AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,27

sur 3136 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Les idées folles réussissent parfois et c'est comme un espoir suspendu au-dessus des désastres, sauf que dès le début, le lecteur sait que celle-là ne va pas fonctionner, sait qu'il s'enfonce dans la guerre des autres, celle qu'on voit à la télévision entre deux préoccupations quotidiennes.
Décidé à respecter la promesse faite à son ami Sam qui vit ses derniers jours, Georges monte un projet fou : faire jouer Antigone à Beyrouth par des acteurs amateurs qui seraient de toutes confessions.
Mon avis sur ce livre est partagé, peut-être, parce que faire intervenir le théâtre dans une tragédie bien trop réelle, présente quelque chose d'artificiel ou alors parce que les personnages m'ont paru inconséquents, inconscients des enjeux de leur environnement. Une petite déception.
Commenter  J’apprécie          460
1982, Georges est à Beyrouth, alors que la guerre civile fait rage dans ce pays longtemps considéré comme un modèle de cohabitation entre les communautés religieuses. Il a promis à Samuel agonisant, son ami juif, de monter Antigone avec des comédiens multiconfessionnels, pour réunir, le temps d'une représentation, ceux que la guerre oppose.

Et c'est ce qu'il va faire au péril de sa vie, au milieu des combats entre palestiniens et phalangistes chrétiens maronites. Il va trouver ceux qui acceptent de se mélanger, d'oublier pour un moment leurs griefs, de jouer Antigone, pour le bienfait sur les spectateurs de la catharsis de la tragédie, libératrice de leurs passions et de leurs craintes.

A travers Georges, son double littéraire, Sorj Chalandon raconte son expérience de reporter pendant la guerre au Liban, la violence des combats, le traumatisme indélébile des massacres de Sabra et Chatila, la difficulté à reprendre une vie normale, qu'il retrouvera malgré tout à la différence de son héros. le récit d'une histoire puissante qui met abstraitement la création artistique comme rempart à la violence, un mur invisible tel le quatrième mur imaginé par les comédiens pour oublier les spectateurs.

Commenter  J’apprécie          420
Pour ce que j'en ai déjà lu (trois livres), je commence à me faire ma petite opinion sur les écrits de Sorj Chalandon. Et ma petite petite opinion vous dit que c'est une belle écriture, avec des phrases qui nous imagent parfaitement les actions, les paysages, les personnages, c'est très agréable à lire.
Enfin, très agréable à lire... pas toujours ! le moins que l'on puisse dire, c'est que ces lectures ne se rangent pas dans la catégorie "feel good", et pour ce livre-ci, c'est même tout le contraire. Les scènes de guerre, de violence brute sont trop nombreuses, trop longues, à mon goût, cela me semble même un tantinet malsain. La dénonciation des atrocités de la guerre ne bascule-t-elle pas vers un voyeurisme pernicieux ?
Et de me souvenir... de ce photographe de guerre passé voir son ami sur notre lieu de travail. De son dernier reportage, il a montré quelques clichés... j'en ai vu un et n'ai pas voulu en voir plus. Je ne sais pas ce qui m’écœurait le plus, du cliché aperçu ou des trois hommes qui s'en délectaient. Oui, vu de l'extérieur, ils avaient l'air de s'en délecter, ou du moins, ils étaient bien fascinés.
Voilà, cette fois-ci, j'ai regardé tous les clichés jusqu'au bout et pour moi... c'était trop. Avec le théatre (dont je ne suis pas une grand fan) qui se glisse incongrûment dans la guerre, je n'ai pas aimé ce livre-ci.
Je relirai sûrement Sorj Chalandon, mais je sélectionnerai bien le sujet.
Commenter  J’apprécie          369
Un livre dont le sujet est intéressant... mais peu crédible à mon sens, car parfaitement impossible à réaliser.

L'idée est de monter une pièce de théâtre , l'Antigone d'Anouilh, à Beyrouth, pendant les conflits des années 80, et de se payer le luxe de faire appels à des comédiens de toutes confessions.
Justement de celles qui sont en conflit.

Il s'agit d'une utopie absolue, mais l'exercice intellectuel vaut le coup d'être poussé, et Chalandon a ce talent là.
Il mêle astucieusement les destins des comédiens à ceux de la pièce originale et l'ensemble est assez troublant.

