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4,27

sur 3136 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le premier chapitre du roman ressemble au prologue d'Antigone, il annonce la tragédie. Cette pièce se trouve au coeur du destin de Georges et de sa troupe de comédiens. En 1982, ils répètent Antigone en vue d'une unique représentation à Beyrouth avec des comédiens issus des différentes communautés. le danger et les tensions sont omniprésents. C'est une pure folie dans un pays en proie à de violents combats quotidiens.
« Nous portons des masques de tragédie. Ils nous permettent d'être ensemble. Si nous les enlevons, nous remettons aussi nos brassards, et c'est la guerre. » dit l'un des comédiens.
Georges porte ce projet à bout de bras, fiévreusement. Il l'a promis à Sam, son ami grec mourant, un vieux juif au long passé politique et théâtrale. Georges reste fidèle à ses idéaux et son ami.
C'est un jeune idéaliste en quête d'un idéal autant que d'une figure paternelle, il admire Sam plus que tout mais il va se perdre dans la guerre du Liban. Éternel étudiant, il a endossé un rêve et un costume un peu trop grands pour lui face à l'horreur de la guerre.
« On a toujours deux yeux de trop » le prévient avec sagesse le médecin de Sam. Mais il est déjà trop tard… Il continue le dernier combat de Sam, ce juif assoiffé de liberté, engagé dans la politique dès son plus jeune âge.

Ce projet artistique est-il la dernière part d'humanité possible ou une terrible utopie inutile ou futile face à de tels évènements ?

Sorj Chalandon trouve les mots justes, qui percutent ou nuancent, ses phrases sont courtes et élégantes, son roman est bouleversant et les personnages saisissants de vérité.






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Sacré coup de poing que ce choix des lycéens 2013 pour le prix Goncourt!

Pour tenir une promesse faite à son ami Sam, qui vit ses derniers jours, Georges prend l'avion pour le Liban avec ce projet fou de mettre en scène Antigone à Beyrouth au milieu du champ de bataille qu'est cette ville, et avec une troupe hétéroclite rassemblant des acteurs qui hors de la scène se tireraient dessus…

Ce destin était écrit pour Georges, militant dans l'âme, prêt à en découdre contre les fascistes de tout acabit. L'arrivée de Sam, juif chassé De Grèce dans les années 70 au temps de la dictature des colonels, étaye et canalise sa soif d'agir. Son mariage et la naissance de sa petite fille aurait même pu éteindre cette flamme combattive qui l'anime. Mais Sam va mourir, et confie à Georges la lourde tâche de mener à bien sa propre utopie.

Beyrouth agonise sous les bombardements. Les massacres répondent aux massacres, aveugles, odieux. La canonnade incessante rend les instants de silence insoutenables. Chaque au-revoir est un potentiel adieu. Et Georges donne son corps et son âme au sein de ce combat qui n'aurait pas dû être le sien. Au risque d'atteindre le point de non-retour…

Sorj Chalandon connaît la question et embarque le lecteur au coeur de ce conflit complexe où se croisent et se déchirent Druzes, chiites, sunnites, chrétiens et palestiniens. La haine mène la danse. Les scènes sont dures, et l'on n'a pas ici la bulle isolante de la fiction pour épargner la sensibilité : on n'est pas dans un polar!

Malgré cela, l'auteur parvient à nous faire sourire! Pas à toutes les pages, certes, mais sa plume acérée lance des coups de griffe bien inspirés lorsque l'absurdité tient lieu de rituel.
L'écriture est superbe et c'est ce qui rend ce roman attrayant malgré l'agression que l'on subit.
Et puis Antigone est là, en filigrane, magnifiée par l'enjeu qu'elle représente, et ça, c'est inestimable.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Devoir sacré qu'est la promesse à un ami ( presque ) défunt.

