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3,5

sur 403 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A croire que c'est une mode, les chanteurs qui franchissent le mur du son pour tomber dans les lettres : Bob et son Nobel, Gaël et son petit pays, Magyd et son bac en cité...

Dans les quartiers Nord toulousains, ceux-là même de funeste mémoire qui ont vu naître un certain Merah, il n'est pas habituel que l'on traîne sur un banc avec un livre entre les mains. Et ça n'est pas une affaire de météo.
Magyd tente néanmoins l'expérience, au risque de récolter la panoplie d'insultes qui vont avec, de pédé à tarlouze en passant par des références à sa mère. Il faut dire que sa passion des mots est suffisamment forte pour tenter malgré tout ce contre-pied identitaire.
Enfin, "identitaire" est un bien grand mot dans ces quartiers d'errance, où les jeunes sont écartelés entre deux cultures si voisines et si distinctes à la fois. C'est ce dont souffre ouvertement Magyd, partagé entre la cité où les copains ne dépassent généralement pas la cinquième, et le lycée où les copains fantasment la pauvreté en jouant dans des groupes de rock déglingués.
Magyd construit malgré tout sa petite réputation de scribouilleur amateur de mots.
« -C'est sympa ce que t'écris.
Oh l'incroyable adjectif qui veut dire à la fois c'est nul et c'est bien. Maudit adjectif passe-partout qui permet le compliment sans affoler son destinataire, qui vous débarrasse d'une position inconfortable en proposant un pouf qui vous engloutit, qui flatte sans vous proposer les nues et qui n'est ni désobligeant ni porteur de louanges. »
La voie de la culture est donc celle qui fera entrevoir à Magyd autre chose que l'univers de la cité. Il y développera un réseau associatif de soutien scolaire et d'atelier théâtre, tout en passant le bac, chose que sa mère ne manque pas de lui rappeler...

le récit autobiographique du chanteur des Zebda m'a attrapé par le col pour me traîner sur le terrain des souvenirs. Je m'y suis revu, dans ces quartiers à forte mixité culturelle où j'ai moi-même passé mon enfance, malgré mes origines largement gauloises. C'est sûrement un de ses points forts à mon avis, cette authenticité qui s'en dégage, et qui lui donne des airs de roman historique des 80's. Plaisir accentué par la façon si particulière qu'a Magyd Cherfi de triturer les mots et les expressions, au risque parfois de perdre en fluidité dans la narration.

Bref, un bon moment de lecture, bien plus que « sympa ».
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En 1981, les sondages donnent Mitterrand vainqueur de l'élection présidentielle et dans les quartiers Nord de Toulouse, on tremble. Pour les émigrés algériens, il est avant tout l'homme qui a crée les conditions légales de la torture en Algérie, il déteste les arabes, il va sans doute les renvoyer au pays. Mais pour Magyd, 1981, c'est surtout l'année du bac. Après des années à subir les quolibets des gamins de la cité, le nez dans les livres, la consécration est au bout du chemin. Une grande première dans ce quartier où l'échec scolaire est la norme, le CAP la seule voie proposée. C'est sûr, Magyd sera docteur ou ingénieur !

