L'air purifiant de nos forêts, la saveur de nos fruits, notre faune, notre flore, nos monts, notre campagne canadienne, no-s bois du nord, nos fleuves, nos lacs, sont autant pour nous de ressources précieuses de lyrisme. Ne prenons pas nos inspirations ailleurs, quand elles abondent chez nous, soleils éblouissants. Sachons le bien : toute source mène au fleuve, tout fleuve roule vers l'océan, tout sommet élève l'âme vers l'Infini, source de la perfection dans l'Art.
Ainsi donc, si nos jeunes poètes ont donné dans le mouvement poétique français contemporain il ne sied pas de leur en faire un reproche qui équivaille à un blâme. Ils en avaient entre autres, une excellente raison: apprendre le français. Eh oui! Quelque talent que l'on ait, enclore convient-il de savoir s'exprimer. Tel penseur profond, quoiqu'il conçoive à peu près clairement, peut être un piètre écrivain. Il en est. Est-il bien sûr, d'ailleurs, que nos poètes se soient tellement éloignés de leurs origines en voulant exprimer, dans leurs oeuvres, une pensée humanisée, des idées générales, des modes universelles?
M. Doucet m'a remué, le jour où je lus son " Vieux Pont." Il y a en effet dans ce poème des évocations ancestrales, quelque chose de lointain comme le souvenir et de tout près de nous comme l'intimité de la terre paternelle. Il se reflète dans ce "Vieux Pont " fait de " plançons' comme des pages de l'histoire de notre pays. Il a une âme et sait parler le langage d'autrefois. Il est comme un miroir où s'illumine tout notre passé".
Toujours, du fond du cœur où germa l'espérance,
J'ai béni tendrement le sol qui m'a nourri ;
Je n'oublierai jamais le toit de mon enfance
Ni le langage doux que ma mère m'apprit.