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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est par une écriture vive, rapide que le lecteur entre dans ce roman.
C'est un tourbillon d'événements qui fait revivre l'histoire de la fin du 19e siècle jusqu'à mai 68, et l'histoire de deux familles issues, toutes deux, du monde du charbon, des profondeurs des mines et des bureaux étincelants de surface. Des gueules noires et des cols blancs. Deux mondes qui s'affrontent, se croisent, se haïssent et s'unissent parfois. Deux mondes marqués à jamais par l'or noir.
On y rencontre des personnages féminins puissants qui refusent d'endosser le rôle de reproductrices et se battent pour vivre le moins possible sous domination masculine et indépendantes. Si elles ont cependant cet attachement viscéral au travail, il n'en est rien concernant la filiation. Peu de place pour l'amour maternel, il faut rentrer dans le moule, se taire et encaisser ou alors profiter ou même jouir des fruits du travail sans contrepartie.

Roman richement documenté, inspiré par son histoire familiale, Sophie Chauveau a réussi un magnifique tour de force dans lequel famille, jalousie, argent, cupidité, ambition, amour, adultère et lutte des classes sont autant de jalons que ceux de la grande Histoire. Une analyse terrible et glaciale d'histoires de famille où l'empathie avec les personnages est impossible, mais qui se lit avec avidité.
Un paradoxe !
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Nul besoin d'imagination pour créer une saga familiale.
Il suffit de regarder en arrière, de ressusciter tous ceux qui, avant nous, ont constitué une famille, aux membres multiples et destins variés.

A travers plusieurs générations, Sophie Chauveau nous offre donc l'histoire attachante de ses racines ancrées dans le Nord, terre de mines et de guerres.
En remontant à l'aube du XXème siècle, elle déroule le fil d'une généalogie féconde, de deux classes sociales opposées qui finiront par se mêler, au hasard des mariages, des adultères et des secrets de familles. Les femmes y sont fortes et les hommes n'y ont pas toujours le beau rôle. Beaucoup de difficultés, de pertes, de regrets mais aussi de l'amour et des réussites professionnelles et personnelles.

Au delà des parcours individuels, c'est l'identité du nord de la France qui se raconte. C'est l'âge d'or du charbon. Les Houillères, industrie moderne, poumon économique d'une région, grande faucheuse d'individus et créatrice de misère récurrente: mineurs éreintés et silicosés, travail harassant et dangereux, en opposition avec le décor luxueux de patrons richissimes parfois paternalistes.

C'est aussi l'histoire du siècle, les guerres, le Progrès, les avancées sociales, la conscience de classe, la condition des femmes, les années folles, les Trente Glorieuses, les crises politiques et économiques.
Et ce besoin inné et impérieux d'échapper à la fatalité de sa condition tout en restant fier de ses origines.

Sophie Chauveau excelle dans l'art de créer ses personnages sur papier, de les rendre vivants, concrets dans leur élégante ou minable destinée.
Son livre est dense, chargé de bonheurs et de malheurs, de naissances, de mariages et de décès. Sa plume est alerte, piquante, humoristique. Elle pique là où ça fait mal.

La famille, tout simplement...pour le meilleur et pour le pire.
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C'est l'histoire de sa famille que nous raconte ici Sophie Chauveau. Une passionnante saga qui va traverser le XXème siècle. Une saga qui tourne autour du charbon, ce minerai adoré ou honni. le charbon qui va unir et diviser les membres de cette famille.

Tout commence dans les années 1900, du côté de Larivière, le charbon on connait. le père, Adolphe, d'abord journalier; va à force de ténacité et de travail réussir à se faire embaucher comme mineur. de toute façon dans cette région du Nord Pas de Calais, il n'y a pas trop le choix. C'est une vie dure, sans horizon. "Qu'est ce qui les fait se lever le matin, ces gens là de si peu d'espérance". Pourtant la famille Larivière, avec ses nombreuses filles est un modèle. "Une chose pourtant étonne chez Catherine Tranoy et Adolphe Larivière : ils s'aiment et transmettent à leur petits cette chose précieuse entre toutes, la solidarité, sorte de vade-mecum pour la misère. Tous les membres de cette famille s'épaulent, se soutiennent, se soucient les uns des autres. Une fleur exotique pousse par oubli chez ces gens de peu, floraison bizarre mais persistante, la générosité. de la tendresse et même de la délicatesse."


