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sur 1183 notes
Sic parvis magna. « Des petites choses naît la grandeur ».
Tout peut sembler terriblement ordinaire et banal lorsqu'on lit les premiers chapitres du dernier roman de Tracy Chevalier. Tout n'est en fait que subtilité et récit en dentelle ne dévoilant l'habileté de sa construction qu'à fleur de mots, dans l'écrin de quelques phrases, deci delà, qui ravissent le coeur du lecteur, le mien en tout cas.

J'avais tout pour être conquise rien qu'avec la référence à Jane Austen, morte et enterrée à Winchester, dans la cathédrale, à 41 ans et sans enfant. le clin d'oeil à Jane Austen n'est pas gratuit, c'est même une évidence tant cette brodeuse de Winchester aurait pu être une de ses héroïnes transportée en 1932.

Violet a 38 ans, c'est une des 2 millions de «  femmes excédentaires », terrible expression qui désigne cette génération de femmes sans possibilité de se marier après l'hécatombe de la Première guerre mondiale. Dans une société où seul le mariage offre un statut, Violet, dont le fiancé est mort dans les tranchées, doit trouver sa voix, entre mépris pour la vieille fille qu'elle deviendra sans doute et suspicion pour cette femme seule qui pourrait constituer une menacer pour un ménage.

Lorsqu'on fait sa connaissance, elle vient de faire le choix de quitter, douloureux mais nécessaire, une mère insupportable et castratrice pour emménager à Winchester et travailler comme secrétaire, tant pis pour l'indigence dans lequel elle vit, tant pis pour sa douleur, elle est libre. le roman est l'histoire de sa renaissance à travers son émancipation, de son réveil pour se détacher du passé et revenir à la vie. Sa quête du bonheur est jalonnée de rencontres, de promesses qu'elle aura à saisir pour devenir celle qu'elle veut sans se soucier du regard des autres.

Ordinaires, oui, banals, sans aucun doute, sont les petits événements de la vie de Violet, mais l'écriture ciselée et juste de Tracy Chevalier vibre d'empathie pour son personnage, pour ses personnages, tous admirablement campés, que ce soit dans les portraits physiques, moraux ou leur évolution psychologique. Jane Austen n'est vraiment pas loin, avec la pointe d'humour qu'il faut pour relever le tout. Tracy Chevalier excelle à écrire sur ces personnages lambda qui se retrouvent comme accidentellement au centre d'une histoire.

Et quel magnifique portrait de femme, après celui de Griet la jeune fille à la perle ou de la chasseuse de fossiles Mary Anning ( Prodigieuses créatures ) ou Honor ( La Dernière fugitive ). Quelle audace aussi de faire reposer l'émancipation de Violet sur des univers aussi singuliers que celui de la broderie d'agenouilloirs religieux ou des sonneurs de cloches !

Le tempo s'accélère dans les cinquante dernières lignes et tous les petits détails parsemés dans les chapitres précédents prennent sens dans un urgence vitale emplie d'émotions qui fait du bien. Je déteste cette expression « feel good » accolée à certaines romans, mais là, c'est vraiment cela, mais sans neuneterie ni niaiserie, et avec intelligence et élégance. J'ai refermé ce roman heureuse.
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A côté de la lecture j'ai une autre passion : la broderie; alors quand je vois un titre comme celui ci je ne lis pas la quatrième de couverture je fonce.

Mais j'avoue qu'il m'a fallu un petit moment pour me fondre dans l'histoire et me l'approprier... et au final j'ai adoré ce roman.

Tracy Chevalier a une façon bien a elle de rendre hommage aux inconnues, de retranscrire la vie d'une époque , d'un personnage, des moeurs tout simplement d'une époque.
Un roman qui au départ semble léger, mais qui au final parle de choses tabous pour l'époque. Elle rend hommage aux brodeuses et aux sonneurs de cloches... et elle m'a fait vivre par procuration une période idéale pour les brodeuses ( oui j'ai fait ma Emma Bovari sur ce coup là !)

J'ai beaucoup aimé ses personnages , très travaillés, et bien évidemment tout particulièrement Violet vieille fille, a fort caractère et un peu révolutionnaire au fond d'elle.

Un livre que je conseille volontiers .

J'aime ces textes qui semblent doux, et qui l'air de rien cache des sujets forts.





