Je continue ma découverte de ce grand auteur, à mon avis perso, qu'est
Sorj Chalandon. Après l'excellent «
le quatrième mur », je viens enfin de lire «
Mon traitre ». Je pensais connaître à peu près l'histoire irlandaise, mais déjà lors de ma lecture de «
Danse noire » de
Nancy Huston, j'ai bien senti que non. Donc il me fallait vraiment lire
Sorj Chalandon, qui a été journaliste à Libération et qui s'est souvent rendu en Irlande et écrit des reportages (d'ailleurs il a reçu le prix
Albert-Londres en 1988 pour ses reportages sur l'Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie).
MON traitre… ce titre, en plus, m'a vraiment interpellé. Ce n'est pas anodin… ce n'est pas le traitre qui était mon ami, ou mon ami le traitre… non
MON traitre… beaucoup plus fort, plus intime, plus perturbant… il le dit souvent dans le roman, avant même qu'on découvre la nature exacte de la trahison.
En faisant quelques recherches pour faire ce billet, j'ai découvert que cette histoire qu'on sent tellement forte, puissante et importante pour l'auteur est « vraie ». le traitre, Tyrone Meehan dans le livre, est en fait Denis Donaldson… Cet homme a réellement existé : « membre de l'IRA provisoire et du Sinn Féin. En 2005, sa collaboration avec le MI5 et le Special Branch, du service de police de l'Irlande du Nord, fut mise au jour. Isolé depuis lors dans un cottage du Donegal, il a été assassiné le 4 avril 2006 ». Et c'était l'ami, le grand ami, de
Sorj Chalandon… qui dans le roman « est » Antoine, jeune luthier français qui tombe amoureux de l'Irlande, l'Irlande du Nord… et dont Tyrone Meehan, devient un frère, un père…
A travers l'itinéraire d'Antoine, on découvre la réalité de l'Irlande du Nord, son histoire, l'occupation des Britanniques, leur répression, le combat des Irlandais, la violence au quotidien, physique et morale, la vie à Belfast, des amitiés vraies… la trahison avec toute sa douleur, son incompréhension, la violence des sentiments.
Soyons clair, j'aime l'écriture de
Sorj Chalandon… elle est belle, efficace.
Dans ce roman, on est happé dans la tourmente de l'Irlande… on découvre, on aime, on a le coeur qui saigne, on se sent un peu moins ignorant après l'avoir lu.
Car j'avais oublié certaines choses, vues aux actualités, mais tellement dures, tellement terribles… cela m'a remis les idées en place. Entre autres, les grévistes de la faim, dont
Bobby Sands, mort en prison. Merci madame
Thatcher !
J'ai vraiment dévoré, très vite ce grand roman. Je n'avais vraiment pas envie de le quitter.
J'ai démarré de suite « Retour à Killibegs » qui « donne la parole » à Tyrone Meehan.
Je découvre après lecture, que "
Mon traitre" en 2008 a reçu le Prix
Joseph Kessel et qu'en 2011 "Retour à Killibegs" a été couronné par le Grand Prix du roman
De l'Académie Française.
Petit détail émouvant pour moi… extrait d'un article du Point.fr «
Sorj Chalandon, prix Goncourt des Lycéens 2013 et auteur de deux romans bouleversants sur l'Irlande du Nord, en a encore les larmes aux yeux: pour la première fois, il a "vu" son personnage, "
Mon traître", incarné en chair et en os à la scène, et il a pleuré.
La pièce, créée en avril à Vidy-Lausanne, est donnée au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris, du 4 au 21 décembre ».
Vraiment je vous conseille plus que vivement de lire Sorj Chalendon, et
Mon traitre.