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4,15

sur 1587 notes
Sorj Chalandon nous emmène découvrir un pays, ses traditions, sa beauté et son côté sombre. Et dans ce côté obscur, il nous fait participer au quotidien de ces militants de l'ombre, combattants unis pour leur liberté. Lui, le parisien, va alors rencontrer des personnages, qui vont devenir sa famille, sa raison de vivre et finalement la cause de ses malheurs.
A travers son écriture, il réussit à nous faire ressentir tout le mal que son ami traître a pu lui infliger, et on ne regarde plus les évènements seulement avec ses yeux mais aussi avec son coeur.
Sorj Chalandon semble vouloir nous livrer ses blessures pour mieux les panser.

A mon goût, ce roman est un peu court, et j'aurais aimé m'imprégner un peu plus de cette atmosphère et de ce drame. Mais le résultat est tout de même vraiment prenant...
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Les rues de Belfast ont une odeur singulière, un mariage d’âtre brûlant, de terre et de friture. L’air est épais de tourbe, de charbon et d’humidité. De modestes maisons ouvrières construites en briques sales et en ardoises s'agglutinent, identiques, le long des routes pavées. Les rues ont un « goût de briques, un goût de guerre, un goût de tristesse et de colère ». Les enfants de ces quartiers grandissent dans la pauvreté et la violence. Une violence quotidienne aux nombreux visages : répression policière, attentats meurtriers, émeutes, lynchages menés par des loyalistes. Entrer dans un pub permet de quitter ces rues grises et froides. Dans ces foyers où la fraternité est reine, les clients chantent, prononcent des discours militants, chacun se reconnaît, se salue, les tournées de Guinness se succèdent. Antoine, un jeune artisan parisien, va se prendre de passion pour ce pays. Le voilà plongé au cœur d’une guerre, il adhère complètement à cause républicaine. Un nouveau monde s’ajoute à son terne quotidien de luthier. Il se fait une place au sein d'une communauté républicaine très soudée face à l’adversité. Au cours de ses séjours, il va se lier d’amitié avec deux couples. Jim et Cathy O'Leary vivent modestement. Ils hébergent Antoine dans la chambre de leur fils abattu d'une balle en plastique par un soldat britannique. Il rencontrera ensuite Tyrone Meehan, un responsable respecté de l’I.R.A. et son épouse, Sheila. L’homme le traite comme un fils mais le met en garde contre tant d’engouement. Ce conflit n’est pas le sien et toute guerre est sale ; qu’Antoine conserve sa sympathie pour la cause et son amour pour l’Irlande, mais qu’il reste en dehors des opérations.
Trente ans plus tard, Antoine apprend que Tyrone Meehan, qu’il a continué à fréquenter régulièrement, trahissait son camp depuis de nombreuses années. C’est un choc. Cette traitrise brise tout un univers bâti autour d'une cause politique et d’amitiés solides. Que reste t’il quand vous découvrez que la personne en qui vous avez cru depuis tant d'années est en fait un mouchard ? Qu’est-ce qui était vrai ? L’amitié et les sentiments étaient-ils sincères ?
Les récits de Sorj Chalandon ont toujours un contenu fortement autobiographique et une visée cathartique. Ce texte lui permet de revenir sur son engagement et son amitié trahie pour Denis Donaldson. Il lui permet aussi de faire le deuil d’un ami qui ne lui a pas donné toutes les réponses mais pour lequel il conserve, malgré tout, des sentiments fidèles et sincères.
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Ce roman poignant et magnifiquement écrit dépeint l'Irlande vue par un jeune luthier français ; Antoine a un véritable coup de foudre pour ce pays et surtout pour la cause indépendantiste et les gens qui la portent.
Le récit, étalé sur plus de trente ans, dresse ainsi un panorama de la guerre civile irlandaise et capte l'âme de ce pays si particulier et de ses habitants. Mais c'est avant tout un roman sur l'amitié tant le narrateur lie l'Irlande aux amis qu'il s'y est fait et qu'il visite année après année. Cette fidélité est bouleversante : "Comment lui dire que peu importait. Que c'était lui, l'Irlande. Jim et lui, la seule Irlande que j'aie jamais connue."
Tyrone Meehan, le traître éponyme, est un personnage fascinant et ultra charismatique. Je n'ai pas compris tous les détails de sa trahison, et ce n'est pas un problème tant ce qui importe ici c'est la relation humaine, et la sensation que rien n'est jamais simple, tout noir ou tout blanc. Mais cette histoire m'a donné très envie de lire l'autre roman de Sorj Chalandon consacré à ce thème, Retour à Killybegs, qui expose cette fois-ci le point de vue du traître.
Car finalement ce que j'ai préféré dans ce livre c'est la rencontre avec le style et la sensibilité de son auteur. C'était mon premier Sorj Chalandon, mais assurément pas le dernier.
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Pas de doute, ce roman est celui d'un amoureux de l'Irlande du Nord. D'un passionné. Il suffit de voir comment l'auteur décrit les gorgées de Guinness, la simplicité et la dignité des habitants de Belfast, ou le désespoir d'Antoine à la mort de Bobby Sands après sa grève de la faim. Et d'ailleurs, il est évident qu'Antoine et Tyrone Meehan ne sont pas que des personnages de fiction : Antoine, c'est Sorj Chalandon (l'auteur), et Tyrone, c'est Denis Donaldson, un membre de l'IRA qui a trahi son camp en collaborant avec les services secrets britannique, assassiné en 2006. Même si les dates ont été changées, on peut donc considérer que ce roman est très proche de l'épisode autobiographique. Ce livre est donc en quelque sorte une façon de tourner la page, car il permet à l'auteur de poser par procuration une question qu'il n'a jamais pu poser en vrai à Denis Donaldson : "Et notre amitié ? [...] Elle était vraie ?". Reste également la question du "pourquoi ?", une question restée sans réponse. Était ce à cause d'un besoin d'argent, pour libérer son fils qui pourrissait en prison, par lassitude envers une guerre qui ne dit pas son nom, envers une guerre qu'on dit propre mais qui ne peut être que sale et sanglante ? Nous n'aurons jamais la réponse, seulement des pistes, des interprétations (et des pistes seront lancées dans Retour à Killybegs, un roman qui complète celui-ci, et imagine ce qui a pu se passer de façon assez crédible). Et finalement, tout comme l'auteur, je pense que seule la question de l'authenticité de l'amitié soit importante. L'auteur ne juge pas son vieil ami, il nous montre juste que même un ami très cher peut avoir sa face cachée. Car chaque homme a une fêlure en lui, personne n'est à l'abri du gouffre intérieur qui fera basculer vers la trahison. Un roman magnifique.
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Une belle écriture, une belle description du pays, des gens, des sentiments. Un livre sur l'amour, l'amitié et la haine.
Les pages se tournent toutes seules, on voudrait que ce roman, tiré d'une histoire vraie, ne s'arrête jamais.
Une belle manière de découvrir l'histoire de ce pays déchiré et solidaire, si proche et si lointain : l'Irlande.
A lire sans hésiter si le sujet vous intéresse.
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Je ne m'expliquerai jamais pourquoi Sorj Chalandon me troue le ventre.
À chaque fois c'est pareil.
Je lis tranquille son histoire, j'avance avec plaisir, intérêt, curiosité, je me sens bien entre ses mots mais guère plus.
Je ne vois rien venir et à un moment ça me vrille les tripes.
Ça me fait mal partout, ou ça me fait du bien, je ne sais pas, mais ça déclenche en moi une émotion d'une puissance rare.
Ce moment où tout bascule, je suis bien incapable de vous dire quand il intervient. Ce n'est pas un rebondissement dans l'histoire, ce n'est pas un changement de ton. C'est un truc insidieux. Ce n'est pas une formule magique, c'est un secret de chaman.

