nous lui demandons pourquoi coupe-t-on les cornes des vaches un peu plus ici qu’ailleurs. Sa réponse ne nous surprend pas, les mangeoires actuelles sont trop étroites pour que les cornes des vaches puissent passer, alors on coupe, on scie plutôt. Cela dit, une vache de ses voisins à laquelle on avait fait subir ce sort en est morte de chagrin. Alors ? On avait raison jadis de chanter « Elle a du sentiment ma vache ! Elle a du sentiment ! » Marie-Thérèse, qui a une affection particulière pour cet animal, a presque les larmes aux yeux.
Un cycliste anglais met pied à terre devant le pourcentage impressionnant qu’il va lui falloir dévaler. Madame, gantée de blanc, suit en Bentley, au pas. André parie que cette dame doit avoir du thé glacé dans sa boîte à gants réfrigérée pour réconforter son pèlerin ou randonneur de mari, à moins que cela soit un vieux malt.
À notre gauche, une Anglaise d’un roux agressif pousse une tondeuse à rouleau sur une pelouse minuscule. Tout un art que les Anglais pratiquent même ici. Le contraste des couleurs, le vert foncé de la pelouse, le roux de la chevelure, est étonnant.
Nous sommes appelés à vivre ce perpétuel chassé-croisé de rencontres, séparations, retrouvailles, chargé de tant d’émotions. C’est ce qui incarne probablement le mieux les temps forts, de notre marche vers Saint-Jacques.
Il est vrai que je n'ai pas l'habitude, si tôt le matin, de goûter du vin, mais ce que je bois s'apparente plus à du mauvais vinaigre qu'à un petit vin de pays que je m'attendais à trouver.