Paris, 1974, Georges est étudiant en histoire, militant activiste pro-palestinien, déversant sa colère et sa violence pour défendre ses convictions.
Il rencontre Samuel Akounis, juif grec qui a fui son pays. Celui-ci tentera de lui expliquer que la violence est une faiblesse, que sa colère cache certainement une souffrance.
Le rêve de Sam est de monter la pièce
Antigone d'
Anouilh à Beyrouth. Essayer "de voler deux heures à la guerre, en prélevant un coeur dans chaque camp". Associer les communautés dans un même rêve de paix. Chiites, maronites, druzes, palestiniens, catholiques, tous ensemble, pour quelques heures au moins, réunis autour de cette pièce de théâtre. La guerre est une folie, pourquoi ne pas faire de la paix également une folie, en proposant quelque chose d'inconcevable.
« Pourquoi
Antigone ? » avait demandé le journaliste de Libération. « Parce qu'il y est question de de terre et de fierté », lui a répondu Samuel Akounis. «
Antigone, jouée à mains nues dans une ville où d'autres mains étranglent. »
Sam, très malade, demande alors à Georges d'accomplir son rêve. Malgré son passé de militant et ses connaissances en histoire, il n'est pas préparé à ce qu'il va vivre là-bas, au Liban. Ses idéaux de paix et ses idées sur le conflit vont être bien malmenés. Difficile pour lui, européen, n'ayant jamais connu l'enfer de la guerre, de comprendre ces hommes et ces femmes qui ne ressentent que haine pour le camp adverse.
Difficile ensuite de revenir en France, dans son monde de paix. Quand" les rires écoeurent son chagrin". Quand "les misères de la paix le dégoûtent". Quand il ne peut plus supporter ce « pauvre bonheur ». L'écart est trop grand.
Ce livre bouscule nos convictions. En temps de guerre, les convictions, la haine justifient les combats, les massacres de femmes, enfants et vieillards, même si chacun souffre de son côté. Il n'y a plus de morale, il n'y a plus qu'un désir de vengeance.
Antigone n'est pas un drame, c'est une tragédie. C'est fait pour les rois. C'est sans espoir. C'est plus simple que le drame, où l'on se débat pour s'en sortir, parmi les traitres les vengeurs et les innocents.
À la fin du roman, le titre prend tout son sens. Ce 4è mur, frontière invisible qui protège l'acteur du réel.
Ce livre nous démontre l'absurdité de la guerre, et nous laisse face à nos questionnements sur ces conflits qui s'éternisent, notre impuissance,notre désespoir face à cette perte des valeurs morales, la désillusion.C'est un livre de la paix qui parle de guerre, de promesse, d'amour et de douleur, d'
Antigone et de volonté.