Chalandon ne cherche pourtant pas le pathos, le sensationnel. C'est toujours pudique, intime. Presque froid. Alors, la lectrice maline que je suis pense rester à distance, que ce n'est qu'une bonne histoire bien écrite, qu'elle commence à connaître les trucs de l'auteur, qu'elle ne va pas tomber dans le panneau ce coup ci, que ce livre ne fera pas les ravages des précédents.
Erreur... je me suis encore pris une claque, je me suis faite retourner, j'en ai pris plein le coeur
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Encore un roman-choc de Sorj Chalandon.
Je suis sortie sonnée de cette plongée dans le conflit nord-irlandais, qui m'était (à ma plus grande honte) un peu sorti de l'esprit alors que cela ne fait pas si longtemps en fait... Sorj Chalandon nous guide dans cette guerre civile aux côtés d'Antoine, un luthier parisien, qui découvre le combat de l'IRA à travers des rencontres (Jim et Cathy O'Leary, Tyrone et Sheila Meehan) et épouse peu à peu cette cause.
Ce livre, c'est aussi et surtout une belle histoire d'amitié entre Antoine et Tyrone Meehan, un leader de l'IRA qui s'avère en fait être un traître.
Tout est dit dans le titre, magnifique, bouleversant, avec le possessif, "Mon traître", comme on dit mon ami ou mon frère.
Le style de Sorj Chalandon, simple, clair, pur, fait mouche à chaque phrase.
On n'a qu'une envie en refermant le livre, lire "Retour à Killybegs" pour avoir le point de vue de Tyrone Meehan et continuer un bout de chemin en compagnie de ces personnes si attachantes et émouvantes.
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C'est avec une douce tristesse, et une pointe de mélancolie que j'ai terminé la dernière page de ce roman. Mon traître m'a apprivoisée, m'a fait (re)découvrir l'Irlande, l'IRA, l'Ulster, les patrouilles britanniques, Bobby Sands... Tout ce que je croyais connaître, et dont je ne savais rien.