de l'autre côté il y a les Fourny. On fait leur connaissance au mariage d'Hyppolite et de Juliette. Mariage en grande pompe dans la cathédrale d'Amiens, mariage arrangé. Hyppolite est un brillant ingénieur polytechnicien qui va faire carrière dans les charbonnages. de tendance radicale socialiste, il va lutter avec les grands patrons pour améliorer les conditions de travail des mineurs. Sa femme, elle ne se préoccupe que de ses toilettes et de décoration.


le point commun entre ses deux familles qui vont finir par s'unir est le fait que les enfants ont tout fait pour fuir cette région si triste qu'est le nord. Ce charbon qui donne a tout cette couleur noire de deuil. Ce destin d'esclave moderne enterré vivant. Les descendants vont donc se retrouver à Paris. Les descendants des Larivière (mineurs) vont couper toute relation avec le charbon, ce minerai qu'ils jugent responsable de tout leur malheurs tandis que les Féry (patrons) vont constituer leur fortune en étant grossiste en charbon pour la région parisienne.


Ces deux familles dont les opinions politique religieuses divergent. Ces deux familles dont l'une sera plutôt collobo et l'autre plutôt résistante pendant la seconde guerre mondiale, ces deux familles vont donc s'unir par un mariage forcé par une grossesse non désirée. C'est dans cette famille si divisée que va naître l'auteure qui va être marquée par cette lutte intestine et permanente. Une enfance marquée par l'indifférence de parents immatures dont le seul but dans la vie et de s'étourdir pour oublier ce climat et par la figure tutélaire de sa "Mamine" adorée. Un roman à la fois passionnant et émouvant. L'histoire d'une famille divisée qui épouse les divisions historiques de la population française au cours de ce XXème siècle
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La Feuille Volante n° 1148
NOCES DE CHARBONSophie Chauveau – Gallimard.

Quand on parle anniversaire de mariage, les noms qu'on donne aux « noces » varient entre la fragilité, la douceur, la fragrance, la richesse et la solidité, une manière hypocrite de plus de présenter cette institution comme agréable et résistante. Tant mieux pour ceux à qui ça a réussi, tant pis pour les autres. Les noces de charbon n'existent pas mais c'est pourtant lui, ou plus exactement la mine, qui, en soixante huit ans va réunir ces deux familles du nord de la France et de quelques autres, qui n'avaient pourtant rien de commun entre elles, d'un côté des mineurs pauvres, de l'autre des directeurs, les nantis, les riches. A l'époque, un peu avant la Grande Guerre, la mine c'était « Germinal », avec son travail inhumain, les accidents, les grèves réprimés par l'armée, la silicose, la souffrance et la mort prématurée et par-dessus tout ça l'omniprésence de l'Église et son dévastateur message culpabilisant, face aux puissances de l'argent.

Entre les mariages d'amour et les adultères, les réussites sociales et la désinvolture des enfants de famille, l'argent qui est pour les uns si rare et pour les autres le moyen de paraître, de frimer, de s'offrir tout ce qu'ils veulent, les crises économiques, les guerres, l'Occupation avec son lot de Résistants et de collabos, les espoirs envolés, le sens du commerce des uns et paresse des autres, la bigoterie et les mondanités, les mésalliances et les mariages de raison, la vertu et les vices, les enfants légitimes et adultérins avec même une ascendance juive occasionnée par un amour passionné, la conscience de classe et la volonté d'échapper à sa condition, l'auteur déroule la vie de ces hommes et de ces femmes qui ont fait l'histoire familiale tout au long de ces années. Ce n'est peut-être pas un hasard si, dans cette galerie de portraits, c'est Nadine qui a retenu vraiment mon attention. D'ailleurs c'est elle qui fera la jonction entre les Proust et les Simenon, ces deux familles qui n'avaient aucune chance de se rencontrer et de s'unir. Elle commence à m'intéresser à partir de la Libération quand elle s'étourdira dans ce Paris libéré de l'après-guerre, dans le tourbillon germanopratin de ses seize ans avec les Existentialistes et les nuits du « Tabou ». Elle est une jeune fille délurée aux origines incertaines, en mal de repères familiaux qui balade son désespoir dans une liberté toute neuve. Pierjac est le type de snob mondain sans envergure ni intérêt mais le hasard, ou le destin, va les réunir. Ce mariage, qui n'est que la conséquence du traditionnel accident d'une future naissance non désirée, on ne sait plus s'il s'agit d'une mésalliance, la famille d'anciens mineurs qui épouse celle des Charbonnages, ou un bon coup réalisé par une fille pour se faire épouser par un fils de famille ! le personnage de Sophie aussi retient mon attention, l'histoire de sa famille et la sienne propre sont sans doute les ressorts cathartiques de sa démarche d'écriture et en cela aussi ce roman m'a intéressé.

