécesseur, où les luttes de pouvoir s'affinent, où la place de la femme est une fois encore interrogée et mise en avant, où les méchants ne sont pas ce qu'ils prétendent être, de même pour les gentils.

J'ai aimé faire la rencontre de Dante, un des anciens sous-fifre de Capone. Arrivé de New-York il est chargé d'une mission par le mafieux. Mission qui n'est pas sans risque puisqu'il est question d'alcool frelaté, mais aussi de drogue. Les drogues, dont l'héroïne que Capone déteste. Il en tuerait d'ailleurs plus d'un s'il apprenait qu'un de ses soldats était consommateur. Il est pour moi l'exemple parfait du voyou au bon coeur, comme l'était D'Andréa dans Carnaval.


Mon avis en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Chicago, fin des années 20. Ida Davis et Michael Talbot, détectives de la célèbre agence Pinkerton, sont engagés par une femme de la haute société pour retrouver sa fille et son futur gendre qui viennent de disparaître la veille de leur mariage. Parallèlement, un photographe de la police cherche à résoudre le meurtre d'un gangster blanc retrouvé dans une ruelle du quartier noir tandis que débarque en ville un homme chargé par al Capone de faire la lumière sur une tentative d'empoisonnement au champagne frelaté visant les personnes les plus influentes de la ville, qu'il avait conviées dans l'un de ses hôtels. Trois intrigues à priori sans rapport qui vont pourtant peu à peu s'entremêler et rapprocher les différents protagonistes, pour le meilleur et surtout pour le pire.

Mafia, prohibition, jazz, corruption, règlements de compte à coup de sulfateuse et figures mythiques du banditisme, Ray Celestin tricote un canevas sans faille dont les mailles se resserrent jusqu'à l'imparable dénouement. Un bonheur de retrouver Ida, Michael et le grand Louis Armstrong, découverts dans Carnaval, le premier volet de cette série de quatre romans dont l'ambition est de retracer « l'histoire du jazz et de la mafia pendant cinquante ans au 20ème siècle ». Après la Nouvelle Orléans et Chicago, le prochain se déroulera à New-York dans les années 40.

L'auteur propose une fois de plus un récit très documenté, mêlant personnages réels et héros de fiction. Son écriture nerveuse et cinématographique offre un rythme effréné ne souffrant d'aucun temps mort. Dialogues au cordeau, tension, violence, drames, scènes d'action hyper visuelles, tout y est. Un polar solide donc, qui se déguste cul sec, rugueux et gouleyant comme un bon vieux whisky de contrebande.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Après "Carnaval", c'est avec gourmandise que nous ouvrons "Mascarade". Nous y retrouvons Ida Davis et Michael Talbot à Chicago en 1928. Détectives de chez Pinkerton, ils sont chargés par une riche femme blanche de retrouver sa fille disparue depuis trois semaines, ainsi que le fiancé de celle-ci.
Nous faisons aussi la connaissance de Dante, malfrat revenu de New York à la demande d'al Capone, et de Jacob, photographe spécialiste des scènes de crime. Chacun va enquêter sur des sujets différents mais ils vont se croiser au rythme de leurs découvertes.
C'est la pleine époque de la prohibition. Déjà de jeunes loups contestent le pouvoir d'al Capone et surtout tentent d'implanter le trafic de drogue auquel Capone est hostile.
Entre la guerre des gangs larvée, les investigations de Michael et Ida, celles de Dante et Jacob, la corruption de la police, la canicule de cet été 1928, nous vivons aussi la montée en puissance de Louis Armstrong, le combat de boxe de Jack Dempsey et Gene Tunney, nous plongeons dans l'enfer de Chicago.
Ray Célestin a construit son thriller selon la structure d'un morceau de Louis Armstrong, West End Blues, cela contribue au rythme de la lecture.
En résumé, un livre qui se dévore, une histoire qui ne nous épargne rien, de bonnes surprises et une envie de découvrir le troisième opus annoncé.
J'oubliais : le livre débute par les funérailles grandioses d'un politicien corrompu.
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Second tome d'une quartologie (je ne sais pas si ça se dit ;) pour une saga en quatre tomes), dont le 4e opus ne sortira qu'à la fin de l'automne prochain en langue originale anglaise, ce livre propose une nouvelle multi-enquête époustouflante. Il reprend, en quelque sorte, les ingrédients qui ont fait le succès du premier, tout en proposant suffisamment de différences pour que ce ne soit pas un remake qui serait devenu fastidieux au fil des pages - ce qui n'est donc pas le cas ! Si je lui donne une note un tout petit peu plus basse (18 au lieu de 19/20 pour le premier), c'est peut-être parce que l'effet de surprise formidable du 1er tome, lu dans la première quinzaine de ce mois de juin, n'est désormais plus présent. Aurais-je dû lire ce 2e tome un peu plus tard, le temps de laisser couler et « d'oublier » toutes les sensations que cet auteur incroyable parvient à faire naître ?
Je crois d'ailleurs qu'on peut lire ce 2e volet sans avoir lu le précédent – bon, je n'en ai pas l'expérience, puisque je suis en train de tout lire « dans l'ordre », mais voilà : les deux personnages principaux ont mûri, on les retrouve 10 ans plus tard dans une autre ville, et si certains traits de leur passé apparaissent ici ou là (la mention à leur famille pour Michael, ou la relation avec Louis Armstrong pour Ida), ils sont de toute façon réexpliqués brièvement et ne gênent en rien ni la compréhension ni l'évolution de l'enquête.

