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3,83

sur 265 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans cette atmosphère de libération de la parole ce livre s'avère indispensable.
En prenant de la distance et en lui donnant, dans un premier temps, la forme d'une enquête familiale le lecteur peut lui aussi supporter la charge émotionnelle de cette histoire douloureuse.
Peu à peu c'est l'intime qui surgit, c'est un climat incestueux qui se dessine et les mots juste, précis et libérateur mettent en exergue un fonctionnement familial qui détruit et couvre de salissure l'enfant qui n'a pas les armes pour se défendre.
Ce livre s'avère indispensable pour comprendre que le climat incestueux est aussi toxique que le viol au sens propre du terme.
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EXCELLENT, l'inceste de père en fils, ouvrage fouillé explicite, dur par la souffrance ressenti et l'odieuse normalité pour les auteurs de ces actes. Malgré tout plein d'amour et l'autrice essaye de comprendre de renaitre même si le pardon est impossible, à lire absolument.
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Un récit autobiographique poignant et courageux ! Sophie Chauveau nous expose, sans filtre, le portrait de sa famille. Son témoignage est d'une importance capitale en ce qui concerne l'inceste. Elle part de l'origine perverse au sein de sa famille pour nous livrer son parcours dans son combat personnel et la façon de s'en sortir. Ce livre peut aider, je l'espère sincèrement, toutes ces victimes de l'inceste. Victime ou non, ce livre doit être lu par tous et toutes.
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Ayant prévu de vous écrire une chronique sur cinq romans qui brisent le tabou des violences sexuelles, de l'inceste et du viol, il fallait que je lise « La fabrique des pervers » de Sophie Chauveau. J'avais entendu parler de son ouvrage dans la Grande Librairie, dans l'épisode consacré à « La Familia Grande » de Camille Kouchner, roman autobiographique qui m'a profondément bouleversée.

Ici, l'ouvrage relève tout autant d'une autobiographie que d'un essai sur le tabou de l'inceste dans notre société. Tout d'abord, on pourrait presque dire que ce roman a été écrit à quatre mains puisqu'il nous dépeint à la fois le passé de Sophie mais également de sa cousine Béatrice. Deux cousines qui ne connaissaient pas mais qui partagent pourtant une multitude de points communs tous plus sordides les uns que les autres : ce sont deux victimes d'inceste, toutes deux abusées par leur père mais également par d'autres membres de leur famille. Ce sont deux enfants brisées par des violences sexuelles, muselées par des menaces parentales, violées par leurs proches.

Ce qui est frappant c'est que ce ne sont pas deux cas isolés dans une grande famille, bien au contraire. L'autrice remonte jusqu'aux années 1870 et nous délivre une fresque familiale dont les membres ont fini par normaliser ces pratiques criminelles, allant même jusqu'à interroger l'hérédité d'un gène de l'inceste. Les victimes deviennent par la suite des coupables et on rentre dans un cycle sans fin avec toujours plus de victimes. Si les hommes sont les principaux criminels, les figures féminines ne sont pas en reste, on le sait « qui ne dit mot, consent ». Fermer les yeux, reprocher à sa fille d'être « trop excitante », la culpabiliser pour la faire taire. Mais comment y mettre un terme ? Pour Sophie Chauveau, l'écriture est le moyen de conjurer le sort, elle est dénonciatrice, expiatrice et révélatrice des maux d'une société qui peine encore à protéger les victimes et à punir les coupables.

C'est ainsi que l'autobiographie prend une tournure essayiste avec certaines données chiffrées, une réflexion sur le délai pour dénoncer son agresseur, les failles de la définition même des termes de viol et d'inceste. Comment punir justement un crime qui n'est même pas correctement défini ? Comment faire comprendre aux personnes agressées qu'elles ne sont en aucun cas responsables, que ce sont des victimes, quand certains remettent en cause leurs paroles, leurs vécus ?

Même si ce livre est violent, qu'il décrit l'innommable, l'indicible, l'inenvisageable, je ne saurais que trop vous le conseiller, ne serait-ce que parce qu'il met des mots sur des maux. Il faut un sacré courage pour livrer publiquement ses traumatismes, ses réflexions les plus noires alors un grand merci à vous Sophie.

