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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les bibliothèques, les livres, les pages, les mots...l'encre, les feuilles de papier, les reliures, et les lieux jusqu'aux plus improbables où Valmar Chalamov a trouvé des livres, sans jamais les posséder, mais en parvenant parfois temporairement, luxe suprême, à pouvoir en disposer librement.

Il faut dire bien sûr que cet écrivain russe, né en 1907, a passé en tout une vingtaine d'années dans les camps, à Vichéra d'abord pour opposition à Staline, puis surtout dans les mines d'or de Kolyma, goulag de Sibérie, pour " activité contre-révolutionnaire trotskiste " ( son oeuvre principale " Les récits de Kolyma " en témoigne ).

Pas de livres en vue, bonheur quand quelques bribes de journaux vous tombent sous les yeux par hasard. Il faut survivre avant tout et la lecture est un luxe inaccessible évidemment. Puis, l'incompréhension glaçante quand un jour "je regardais les lignes et je ne comprenais rien ". le dénuement, la perte de soi-même au point d'avoir " désappris " à lire. Inconcevable !

Je n'en dévoilerai pas davantage. Il faut lire ses quelques pages, une cinquantaine, ses mots justes, son témoignage d'une vie de lecture si éloignée de la notre, mais où j'ai retrouvé les invariants du plaisir infini de lire.

Un bel hymne à la lecture assurément.
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Varlam Chalamov (1907-1982) est un auteur que je découvre avec ce court récit sur sa relation avec les livres et la lecture. C'est plus facile que de commencer avec « Les récits de la Kolyma » qui ne font pas moins de 1700 pages ! La version abrégée de 192 pages ne doit pas valoir grand chose.

« Les livres sont ce que nous avons de meilleur en cette vie, ils sont notre immortalité. »

Avoir une bibliothèque à soi, avec des livres que l'on a choisi d'y mettre est un luxe quelque part. Les Grandes Purges des années 30 ont privé Chalamov de ce plaisir. Déporté dans la Kolyma (région au-dessus du cercle polaire arctique) il y passera de très longues années.

J'ai noté quelques auteurs au passage, comme Alexandre Grine (1880-1932) que Chalamov aimait pour sa « poésie touchante, pour la valeur de ce que chaque être humain peut trouver dans ses pages... » Je vais essayer de trouver son roman « L'écuyère des vagues ». Mais avant j'ai un Nikolaï Leskov (1831-1895) qui m'attend dans ma pàl.



Pour aller plus loin :
https://www.franceculture.fr/emissions/series/soljenitsynechalamov



Challenge ABC 2021/2022
Challenge littérature slave orientale
Lien : https://www.babelio.com/grou..
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Dans ce court récit, Varlam Chalamov nous montre comment des livres peuvent être un enjeu de pouvoir et de liberté - dans des temps et lieux comme l'incarcération en Russie.
Il s'inspire bien sûr de ses années de "forçat", où il était par définition privé de droits, à quoi s'est ajouté un autre droit dont on l'a privé : celui de s'enrichir et de penser librement. Il explique très simplement et très clairement comment les livres qui atterrissent dans les bibliothèques - ou entre les mains des détenus - dépendent entièrement de la culture (ou plus souvent, de l'inculture...) des bibliothécaires qui imposent ce qui peut ou doit être lu.

Ce constat et bien sûr terrifiant pour toute personne de notre société moderne avec une addiction à la lecture ! Une fois passé cet épisode affreux, l'auteur fait aussi un bel éloge de la littérature qui fait renaître à l'état d'être humain dans les conditions les plus "extrêmes".

Un bel hommage rendu à la lecture, à la force et aux pouvoirs des livres et à l'intemporalité de certains récits.
Une découverte émouvante qui a l'originalité de montrer ce qu'était le totalitarisme stalinien à travers l'usage des livres.
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J'ai lu ce petit livre en très peu de temps.
Il parle des bibliothèques d'un homme qui n'en a pas, malgré son érudition et son amour de la lecture, ayant passé la plus grande partie de sa vie en prison et au goulag : il s'agit de l'auteur des "Mémoires de la Kolyma".
Que cela a du être dur de ne plus avoir de livres sous la main !
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Que n'aurait-il pas fait pour la cause de son pays, pour la défense de la liberté qui n'est jamais à fonds perdu ! Y-at-il assez de bronze pour édifier la statue qu'il mérite. On peut prendre des cours de résilience chez Chalamov, l'auteur des Récits de la Kolyma ...

