AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 1587 notes
« La première fois que j'ai vu mon traître, il m'a appris à pisser » indique Antoine, le narrateur, en ouverture de ce roman. Cette première phrase sèche (malgré le sujet abordé) est déjà révélatrice : d'une part parce qu'elle utilise pour la première fois (le titre excepté) le possessif accolé à ce traître et nous dit toute l'intimité qu'Antoine peut avoir avec lui (que peut-on avoir à cacher à celui qui nous regardé uriner et, même, nous a appris à le faire d'une manière convenable ?) ; d'autre part elle place l'histoire, d'une certaine manière, au rang d'un roman d'apprentissage.
Car oui, Antoine va apprendre. Ce luthier venu à l'Irlande par la musique et plus particulièrement le violon découvre au milieu des années 1970 la lutte des républicains en Irlande du Nord, à un moment où les revendications nationalitaires sont encore un sujet qui intéresse un peu en France. Il va apprendre cette Irlande loin des clichés sur la verte Erin, l'âpreté d'une guerre et sa réalité loin de son idéal romantique de guerre propre ; une guerre qui se joue autant dans des attentats aveugles que dans des geôles où des prisonniers nus se laissent mourir de faim où qu'ils barbouillent de leurs excréments. Il va apprendre l'amitié aussi. L'amitié qui n'a pas forcément besoin de mots ou de grandes effusions, celle qui s'exprime par un regard, un sourire, un lit proposé ou le récit d'un drame familial.

Journaliste, Sorj Chalandon a choisi de traiter dans ce roman d'un sujet qui lui est intime, puisqu'il s'inspire de sa propre amitié avec Denis Donaldson, républicain irlandais, membre de l'IRA et du Sin Fein que les Britanniques ont dénoncé comme traître travaillant pour eux depuis plus de vingt ans au moment des accords de paix. Trop proche de son sujet, hanté par des questions qui n'ont pas trouvées de réponses car Donaldson a été abattu avant qu'il puisse le rencontrer une dernière fois, Chalandon cherche par le biais de la fiction à répondre au moins partiellement à ses propres interrogations.
Par des phrases courtes décrivant des souvenirs ponctuels qui suivent en fait la pensée du narrateur au moment il raconte, comme des réminiscences de ces temps révolus, Sorj Chalandon nous entraîne à sa suite dans cet amour presqu'irraisonné pour l'Irlande du Nord occupée, dans ce combat qui n'est pas le sien mais qu'il intériorise au point de se couper des amis qu'il a chez lui (un isolement décrit en profondeur en seulement quelques phrases), dans cette amitié atypique avec ce chef de l'IRA, avec ce traître. Ce traître dont la traîtrise fait qu'Antoine ne peut plus se demander qu'une chose : s'il a trahi les siens, m'a-t-il aussi trahi en me disant que j'étais son ami ? Son amitié était-elle réelle ? Antoine cherche donc la réponse. Peut-être la trouvera-t-il. Ou pas.

On peut reprocher à Chalandon son écriture sèche et sans fioriture qui, sans nul doute, en rebutera certains. Elle a pourtant pour avantage, dans une histoire où des sentiments profonds sont à l'oeuvre, d'en éliminer une grande partie du pathos qui pourrait s'avérer vite lassant. Elle nous met aussi dans la tête d'un narrateur qui peine encore à croire à ce qui se passe et s'en trouve pour ainsi dire anesthésié par le choc. Elle dit et fait ressentir des choses compliquées avec des mots simples mais pas simplistes. C'est une sale et belle histoire.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
Commenter  J’apprécie          150
Début des années 70, à Paris. Antoine/Tony, luthier, est sensibilisé à la guerre en Irlande du Nord par un de ses clients. Il se rend à Belfast, est touché, bouleversé même par les événements, noue au fil de ses séjours récurrents des liens solides, avec deux couples en particulier. Bien au-delà de l'amitié, naissent des sentiments forts, fraternels, filiaux... Mais Antoine et ses proches apprendront trente ans plus tard avec stupeur, effroi, que l'un des leurs est un traître de l'armée républicaine, au service des Britanniques. - Non, je ne dévoile rien, les premières pages sont explicites -

Ce roman est bouleversant, tissé de tristesse, d'incompréhension, de désarroi. Il m'a d'autant plus émue que j'ai récemment entendu l'auteur évoquer avec passion ce témoignage hautement autobiographique et partant, sa douleur. La blessure de Sorj Chalandon reste vive et palpable six années plus tard malgré ce livre "exutoire" (?), d'où la nécessité pour lui d'en écrire un second ('Retour à Killybegs').