Ainsi donc, peut-être au même titre qu'un personnage à part entière, c'est une nouvelle ville qui est mise à l'honneur : le Chicago de la fin des années 1920. Alors que La Nouvelle-Orléans était célébrée et réellement « aimée » dans le tome 1, malgré ses revers qui n'étaient jamais cachés, ici Chicago est présentée dans toute sa noirceur, sans aucune concession. On ne retrouve plus ce sentiment de profond attachement, qui n'est peut-être pas utile d'ailleurs, mais au contraire une certaine désespérance sans fond.
Mais peut-être est-ce davantage lié au contexte qu'à la ville même, quoique… Je m'explique : Ray Celestin place cet opus en pleine Prohibition, synonyme du florissement intempestif (et souvent couvert, voire encouragé par la police et les élus locaux) des réseaux de production clandestine et/ou de distribution d'alcools de contrebande – avec toutes les dérives, notamment au niveau de la santé des consommateurs, que cela implique. C'est l'âge d'or de la mafia (encore !) et en particulier d'un certain Al Capone, véritable roi de la ville, plus puissant que les puissants, richissime, c'est vraiment lui qui tire toutes les ficelles de ce trafic incroyablement lucratif (en y ajoutant quelques bordels et autres activités annexes) ; pourtant l'auteur n'hésite pas à le montrer comme très malade, aussi, ce qui paradoxalement le rend terriblement humain, presque « acceptable » (pour ne pas dire attachant, mais non, n'exagérons rien !) malgré tous ses méfaits.

