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3,83

sur 265 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est à l'émission de François Busnel consacrée à  Camille Kouchner et à son livre, La familia grande, (j'y reviendrai dans une prochaine chronique), que je dois ma "rencontre" avec Sophie Chauveau, puisque, au milieu d'une production intense de romans consacrés à des biographies d'artistes, cette auteure a aussi écrit un récit autobiographique consacré à  l'inceste dans sa lignée familiale .  Et que c'est la lecture de la Fabrique des pervers qui aurait décidé Camille Kouchner à écrire son livre sur le viol de son frère jumeau par leur beau-père.... avec le scandale médiatique que l'on sait.

Sans doute pour prendre moi aussi quelque recul, j'ai préféré commencer par le livre de Sophie Chauveau.

Je n'ai pas été déçue.

Sophie Chauveau fait la rencontre d'une lointaine cousine qui lui apprend avoir été victime d'inceste. À son tour, la romancière avoue avoir subi le même sort.

De confidence en  confidence, les deux cousines découvrent qu'il s'agirait d'une véritable tradition familiale : l' abus criminel  des enfants,  pratiqué par bon nombre de membres mâles du clan, (et même par une femme),  et toléré voire encouragé par les mères de la horde, de génération en génération.

Naît donc le projet d'un livre.  

Avec tout le talent de l' historiographe chevronnée,   l'auteure se penche d'abord sur la généalogie familiale avant de raconter les malheurs de sa cousine et les siens propres..(si j'ose employer cet adjectif dans un tel contexte).

Quel répugnant panier de crabes, en effet!

Édifiante succession d'abuseurs sans scrupule, pratiquant l'endogamie et la prédation sur les plus faibles et les plus proches,  avec l'aplomb insupportable que donnent l'argent, le pouvoir, le sentiment de supériorité et la certitude de l'impunité!

Le triomphe de l'entre-soi! La monstruosité comme rite distinctif et ciment clanique!

Après cette généalogie de l'infâme, le livre, sagement,   reprend le recul nécessaire ,  et prend de la hauteur. Analyse percutante des lois bibliques, des lois humaines, du droit en évolution récente sur le sujet,  et de la "morale" à tirer , pour les victimes, d'un droit qui les a si longtemps et si mal protégées.

On sort édifié et révolté de cette iecture passionnante et très complète.

Brillant, cinglant, évitant à la fois le piège de l'euphémisme et celui de la grossièreté, celui du voyeurisme et celui de l'épanchement personnel,   La fabrique des pervers est un livre courageux, lucide et intelligent dont on comprend qu'il puisse donner aux victimes ou à leur entourage, la force de parler.

Je m'étonne seulement qu'il n'ait pas eu, à tout le moins,  le même impact que celui de Camille Kouchner. Pas seulement pour une question de timing, celui de Camille profitant de la récente  vague #metoo. Je pense surtout qu' en éclaboussant une série de noms célèbres du Landerneau germanopratin, le livre de Camille éveille un certain voyeurisme du lecteur, alléché par  le frisson délicieux  du scandale médiatique ...

Le livre de Sophie Chauveau qui ne surfe sur aucune vague et ne bénéficie  d'aucune éclaboussure scandaleuse, est à mon sens plus abouti et plus convaincant que celui de Camille K.

 Il est  plus fouillé,  enraciné dans une recherche sociétale, moins "people" , et donc plus convaincant. L'auteure ne " subtilise" pas la parole aux autres victimes, elle les associe à la sienne dans  une étroite collaboration. Bref, je l'avoue,  même si c'est grâce à Camille K.que j'ai découvert Sophie C. , j'ai préféré nettement l'original à la copie , la maîtresse à sa disciple.

