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sur 265 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La fabrique des pervers » de l'autrice Sophie Chauveau.

Un livre qui dépeint l'horreur, celle qui découle d'une famille, d'une éducation, d'un arbre généalogique, d'un « adn », d'un laxisme sociétal et d'une ambiguïté de la loi…
Il m'a retourné et mis en colère…il a marqué le début de cette année 2024.

La plume de l'autrice est incisive et efficace. Elle a une façon chirurgicale de décrire et d'expliquer la perversion familiale, de la décortiquer et de la mettre à nue pour qu'on puisse comprendre et elle avec, comment se « fabrique des pervers ».

Un roman d'utilité publique, car à ce jour l'inceste et la pédocriminalité sont toujours des fléaux d'une violence sans nom, qui ont des conséquences dévastatrices sur les enfants, qui ont sont victimes.

Ce livre parle, de ces pervers; des victimes et de leurs silence; du silence des familles, de ceux supposés les protéger; des travers de la société; des travers de la loi; de l'amnésie collective et de la honte.

Ce livre est cru, il est poignant, mais il comporte beaucoup de trigger warning.

Bref foncez si vous en avez le courage!

Belle lecture à tous!
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En 1870, pendant le siège de Paris par les Prussiens, les habitants sont affamés. Deux jeunes hommes ont alors l'idée de tuer les animaux du Jardin des Plantes et de vendre leur viande. C'est le commencement d'une dynastie.

Plus d'un siècle plus tard, l'autrice reçoit un courrier d'une lointaine cousine, Béatrice. Elles se téléphonent et leur dialogue annonce la teneur du livre :
« - Par chance, ma mère est morte, je n'ai plus aucune obligation de voir mon père. Je ne l'ai jamais revu…
— Donc, il vit toujours, le mien aussi.
Là, elle marque un temps, hésitant avant d'enchaîner, très vite comme on se jette à l'eau.
— Et il m'a violé de quatre à quatorze ans. »
Le livre ne décrit pas un cas d'inceste isolé, mais de toute une famille ; il y a les trop nombreuses victimes, ceux qui ont reproduit la perversion, et plus incroyable encore, les personnes venues de l'extérieur, mariées à des membres de la famille et qui n'ont rien trouver à y redire.

Sophie Chauveau est pudique et ne dépeint pas de scènes insoutenables, elle constate, s'interroge. J'ai appris que quand la parole se libérait, c'était trente ou quarante ans ans après, une fois que les faits sont prescrits. L'amnésie de la victime est un outil de survie pour la victime, aussi un outil bien commode pour l'agresseur.

On croit savoir, en réalité, chaque livre lu sur l'inceste, ce fléau, vous en apprend un peu plus. La fabrique des pervers de Sophie Chauveau ne fait pas exception. Une oeuvre indispensable.

Lien : https://dequoilire.com/la-fa..
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Dans ce roman témoignage, Sophie Chauveau dévoile à travers plusieurs génération de sa famille, le caractère incestueux de celle ci. Dans ce témoignage nous croisons les prédateurs et les victimes de cette famille. Parents, oncles et tantes qui reproduisent indéfiniment ces perversions sur leurs propres enfants, neveux et nièces. Toujours dans la famille, jamais en dehors. Dans cette petite bourgeoisie parisienne, tout est autorisé, tout est caché et tout est considéré comme « normal ». L'auteure, très courageuse revient sur sa vie, met sa honte de coté et avec énormément de pudeur dans ses descriptions des maux et parvient à nous ouvrir les yeux sur des secrets trop bien cachés qu'il faut à tout prix dévoiler et punir. Un livre très important, comme le Consentement de Vanessa Springora, qui, je l'espère incitera les victimes à dépasser leur honte et à se libérer.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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L'eau de la souillure et la parole lavée d'une main les théories font bon train dans les tribunes de protection des crimes. Oh ces grands qui défendent l'autorisation jouir sur les enfants abandon carton pour conviction béton il faut sauver les pauvres âmes qui ne font qu'aimer fort
Un jour la digue lasse de creuser s'enorgueillit de tapisser grand froid. Rien à pardon juste dire.
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Depuis longtemps déjà, j'ai souhaité lire ce témoignage-essai de Sophie Chauveau et je reculais, en raison du thème difficile. J'ai fini par le lire.

«La fabrique des pervers» relate l'inceste subie par l'auteure et sa cousine et comment ce crime abjecte s'est «transmis» de générations en générations.