Lien : https://lennaden4.webnode.fr..
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Cette lecture fera clairement date.
Un texte à la croisée de l'essai et de la biographie, auxquels s'ajoute une analyse psychologique prudente et poussée.
L'auteure part de sa famille, de son vécu. Elle raconte et interroge l'inceste. Bien sûr les conséquences sur les victimes, la douleur indicible, la sidération, le déni, l'implosion. Mais aussi et surtout les causes, multiples, qui conduisent des parents, oncles, parrains ou grands-parents, à commettre et contribuer au crime.

Elle explore alors nombre de champs de ce qui va constituer le « terrain » incestueux. L'abolition des frontières ; la toute-puissance, ressentie et souvent éprouvée ; la conviction absolue que l'enfant appartient à ses ascendants, permettant au parent de le dominer dans toutes ses dimensions.
La réflexion va donc bien au-delà de l'inceste. Elle questionne le rapport parent-enfant, la place des pères, des mères, à des niveaux sans cesse plus élevés. La construction psychique de l'enfant aussi, quel que soit le degré de toxicité de son foyer.

Parfois les propos surgissent, en rafale, le souffle court. Parfois ils sont issus d'une analyse, tantôt personnelle, tantôt éclairée par des travaux spécialisés. Mais toujours, et c'est ce que j'ai trouvé tellement remarquable, avec une très grande fluidité et accessibilité.
Chacun y trouvera de quoi éclairer un morceau de son passé, quel qu'il soit. Un texte qui peut donc toucher le lecteur dans des choses très personnelles.
Incontournable.
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Sophie Chauveau s'appuie sur son histoire personnelle marquée par l'inceste, pour établir un état des lieux de l'un des secrets de famille les mieux protégés et les moins punis de France. Il faut immédiatement préciser que la Fabrique des pervers n'est pas une chronique de l'horreur ou un recueil des atrocités susceptibles d'être infligées à des enfants, l'auteure exprimant avec force sa défiance totale et définitive envers toute description technique des viols, en raison de l'usage qui peut en être fait, possiblement par des supports pornographiques ou par des voyeurs, toujours en embuscade. Elle dit également qu'en l'absence d'un mot parfaitement approprié pour les nommer – car soit on insulte soit on absout -, elle utilise les termes génériques d'agresseurs et agressions sexuelles.


Compte tenu de l'énormité du nombre d'incestueux – hommes et femmes - connus dans sa famille, elle mène avec l'aide d'une cousine elle aussi violentée, une enquête généalogique pour identifier le fondateur d'une dynastie qui engendre des pervers comme d'autres fabriquent des yeux bleus, et ce faisant, ne lève pas un ou deux lièvres, mais un terrier surpeuplé. Sophie Chauveau remonte au siège de Paris en 1870 pour débusquer le premier de cette lignée d'agresseurs et raconte comment il a fait fortune en vendant à prix d'or aux crève-la-faim, des morceaux des plus beaux et rares animaux de la création, girafes, hippopotames ou éléphant, volés au Jardin des Plantes puis dépecés en steaks ou ragoûts. Sa famille franchit alors plusieurs échelons sur l'escabeau social pour accéder à la bourgeoisie boulevardière bien qu'ayant encore de la terre collée à ses semelles. Ce rappel historique n'explique bien évidemment pas les maltraitances, instrumentalisations, et collectivisation des femmes et enfants initiées par ce précurseur, et depuis, érigées en art de vivre endogamique, mais plante le décor et dit une famille bien sous tous rapports, préoccupée par le qu'en-dira-t-on, les apparences, la morale intransigeante, la bigoterie omniprésente, l'éducation rigide, principes inaliénables. Il est important de signaler le contexte.