Et, peut-être encore davantage que dans le 1er tome et une certaine indolence typique de cette ville sudiste qu'est La Nouvelle-Orléans, l'auteur dénonce la ségrégation qui règne à Chicago. A nouveau, il la montre à travers quelques exemples qui laissent pantois. On notera l'interdiction pour les orchestres de ce jazz de plus en plus à la mode, de réunir musiciens Blancs et Noirs, ce qui a conduit à l'appropriation du jazz par certains orchestres blancs, permettant ainsi de le diffuser dans des quartiers moins ghetto-isés, et l'amenant dès lors à un succès encore plus fulgurant, tandis que lesdits musiciens ne s'arrêtent pas, eux, à une différence de couleur, mais ne peuvent jouer ensemble que dans la clandestinité. On souligne le fait que les Blancs aisés paient des intermédiaires Noirs-mais-pas-trop pour aller s'encanailler dans les quartiers Noirs lors de certains de ces concerts, ou pour bénéficier des services de certaines jeunes filles, un autre business bien lucratif ! Surprenante aussi, et probablement vraie, la révélation selon laquelle les abattoirs de Chicago, alors parmi les plus importants au monde, n'ont pas réussi à mettre en place un quelconque syndicat pour ses très nombreux ouvriers, tout simplement parce que ceux-ci, issus de diverses origines (Polonais, Irlandais, Italiens, autre Européens arrivés après la 1re guerre mondiale, et Noirs bien sûr) ne s'entendant pas entre elles, restaient éternellement incapables de s'associer pour défendre leurs droits et intérêts pourtant communs… A noter aussi une autre forme de ségrégation, qui est ici touchée du doigt à quelques reprises : on parle d'homosexualité, alors tout à fait illégale et considérée comme une maladie, que les Blancs aisés font soigner à coups de psychanalyse et d'électrochocs en hôpital psychiatrique.

Ce qui me touche sans doute particulièrement ici, au-delà de l'Histoire, c'est que toute cette histoire de ségrégation semble avoir traversé le temps et reste accrochée à cette ville, peut-être même à tous les États-Unis (qui prétendent par ailleurs enseigner la démocratie au monde entier) ! Dans ce livre, on est à la fin des années 1920 comme je disais plus haut ; pourtant, Prohibition en moins et modernité en plus, ce sont les mêmes conditions de ghetto-isation qu'on retrouvait dans le magnifique « Devenir » de Michelle Obama, sa ville de naissance où elle a grandi à la fin du XXe siècle pourtant, situation dont elle avait pu s'extraire grâce à l'éducation (et probablement un bon lot de chance, notamment d'avoir eu des parents qui la poussaient en ce sens), mais dans le fond, c'est ahurissant de se dire que rien n'a fondamentalement changé en près d'un siècle…

Mais revenons à notre livre : on retrouve l'ex-policier Michael Talbot et l'ex-apprentie détective Ida Davis. Tous deux ont quitté La Nouvelle-Orléans pour Chicago, ils ont mûri avec 10 ans de plus, et travaillent désormais en équipe pour cette grosse agence de détectives qui employait déjà Ida. Michael reste l'image de l'incorruptibilité, il pose toujours ses divers choix dans cette optique-là, la plupart du temps avec une grande assurance, quel que soit le prix à payer. Ida quant à elle, grâce à son opiniâtreté et au soutien implicite de son aîné, a enfin obtenu un vrai poste d'enquêtrice et révèle de réelles dispositions pour ce métier. Elle reste amie, et le croise à plusieurs reprises, avec ex-Lewis devenu Louis Armstrong qui, après un passage raté par New York, est désormais en pleine ascension. Il fait partie d'un orchestre de jazz à Chicago et se découvre alors à lui-même plus que jamais, encore en début de carrière mais déjà avec la virtuosité et la reconnaissance d'un public de plus en plus conquis.

En parallèle à ces personnages du 1er tome, on a ici deux autres personnages principaux qui vont eux aussi mener la même enquête, en la prenant – comme c'était déjà le cas dans le 1er tome – par un bout différent car leurs points de départ ou motivations sont différentes.
On rencontre ainsi Jacob Russo, photographe professionnel, de plus en plus souvent armé de son tout nouveau Leica (en mentionnant au passage à quel point ce nouvel appareil a été une révolution pour les photographes !), qui immortalise les scènes de crime pour la police – nombreuses vu le taux de criminalité de cette ville ! Il rêvait de devenir lui-même policier, mais une cheville boiteuse fait qu'il a été recalé ; pourtant, il profite de son travail de photographe pour s'intéresser lui aussi aux enquêtes, soutenu par l'un ou l'autre enquêteur qui le connaissent, car il fait aussi preuve d'une grande sagacité souvent supérieure à celle d'autres policiers, et peut ainsi réaliser son rêve malgré tout, sous le titre « d'attaché » à la police.
Et on a aussi Dante Sanfelipe : ancien membre de la garde rapprochée d'al Capone, il s'est enfui à New York après le décès (par ingestion de champagne frelaté) de toute sa famille, morts plurielles dont il se sent responsable puisque c'est lui qui avait fait entrer chez lui ce champagne… Devenu héroïnomane, désabusé de la vie à laquelle il s'accroche pourtant, en compagnie de son chien bâtard aussi hirsute que fidèle qu'il a recueilli autrefois sans jamais le nommer, il retourne auprès d'al Capone qui lui confie la résolution d'une enquête qui s'avèrera (évidemment !) la même que celle de tous les autres, mais prise par un autre bout donc.