Dans un roman largement autobiographique, Magyd Cherfi, le parolier et chanteur du groupe Zebda raconte ses années de jeunesse dans une cité des quartiers Nord de Toulouse, l'histoire à la fois personnelle et universelle d'un jeune beur coincé entre deux cultures, deux modes de pensée, deux mondes. Tiraillé entre ses origines kabyles et sa ''part de gaulois'', Magyd grandit dans le double giron de l'école de la République qui prône l'intégration et l'égalité des chances et celui de sa mère qui a mis tous ses espoirs sur la tête de son rejeton le plus doué. Mais dans la cité, aucune protection, si on aime les études, les livres, la langue française, on est un traître, un pédé, à la botte des français : pas de partie de foot avec les copains mais des insultes et des tabassages en règles. Mais Magyd fait front. Il crée une association de soutien scolaire, anime un club de théâtre, milite pour l'égalité des sexes. La cité telle qu'il la décrit est un mélange entre les les amitiés solides, les liens crées par un parcours commun, une certaine joie de vivre méditerranéenne, des fêtes partagées et le mal de vivre de la deuxième génération qui n'a pas su ou pu trouver sa place dans une société française aveugle à la misère des banlieues, le repli sur soi, le communautarisme, la drogue, la violence. Magyd Cherfi se qualifie de schizophrène, résumant là les difficultés de ceux qui comme lui sont nés en France, sont français et que l'on renvoie sans cesse à leur condition d'''arabes''. On sent chez lui ce tiraillement entre ses deux cultures mais aussi le désir de pouvoir les concilier en étant tout simplement lui-même, ou un arabe ou un gaulois ou un beur ou un maghrébin ou un fils d'immigrés ou un français issus de l'immigration ou tout cela à la fois.
Chronique douce-amère qui n'occulte pas le côté sombre des cités avec la violence, surtout celle faite aux femmes, la délinquance, le rejet de la France, Ma part de gaulois et aussi un hymne à la jeunesse, à l'espoir, à l'accomplissement de soi, à l'amour maternel, à l'amitié, à l'intégration sans le renoncement à ses racines, à la France multiculturelle.
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J'ai tellement apprécié la verve du chanteur de Zebda dans La part du Sarrasin que j'ai récidivé avec son premier roman. Je le retrouve donc enfant puis ado où le coeur du bouquin est basé sur son BAC qui fera la fierté de sa mère et attisera l'animosité de certains avec ce rebeu qui côtoie le littéraire. C'est drôle et réaliste. Une libraire m'a dit l'avoir reçu en juin et me confirme que Magyd Cherfi est tout-à-fait à l'image de son écriture : très sympa.
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Magyd Cherfi, je l'ai d'abord connu sur scène lors d'un festival en 1997 avec son groupe péchu, à l'image de ses membres. C'était l'époque de leur album "Le bruit et l'odeur", titre inspiré par la célèbre tirade de Jacques Chirac sur les immigrés.
Si, à l'époque, seule leur énergie me galvanisait, aujourd'hui, après avoir lu "Ma part de gaulois", je me rends compte que le parolier de Zebda avait de quoi raconter sur les immigrés et leurs enfants, connaissant le sujet pour l'avoir vécu personnellement.

Magyd Cherfi est fils d'Algériens, né en 1962. Il témoigne de sa vie en cité au travers de son année de terminale en 1981. Ou comment vivre en grand écart permanent (à faire chez soi pour constater de l'inconfortabilité de la position) entre la vie intra-citos et extra-citos. Avec des phases de doute sur la capacité qu'a la société de le laisser vivre en gaulois : "La profondeur des racines empêchait la greffe".
Même si j'aime à croire que l'amour d'une langue et de sa littérature définit avant tout l'identité de l'amoureux en question, ce témoignage me rappelle que c'est un chouia plus complexe. Et ce, même si la cité n'est pas vraiment ce qu'on appelle un foyer chaleureux où il fait bon vivre.

Bien sûr, le tout est romancé, et c'est tant mieux. le style est bien au-dessus du "sympa" dont ses écrits étaient affublés à l'époque.
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Avec "Ma part de Gaulois", Magyd Cherfi, connu en tant que parolier du groupe toulousain Zebda ( un groupe que j'avais eu l'immense privilège d'interviewer il y a quelques années) , nous a livré, à la dernière rentrée de septembre 2016, un récit d'où émanait le doux parfum de l'enfance et de l'adolescence, mais aussi mine de rien une belle prise de conscience d'un monde pas si chaleureux que ce l'on peut croire quand on est môme.

Nimbé d'une jolie teinte sépia qui pourrait être réactionnaire mais qui est surtout vraiment touchante, Magyd nous a offert un récit sincère et plein d'humour , le parolier de Zebda reprenait des thèmes qui sont des sujets souvent abordés avec son groupe sur l'intégration des immigrés, le fossé des générations ou ce qui fait vraiment son identité .

Magyd Cherfi nous propose un témoignage très touchant sur ses années de jeunesse à Toulouse, mais surtout sur l'année qui a changé sa vie : l'année où il a passé le bac, ce qui n'était pas un mince exploit vu d'où il venait.Avec profondeur mais sans vraiment se prendre au sérieux ,Magyd Cherfi y retrace son vécu sans verser dans l'angélsme pour parler de la banlieue qu'il a connu dans un ouvrage léger et profond, à la fois drôle et sérieux.

