Vous trouveriez normal en tant que petite fille de devoir chaque jour laisser tous les bons morceaux de viande à votre frère et de vous contenter de riz ou de légumes ?
Vous accepteriez de devoir aller travailler à l'usine dès 15 ans pour que votre grand frère puisse aller à l'université ?
Et quand enfin, à force de travail et d'acharnement un jour vous arrivez vous-même à pouvoir étudier pour obtenir un diplôme, vous vous apercevez que tous les postes convoités sont attribués à des hommes, jamais à des femmes, ça ne vous énerverait pas un petit peu?
Et imaginez encore que vous arriviez enfin à décrocher un poste dans une entreprise et là, vous vous rendez compte qu'en plus de votre travail, on vous demande de faire le café pour tous vos collègues, de mettre la table et de la débarrasser, d'aller prendre les commandes de repas alors que ce n'est pas votre rôle mais que ça va de soit vu que vous êtes une femme, ça serait agaçant, pas vrai ?
Et ce travail si chèrement convoité, finalement, vous devrez le quitter si vous rencontrez un homme et que vous décidez de vous marier, bah oui, parce que dès que vous aurez un mari, on s'attendra à ce que vous ayez un bébé et comment ferez-vous pour le faire garder jour et nuit, avec vos horaires de dingue, votre maigre salaire et le prix des nounous ?
La vie des femmes en Corée du Sud ne fait pas vraiment rêver et l'auteur, par le biais de mille et une petites choses, de dizaines de faits isolés, nous montre à quel point la place des femmes est encore bien loin de valoir celle des hommes en Corée.
Un roman très fort qui sert de témoignage actuel et nous montre que nous avons bien de la chance de vivre dans un pays où les inégalités sont quand même moins flagrantes.
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Ce livre est un roman mais pas que…
C'est histoire de Kim, coréenne trentenaire qui a dû quitter son emploi pour s'occuper de son enfant.
Elle n'avait aucun autre choix. Elle est épuisée et l'auteur va dérouler les évènements de la naissance de Kim jusqu'à aujourd'hui et qui expliquent ce « craquage ».
Derrière ce récit, c'est la condition de la femme qui est abordée : les préjugés, l'idolâtrie envers les garçons, les inégalités, la charge mentale insuffisamment partagée et surtout le poids des traditions.
L'écriture est ciselée, le rythme fluide et les quelques données statistiques qui illustrent le propos ne pèsent pas sur la trame de l'histoire.
Bien sûr, même si la situation en France, avec notamment ses modes de garde, n'est pas aussi enkystée, on se reconnait souvent dans l'histoire de Kim.
Les choses sont dites sans agressivité ni lamentation.
Un récit court et efficace.
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Kim Jiyoung c'est le portait sans concessions , édifiant d'une jeune femme coréenne née en 1982 précise le titre .
Elle approche tout doucement de la quarantaine donc , je pense que ce détail est important.
J'ai un peu hésité à commencer la lecture , un peu rebutée par le mot' phénomène 'en première de couverture ; et pourtant c'est une lecture qui m'a beaucoup plu , j'aime beaucoup découvrir d'autres cultures , d'autres façons de vivre et j'ai été comblée .
Kim Jiyoung est jeune maman d'une petite fille , ce qui n'est plus une catastrophe comme ça l'a été pour les grossesses de sa mère mais tout de même pas vraiment ce qui est désiré par la société coréenne , par les grands parents : un fils a beaucoup plus d'importance bien entendu , c'est le premier choix !!
Le roman évoque la vie de la jeune femme qui a vécu un véritable parcours du combattant pour faire des études et surtout trouver du travail , le comble étant quand devenant maman , elle doit renoncer rapidement à son travail
L'auteur utilise un procédé original pour attirer notre attention , au début du roman , Kim Jiyoung parle littéralement au nom des autres .
Le passage que j'ai préféré , c'est l'enfance de Kim Jiyoung , la préférence incroyable pour le petit frère , les mentalités qui changent doucement malgré tout , on peut mesurer le chemin parcouru au récit de l'enfance de sa propre mère .