Lire La fabrique des pervers, c'est rendre justice à un livre fondamental sur l'inceste. Qui part du particulier pour aboutir au collectif et démêle avec une grande fermeté les fils intriqués d'une tradition familiale crapuleuse et ceux d'une société et d'une législation tolérantes sinon complices à l'égard de tous les bourreaux de leurs propres enfants.
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On pourrait essayer de résumer l'ouvrage de Sophie Chauveau, « La fabrique des pervers », mais se serait réduire ce témoignage à quelques mots et c'est impossible car chaque mot compte et qu'il faut tout lire pour parfaitement s'imprégner des crimes dont il est question. Ce serait faire injure à ce calvaire qu'a vécu l'auteur et bien d'autres enfants au cours de cette horreur de la vie quotidienne qu'est l'inceste.
Sophie Chauveau reçoit un jour le mail d'une femme, Béatrice, qui se révèle être sa cousine et avoir un horrible point commun avec elle, avoir été violée de l'age de quatre ans à quatorze ans par son propre père. Elles décident ensemble de retracer la généalogie familiale de ces crimes.
1870, les prussiens font le siège de Paris et l'affament. Arthur C. qui a fondé l'épicerie de la Madeleine a l'idée originale d'aller tuer les animaux du zoo pour remplir les étales de son commerce et le ventre de ses clients. Fortune rapidement faite, l'argent coule à flots et a le pouvoir de tourner les têtes et d'ouvrir les portes de bien des alcôves. le mal du libertinage et des moeurs dissolues s'enracine dans cette famille pour se transmettre au fil des générations et faire commettre jusqu'à l'indicible : l'inceste.
Une explication à cet inceste dont elle a été victime, Sophie Chauveau est allée la chercher au plus profond de ses souvenirs. Un long voyage à travers plus de trente années de déni, d'oubli, de volonté d'ignorer pour pouvoir avancer, se construire une vie, se reconstruire tout simplement. Impossible de survivre au traumatisme de la pire des trahisons, celle commise par les personnes en qui on a le plus confiance, ses parents, sans se mettre sous coma artificiel, laissant le temps au temps de réparer les blessures.
Sophie Chauveau décrit parfaitement ces pervers, êtres à la construction défaillante de la psyché, esclaves de leurs pulsions coupables, aux raisonnements immatures, prédateurs assoiffés de pouvoir qui séduisent, ensorcèlent et gouvernent leur entourage pour satisfaire leurs penchants infâmes. Ils administrent leur micro dictature à coup de chantage à l'affectif et justifient savamment leur vice au nom d'une liberté moderne de penser. Ils savent se trouver des complices dociles et sans jamais avoir un seul remord, poursuivent leurs victimes avec acharnement.
Pourtant…
On imagine que lors des agressions sexuelles sur ces enfants, il y a eu des cris horrifiés par la douleur et l'incompréhension. Et personne n'aurait entendu ces cris ? Toute l'ignominie de ces situations n'est-elle pas résumée là ? Au-delà de l'acte contre-nature qui en lui-même est inconcevable, l'autre versant de cette abjection est le déni, la complaisance, la complicité de l'entourage. Face à l'horreur, il est si facile de détourner le regard.
L'effet indésiré d'un tel témoignage serait d'être transformé en publication pornographique par certains prédateurs sexuels. L'auteur s'en défend ouvertement en le signalant dans son texte et utilise avec un immense talent le vocabulaire adapté pour ne pas satisfaire les goûts déviants d'un certain public de pervers ou de voyeurs. Car c'est le risque majeur qu'encourent les parutions récentes traitant du même sujet. Mal grès cela, il faut en parler, l'écrire et le publier afin que la société prenne conscience de la sauvagerie de certaines personnes qui la constituent. L'auteure ne consacre qu'une petite partie de son récit aux actes pour laisser le champs libre à l'analyse, à l'étude des motivations qui ont conduit au crime, à répondre tout simplement à la question : « pourquoi ? ».
« La fabrique des pervers » est une oeuvre remarquablement bien écrite et mérite d'être reconnue comme l'un des témoignages sur la question des plus intelligents et difficiles. Il documente parfaitement le débat qui s'est ouvert avec les récentes affaires d'inceste et de pédophilie.
Soyons vigilants, ne détournons pas le regard.
Sophie Chauveau écrit : « Et n'oubliez pas que la Loi fondatrice de nos civilisations repose sur l'interdit de l'inceste. Il en va ni plus ni moins de la pérennité de notre humanité telle qu'on la connaît, telle qu'on l'aime, telle qu'on aimerait qu'elle se perpétue. »
Editions Gallimard, 273 pages.
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En 1870, pendant le siège de Paris par les Prussiens, les habitants sont affamés. Deux jeunes hommes ont alors l'idée de tuer les animaux du Jardin des Plantes et de vendre leur viande. C'est le commencement d'une dynastie.

Plus d'un siècle plus tard, l'autrice reçoit un courrier d'une lointaine cousine, Béatrice. Elles se téléphonent et leur dialogue annonce la teneur du livre :
« - Par chance, ma mère est morte, je n'ai plus aucune obligation de voir mon père. Je ne l'ai jamais revu…
— Donc, il vit toujours, le mien aussi.
Là, elle marque un temps, hésitant avant d'enchaîner, très vite comme on se jette à l'eau.
— Et il m'a violé de quatre à quatorze ans. »
Le livre ne décrit pas un cas d'inceste isolé, mais de toute une famille ; il y a les trop nombreuses victimes, ceux qui ont reproduit la perversion, et plus incroyable encore, les personnes venues de l'extérieur, mariées à des membres de la famille et qui n'ont rien trouver à y redire.