Sans jamais oublier de faire preuve d'autodérision, et sans cacher ses complexes et ses ambivalences, l'auteur raconte ses expériences de soutiens scolaires aux plus jeunes de son quartier tout en dressant un tableau de la France des années 1980 à travers l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand et les prémisses d'une gauche caviar ( on pourrait dire aujourd'hui "bobo") que Magyd peut retrouver chez certains camarades de lycée bien" français".

Fort de son succès avec ce livre écoulé à plus de 60 000 exemplaires, et qui a reçu le Prix Aujourd'hui Magazine qui récompense les meilleurs romans d'une vie, Magyd Cherfi est revenu fin mars 2017 avec son troisième album solo Catégorie Reine. Il revient à ses origines, la musique, et nous sort un album au parfum d'eau de Cologne et de persil, les deux parfums de sa rue. Et où l'on retrouve la même écriture, entre vivacité, ironie et tendresse que dans ce beau Ma Part de Gaulois.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« J'étais dans ma cité comme un magicien des mots et m'en léchais la plume. » Magyd Cherfi sait régaler son auditoire comme nous avons pu le vivre aux Correspondances de Manosque 2016, mais il sait aussi toucher son lecteur à l'écrit, dans Ma part de Gaulois, récit dense et vivant qui avait bien sa place dans une première sélection pour le Prix Goncourt.
Exclu par la majorité des autres garçons de la cité, pas désiré au foot par ces copains qui parlaient mal et le traitaient sans cesse de « pédé », il lui restait les filles et cette langue française qu'il apprivoisait goulûment : « J'entrais dans la tribu de chez Clovis tel un canasson dans la ville de Troie. »
Pas facile de faire sa place à l'école : « Les hussards d'alors, encore en blouse grise et infectés de vocation républicaine, découvraient en ce début des années 1970 le fils d'immigrés suivi de son géniteur hébété, le bicot. » Sincère jusqu'au bout, Magyd Cherfi permet de comprendre tout ce que notre pays a raté au cours de ces années : « Nos ancêtres étaient Gaulois... le croirez-vous ? On a aimé !... On ne savait rien de l'Algérie si ce n'est la guerre d'Algérie… On a été français un temps, le temps de la petite école qui nous voulait égaux en droits… On a aimé Jésus qu'avait le coeur sur la main, on a aimé Noël, Pâques et Mardi Gras, que des fêtes sympas… »
Hélas, le rêve ne dure pas. Dès que Magyd passe la porte de l'école, il est renvoyé à l'origine de sa famille. En fin de cinquième, « les « Arabes » basculaient sans s'en apercevoir dans la section atelier… » Les plus âgés, ceux qui n'ont pas aimé l'école et l'ont rejetée mènent la vie dure à ceux qui tentent de réussir et Magyd entraîne son lecteur jusqu'au bout du livre avec un personnage essentiel : sa mère, « la gardienne du temple, mon monstre moitié ange, moitié démon… ».
Elle veut que son fils aille jusqu'au bac et qu'il réussisse. Il sera le premier du quartier à l'obtenir après avoir surmonté beaucoup d'obstacles. Il écrit du théâtre pour son petit groupe d'amis avec Hélène, Samir, Momo, Bija, Hakima, Agnès alors qu'il faut éviter les coups de Mounir, de Fred le gitan ou du gros Saïd.
N'empêche qu'ils font du soutien scolaire avec deux dizaines d'enfants de 6 à 14 ans et que la chanson, le rock'n'roll l'attirent. Pour l'instant, leur trajectoire semble tracée : « Samir se voit en Jaurès des banlieues, moi en Hugo des prolétaires et Momo en Raimu multicolore. » Quant à ce qui attend les filles arabes, l'auteur n'en fait pas mystère, même s'il lutte pour que ça change.
Pour le théâtre, la scène au Conservatoire de Toulouse est mémorable. Enfin, le bac est décroché : « Je me sentais quelqu'un d'autre, en tout cas quelqu'un tout court. » le retour dans la cité est un grand moment et ses parents n'hésitent pas à sacrifier un mouton pour inviter tout le quartier !
Devenu enfin lui-même, il choisit la carrière artistique et non docteur ou ingénieur comme tout le monde lui demande : « En devenant Magyd, j'ai juste récupéré ma part de Gaulois. »