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le roman est inspiré de la vie de Louisa Pesel, brodeuse de talent. Elle a réalisé avec son cercle de brodeuses, dans les années 30, des coussins que l'on peut toujours admirer dans la cathédrale de Winchester.
Tracy Chevalier crée pour nous une modeste dactylo de 38 ans, Violet Speedwell, employée dans une agence d'assurances.
En 1932, elle fait partie de ces femmes excédentaires, qui ne se sont pas mariées après la première guerre mondiale faute d'avoir perdu leur fiancé aux combats. J'ai été très étonnée par le qualificatif "excédentaire", je ne l'avais jamais entendu.
Violet a perdu son amoureux, Laurence avec qui elle avait entamé une belle histoire d'amour comme on n'en vit peut-être qu'une dans sa vie et Tracy Chevalier m'a réellement emportée de sa belle plume pour décrire ces moments vécus par Violet , qui sont très brefs dans l'histoire.
La jeune femme se retrouve à Winchester, loin de sa mère, aigrie, et rentre dans le cercle des brodeuses de la cathédrale.
Tout cela est raconté avec énormément d'humour, avec des personnages hauts en couleur.
Elle fait la connaissance des sonneurs de cloches et d'un dénommé Arthur. Elle n'a pas la vie facile en tant que célibataire.
Tracy Chevalier nous fait entrer dans l'art de la broderie, dans l'art des sonneurs de cloches également et l'auteure ne travaille jamais dans la superficialité.
Au niveau de l'époque, Violet se remet des malheurs de la première guerre mondiale et déjà se profile le danger du nazisme.
Mes livres préférés restent " La jeune fille à la perle" et "Prodigieuses créatures" mais j'ai lu celui-ci avec beaucoup de curiosité pour le style, l'écriture magnifique et l'humour très fin. Oserais-je dire que je me serais crue à certains moments dans un roman de Jane Austen ?
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C'est en Angleterre, entre les deux guerres (j'ai lu dernièrement un roman qui se déroulait à la même période, mais le ressenti ne fut pas le même!). Pour Violet, les années de guerre sont marquées de deuils : son frère, son fiancé, et son père. La vie près de sa mère qui lui fait clairement ressentir le mépris qu'elle éprouve pour elle, est faite de chagrins muets et d'ennui. Jusqu'au jour où ses pas la mènent à la cathédrale de Winchester, alors que s'y trouvent rassemblées les petites mains qui brodent les splendides coussins et agenouilloirs qui apportent tant de lumière à l'intérieur de l'édifice. La jeune femme réussit à se faire admettre dans ce cercle fermé des brodeuses, et les heures qu'elle y consacre, pour un lent et exigent apprentissage, illuminent le quotidien de la jeune femme qui gagne misérablement sa vie comme dactylo.

Une autre source de lumière mais aussi de tourment viendra bientôt déranger le train-train monotone d'une vie désespérante, la rencontre des sonneurs de cloche…

L'héroïne de ce roman a beaucoup de points communs avec Mary de Prodigieuses créatures : c'est une femme seule, une femme « excédentaire », avec tout ce que le terme officiel comporte de mépris et d'espoir vain, mais une femme volontaire et soucieuse d'assumer ce destin complexe.

Tracy Chevalier s'attarde aussi sur l'homosexualité féminine et le regard franchement hostile de la société sur ces « amours contre nature ».

Enfin le roman est le prétexte pour se pencher sur le travail des brodeuses, un art et un savoir faire unique, alliant la beauté et l'utilisation de symboles traditionnels dont le sens n'apparait pas d'emblée aux béotiens.

On y découvre aussi l'art de sonner les cloches , au sens propre, technique qui nécessite aussi un apprentissage particulier et un savoir faire ancestral.

Sans surprise, on retrouve la forme et le fonds qui caractérisent les écrits de l'auteur, avec un grand plaisir.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Et voilà, Tracy Chevalier m'a encore séduit avec ce roman. A chaque lecture, je suis emportée tranquillement, sereinement mais sûrement, dans une autre époque, un autre pays, autour d'un objet réel et toute l'histoire qui se "brode" autour. Et ici, on est vraiment dans le vif du sujet. Tracy Chevalier brode son histoire autour des broderies de Louisa Pesel, brodeuse professionnelle de l'entre-deux guerres. L'objet de ce livre, ce sont les broderies ; et l'auteur écrit tout ce qu'il y a autour... Elle y raconte la vie des femmes à cette époque en Angleterre, le début de leur émancipation, leur sort dans la société lorsqu'elles sont considérées "hors norme" (la vieille fille, les amours scandaleuses entre femmes, la fille mère). On y découvre aussi les sonneurs de cloches. Avec talent, Tracy Chevalier nous fait vivre cette époque en imaginant des personnages, en imaginant leur vie, mais tout en prenant appui sur des détails réels.
Bref, vous l'aurez compris, je suis encore tombée sous le charme de son écriture, de sa nouvelle histoire. Et comme à chaque fois, je déguste toujours ces lectures. Un véritable plaisir...