Sophie Chauveau est pudique et ne dépeint pas de scènes insoutenables, elle constate, s'interroge. J'ai appris que quand la parole se libérait, c'était trente ou quarante ans ans après, une fois que les faits sont prescrits. L'amnésie de la victime est un outil de survie pour la victime, aussi un outil bien commode pour l'agresseur.

On croit savoir, en réalité, chaque livre lu sur l'inceste, ce fléau, vous en apprend un peu plus. La fabrique des pervers de Sophie Chauveau ne fait pas exception. Une oeuvre indispensable.

Lien : https://dequoilire.com/la-fa..
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Depuis longtemps déjà, j'ai souhaité lire ce témoignage-essai de Sophie Chauveau et je reculais, en raison du thème difficile. J'ai fini par le lire.

«La fabrique des pervers» relate l'inceste subie par l'auteure et sa cousine et comment ce crime abjecte s'est «transmis» de générations en générations.

Elles remontent ensemble leur arbre généalogique et prennent vite conscience de l'ampleur des dégâts. Dans cette lignée puissante et riche, les hommes ont plein pouvoir sur les enfants, filles et garçons, et en abusent sexuellement. Quand l'impossible, le tabou ultime, devient acceptable et entre dans la «normalité» d'une famille.

Après nous avoir présenté ses charmants ancêtres, Sophie Chauveau décrit les sévices subis par elle-même et sa cousine, de la part de leur père, parrain et oncle.. Attouchements, viols, elle ose dire les mots, nommer les actes, pour que «cela» existe et ne soit plus atténué par des périphrases ou litotes. Bien sûr, c'est cru, presque insupportable.

Elle évoque ensuite le silence des femmes autour qui se doutent ou savent. Car si un enfant ne peut pas parler, tout simplement parce qu'il n'a pas le vocabulaire et reste en état de sidération, qui la plupart du temps se mue en amnésie post-traumatique, les femmes adultes, elles, pourraient dire, fuir l'homme prédateur et protéger les enfants. Mais il n'en est rien. Elles sont souvent sous emprise, se disent que les enfants oublieront et surtout, veulent à tout prix éviter le divorce, considéré comme un échec. Édifiant.

On prend ensuite du recul, notamment sur la dernière partie, qui nous propose une analyse biblique, juridique et linguistique de l'inceste.

Dans la veine de «La familia grande» de Camille Kouchner ou du roman «le consentement» de Vanessa Springora, Sophie Chauveau, dès 2016, osait parler, écrire, et libérer ainsi la parole, malgré la honte et le sentiment de culpabilité omniprésents.