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Ce récit autobiographique de Magyd Cherfi me touche à plusieurs titres . J'ai été , en mon temps, le premier bachelier de ma famille et ayant enseigné 20 ans en collège de « Zone prioritaire » j'en ai connu des Majid,Momo,Farid,Samir …. le texte du narrateur retrace le parcours du combattant que fut son accession au titre de premier bachelier de sa cité , ses efforts altruistes (mais pas que..) pour aider par le soutien scolaire et des ateliers théâtre les camarades , les avanies et horions subis . C'est fait avec verve , souvent amusant parfois désespérant toujours avec une touchante sincérité . Un livre à lire pour qui veut comprendre les « quartiers » ,hors des clichés , des simplifications mortifères , des illusions angéliques.
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Début des années 1980, Magyd est en terminale. Il sera peut-être le premier fils d'émigrés algériens de son quartier à avoir son bac. Sa mère y croit et lui promet tout ce qu'il veut. Mais Magyd est déjà bien occupé par son office de poète public pour séduire les filles, l'association de soutien scolaire, l'écriture de saynètes de théâtre et la schizophrénie de sa "part de Gaulois". Avoir le bac, est-ce renier ses origines ? Est-ce pactiser avec le démon, ces Français qui n'obéissent pas aux mêmes règles ni aux mêmes codes ?
Avec humour et réalisme, le futur chanteur de Zebda nous montre cette année dans la rue Raphaël, le déterminisme social des quartiers nord de Toulouse où chaque réussite est un échec, mais où un échec peut aussi être une réussite. On y lit aussi un triste constat de la place de la femme, enfermée ou négociée comme un objet sur lequel on peut aussi passer ses nerfs quand le besoin s'en fait sentir.
Tiraillé entre deux cultures, celle qu'il porte et celle qu'il acquiert, le jeune Magyd est à la croisée des chemins, et ce n'est pas seulement le bac qui lui ouvrira une voie.
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Être le premier arabe à obtenir son bac dans une cité de Toulouse dans les années 80 ne va pas de soi et c'est avec tendresse pour ces années que Magyd Cherfi nous le raconte. Mais loin de nous décrire un conte de fée, c'est plutôt les tensions, les jalousies, et les violences qui font le quotidien du lycéen, de ses amis et des beaucoup moins tendres qui le cernent de toute part. Violences physiques, verbales sont le lot que subit celui qui va trahir son peuple et ressembler aux français.
Mais il y a aussi le travail que font Magyd et ses copains auprès des gamins du quartier que les parents veulent sortir d'un néant promis à tous. Il y a aussi le théâtre où les filles se rencontrent et peuvent un peu s'émanciper.
C'est une plongée dans l'intimité d'une famille et d'une cité que nous offre Magyd Cherfi dans son livre et nous nous régalons de sa prose enlevée même si parfois le monde qu'il nous décrit est loin d'être rose mais c'est l'histoire des immigrés, le sort qu'on leur propose, un avenir de simples travailleurs au service d'une société qui ne leur rend pas toujours au niveau attendu. Beau cri de révolte et de libération !!!
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J'ai beaucoup aimé ce récit autobiographique de Magyd Cherfi, récit de son adolescence dans une cité de Toulouse.
Magyd Cherfi est fils d'immigré algérien, sa mère a dû souffrir de ne pas parler le français en arrivant, et l'on sent qu'elle a voulu que son fils excelle à l'école pour s'en sortir...La langue française devient le territoire de Magyd, sa force, sa porte de sortie de la cité. J'ai aimé aussi retrouver certains souvenirs de cette époque et en particulier le fait que les enfants de la cité voient leurs parents catastrophés par l'arrivée de Mitterand au pouvoir en 1981...comme c'était aussi le cas dans les familles bourgeoises mais pour des raisons bien différentes!
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