Pour respecter la vision humaniste de Samuel, Georges doit monter l'Antigone d' Anouilh à Beyrouth avec une troupe d'acteurs multi confessionnelle. Une représentation en parenthèse, deux heures de trêve de haine et de combats en opposant le théâtre à la guerre.
Car en 1982, "le Liban tire sur le Liban". Et Georges va plonger, tel le Candide, dans un monde incompréhensible et d'une violence inouïe.

Un livre construit sur l'amitié, la fraternité, l'idéalisme, thèmes universels qui parlent au coeur de tous. Une vision ubuesque d'un conflit entre chiites, maronites, druzes, palestiniens dans Beyrouth découpée en tranches de ruines.

La plume de S. Chalandon est d'une élégance sans pareille, elle déborde de douceur, d'amitié, de mots et formules choisis. Elle est aussi violente et crue. L'auteur offre à nouveau dans ce livre des personnages charismatiques, provoquant l'immédiate empathie du lecteur. L'émotion est au bord des lèvres, tout au long des pages.
La guerre civile libanaise et le contexte politique européen reviennent à nos souvenirs d'actualité, avec une vision de l'intérieur de cette génération post 68, très engagée et politisée.

Livre éprouvant, impossible à oublier...
Je vais de ce pas relire Antigone, "la petite maigre qui est assise là-bas...", en écoutant le Pie Jesu du Requiem de Duruflé.
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Un livre à certains moments, insoutenable, qui m’a complètement retournée et qui restera dans ma mémoire car il y a toute l’humanité, dans sa générosité et dans sa cruauté, dans ce livre où Sorj Chalandon montre ce que la guerre peut faire d’un homme, Georges, et de tous les hommes à travers lui.
Le choeur d’Antigone
 :
« Tous ceux qui avaient à mourir sont morts. Ceux qui croyaient une chose, et puis ceux qui croyaient le contraire même ceux qui ne croyaient rien et qui se sont trouvés pris dans l'histoire sans y rien comprendre. Morts pareils, tous, bien raides, bien inutiles, bien pourris. Et ceux qui vivent encore vont commencer tout doucement à les oublier et à confondre leurs noms. C'est fini. »
S’il n’y avait pas de livres comme celui-là, qui se souviendrait de ceux qui ont été massacrés dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila les 16 et 17 septembre 1982 et de tous les autres déchiquetés depuis dans les attentats quasi quotidiens qui se produisent dans le monde. Un livre comme « Le quatrième mur » marque bien plus les esprits et pénètre les consciences alors que les images d’actualités glissent et s’effacent.
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C'est le deuxième roman de Sorj Chalandon que je lis et si j'ajoute une critique aux nombreuses déjà écrites c'est juste pour dire mon admiration. D'un sujet brûlant, oserais-je dire explosif, il réussit à faire un roman magnifique, plein d'humanité et de sensibilité.
C'est un roman de guerre, la guerre du Liban, le massacre de Damour auquel répond celui de Sabra et Chatila, l'intervention militaire israélienne de 1982, une guerre à laquelle j'avoue ne pas comprendre grand chose. Mais c'est aussi un roman d'espoir et d'amour, d'amour pour les Hommes, ce genre d'amour qu'on peut ressentir quand on fait abstraction de tous les clivages et de toutes les différences.
Sorj Chalandon est un magicien des mots, son écriture est superbe, forte et percutante. Son roman réunit tout à la fois l'espoir, la fraternité, l'amour et la paix mais aussi la guerre, l'incompréhension et l'impuissance. A l'instar de l'Antigone d'Anouilh, utilisée comme une métaphore du conflit, c'est beau et tragique à la fois, à lire !
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Je l'ai élu le meilleur livre de l'année 2013. Lu en septembre 2013. Incapable d'en faire une critique parce que scotchée. Conseillé à une amie en audio qui me dit d'en écouter l'interview de Chalandon à la fin du CD. Et là nouvelles émotions : il y a des sanglots dans sa voix, il parle de ses angoisses et de l'après-succès de son oeuvre avec des rencontres au Liban où il a reçu le prix Goncourt des lycéens. C'est aussi fort, attachant, passionnant, émouvant que le quatrième mur. Respect pour Monsieur Chalandon !
J'avais déjà lu cet auteur. Je persiste donc dans mon opinion sur lui : enfin un écrivain qui en a ! Qui ne va pas dans la facilité !
L'histoire : Georges découvre le Liban en guerre, pour une promesse faite à son ami Samuel, metteur en scène de théâtre qui se trouve dans un lit d'hôpital. Quelle promesse ? monter la pièce Antigone de Jean Anouilh, Antigone. Il va rencontrer les acteurs choisis par son ami : palestinienne, druze, maronite, chiite, chaldéen, arménien. Une belle leçon d'espoir, de désespoir et de passion.
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Nous sommes en 1982. Pour honorer une promesse faite à un ami mourant, Georges accepte de laisser sa femme et sa fille de quatre ans pour se rendre à Beyrouth, au Liban, afin de monter la célèbre pièce d'Anouilh : « Antigone ». Alors que le pays est déchiré par la guerre, tout l'enjeu de cette représentation consiste à réunir sur scènes des acteurs issus de différents horizons politiques et religieux, soit des ennemis par leurs convictions, et de réussir à créer une harmonie scénique dans un décor en ruine, associant ainsi différentes communautés dans un même rêve de paix. Druze, Palestinien, chrétien, chiite, Phalangiste arriveront-ils à dépasser les tensions qui divisent leur peuple ?