Un témoignage courageux, nécessaire, intelligent qui, je l'espère, aidera d'autres victimes.
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Cette critique va être sans nul doute la plus difficile que j'aie eu à écrire sur ce site.
Ce livre a été un choc.
La fabrique des pervers.
Plusieurs chapitres forment ce livre essentiel, dans lequel beaucoup de mots (maux) se répètent à l'envi, comme : saccage, amnésie traumatique, culpabilité, pervers, auto-centré, et j'en oublie.
Titre magnifique, et si vrai, lorsque l'on lit ce livre, devrais-je dire ce récit monstrueux.
Dès les ancêtres de Sophie Chauveau, l'inceste fut un accomplissement et presque une fierté. On apprennait l'inceste aux fistons fiérots de s'être roulé de tout temps dans la fange et la vermine de l'argent mal gagné.
Ces fils donc, dont on a permis l'inceste, dont on leur a dit qu'il était tout naturel de prendre son plaisir avec de jeunes enfants, ou de moins jeunes, ont à leur tour abusé des petits enfants de la famille. Car attention braves gens, il ne faut point aller chercher pitance et bonne chair en-dehors de la famille, sacrilège ! le bon Robert, qui a fauté en violant une petite voisine, fut envoyé derechef à la Légion comme punition.
Tout était bon pour tous : cousins cousines, neveux nièces, soeurs frères, fils filles et bien sûr d'autres adultes dans des ébats malsains récurrents.
Ils vivaient ainsi, sans se soucier des autres, comme de bons psychopathes qui se respectent, sans demander ni avis, ni assentiment.
Car le pervers de base, si j'ose dire, se moque éperdument des autres dont il profite, il n'y a qu'eux qui comptent et leur plaisir.
Ce qui les caractérisent ces adultes abuseurs : absence de culpabilité, absence de pudeur, tout le monde va et vient (si je puis me permettre....) totalement nus, enfants inclus, attouchements, catesses, des furtifs pelotages, un ego surdimensionné , et puis, plus rare mais ça existe (si, si ...), des femmes incestueuses, qui "donnent"à leurs maris leurs enfants pour retrouver la paix des corps, ou bien tout simplement par frustration ou par perversité, comme la mère de l'auteure qui effleure, touche mine de rien, dort dans le lit de ses enfants (si,si...) jusqu'à un âge indu, très impudique, elle racontera à sa fille ses ébats avec ses amants et qui traite son mari, père de l'auteure, d'éjaculateur précoce à qui veut bien l'entendre. Surtout à sa fille, la préférée du père. Elle lui dira aussi qu'elle avait voulu faire une fausse couche et pour ce faire, avait fait du vélo sur des grosses dalles (d'ailleurs cette phrase m'a fait immédiatement penser au livre de Marie Cardinale Les mots pour le dire). Elle aurait aimé avorter d'elle.
Ils se disputaient sans arrêt, dans un univers de violences et de viols, d'hystérie et de fausseté. Ils se mentaient à eux-mêmes.
Bon. J'arrête là pour ses chapitres limite insoutenables, même si Sophie Chauveau nous épargne, et c'est tant mieux, les détails les plus crus.
Vous êtes écoeurés ? Rassurez-vous c'est normal.
Le chapitre qui m'a le plus intéressée est celui dont elle parle d'elle-même, de sa reconstruction, de ce qu'elle a compris de ses parents, et puis quelques citations de Cyrulnik et de Quentin Debray, spécialiste des traumatismes psychiques, qui a bien voulu "décortiquer"et expliquer les abus commis dans cette Fabrique de pervers.
Il paraît que chez les petits enfants abusés, on peut "voir" grâce à l'IRM, des zones touchées dans le cerveau, tant le trauma a été destructeur.
Autant vous le dire tout de go, je ne suis pas aussi optimiste que l'auteure.
Je ne crois pas que l'on puisse s'en sortir réellement, complètement. On va mieux, mais la graine du poison est tapi dans l'ombre, en dormance, resurgeant à l'improviste surtout dans les moments de bonheur.
Pourquoi sont-ce les victimes qui se sentent coupables ? Pourquoi les abuseurs se moquent éperdument du mal qu'ils font ?
Combien de thérapies et de combien de temps faudra-t-il pour exterminer de son esprit et de son corps tous ces abus ? Toute cette violence ? 10 ans, 15 ans, 25 ans ?
À vous de le lire. Vous aurez vos réponses.
J'ai eu les miennes.
Je ne connaissais pas Mme Chauveau, mais j'ai appris, grâce à cette lecture, à être sa soeur.
À mes dépens.



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J'ai découvert Sophie Chauveau par ce roman sur lequel je suis tombé par hasard en librairie.
Avec l'aide d'une de ses cousines, l'auteure retrace son histoire familiale bordée de perversion et d'inceste sur quatre générations de son côté paternel.
Dans ce témoignage terrifiant, je relève une chape de plomb, le déni, les stratégies de survie des victimes, des portraits où se dessinent la psychologie des agresseurs, à quoi s'ajoutent une analyse et un étayage plus théorique, qui permettent aussi de mieux comprendre, si ce n'est peut-être relativiser, ce fléau encore tabou qui concerne et se rejoue malheureusement dans un trop grand nombre de familles dans tous les milieux.
Des mots posés sur l'indicible, l'impensable, l'innommable, pour y voir plus clair, sur ce phénomène encore trop peu considéré, pour y voir plus clair dans ce brouillard opaque, ambiant et confus, que connaissent trop bien ceux touchés de plus ou moins près par ces crimes.
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Livre choc à lire absolument !
A faire découvrir
Sophie Chauveau fait un remarquable travail de recherche et d'analyse sur le terrain sensible de sa propre famille.
Chaque génération a produit son lot d'incestes."Les incestueurs "comme on les nomme au Canada qui sévissent avec une régularité obsédante
Ce livre n'a pas crée l'onde de choc de la familia grande ou du consentement. Pourquoi? Écrit trop tôt ?
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Sortie en 2016, le témoignage de Sophie Chauveau n'a pas fait l'effet d'un pavé dans la marre comme celui de Vanessa Springora ou Camille Kouchner, mais il est essentiel afin de comprendre la société avant et post #Metoo. Nous sommes désormais dans une période de libération ou tout du moins d'écoute de la parole, des femmes, des victimes, des minorités et c'est l'évocation de ce texte par Camille Kouchner, dans la Grand Librairie, qui remet au jour ce témoignage.