Le texte est bien écrit évidemment..
Il m'a fallut néanmoins un peu de temps pour rentrer dans le vif de l'histoire.
Ma méconnaissance du conflit m'a gênée.

Mais l'ensemble m'a furieusement donné envie de relire Antigone qui, je m'en suis alors souvenu, m'avait littéralement bouleversée lorsque je l'avais découvert en classe de 1ere.
Commenter  J’apprécie          180
C'est l'histoire de deux copains de fac, Georges et Sam. Ils se sont connus durant la tourmente de mai 68. Tous deux étaient de toutes les manifs d'extrême gauche et ils ont également participé aux violentes bagarres avec leurs alter ego d'extrême droite. On apprend d'ailleurs que la « coutume » à l'époque était de briser les genoux de l'adversaire « pour lui laisser une trace à vie »...

Au début des années 80, Sam se meurt d'un cancer généralisé. Sentant venir la fin, il demande à Georges d'accomplir ce qu'il a péniblement commencé : monter l'Antigone (1944) de Jean Anouilh avec des acteurs des principales communautés qui s'affrontent dans la guerre civile libanaise.

Le premier voyage de Georges au Liban constitue selon moi le moment fort de ce roman. Outre une description très crédible de Beyrouth coupée en deux par la ligne verte, on assiste à l'émouvante rencontre de tous les comédiens pressentis dans un théâtre abandonné situé exactement sur le front.

Sorj Chalandon décrit des personnages attachants qui partagent tous une même sensibilité artistique leur permettant de transcender leurs différents politiques et de supporter la pression de leur communauté.

Or, au moment où on se dit « ce livre est une perle » vient le coup de massue. En effet, le dernier tiers du récit coïncide avec l'attaque de Beyrouth par l'armée israélienne. C'est là qu'on bascule dans l'horreur des massacres aveugles. Était-il nécessaire d'aller à ce point dans la description de l'indescriptible ? Je n'en suis pas sûr, même si à l'époque l'auteur couvrait sur place le conflit pour Libération. On sent nettement son envie de partager ce qu'il a vu.

La plus grosse déception est constituée par une fin en queue de poisson, au scénario plus qu'improbable. Un tel récit aurait sans doute mérité mieux.
Commenter  J’apprécie          155
J'ai eu ce livre comme cadeau avec les billets pour voir la mise en scène théâtrale prochainement. Je me disais qu'il fallait lire le livre avant de voir la pièce de théâtre.

J'espère que la pièce de théâtre me fera changer d'avis, parce que Je n'ai pas trop aimé ce livre, je ne comprends pas pourquoi il a eu plusieurs prix... Pendant les 100 premières pages on apprend sur les différentes époques militantes de George, le personnage principal. C'est beaucoup d'information qui a fait que j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, mais qui permet de mieux comprendre qui est George.

Croire qu'une pièce de théâtre peut arrêter la guerre, même pendant quelques heures est très naïf et idiot. J'ai du mal à m'imaginer qu'un(e) ami(e) puisse mettre sa vie en danger pour une promesse pareille. Je n'ai pas aimé le personnage de George que j'ai trouvé égoïste et vraiment "à côté de plaque" dans tout ce qu'il a pu entreprendre dans sa vie de militant. Je ne connais pas grande chose sur la guerre au Liban, c'est peut-être aussi une raison pourquoi je n'ai pas accroché avec ce livre.

Dommage, car l'intention de la personne qui me l'a offert était très bonne.

Commenter  J’apprécie          120
Profession du père m'avait bouleversé, le jour d'avant m'avait surpris mais laissé de marbre, le quatrième mur me laisse… perplexe.

Peut-être parce que je connais mal les conflits présents au Liban, je me trouvais régulièrement perdue au milieu de tous ces noms de groupes religieux, ce qui m'a empêché de pleinement savourer cette histoire puisque je passais mon temps à me rappeler qui en veut à qui et pourquoi.

Heureusement, contrairement au narrateur si égoïste et si violent, Marwan, son fils Nakad et la belle Imane ont su toucher mon coeur de lectrice par la force de leurs convictions et par la tendresse qu'ils dégageaient.