Pourtant, ici, et c'est sans doute (outre la présentation d'une nouvelle ville et la maturité des deux premiers personnages) le plus grand changement par rapport au 1er tome : les enquêtes sont menées en parallèle avec bien des différences, et offrent tout au long du livre des approches différentes dont on tente de comprendre les ramifications, mais cette fois ces différents enquêteurs vont réellement se rencontrer ! Et ainsi, les différentes facettes d'une même vérité bien complexe sont à nouveau présentées par petits bouts au lecteur (ce qui avait été un coup de génie dans le premier tome, du moins à mes yeux). Mais désormais l'auteur opte pour une approche un peu plus classique dans la résolution finale de l'enquête, en permettant à ces différents bouts de vérité de se recouper – cela dit, ça ne se fait pas en un instant ! ces « rencontres » sont mêmes tardives, et pas simultanées, ce qui permet d'entretenir un certain suspense dans le suspense – autrement dit, ce procédé des différents aspects d'une même solution est à nouveau exploité de façon magistrale, tout en permettant aux lecteurs plus « classiques » de s'y retrouver dans une résolution finale désormais complète.

À travers tout cela, au risque de me répéter, l'auteur réussit à créer un attachement fort envers ses différents personnages. La famille de Michael est nettement moins « présente » que dans le 1er tome, et à vrai dire ça m'a bien un peu manqué, mais c'est un moindre mal car son image d'incorruptible et quelque peu ténébreux détective est suffisante pour le rendre presque séduisant. Ida quant à elle prend toute son ampleur dans ce roman, entre ses contradictions toujours présentes mais mieux assumées, sa découverte de l'amour, ou son lien d'amitié indéfectible depuis l'enfance avec Louis –ce qui permet d'ailleurs de donner un « petit rôle » au musicien dans l'enquête, dépassant ainsi les seules limites du décor jazzy historique. Jacob est d'emblée attachant, peut-être à cause de son handicap qui l'a rendu pugnace, et son intelligence qu'il laisse s'exprimer. Enfin, même Dante, qui mérite sans doute un certain titre d'anti-héros (on le voit se piquer bien plus d'une fois ! pour ne citer qu'un exemple) est, à l'image d'al Capone pour qui il travaille, incroyablement humain dans son désespoir, ses regrets tout entachés de culpabilité, mais aussi son attachement pas assumé et pourtant réel envers son chien, ainsi que son désir de vivre malgré tout !

Tout cela est toujours sublimé par une écriture apparemment neutre mais toujours très précise, au scalpel, extrêmement bien traduite qui plus est. Elle est aussi très visuelle, notamment dans les scènes d'action – le passage d'Ida sur les toits du stade (chut je n'en dirai pas plus !) est vraiment exceptionnel et m'a donné des frissons !

C'est donc un nouveau tome magistral, qui fait écho au premier tout en étant probablement assez indépendant pour pouvoir être lu seul ; il est sans complaisance envers la ville de tous les délits, dans un contexte historique très lourd, mais avec énormément d'humanité dans tous ses personnages même les plus improbables. Pour moi une nouvelle, très grande réussite !
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