Né en 1950, Georges n'a connu que la révolte, jamais la guerre. Ce soixante-huitard engagé va alors se retrouver propulsé dans une guerre qui n'est pas la sienne et qui le dépasse. Dès lors, il va connaître la peur, les menaces, les attentats et l'horreur des combats pour défendre le projet de son ami qui, progressivement, deviendra le sien. Un projet qui le changera à jamais…

Impossible de rester insensible à la lecture de ce rêve utopique qui ne laissera personne indemne (ni les personnages, ni le lecteur !). Comme pour « Retour à Killibegs », j'ai été complètement bouleversée par l'écriture de Sorj Chalandon, sa force, sa justesse et l'émotion qu'elle suscite. Pourtant, j'étais réticente au départ. Je n'avais pas envie de me plonger dans un récit de guerre, avec des conflits religieux qui me dépassent… Mais une fois commencé, impossible de lâcher ce roman, aussi dur soit-il, tant le sujet est habilement traité, de manière à ne pas perdre le lecteur tout en lui fournissant les clés essentielles à la compréhension d'un tel conflit. Malgré ce contexte plein de tension, l'art est au centre du roman. le théâtre, même s'il a tout d'un projet insensé, voire vain, symbolise ce terrain neutre, dans lequel les conflits sont mis entre parenthèses et où l'on parle un même langage, plein de passion et de ferveur. L'espoir et le rêve de ces comédiens côtoient l'horreur de leur quotidien, les massacres et le danger. Avec « le quatrième mur », Sorj Chalandon nous offre un magnifique roman sur l'amitié et l'engagement (politique, amoureux), mais également un récit de guerre terrible, qui a son lot de scènes insoutenables et de désillusions… Bref, vous l'aurez compris, malgré la dureté du sujet, j'ai adoré !
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Deux jours m'ont été nécessaires pour me remettre de cette lecture.
J'ai été littéralement assommée par Sorj Chalandon, que je découvrais, frappée par son récit bien sûr, intelligent, profond, cruel et tellement réaliste. On ne sort pas grandi de ces pages, on regarde en face le tout petit grain de sable que constitue un être humain, tellement dérisoire face à la machine effroyable que représente l'humanité dans son ensemble. La guerre du Liban n'était finalement pour moi qu'une notion abstraite, quelques lignes dans un programme d'histoire. L'auteur l'aborde de manière à la fois très originale et tellement vraie, la lecture est très choquante, le coeur en nous se révolte, la raison, les mots, images s'imprègnent en nous, donnant des identités à des chiffres anonymes. J'ai mal d'avoir pris conscience de ce fait historique, de ces fils entremêlés, de ces générations sacrifiées, les unes après les autres, tout ça au nom d'une religion? d'une nation? ou par la manipulation de ces quelques "grands" au pouvoir, mais c'est un mal nécessaire, salutaire, qui fait réfléchir et se remettre en question.
Quelle brillante idée de Monsieur Chalandon, cette mise en abîme d'Antigone dans le roman, la symbolique est là, forte, définitive. On redécouvre Antigone de l'intérieur, on a envie de relire la pièce, nourri de ces nouvelles interprétations.
Quant au style de l'auteur, qu'en dire, sinon que ce fut une révélation ?! Quelle écriture ! Pleine de pudeur, de symbole, de poésie, d'émotion, d'intelligence, d'amour de la langue française... j'en suis encore toute retournée.
Ce "Quatrième mur" est un diamant brut, aussi brillant que coupant. On ne ressort pas indemne de cette lecture, on ferme le livre blessé, plein de doutes, enrichi de savoirs et de questions, et ... plus humble, plus humain.
Merci Sorj Chalandon. C'est pour des livres comme le vôtre que je me suis inscrite sur Babelio.