Ce qu'on sait moins, c'est qu'il avait parfois la dent dure envers ses pairs, ses contemporains ... Exemple ici :
"Toute sa vie, Tchékhov a voulu écrire un roman et il n'a pas su le faire. Une Histoire ennuyeuse, Ma Vie, Récit d'un inconnu étaient des tentatives de roman. C'est parce que Tchékhov ne savait écrire que d'un trait et sans s'interrompre qu'il n'a pu faire que des récits et jamais un roman.

Avec son idée de pas de roman pour le roman pour décrire la barbarie humaine et que seul le récit documentaire ne saurait trouver plus d'éloquence à décrire l'horreur des camps, il s'est ainsi opposé à Dostoïevski, à Soljenitsyne, à Pasternak, à Tolstoï tous attachés à la primauté du roman sur le reste.

Chalamov aurait pu pourtant trouver un allié de taille en Tolstoï quand celui-ci dit ceci à la fin de sa vie : "Non seulement la forme romanesque n'est pas éternelle, mais elle est caduque. Il est honteux d'écrire des non-vérités, de donner existence à ce qui n'a pas eu lieu. Si tu as quelque chose à dire, dis-le directement". Mais comme Tolstoï, deux choses, un , il a écrit des choses encore plus convaincantes sur le rapport vérité/ roman. deux, sur la fin de sa vie, il a continué d'écrire de la fiction, certes plus confidentielle, à cause de ses engagements moraux, mais réelle. C'est à croire que Chalamov ne s'est guère trompé sur Tolstoï.
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Pour le Chalamov du goulag, un écrit c'est comme une goutte d'eau pour celui qui traverse le désert ; c'est, mobilisé par des nécessités vitales basiques, perdre la compréhension des mots et le sens de la lecture ; puis, sorti de l'enfer lorsque son incarcération est moins pénible, c'est redécouvrir les mots, la lecture et les bibliothèques des lieux où il séjourne : embryonnaires, inintéressantes, d'intérêt inégal ou remarquablement constituée par un connaisseur de passage.

Pour les non-initiés à la littérature russe (dont je fais partie) l'énumération de nombreux auteurs russes risque d'être légèrement déstabilisante. Mais, en contrepartie, cela permet de découvrir des auteurs et des livres dont on ignorait l'existence.

Fascicule qui ravira les amoureux des livres et des bibliothèques… et qui devrait être lu par tous ceux pour lesquels lire et/ou posséder un livre est aussi naturel que respirer, ceux qui ont la chance de choisir leurs lectures parce que vivant dans un pays où la liberté n'est pas bafouée.
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Nous connaissions Chalamov l'écrivain des camps, le poète de la Kolyma. Voici Chamalov le lecteur. L'amoureux des livres, parmi les rayonnages de ses bibliothèques.

"Les livres sont des êtres vivants. Ils peuvent nous décevoir, nous distraire. Il y a dans la vie de tout homme cultivé un livre qui a joué un grand rôle dans son destin. Bien souvent, ce n'est pas du tout l'oeuvre d'un génie, ce n'est qu'un livre ordinaire d'un auteur moyen. Pour deux générations de Russes, ce fut le Taon de Voynitch. Pour moi, le livre qui marqua mon destin fut Ce qui n'arriva jamais de Ropchine, que j'ai lu en 1918. Aujourd'hui encore, j'en sais par coeur bien des passages."

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Varlam Chalamov montre à quel point les livres peuvent être un véritable enjeu de pouvoir et de liberté en Russie. de ce que j'ai bien compris, lire est considéré comme un crime, à cette époque.
Lire est un bien précieux et une liberté ans pareil, nul ne devrait être remis en cause à cause de sa lecture ou juste, à posséder quelques livres.
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