C'est à l'occasion d'une rencontre avec sa cousine que l'autrice découvre qu'elle n'a pas été seule à être abusée dans son enfance. En effet, en cherchant un peu à recouper les dates et événements, elles découvrent l'ampleur de l'horreur. Une véritable ''fabrique des pervers'' de génération en génération. Les moeurs de cette famille étrange, où les parents vivent nus, se touchent et touchent leurs enfants, où les fêtes de famille sont le prétexte à d'étranges mises en scènes nudistes et de blagues potaches qui se terminent bien souvent, par des viols et incestes pures et simples. Tous le savent, mais personne n'en parlent, tous se taisent et font comme si.

Sophie Chauveau brise le silence et l'omerta sur sa famille, mais ce qui fait de ce livre plus qu'un témoignage, c'est l'évocation de la loi et du sentiment de culpabilité de la victime, là où le bourreau ne reconnaît pas ou si peu les actes. Elle parle de son père, mais aussi de l'absence de rôle de sa mère, qui savait mais ne parlait pas, ne partait pas. L'autrice expose ses blessures, sa construction chaotique en tant qu'adulte toujours ramenée à l'enfance. Elle va même plus loin en questionnant son rapport à la sexualité, à la maternité et à l'amour et brise le tabou de la victime consentante.

La fabrique des pervers, un livre indispensable afin de comprendre les mécanismes psychologiques de la victime, du bourreau mais aussi de l'entourage...

Lien : https://topobiblioteca.fr/
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Après la publication de Noces de charbon dans lequel Sophie Chauveau fait part des abus sexuels qu'elle a subi de la part de son père, elle reçoit une lettre de sa cousine lui disant qu'elle aussi a été victime d'inceste. Ensemble, elles vont reconstituer l'histoire de la famille et découvrent une véritable dynastie de pervers qui s'étend sur quatre générations. Dans ce livre écrit tout en finesse sur un sujet encore malheureusement tabou, Sophie Chauveau nous dévoile l'horreur de cette famille dans laquelle les victimes deviennent peu à peu bourreaux. Difficile à lire à certains moments, ce livre ne fait pour autant pas se sentir le lecteur comme un voyeur. Témoignage de ces atrocités, Sophie Chauveau a fait un travail remarquable.
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faire sa généalogie c'est parfois soulever de belles courtepointes brodées et découvrir des draps sales et tâchés. Les secrets de famille vous sautent au visage et à l'âme et vous reviennent ensuite des bribes de souvenirs tellement horribles que vous avez l'impression d'avoir invente cette vérité là,pourtant c'est,enfin mise à l'air,votre vérité. Ici l'auteur nous parle d'incestes transgénérationnels,d'un arbre généalogique où,sur au moins 4 générations,les hommes se sont arrogés la permission de cuissage sur descendants ou membres de famille proches. Les femmes aussi,ou peloteuses- incestueuses, ou témoins muettes voire complices patentées .

Nous suivons l'auteur ( et sa cousine,qui a vécu la même chose) dans sa découverte douloureuse des particularités familiales au fur et à mesure que ce qu'elle a vécu remonte à la conscience. Nous découvrons comment ces secrets immondes, ces lois bafouées,la loi du silence a détruit sa vie jusqu'à la quarantaine,prenant sur elle la honte et la culpabilité, puis tout le chemin de réflexion qu'il lui aura fallu parcourir pour remettre chacun à sa place, père incestueux, puéril et égoïste,adepte du " tout est permis entre soi", mère désaimante et bourgeoise protégée par le qu'en dira t on,accusant sa fille d'être trop belle pour que son père puisse lui résister, oncle attoucheur,etc,petites filles ou petits garçons voulant recevoir de l'amour et faire plaisir,ah le double visage des mots,le double visage des proches...
Ce n'est pas larmoyant, c'est un livre de combat.
il n'en est pas moins très dérangeant ( le lecteur est dérangé,j'ai envie de dire que c'est moindre mal, mais les victimes,elles....!!!?) mais c'est un témoignage très complet dans l'analyse , très complète aussi,du phénomène d'occultation, d'amnésie,chez les victimes,de ce qui est du respect dû à ses géniteurs qui se différencie de l'amour car il y a des familles qui ne sont pas" aimables" et dont il est vital de s'éloigner pour réussir à se construire.
L'auteur a cherché des réponses à cette généalogie déviante auprès de psychiatres,psychologues, religions,etc... Un long chemin vers la compréhension. J'ai beaucoup aimé la très fine analyse de la 5 ème Loi du décalogue"honore ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent sur la terre que l'Éternel ton dieu te prêtera".
Toujours se souvenir qu'"On appartient au monde qu'on fait,pas à celui d'où on vient".
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