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Ce livre est un petit bijou. Avant de le lire il avait déjà de grands avantages à mes yeux. Tout d'abord l'auteure, j'avais lu quelques livres de sa plume : "La jeune fille à la perle", "-L'innocence" et "Prodigieuses créatures ". Tous les trois m'ont plu. Celui-ci avait un avantage supplémentaire puisqu'il parlait de broderie. J'ai pratiqué quelques temps cette passion. Tracy Chevalier à écrit ce livre pour rendre un hommage à un personnage qui a réellement existé : il s'agit de Louisa Pesel. Grande professionnelle de la tapisserie à aiguille. Ce roman est vraiment bien documenté en tous points (si j'ose dire). Outre le thème des brodeuses à la cathédrale de Winchester, elle nous décrit ce majestueux monument avec moult détails. L'art campanaire que pratique les sonneurs de cloches y est bien présent également, et enfin la condition féminine dans les années 30 en Europe.
Mais je vais vous résumer l'histoire de ce livre. Nous sommes en 1932 en Angleterre à Winchester, Violet Speedwell, une femme de 38 ans, célibataire, vue comme comme une "vieille fille" mais ne se considérant pas comme telle. Habitant chez sa mère, de plus en plus acariâtre, décide de prendre le large en se dégotant une chambre dans une pension de famille. Étant dactylo de profession, son salaire n'est pas énorme pour avoir de nombreux loisirs. En allant régulièrement à la cathédrale de Winchester, elle rencontre un groupe de brodeuses. Elle va tout tenter pour en faire partie. Avec cette passion, elle va rencontrer sa meilleure amie et un sonneur de cloches très sympathique. Je ne vous en dirait pas plus.
Ce qui m'a plu : l'écriture de l'auteure finement ciselée et accessible, la documentation sur les différents sujets qu'elle aborde.
je ne peux que vous le conseiller.
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Etre né quelque part et à une certaine époque peut précipiter votre vie vers le malheur... On est en 1932, et les Anglais se remettent à peine (et avec peine ) de la guerre de 14-18.

Violet y a perdu un frère, un fiancé , puis un père . Pour échapper à la cohabitation avec sa mère aigrie et méchante, Violet aménage chez une logeuse à Winchester, à vingt kilomètres. Elle y sera dactylo et devra compter sur son maigre salaire qui ne suffit, ni à se vêtir correctement, ni même à manger. Mais qu'importe, Violet y sera libre...
Elle y découvrira, par hasard, le cercle masculin des sonneurs de cloches et le cercle féminin des brodeuses de la cathédrale, qui lui aménera un peu de beauté, un peu de merveilleux et surtout, des papotages entre femmes, des amitiés et bien plus encore.... ( Ce cercle a été fondé par la vraie Louisa Pesel que l'on croise briévement dans le roman , à plusieurs reprises).
C'est le roman d'une "aération"... Avant Violet vivait "étriqué", repliée sur sa famille, elle va s'ouvrir, prendre des risques.