'Mon traître' n'est pas facile à apprécier pleinement si l'on connaît mal le contexte des années 60 en Irlande du Nord - il y est fréquemment fait allusion. Quoi qu'il en soit, sa portée reste universelle : contexte de guerre civile/religieuse/indépendantiste, de conflit armé avec son lot de mort, de deuil, de violence, de lutte... mais aussi de solidarité, d'amour, de dignité humaine. Et tout particulièrement ici une question : celle de l'amitié à l'épreuve de la trahison...
Commenter  J’apprécie          150
Depuis le temps que je l'avais dans ma PAL ... enfin lu !
C'est un roman court, qu'on ne lâche pas.

On ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup d'action, c'est un livre qui parle des gens tout simplement. Des rencontres, des liens qui peuvent se créer entre des inconnus, des personnes qui n'auraient pas forcément des choses en commun mais pour qui l'amitié est quelque chose d'important.

Ce lien existe et il dure jusqu'à la trahison. Et malgré cette trahison il est difficile de balayer des années de fraternité et de complicité. Même si nos personnages sont assez taiseux, les réponses qu'on attend ne sont pas dites, la colère ne sort pas forcément comme on l'aurait imaginé, on sent que nos 2 personnages principaux seront liés à jamais.

C'est très bien écrit, c'est émouvant. Et bien sûr je me suis lancée dans Retour à Killybegs.
Commenter  J’apprécie          140
Première rencontre avec Sorj Chalandon avec ce roman court mais intense qui débute dans les années 70 en plein conflit nord-irlandais.
Antoine, français, découvre Belfast et tombe en amour. Il y revient régulièrement et s'imprègne de plus en plus de ce pays, du conflit, de la résistance de l'IRA. Il y rencontrera notamment son traître et nous suivrons l'évolution de cette histoire d'amitié hors du commun. L'absolutisme (et la naïveté) de la vision d'Antoine m'a par moment vraiment dérangée, je me demandais toujours quel âge avait ce personnage qui parfois semblait envisager le monde comme un adolescent. En revanche, j'ai adoré l'écriture, la description de Belfast, de sa population... Une très belle découverte que je conclurai très rapidement par la lecture de Retour à Killybegs.
Commenter  J’apprécie          140
Journée mondiale de l'amitié.
S'il y a bien une journée qui mériterait plus de bruit, de publicité, de célébrations, il me semble que c'est celle-ci...

Pour l'occasion, j'ai choisi de partager avec vous un livre sur l'amitié bien sûr, mais surtout un immense coup de coeur pour moi. Je suis tombée en amour pour cet auteur après la découverte de ce livre.

Je vous présente Antoine.
Luthier de sa profession.
Français.

Lors d'un séjour à Belfast, il rencontre Jim et Cathy. Il rencontre Tyron surtout. D'ailleurs, quand on est français, on ne s'engage pas dans l'IRA pour autre chose que l'amour...

Plongé en plein joug britannique, voici qu'Antoine veut résister avec eux, se sent de leurs combats comme on se sent d'un pays. La solidarité entre rebelles, cette soif de liberté, d'indépendance, qui les soude. Comme des frères.

Mais. S'il y avait un traître parmi eux ? le pire des traîtres...

C'est avec des phrases courtes, sans emphase, sans fioritures, que Sorj Chalandon parvient immédiatement à nous embarquer dans son récit et dans l'emotion. Il avait tout pour me plaire, ce roman. Pas de superflu, pas de remplissage, pas de triche. Tout juste l'essentiel.
Avec des mots là où il en fallait.

J'ai versé ma larme évidemment.
Mon fils : c'est triste, maman ?
Oui c'est triste. Mais c'est pas pour ça que je pleure. Je pleure parce que c'est beau.

Merci Monsieur Chalandon.
Commenter  J’apprécie          140
Sorj Chalandon est un auteur que je ne connaissais pas jusqu'à la lecture de ce livre. J'ai directement été conquis par son écriture au point d'avoir du mal à fermer le livre pour interrompre ma lecture. Je suis arrivé à prendre connaissance de ce livre en voyageant, comme j'ai l'habitude de le faire, dans le classement île déserte d'un lecteur. Je n'ai pas tardé de l'emprunter dans une bibliothèque pour littéralement le dévorer. L'histoire est centrée sur l'Irlande du Nord et l'IRA (Armée républicaine irlandaise) et couvre approximativement une période allant de1916, date de l'insurrection de la poste de Dublin en 2007, à la date de la mort de Tyrone, ami du luthier parisien, mais identifié plus tard comme un traitre de la cause de l'IRA.