Elles remontent ensemble leur arbre généalogique et prennent vite conscience de l'ampleur des dégâts. Dans cette lignée puissante et riche, les hommes ont plein pouvoir sur les enfants, filles et garçons, et en abusent sexuellement. Quand l'impossible, le tabou ultime, devient acceptable et entre dans la «normalité» d'une famille.

Après nous avoir présenté ses charmants ancêtres, Sophie Chauveau décrit les sévices subis par elle-même et sa cousine, de la part de leur père, parrain et oncle.. Attouchements, viols, elle ose dire les mots, nommer les actes, pour que «cela» existe et ne soit plus atténué par des périphrases ou litotes. Bien sûr, c'est cru, presque insupportable.

Elle évoque ensuite le silence des femmes autour qui se doutent ou savent. Car si un enfant ne peut pas parler, tout simplement parce qu'il n'a pas le vocabulaire et reste en état de sidération, qui la plupart du temps se mue en amnésie post-traumatique, les femmes adultes, elles, pourraient dire, fuir l'homme prédateur et protéger les enfants. Mais il n'en est rien. Elles sont souvent sous emprise, se disent que les enfants oublieront et surtout, veulent à tout prix éviter le divorce, considéré comme un échec. Édifiant.

On prend ensuite du recul, notamment sur la dernière partie, qui nous propose une analyse biblique, juridique et linguistique de l'inceste.

Dans la veine de «La familia grande» de Camille Kouchner ou du roman «le consentement» de Vanessa Springora, Sophie Chauveau, dès 2016, osait parler, écrire, et libérer ainsi la parole, malgré la honte et le sentiment de culpabilité omniprésents.

Un témoignage courageux, nécessaire, intelligent qui, je l'espère, aidera d'autres victimes.
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Un récit autobiographique poignant et courageux ! Sophie Chauveau nous expose, sans filtre, le portrait de sa famille. Son témoignage est d'une importance capitale en ce qui concerne l'inceste. Elle part de l'origine perverse au sein de sa famille pour nous livrer son parcours dans son combat personnel et la façon de s'en sortir. Ce livre peut aider, je l'espère sincèrement, toutes ces victimes de l'inceste. Victime ou non, ce livre doit être lu par tous et toutes.
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faire sa généalogie c'est parfois soulever de belles courtepointes brodées et découvrir des draps sales et tâchés. Les secrets de famille vous sautent au visage et à l'âme et vous reviennent ensuite des bribes de souvenirs tellement horribles que vous avez l'impression d'avoir invente cette vérité là,pourtant c'est,enfin mise à l'air,votre vérité. Ici l'auteur nous parle d'incestes transgénérationnels,d'un arbre généalogique où,sur au moins 4 générations,les hommes se sont arrogés la permission de cuissage sur descendants ou membres de famille proches. Les femmes aussi,ou peloteuses- incestueuses, ou témoins muettes voire complices patentées .

Nous suivons l'auteur ( et sa cousine,qui a vécu la même chose) dans sa découverte douloureuse des particularités familiales au fur et à mesure que ce qu'elle a vécu remonte à la conscience. Nous découvrons comment ces secrets immondes, ces lois bafouées,la loi du silence a détruit sa vie jusqu'à la quarantaine,prenant sur elle la honte et la culpabilité, puis tout le chemin de réflexion qu'il lui aura fallu parcourir pour remettre chacun à sa place, père incestueux, puéril et égoïste,adepte du " tout est permis entre soi", mère désaimante et bourgeoise protégée par le qu'en dira t on,accusant sa fille d'être trop belle pour que son père puisse lui résister, oncle attoucheur,etc,petites filles ou petits garçons voulant recevoir de l'amour et faire plaisir,ah le double visage des mots,le double visage des proches...
Ce n'est pas larmoyant, c'est un livre de combat.
il n'en est pas moins très dérangeant ( le lecteur est dérangé,j'ai envie de dire que c'est moindre mal, mais les victimes,elles....!!!?) mais c'est un témoignage très complet dans l'analyse , très complète aussi,du phénomène d'occultation, d'amnésie,chez les victimes,de ce qui est du respect dû à ses géniteurs qui se différencie de l'amour car il y a des familles qui ne sont pas" aimables" et dont il est vital de s'éloigner pour réussir à se construire.
L'auteur a cherché des réponses à cette généalogie déviante auprès de psychiatres,psychologues, religions,etc... Un long chemin vers la compréhension. J'ai beaucoup aimé la très fine analyse de la 5 ème Loi du décalogue"honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent sur la terre que l'Éternel ton dieu te prêtera".
Toujours se souvenir qu'"On appartient au monde qu'on fait,pas à celui d'où on vient".
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Ayant prévu de vous écrire une chronique sur cinq romans qui brisent le tabou des violences sexuelles, de l'inceste et du viol, il fallait que je lise « La fabrique des pervers » de Sophie Chauveau. J'avais entendu parler de son ouvrage dans la Grande Librairie, dans l'épisode consacré à « La Familia Grande » de Camille Kouchner, roman autobiographique qui m'a profondément bouleversée.