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Paris, 1974, Georges est étudiant en histoire, militant activiste pro-palestinien, déversant sa colère et sa violence pour défendre ses convictions.
Il rencontre Samuel Akounis, juif grec qui a fui son pays. Celui-ci tentera de lui expliquer que la violence est une faiblesse, que sa colère cache certainement une souffrance.

Le rêve de Sam est de monter la pièce Antigone d'Anouilh à Beyrouth. Essayer "de voler deux heures à la guerre, en prélevant un coeur dans chaque camp". Associer les communautés dans un même rêve de paix. Chiites, maronites, druzes, palestiniens, catholiques, tous ensemble, pour quelques heures au moins, réunis autour de cette pièce de théâtre. La guerre est une folie, pourquoi ne pas faire de la paix également une folie, en proposant quelque chose d'inconcevable.

« Pourquoi Antigone ? » avait demandé le journaliste de Libération. « Parce qu'il y est question de de terre et de fierté », lui a répondu Samuel Akounis. « Antigone, jouée à mains nues dans une ville où d'autres mains étranglent. »

Sam, très malade, demande alors à Georges d'accomplir son rêve. Malgré son passé de militant et ses connaissances en histoire, il n'est pas préparé à ce qu'il va vivre là-bas, au Liban. Ses idéaux de paix et ses idées sur le conflit vont être bien malmenés. Difficile pour lui, européen, n'ayant jamais connu l'enfer de la guerre, de comprendre ces hommes et ces femmes qui ne ressentent que haine pour le camp adverse.

Difficile ensuite de revenir en France, dans son monde de paix. Quand" les rires écoeurent son chagrin". Quand "les misères de la paix le dégoûtent". Quand il ne peut plus supporter ce « pauvre bonheur ». L'écart est trop grand.

Ce livre bouscule nos convictions. En temps de guerre, les convictions, la haine justifient les combats, les massacres de femmes, enfants et vieillards, même si chacun souffre de son côté. Il n'y a plus de morale, il n'y a plus qu'un désir de vengeance.

Antigone n'est pas un drame, c'est une tragédie. C'est fait pour les rois. C'est sans espoir. C'est plus simple que le drame, où l'on se débat pour s'en sortir, parmi les traitres les vengeurs et les innocents.
À la fin du roman, le titre prend tout son sens. Ce 4è mur, frontière invisible qui protège l'acteur du réel.

Ce livre nous démontre l'absurdité de la guerre, et nous laisse face à nos questionnements sur ces conflits qui s'éternisent, notre impuissance,notre désespoir face à cette perte des valeurs morales, la désillusion.C'est un livre de la paix qui parle de guerre, de promesse, d'amour et de douleur, d'Antigone et de volonté.

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Il est des livres que l'on aimerait ne pas avoir à lire.
Il est des livres qu'il est OBLIGATOIRE d'avoir lu.

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