C'est un roman sur la tolérance mais aussi sur l'exclusion. A trente-huit ans, Violet autrefois fiançée, fait partie des vieilles filles, des femmes dites "excédentaires" ( la guerre a tué deux millions de jeunes hommes... ). le regard que porte la société sur elles, est condescendant, affreux, odieux. Mais le regard que porte la socété sur les femmes homosexuelles, sur les filles mères, n'est pas mieux...
La brodeuse de Winchester saura (un petit peu) renverser la vapeur, saisir son bonheur, quitte à ce qu'il choque, à ce qu'il fâche. C'est pour cela que je parle d'aération, en faisant souffler un vent nouveau sur sa famille, Violet "aérera" la "maison", et ça leur fera du bien à tous.
Mais ce "bien" n'est que de courte durée, car " à la radio, on annonce un certain Hitler à la tête de l'Allemagne".
Etre nés dans ces années là, se relever d'une guerre, des pertes, pour replonger dans une autre ,devait être horrible à vivre ... mais cela fait de très beaux romans.
Tracy Chevalier retranscrit à merveille cette période , c'est une immense conteuse, une magicienne ...
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De Tracy Chevalier, j'ai dévoré tous les romans avec une préférence pour La dernière fugitive, Prodigieuses créatures et bien sûr La jeune fille à la perle, premier roman de cette autrice que j'ai lu. La brodeuse de Winchester rejoint le panthéon de mes titres préférés de cette écrivaine prolifique. Comme à chaque fois, j'ai apprécié de découvrir des arts que je connaissais peu (ici la broderie et la campanologie ou l'art de sonner les cloches) et surtout d'accompagner des femmes dans leur émancipation et leurs choix de vie. Tracy Chevalier sait en effet parfaitement tricoter des personnages forts et attachants et rendre l'atmosphère d'une époque. Dans ce roman de l'entre deux guerres, la difficulté d'être une femme non mariée, sans tutelle masculine (Violet a fait le choix de vivre seule) est parfaitement explicitée, le contexte de nazisme montant également. Il y a une délicatesse, une minutie dans l'écriture et un vrai sens du romanesque chez cette auteure passionnante (et passionnée). J'ai passé un joli moment . Un roman à glisser dans sa valise.
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Un roman qui parle de broderies religieuses n'avait que peu de chance de me plaire et pourtant, j'ai été complètement sous le charme de ce roman.
L'écriture est délicate et sensible comme celle d'Angela Huth et les thèmes abordés rappellent ceux des romans de Barbara Pym et de Sarah Waters.
L'auteur nous emmène durant quelques mois dans la ville de Winchester, en 1932, aux côtés de Violet, une femme de 38 ans, célibataire, ou plutôt « vieille fille » comme on disait à l'époque.
Sa vie est assez monotone : elle est secrétaire dans un cabinet d'assurance, s'occupe de sa mère âgée, se rend régulièrement à l'église, s'accorde une sortie au cinéma de temps en temps…
Mais sa rencontre avec les membres d'un club de brodeuses va lui permettre non seulement de se découvrir une passion, celle de broder des agenouilloirs et des coussins religieux, mais aussi de rencontrer de nouvelles personnes, de s'ouvrir aux autres, de prendre confiance en elle et de s'émanciper peu à peu. A trente-huit, il était temps !
J'ai lu ce roman avec gourmandise, tant l'héroïne est touchante et les thèmes abordés toujours d'actualité. Il y est question d'amour, de passion et de différence.
Les thèmes de la broderie et des sonneurs de cloche sont bien expliqués et se révèlent bien plus passionnants que je ne l'aurais cru. Une très belle lecture.
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En 1932, l'Angleterre panse toujours les plaies de la première guerre mondiale. Toute une génération d'hommes est tombée au combat et nombre de femmes se retrouvent célibataires malgré elles.
A trente-huit ans, Violet Speedwell ne croit plus au mariage. La guerre lui a pris son frère et son fiancé et elle ne peut compter que sur elle-même pour s'en sortir. Laissant derrière elle Southampton et une mère aigrie par la perte de son fils et son veuvage, Violet a emménagé à Winchester et occupe une place mal payée de dactylo dans une compagnie d'assurances. Si la solitude lui pèse, elle apprécie son indépendance et la possibilité de prendre ses propres décisions. Ses promenades quotidiennes à la découverte de la ville la mènent dans la cathédrale de Winchester. Elle va y faire la connaissance des brodeuses ainsi que d'un sonneur de cloches. Deux rencontres qui vont bouleverser sa vie.

A travers l'histoire de Violet, Tracy Chevalier retrace le destin des ‘'femmes excédentaires'' comme les qualifiaient la presse et la société anglaises, avec une bonne dose de mépris et de condescendance. Condamnées au célibat par la guerre, elles restaient le plus souvent vieilles filles et vivaient chez leurs parents. Mais Violet n'est pas de cette eau. C'est une femme décidée, indépendante qui a décidé de prendre sa vie en main. Elle se bat contre les normes sociales et se lie même d'amitié avec un couple d'homosexuelles. Et si les vieilles filles sont déconsidérées, les homosexuelles sont, elles, mises au ban de la société, insultées, honnies.
La brodeuse de Winchester est un hommage aux femmes, celles qui se sont battues pour se faire une place dans la société, celles qui ont décidé de choisir librement leur sexualité, celles qui se sont affranchies des traditions et de la morale.
Et puis, il y a les brodeuses…la famille que Violet s'est trouvé dans sa ville d'adoption. Un groupe de femmes solidaires, moins collet monté qu'il n'y paraît, que Tracy Chevalier a choisi de mettre à l'honneur et dont on peut admirer les oeuvres dans la cathédrale de Winchester.
Un livre enrichissant, bienveillant, souvent drôle et profondément féministe.
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