Ici, l'ouvrage relève tout autant d'une autobiographie que d'un essai sur le tabou de l'inceste dans notre société. Tout d'abord, on pourrait presque dire que ce roman a été écrit à quatre mains puisqu'il nous dépeint à la fois le passé de Sophie mais également de sa cousine Béatrice. Deux cousines qui ne connaissaient pas mais qui partagent pourtant une multitude de points communs tous plus sordides les uns que les autres : ce sont deux victimes d'inceste, toutes deux abusées par leur père mais également par d'autres membres de leur famille. Ce sont deux enfants brisées par des violences sexuelles, muselées par des menaces parentales, violées par leurs proches.

Ce qui est frappant c'est que ce ne sont pas deux cas isolés dans une grande famille, bien au contraire. L'autrice remonte jusqu'aux années 1870 et nous délivre une fresque familiale dont les membres ont fini par normaliser ces pratiques criminelles, allant même jusqu'à interroger l'hérédité d'un gène de l'inceste. Les victimes deviennent par la suite des coupables et on rentre dans un cycle sans fin avec toujours plus de victimes. Si les hommes sont les principaux criminels, les figures féminines ne sont pas en reste, on le sait « qui ne dit mot, consent ». Fermer les yeux, reprocher à sa fille d'être « trop excitante », la culpabiliser pour la faire taire. Mais comment y mettre un terme ? Pour Sophie Chauveau, l'écriture est le moyen de conjurer le sort, elle est dénonciatrice, expiatrice et révélatrice des maux d'une société qui peine encore à protéger les victimes et à punir les coupables.

C'est ainsi que l'autobiographie prend une tournure essayiste avec certaines données chiffrées, une réflexion sur le délai pour dénoncer son agresseur, les failles de la définition même des termes de viol et d'inceste. Comment punir justement un crime qui n'est même pas correctement défini ? Comment faire comprendre aux personnes agressées qu'elles ne sont en aucun cas responsables, que ce sont des victimes, quand certains remettent en cause leurs paroles, leurs vécus ?

Même si ce livre est violent, qu'il décrit l'innommable, l'indicible, l'inenvisageable, je ne saurais que trop vous le conseiller, ne serait-ce que parce qu'il met des mots sur des maux. Il faut un sacré courage pour livrer publiquement ses traumatismes, ses réflexions les plus noires alors un grand merci à vous Sophie.

Lien : https://lennaden4.webnode.fr..
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Cette lecture fera clairement date.
Un texte à la croisée de l'essai et de la biographie, auxquels s'ajoute une analyse psychologique prudente et poussée.
L'auteure part de sa famille, de son vécu. Elle raconte et interroge l'inceste. Bien sûr les conséquences sur les victimes, la douleur indicible, la sidération, le déni, l'implosion. Mais aussi et surtout les causes, multiples, qui conduisent des parents, oncles, parrains ou grands-parents, à commettre et contribuer au crime.

Elle explore alors nombre de champs de ce qui va constituer le « terrain » incestueux. L'abolition des frontières ; la toute-puissance, ressentie et souvent éprouvée ; la conviction absolue que l'enfant appartient à ses ascendants, permettant au parent de le dominer dans toutes ses dimensions.
La réflexion va donc bien au-delà de l'inceste. Elle questionne le rapport parent-enfant, la place des pères, des mères, à des niveaux sans cesse plus élevés. La construction psychique de l'enfant aussi, quel que soit le degré de toxicité de son foyer.

Parfois les propos surgissent, en rafale, le souffle court. Parfois ils sont issus d'une analyse, tantôt personnelle, tantôt éclairée par des travaux spécialisés. Mais toujours, et c'est ce que j'ai trouvé tellement remarquable, avec une très grande fluidité et accessibilité.
Chacun y trouvera de quoi éclairer un morceau de son passé, quel qu'il soit. Un texte qui peut donc toucher le lecteur dans des choses très personnelles.
Incontournable.
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Récit à glacer le sang... on n'en sort pas indemne. J'en suis restée perturbée pendant encore des jours après l'avoir terminé. Cependant, je pense que ce genre de témoignage devrait passer par toutes les mains. Ceci est d'autorité publique, clairement.
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