En relativement peu de pages,
Pessan aborde plein de facettes de ce qu'est le langage, de ce qu'est ou n'est pas un être et un monde où la majeure partie du sens que le langage est censée apporter disparaît. Ou quand il s'opère un glissement, comme il choisit de le nommer.
Bien sûr, il y a un côté abîme, à partir du moment où ce livre est en mot, la pensée, les ressentis, le vécu du personnage principal (qui perd le langage, donc) doivent être écrits pour nous être transmis. Un peu comme quand on a la chance d'avoir un écrit de schizophrène stabilisé à même de décrire ses expériences. La folie plane. La liberté plane. La créativité plane. La mort plane.
Le parallèle entre le père et sa fille de trois ans qui est en pleine explosion lexicale et qui découvre la langue et ses miracles est bien vu et touchant.
Par moments,
Pessan a une patte poétique très appréciable.
Sinon, malheureusement, tout ça ne va pas assez loin. Un ensemble de petites ébauches de réflexions à creuser. Enfin, c'est déjà bien, et un lecteur qui n'aurait pas encore trop creusé ces questions trouvera son bonheur. Absolument.