Impossible de décrire l'émotion, la compagnie de ce livre durant ces derniers jours. Impossible de vous dire à quel point j'ai souhaité m'envoler en Irlande du Nord, boire une stout, aller dans les pubs, et rencontrer ces prisonniers et leurs familles...

Ça m'a donné envie de lire les autres livres de l'auteur. Sur ce je vous laisse, Mise Éire m'appelle !
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Le narrateur, un luthier français, se passionne soudainement pour la cause irlandaise, et rencontre des membres de l'IRA, dont Tyrone, qui deviendra son "traître".
La trajectoire de ce sympathisant est difficile à comprendre (pourquoi cette passion soudaine ?), il reste un peu en-dehors des événements tout de même mais totalement impliqué émotionnellement, ce qui en fait donne un ton un peu gênant au roman, on prend pitié de ce garçon engagé dans un combat qui n'est pas le sien...
Pour l'histoire donc, j'ai apprécié le sujet, que je ne connais que peu, j'ai bien entendu adoré l'écriture (Chalandon a une plume efficace, littéraire, fluide, pas prise de tête pour autant, qu'il est agréable à lire !), par contre j'ai eu l'impression de rester toujours en surface des choses, cette lecture n'était pas emballante...
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« J'étais le luthier de Paris, le silencieux, celui qui vient ici pour partager le temps. » (p. 7) Antoine s'est pris d'affection pour l'Irlande et d'amitié pour quelques habitants de Belfast. le 9 avril 1977, il rencontre son traître : il s'appelle Tyrone Meehan. Il est membre de l'IRA et devient plus qu'un ami, plus qu'un frère pour Antoine. Il est presque un père. Mais Tyrone est aussi un traître. Traître à l'Armée républicaine, traître à l'Irlande catholique, traître à Bobby Sands, traître aux grèves de la faim, traître aux bombes artisanales, mais surtout traître à Antoine qui perd plus qu'un ami. « Mon Irlande avait suivi mon traître. Il l'avait capturée, emmenée avec lui en exil. » (p. 106) La félonie est révélée en 2006, 9 ans après que l'IRA a déposé les armes et ouvert un processus de paix avec le gouvernement britannique. 25 ans au service des Anglais qui sont bien difficiles, voire impossibles à pardonner. « Je n'étais pas triste de lui. Je n'étais pas triste de nous. J'étais triste de moi. Triste de n'avoir rien vu, rien entendu, rien senti. J'étais triste de ma somnolence, triste de mon affection, triste de mes certitudes. J'étais triste de chacun de mes gestes pour lui. » (p. 125)

Contrairement au Petit Bonzi et à Une promesse, ce roman de Sorj Chalandon n'a pas ému mon coeur intime, mais mon coeur citoyen. Je comprends qu'Antoine se soit épris de l'Irlande et de son combat, de ses habitants et de leur colère. « Je ressemblais à l'un d'eux, à force, sans le vouloir, sans faire exprès, sans rien changer à mon attitude. Je retrouvais en moi quelque chose qui sommeillait depuis toujours. Quelque chose de moi sans que je le soupçonne. » (p. 35) La longue guerre qui a déchiré le pays est d'autant plus révoltante quand elle s'incarne en des êtres qui se donnent entièrement à la cause alors que d'autres lui tournent le dos. Alors comment comprendre la traîtrise ? Comment l'excuser ? Mais aussi, comment blâmer ceux qui ont beaucoup donné et qui finalement renoncent ? « Quel était l'homme qui m'enlaçait ? Un traître ne peut pas regarder sa terre comme cela. Il ne peut pas aimer sa terre comme ça. » (p. 86) Mon traître remue les tripes, fait serrer les poings et trembler les paupières. C'est un magnifique roman.
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