Le narrateur est luthier à Paris, c'est Antoine surnommé Tony en Irlande. Il porte l'Irlande dans son coeur. Il s'y rend régulièrement pour retrouver ses amis républicains actifs dans l'IRA. Parmi ceux-ci, il y a : Jim O'Leary, Cathy O'Leary, Tyrone Meehan, son épouse Sheila et leur fis Jack.
Ces amis ont connu, entre autres, comme voisin de prison des Collonny, Pearse, Plunckett qui ont été fusillés lors de l'insurrection de Pâques 1916.

Le parisien apprit que Bobby Sands emprisonné à la prison de Long Kesh avait commencé une grève de la faim. A cette suite, il est mort 72 jours plus tard. Il avait été élu député à Westminster par les nationalistes du comté Fermanagh.

Le parisien a perdu son ami Jim O'Lairy, mort le 6 novembre 1981, par l'explosion d'un bombe qu'il fabriquait.

Lors de ses déplacements en Irlande où le parisien retrouvait ses amis, il jouait, les yeux fermés, du violon sur les airs irlandais dans les pubs de Belfast où se rassemblaient des républicains.

Un jour, Tyrone demande à son ami Tony de mettre une chambre à disposition pour ses connaissances de l'IRA de passage à Paris. Tony eu connaissance par la suite, que ses irlandais de passage chez lui ont été assassiné, mais il ne put établir de liens de cause à effet. Plus tard, l'IRA pu identifier Tyrone comme traitre, il vendait des infos sensibles à l'armée britannique et ce durant 25 années.

Tyrone fut arrêté par l'IRA, interrogé et finalement relâché. Il se rendit dans la ferme ou avait vécu son père et là, il fut assassiné par on ne sait qui, on n'a retrouvé aucune trace des agresseurs. S'il fallait répondre à une question d'un enquêteur d'Agatha Christy, je répondrais par un membre de l'IRA, une vengeance en quelque sorte.

C'est un récit poignant, qui tient le lecteur en haleine. le livre m'a permis de réviser mes connaissances sur l'histoire de l'Irlande du nord et de la république irlandaise.

Commenter  J’apprécie          143
Dès le début du livre, Sorj Chalandon qui fut journaliste à libération et qui a effectué de nombreux reportages en Irlande du Nord et sur le procès de Klaus Barbie (prix Albert Londres en 1988), nous plonge dans l'ambiance. le pub, la bière et la première rencontre avec Tyrone Meehan, « Mon traître », qui lui apprend à …pisser contre un mur sans éclabousser ses chaussures, le 9 avril 1977.

Au travers d'Antoine, ce luthier français qui découvre Belfast dix ans après les émeutes, l'auteur nous plonge dans la vie quotidienne en Irlande du Nord. Jim et Cathy l'accueillent chez eux. Denis, leur fils a été tué par un soldat britannique. Peu à peu, Antoine s'imprègne de l'ambiance, se lie d'amitié avec Tyrone Meehan, essaie de comprendre tous ces drames qui s'accumulent et cette lutte incessante entre deux communautés, les protestants soutenant l'occupant britannique et les catholiques. Il découvre la vénération dont bénéficie James Connoly, héros de la résistance irlandaise. le récit est palpitant, vécu au plus près de la réalité.
Voilà que Tyronne est arrêté. Brusquement, le lecteur tombe sur le début de son interrogatoire par l'IRA, l'armée républicaine irlandaise, le 16 décembre 2006. C'est la révélation brutale : il trahissait son camp depuis 25 ans ! L'année de sa trahison, Bobby Sands menait, dans les geôles britanniques, une grève de la faim, jusqu'à la mort, le 5 mai 1981.
Dans ce livre, Sorj Chalandon pose la question primordiale de l'amitié. Tyrone Meehan était-il sincère ? Mon traître est un roman passionnant qui raconte une histoire vraie sous la forme d'une fiction. Il met en lumière une tragique période de l'histoire récente d'un pays voisin.

Récemment, l'auteur a publié "Retour à Killybegs" (Prix Renaudot 2011), un livre complétant idéalement "Mon traître", un nouveau roman dont nous avons parlé juste avant.



Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          140
Antoine est luthier à Paris. Ami de Jim et Cathy O'Leary, il loge chez eux quand il va en Irlande. Avec eux, il fréquente les milieux engagés dans la lutte contre l'oppression britannique. Un jour, dans un pub, il rencontre Tyrone Meehan, son traître.
Quelle force dans ce roman qui relate avant tout l'histoire d'une amitié exceptionnelle, sur fond de guerre d'indépendance.
Il y a longtemps, j'avais lu les articles consacrés par Kessel à l'IRA et aux grèves de la faim entamées par ses leaders. Sous le règne de la « Dame de fer », rien n'a évolué, bien au contraire. Mais ce roman ne parle pas seulement de politique, loin de là. Il est surtout centré sur l'amitié hors du commun qui lie Antoine et Tyrone. Quand Antoine apprend la trahison de celui-ci, il est anéanti.
J'ai rarement lu une description aussi juste, aussi percutante que celle du séisme qui s'abat sur le narrateur quand il découvre dans la presse l'acte de celui qu'il ne peut se résoudre à renier. A tel point qu'il le nomme désormais MON traître.
En dépit des avertissements, Antoine veut savoir ce qui s'est passé. Comment Tyrone, un vrai militant, un chef adoré et respecté a-t-il pu trahir les siens?
Les questions que se pose Antoine sont aussi les nôtres et ce qu'il ressent touche intimement un lecteur qui n'aura aucun mal à se projeter dans son personnage.
Inutile de préciser que j'ai adoré ce roman.
Commenter  J’apprécie          140
Je continue ma découverte de ce grand auteur, à mon avis perso, qu'est Sorj Chalandon. Après l'excellent « le quatrième mur », je viens enfin de lire « Mon traitre ». Je pensais connaître à peu près l'histoire irlandaise, mais déjà lors de ma lecture de « Danse noire » de Nancy Huston, j'ai bien senti que non. Donc il me fallait vraiment lire Sorj Chalandon, qui a été journaliste à Libération et qui s'est souvent rendu en Irlande et écrit des reportages (d'ailleurs il a reçu le prix Albert-Londres en 1988 pour ses reportages sur l'Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie).
MON traitre… ce titre, en plus, m'a vraiment interpellé. Ce n'est pas anodin… ce n'est pas le traitre qui était mon ami, ou mon ami le traitre… non MON traitre… beaucoup plus fort, plus intime, plus perturbant… il le dit souvent dans le roman, avant même qu'on découvre la nature exacte de la trahison.
En faisant quelques recherches pour faire ce billet, j'ai découvert que cette histoire qu'on sent tellement forte, puissante et importante pour l'auteur est « vraie ». le traitre, Tyrone Meehan dans le livre, est en fait Denis Donaldson… Cet homme a réellement existé : « membre de l'IRA provisoire et du Sinn Féin. En 2005, sa collaboration avec le MI5 et le Special Branch, du service de police de l'Irlande du Nord, fut mise au jour. Isolé depuis lors dans un cottage du Donegal, il a été assassiné le 4 avril 2006 ». Et c'était l'ami, le grand ami, de Sorj Chalandon… qui dans le roman « est » Antoine, jeune luthier français qui tombe amoureux de l'Irlande, l'Irlande du Nord… et dont Tyrone Meehan, devient un frère, un père…
A travers l'itinéraire d'Antoine, on découvre la réalité de l'Irlande du Nord, son histoire, l'occupation des Britanniques, leur répression, le combat des Irlandais, la violence au quotidien, physique et morale, la vie à Belfast, des amitiés vraies… la trahison avec toute sa douleur, son incompréhension, la violence des sentiments.
Soyons clair, j'aime l'écriture de Sorj Chalandon… elle est belle, efficace.
Dans ce roman, on est happé dans la tourmente de l'Irlande… on découvre, on aime, on a le coeur qui saigne, on se sent un peu moins ignorant après l'avoir lu.
Car j'avais oublié certaines choses, vues aux actualités, mais tellement dures, tellement terribles… cela m'a remis les idées en place. Entre autres, les grévistes de la faim, dont Bobby Sands, mort en prison. Merci madame Thatcher !
J'ai vraiment dévoré, très vite ce grand roman. Je n'avais vraiment pas envie de le quitter.
J'ai démarré de suite « Retour à Killibegs » qui « donne la parole » à Tyrone Meehan.
Je découvre après lecture, que "Mon traitre" en 2008 a reçu le Prix Joseph Kessel et qu'en 2011 "Retour à Killibegs" a été couronné par le Grand Prix du roman De l'Académie Française.
Petit détail émouvant pour moi… extrait d'un article du Point.fr « Sorj Chalandon, prix Goncourt des Lycéens 2013 et auteur de deux romans bouleversants sur l'Irlande du Nord, en a encore les larmes aux yeux: pour la première fois, il a "vu" son personnage, "Mon traître", incarné en chair et en os à la scène, et il a pleuré.
La pièce, créée en avril à Vidy-Lausanne, est donnée au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, du 4 au 21 décembre ».
Vraiment je vous conseille plus que vivement de lire Sorj Chalendon, et Mon traitre.
Commenter  J’apprécie          142
Je n'ai pas lu les billets nombreux de la blogosphère pour entrer dans cette lecture sans trop d'informations. J'ai rencontré Sorj Chalandon à la fête du livre de Saint-Étienne de 2009 où je m'étais fait dédicacer ses deux livres.