Je suis donc restée en dehors de cette histoire, bloquée par le quatrième mur sans doute, et je le regrette énormément !
Commenter  J’apprécie          110
Antigone de Jean Anouilh est une pièce de théâtre appréciée des lycéens car l'héroine incarne la résistance à l'ordre établi, l'intransigeance de l'idéal ,la volonté d'aller jusqu'au bout de ses choix même si cela doit lui coûter la vie ( on passe souvent sous silence qu'elle entraine dans la mort son bien aimé et la mère de celui-ci... qui n'avaient peut être pas envie de quitter aussi tôt cette vallée de larmes...)
Il n'est donc pas étonnant que le prix Goncourt des Lycéens ait été attribué en 2013 à ce roman dont Antigone est en fait le personnage central.
Pièce crée à Paris en pleine occupation allemande, elle résonne comme un cri de révolte face à l'oppression et se prête donc à une adaptation dans un pays ravagé par la guerre.
C'est ce qui a conduit Sam metteur en scène juif échappé De Grèce au moment du terrible régime des colonels, à proposer de monter la pièce à Beyrouth en faisant jouer les différents personnages par des membres des différentes communautés belligérantes.
Quelle belle idée généreuse mais nous sommes en 1982 et la guerre du Liban déchire le pays pour connaître en cette année funeste de tragiques rebondissements.
Sam, dévasté par la maladie, ne peut plus voyager et il charge son ami Georges de partir à sa place pour rencontrer les acteurs et faire quelques répétitions.
Et voici Georges , le gauchiste pro-palestinien, habitué aux coups de poings entre étudiants de factions rivales, qui va laisser femme et fille à Paris pour aller vivre le rêve de son ami dans une des zônes les plus dangereuses de la planète.
C'est le chemin de croix de Georges qui nous est raconté par l'auteur avec une précision affreuse car rien n'est épargné ni la peur, ni le sang, ni les larmes et le lecteur va vivre de l'intérieur, à hauteur des individus, le tragique de la guerre et de son cortège de haine et de vengeance aveugle.
Comme la décision d'Antigone de braver les lois pour faire ce que sa conscience lui dicte, va semer la mort autour d'elle , il en ira de même pour Georges, cet Antigone masculin, que ses idéaux conduiront à la destruction et à la ruine de sa famille.
Cette lecture me laisse amère car loin d'admirer ce parcours, je me demande pourquoi ce gâchis ? Qu'est ce que Georges a apporté de plus à ceux dont il a partagé le terrible sort ? La compassion ne peut elle conduire qu'au sacrifice ultime ?
Après avoir été témoin des pires horreurs, peut on encore vivre comme avant ? Manifestement non, nous dit Sorj Chalandon . Il y a des peines que l'art ne saurait soulager et l'amour est impuissant pour lutter contre les plus graves traumatismes.
Un roman fort et triste, vraiment très noir qui ne conduit pas à voir les hommes sous un jour bien riant.
Commenter  J’apprécie          100
Georges est un militant : défenseur des opprimés, il est de toutes les causes, tout comme sa femme Aurore. Celle des Palestiniens par exemple. Jusqu'à ce qu'il rencontre le Grec Samuel, metteur en scène comme lui, qui, au fil des ans, va devenir comme un frère. En 1982, ce dernier est mourant et demande à Georges de continuer son dernier projet : monter Antigone de Anouilh dans Beyrouth en guerre.

« Depuis toujours, Sam voulait monter la pièce noire d'Anouilh dans une zone de guerre. Offrir un rôle à chacun des belligérants. Faire la paix entre cour et jardin. » […] Pourquoi Antigone ? Parce qu'il y ait question de terre et de fierté. »

Georges se retrouve alors plongé dans la guerre civile du Liban, qui dura de 1975 à 1990 et fit entre 130 000 et 250 000 victimes. Je vais essayer de vous en dire quelques mots pour que vous compreniez la complexité du projet utopique de ce personnage.

La guerre du Liban est due, en partie, à la montée des tensions dans un pays multiconfessionnel et fragile, qui a accepté l'installation de camps palestiniens lors de la création d'Israël de 1948. D'autant que ces derniers deviennent rapidement des bases arrières pour des attentats suicides contre le pays juif. le massacre de Damour, commit par des Palestiniens contre des chrétiens, complique encore la situation. le Liban s'est donc retrouvé au coeur des tensions du monde arabe, alors que sa propre démocratie était elle-même en péril. En 1982, année où Georges se rend au Liban pour monter la pièce, Israël se décide à intervenir. Cela se conclut par un massacre généralisé dans les camps : entre 700 et 3500 morts, dont des femmes et des enfants.