Pour écrire une saga il faut avoir du souffle et notre auteur n'en maque pas pendant ces 68 ans que dure son récit sans que l'ennui se soit insinué dans ma lecture. Elle y ajoute un humour discret et ce n'est pas fait pour me déplaire. Heureusement elle a eu la bonne idée de joindre un arbre généalogique pour aider le lecteur à s'y retrouver dans ces familles dont les destins s'entrecroisent. Il n'est pas de trop ! A titre personnel, mon expérience ne m'a pas donné une bonne image de la famille. J'ai été rassuré (un peu) de voir que je n'ai pas été le seul à pâtir de l'inconséquence des autres.

Le style est agréable et facile à lire. Ce livre a été pour moi un bon moment de lecture. Je continue avec plaisir la découverte de cette auteure rencontrée un peu par hasard.

© Hervé GAUTIER – Juin 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Portrait de famille écrit avec une plume trempée dans 20% de miel et 80% de vitriol.
Lu en quelques jours , ce roman/bio a happé mon attention de façon très forte ; un certain malaise m'a cependant gagnée au fur et à mesure où la haine familiale montait : peur de faire preuve de voyeurisme ou dérangeantes resonnances ? En tout cas, si Sophie Chauveau voulait régler ses comptes, c'est fait et plutôt bien fait !

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Sophie Chauveau, que je découvre ici dans ce roman, semble dépasser le cadre de la fiction pour lever le voile sur ses origines, et mettre en lumière sa part d'ombre.

Sur une période d'environ 70 années, elle retrace le cheminement de deux familles nordistes que tout oppose à un détail près : le charbon.
"côté Simenon" c'est, la classe ouvrière, celles et ceux qui descendent au fond de la mine, les prolétaires, les petits…
"côté Proust" c'est la classe dirigeante, les nantis, et les exploitants.
Tout cela c'est au départ. Mais l'on s'aperçoit bien vite que ceux d'en haut ne sont pas si mauvais que cela. Les destins se croisent, et, les destinées ne sont pas forcément conformes à la logique sociale.
En réalité au gré des trahisons, déclassements, mésalliances, secrets, mensonges et ambitions des uns, et renoncements des autres, Sophie Chauveau nous fait voyager alternativement dans ces deux familles bien dans leur temps, et qui n'échapperont pas aux accélérations de l'histoire, la petite, comme la grande.

Sophie Chauveau écrit dans un style alerte, pratiquement dénué de dialogue, et, où la narration donne une impression de mise en distance de l'auteur par rapport à ses personnages.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Belle saga de deux familles que le charbon réunira, chacune de son côté, dont est issue l'auteure, Sophie CHAUVEAU, qui se déroule entre le début du 20 ème siècle et mai 68.


Bravo et merci Mme CHAUVEAU !
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C'est dans le guide du routard consacré au Nord-Pas-de-Calais que j'ai trouvé cette recommandation de lecture et elle en vaut la peine. Sophie Chauveau raconte l'histoire de sa famille, intimement liée au charbon, en effet. Cependant on s'éloigne assez vite de la mine pour passer de nombreuses pages à Paris, avec un côté Zola très prononcé (en tout cas j'y ai beaucoup pensé). Mais l'ensemble est (très) bien écrit, se lit avec plaisir et en plus la dédicace est pour Laurence Cossé, ça m'a plu :)
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Voilà ce qu'on appelle de la psychogénéalogie.
Et j'espère que, grâce à ce livre, l'auteur se sent plus légère.
Car ce " roman " est noir ; cette histoire, un boulet à traîner, surtout lorsque l'on n'est pas aimée par sa mère.
Il a fallu que je m'accroche, c'est un roman difficile à supporter, bien loin de ses autres écrits, si lumineux...
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je ne connaissais pas cet auteur mais j'ai vraiment bcp aimé. Ecrit sur un mode narratif, c'est elle et uniquement elle qui raconte, il n'y a aucun dialogues, l'histoire de sa famille nous est déroulée. D'un côté les propriétaires des mines, exploitant l'autre côté les mineurs. Ils se rencontreront, se haïront, s'aimeront, se respecterons mais ne s'allieront jamais.
Moi qui ait, en général, bcp de mal avec les romans historiques, j'ai trouvé ce récit familial très agréable et une très belle façon de me faire revisiter cette période et je vais certainement lire autre chose d'elle
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