En octobre 2011 Sorj Chalandon était encore présent pas loin de Carole Martinez qui m'a parlé de façon élogieuse de Sorj Chalandon, quant à elle je n'ai pas encore lu ses deux romans...Argl le temps passe trop vite...

En 2011 je n'avais donc lu que "la promesse" de Sorj Chalandon et pas encore "Mon traître", dommage car j'ai très envie de lire "retour à Killybegs" désormais et qu'il le dédicaçait alors lors de cette fête du livre ! Connaître la version de cette histoire du côté du traitre voilà qui est tentant maintenant car de nombreuses zones d'ombres restent après ma lecture et je me pose les mêmes questions qu'Antoine !

" Ma question était venue de gorge. Elle était prête depuis le premier jour. Un traître est-il traître tout le temps ? La nuit ? le jour ? Et quand il mange ? Quand il rit ? Quand il cligne de l'oeil en faisant son vieux geste d'ami ? Quand il vous apprend à pisser ? Il est traître quand il cligne de l'oeil ? On est traître aussi quand on respire ? Lorsqu'on regarde un soleil couchant ? Lorsqu'on passe la porte d'une église ? Lorsqu'on salue quelqu'un dans la rue , Lorsqu'on dit qu'il va pleuvoir en regardant le ciel ? On est traître quand on remonte le col de sa veste pour avoir moins froid ? "


Mon traitre est un livre que j'ai tout simplement lu avec un plaisir immense, que j'ai apprécié dans sa dimension humaine et politique. Je ne connais pas vraiment l'histoire de l'Irlande du Nord mais Sorj Chalandon grâce à son livre nous la présente de façon intéressante, en prenant le parti de la voir sous la vision des hommes.

J'avais plus ou moins entendu que Sorj Chalandon en écrivant son livre nous parlait de lui et de son histoire doulouresue avec "un ami", un homme qu'il avait rencontré en tant que journaliste mais je n'ai pas voulu en savoir trop.

"Pour son troisième roman, Sorj Chalandon a choisi de mettre en fiction un réel trop douloureux à surmonter. A l'origine : les aveux d'un ami, un jour de décembre 2005. Les aveux d'un traître au combat républicain. Son nom, Denis Donaldson. Leader charismatique de l'Armée républicaine irlandaise et de sa branche politique, le Sinn Féin, cet homme était comme son frère. Sorj Chalandon a donc préféré prendre de la distance et opter pour une approche plus littéraire. " Source Evène


J'ai apprécié alors cette mise à distance avec la création de ce personnage du luthier, cet homme qui prend fait et cause pour l'Irlande du Nord du côté indépendantiste et qui tombe amoureux d'un pays et de ses habitants. Ce luthier devient alors le spectateur des luttes engagées dans le pays et suivra par l'intermédiaire de ses amis irlandais l'histoire de ce peuple.

J'ai aimé l'écriture de cet écrivain (que j'avais aussi aimé dans "Une promesse"), j'ai aimé cette Irlande qui n'est pas idyllique mais qui a une beauté sauvage qui fascine et les engagements de ses habitants envers elle.

J'ai trouvé la délicatesse et la nostalgie de l'auteur magnifiques, comme un paysage d'Irlande.

Une belle lecture qui marque et qui donne envie d'en savoir plus sur ce que devient l'Irlande du Nord aujourd'hui.


Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          140





Lecteurs (2983) Voir plus



Quiz Voir plus

Sorj Chalandon

Combien de romans a écrit Sorj Chalandon jusqu'à présent (mars 2014) ?

2
4
6
8

11 questions
103 lecteurs ont répondu
Thème : Sorj ChalandonCréer un quiz sur ce livre

{* *}