L'Histoire devient le moteur essentiel de l'histoire de Sorj Chalandon puisque au-delà du projet théâtral, c'est la vie entière de Georges qui est remise en jeu : ayant assisté à des massacres, il ne parvient pas à se réadapter à la vie "normale" …

Et le théâtre dans tout ça ? et bien « le théâtre était un répit. », une manière d'échapper à la guerre pendant une heure grâce aux quatre murs …

"Le quatrième mur, c'est ce qui empêche le comédien de baiser avec le public. [...] Une façade imaginaire, que les acteurs construisent en bord de scène pour renforcer l'illusion. Une muraille qui protège leur personnage." Un quatrième mur qui ne protégera personne cette fois-ci …

Et pourquoi Antigone ? Parce que cette jeune fille est le modèle du rebelle, de la résistance à la fatalité. La révolte de la pureté contre les mensonges des hommes , de l'âme contre la vie.

"Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire "non" encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge."

L'Antigone de Anouilh est la pièce où la mort triomphe de presque tous, comme dans le roman de Chalandon : chaque personnage, chaque acteur subit la loi de l'Histoire, tout comme Antigone, et affronte un destin tragique, non plus dans le contexte de la Seconde guerre mondiale, mais de la guerre du Liban. Une autre guerre, un autre front, mais toujours les mêmes hommes qui souffrent et meurent …

Ce roman est plus complexe qu'il n'y paraît : une fois que j'avais débroussaillé le contexte historique, il fallait encaisser l'atmosphère pesante d'une zone de guerre, oublier le confort de notre monde ultra-sécurisé et imaginer que des événements d'une telle violence sont encore courantes dans certains endroits du monde. Mais c'est aussi un roman sur un homme, un utopiste qui, avec ses maigres moyens et le temps d'une pièce de théâtre, tente d'offrir un peu de répit et de compréhension entre les belligérants. Et l'on a presque cru qu'il allait y arriver …

Et puis c'est aussi la question de savoir comment vivre avec ces images. Comme Georges, comment supporter les caprices de son enfant pour une glace alors qu'il a porté dans ses bras une fillette au bras arraché par une bombe et qui ne pleurait pas ? Comment supporter les manifestations dérisoires de son groupe qui n'a jamais vu les atrocités en vrai ? Comment vivre, tout simplement ? Je ne vous dévoilerai pas cette réponse …

En bref c'est un roman extrêmement puissant, violent et dérangeant, qui n'épargne pas le lecteur. Et on en sort différent.

Je vous laisse sur les mots d'Antigone. "Comprendre ; toujours comprendre. Moi, je ne veux pas comprendre. C'est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elles.

"Et voilà. Sans la petite Antigone, c'est vrai, ils auraient tous été bien tranquilles. Mais maintenant, c'est fini. Ils sont tout de même tranquilles. Tous ceux qui avaient à mourir sont morts. Ceux qui croyaient une chose, et puis ceux qui croyaient le contraire même ceux qui ne croyaient rien et qui se sont trouvés pris dans l'histoire sans y rien comprendre. Morts pareils, tous, bien raides, bien inutiles, bien pourris. Et ceux qui vivent encore vont commencer tout doucement à les oublier et à confondre leurs noms. C'est fini."
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
Commenter  J’apprécie          100
Belle idée de départ, admirablement traitée par l'ancien reporter Chalandon, plus pour la partie politique que théâtrale de mon point de vue. Ça m'a donné envie de comprendre (enfin) ce conflit qui m'avait semblé si complexe à l'époque. Que pourrais-je bien lire d'abordable sur cette guerre civile ?
Commenter  J’apprécie          90





Lecteurs (6648) Voir plus



Quiz Voir plus

Le quatrième mur

Quel rôle joue Imane dans Antigone ?

La nourrice
Elle ne joue pas
Le choeur
Antigone

11 questions
418 lecteurs ont répondu
Thème : Le Quatrième Mur de Sorj ChalandonCréer un quiz sur ce livre

{* *}