A partir de son histoire singulière, Sophie Chauveau explique comment une atmosphère se met en place, validée par tous les membres, amis ou thuriféraires de la famille. L'ambiance particulière propice à l'inceste est secrétée par un langage grivois, des commentaires obscènes, des plaisanteries ambiguës justifiés par la liberté, la libération des moeurs, l'interdiction d'interdire, le droit au plaisir, et même le retour à une vie simple et naturelle avec le naturisme. Si les nuances sont infinies, des constantes existent : des moeurs peu rigoureuses voire des manières libertaires avant-gardistes, l'incommensurable amour porté aux enfants bramé à tous vents.. L'auteure aborde à la fois avec pudeur et détermination les traumatismes, les conséquences, l'amnésie, la difficulté à parler pour ceux ou celles qui sont considérés comme des affabulateurs mythomanes - « S'il s'était passé quoi que ce soit, on t'aurait protégée, soutenue, défendue... […] … Tu ferais mieux d'oublier tout ça et de t'occuper d'autre chose plutôt que de remuer cette vieille affaire » -, les attentes des victimes toujours dévaluées. L'auteure pose d'autres questions qui bousculent la paix des familles : Qu'est-ce qui peut bien indiquer à un adulte que, de cet enfant-là, il peut disposer à sa guise, pour son bon plaisir ? Comment voient-ils qu'elle a déjà été profanée et qu'elle est disponible ? Qui sont ces mères qui donnent à leurs enfants des pères abuseurs, et ne les font pas saisir par la police, par la justice, ni ne changent les serrures de leur maison dès l'instant qu'elles savent ? Complices, forcément complices. Pourquoi la loi du silence couvre-t-elle cet archaïque patriarcat où l'on se partage les enfants et femmes comme du butin, où l'on sait d'instinct celles et ceux qu'on peut sacrifier ? Pourquoi le terme « inceste » a-t-il été retiré du code pénal durant des décennies avant d'y faire un retour en 2015 ? Pourquoi tant de plaintes sont-elles classées sans suite ? Pourquoi tant de pourquoi ?


« On n'est pas obligé d'aimer sa famille si elle n'est pas aimable. On appartient au monde qu'on fait, pas à celui d'où l'on vient » dit Sophie Chauveau. Je suis d'accord.
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Sophie Chauveau est connue pour ses biographies romancées d'artistes majeurs. Elle est contactée par une lectrice qui comprend qu'elles sont cousines en lisant l'arbre généalogique d'une autre de ses études (Noces de charbon) qu'elle va s'essayer à un sujet qui la touche d'encore plus près.

En comparant les schémas familiaux et leurs blessures, elles découvrent avec horreur et une surprise croissante que leur lignée, qui descend des "dépeceurs du Jardin des Plantes" pendant la guerre de 70, est remplie de prédateurs. Sous le signe du patriarcat le plus destructeur, les hommes, et parfois les femmes, vivent dans le plus grand flou structurel, moral et sexuel l'inceste de manière endogame (nudisme et mains baladeuses sont la règle des réunions familiales où l'ébriété sert d'excuse, par exemple), tout en offrant l'image irréprochable attendue de bourgeois pour l'extérieur.

La cousine Béatrice avait publié en son temps un livret condentiel d'une trentaine de pages pour tenter de percer l'omerta familiale, mais personne, en dehors d'une certaine tante Arlette, n'avait voulu réagir. Sophie Chauveau va publier alors plus loin et plus fort, d'abord reprenant la lignée de Béatrice, puis le cas particulier de ses parents.

suite de ma note de lecture sur mon blog.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Récit à glacer le sang... on n'en sort pas indemne. J'en suis restée perturbée pendant encore des jours après l'avoir terminé. Cependant, je pense que ce genre de témoignage devrait passer par toutes les mains. Ceci est d'autorité publique, clairement.
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« La fabrique des pervers » de l'autrice Sophie Chauveau.

Un livre qui dépeint l'horreur, celle qui découle d'une famille, d'une éducation, d'un arbre généalogique, d'un « adn », d'un laxisme sociétal et d'une ambiguïté de la loi…
Il m'a retourné et mis en colère…il a marqué le début de cette année 2024.

La plume de l'autrice est incisive et efficace. Elle a une façon chirurgicale de décrire et d'expliquer la perversion familiale, de la décortiquer et de la mettre à nue pour qu'on puisse comprendre et elle avec, comment se « fabrique des pervers ».

Un roman d'utilité publique, car à ce jour l'inceste et la pédocriminalité sont toujours des fléaux d'une violence sans nom, qui ont des conséquences dévastatrices sur les enfants, qui ont sont victimes.

Ce livre parle, de ces pervers; des victimes et de leurs silence; du silence des familles, de ceux supposés les protéger; des travers de la société; des travers de la loi; de l'amnésie collective et de la honte.

Ce livre est cru, il est poignant, mais il comporte beaucoup de trigger warning.

Bref foncez si vous en avez le courage!

Belle lecture à tous!
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L'eau de la souillure et la parole lavée d'une main les théories font bon train dans les tribunes de protection des crimes. Oh ces grands qui défendent l'autorisation jouir sur les enfants abandon carton pour conviction béton il faut sauver les pauvres âmes qui ne font qu'aimer fort
Un jour la digue lasse de creuser s'enorgueillit de tapisser grand froid. Rien à pardon juste dire.
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