Un livre que je conseille bien évidemment, c'est très intéressant d'avoir un avis sur la vie des jeunes femmes en Corée car ce pays me semblait beaucoup plus moderne , sans doute que l'évolution de la place de la femme dans la société avance à pas de géants , ce livre n'en reste pas moins à lire absolument selon moi
Un beau sujet pour une discussion en lecture commune comme dans le cas d'un club de lecture .
Ça donne envie d'échanger , de connaître l'évolution du rôle des femmes en Corée .
Bouleversant sera mon dernier mot .
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Kim Jiyoung est une Coréenne lambda, mais ce qui attire l'attention de son entourage, c'est qu'un jour elle commence à affirmer et à se comporter comme une de ces anciennes amies décédée récemment.
C'est l'occasion d'un retour en arrière pour comprendre comment cette femme en est arrivée là. La romancière retrace donc le parcours de son personnage de l'enfance à l'âge adulte. du cercle familial à l'école en passant par le travail et la maternité, on découvre comment insidieusement ou non la pression sociale s'exerce sur les femmes en Corée du simple fait de leur sexe.
L'atout de ce récit est de montrer comment au quotidien le sexisme est banalisé et justifié, que les garçons et leurs comportements violents (ou pervers à l'âge adulte) ne sont pas punis car "c'est le propre des garçon/hommes" et qu'il n'y a donc pas lieu de s'en offusquer.
Certaines scènes relèvent clairement de la culture confucéenne (dans la famille, au travail) en revanche, certaines scènes (harcèlement de rue, ou à l'école) auraient pu se passer dans des pays Occidentaux. Est-ce la nécessité d'avoir un argument de vente ou l'arrogance occidentale qui fait qu'on a voulu voir dans ce récit la dénonciation du sexisme en Corée ? Une question sans réponse sans doute.
Pour ma part, je comprends le succès de son livre et reconnaît son intérêt et la nécessité de se confronter à ce genre de récit. La structure très cinématographique qui nous permet d'imaginer à mesure qu'on lit le roman un enchaînement de plans et des fondus pour le changement d'époque est un aspect appréciable de ce livre.En revanche, d'un point de vue littéraire je n'ai pas été particulièrement emballée. le style n'est pas particulièrement travaillé et les personnages sont surtout des prétextes pour porter le message de fond et leurs portraits sont assez succincts à mon goût.
Une lecture sympathique sans plus que j'oublierai rapidement je pense mais qui présente un grand un intérêt pour des lycéens.
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MeToo en Corée, aussi.
Si ce roman n'avait pas figuré en bonne place sur les tables de ma librairie préférée, je n'aurais sans doute pas cédé à l'appel racoleur du bandeau proclamant le "roman coréen phénomène, plusieurs millions d'exemplaires vendus", ce genre de message qui en général n'est pas signe de qualité.
Or, il faut toujours faire confiance à son libraire :-) et bien m'en a pris car, si ce premier roman n'est pas une pépite, il fait mouche par sa simplicité, la clarté de son message et la singularité de son accroche : une jeune femme coréenne, mariée, mère, parfaitement installée dans la société, se met brusquement à faire parler en elle les voix d'autres femmes. Provocation? schizophrénie? burn-out? En quelques deux cent pages, l'auteur, en parcourant les différentes étapes et écueils sociaux de sa jeune vie, va nous expliquer pourquoi.
Et c'est toute la société coréenne avec les diktats et les interdits qu'elle impose aux femmes qui défile sous nos yeux, voire, et c'est là le tour de force, toute l'éducation au monde faite au genre féminin dans son ensemble, dans laquelle on se retrouve en terrain connu ici et là au détour d'une anecdote ou d'une parole.
Bel ouvrage que ce petit livre sans prétention, mais qui porte loin.
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Kim Jiyoug fait une dépression. Enfin, il semble que ce soit une dépression.
Pour comprendre ce qui lui arrive nous remontons aux grandes étapes de sa vie : enfance, école, études, rêves de carrière, recherche d'emploi, puis, après la naissance de sa fille, femme au foyer.
Un parcours « normal » somme toute.
En fait, ce récit permet de présenter le statut, la place laissée à la femme dans la société coréenne.
La place ! Quelle place ?
De place, elle n'en a pas ou bien si mais toujours reléguée, toujours après les hommes.
Ce court récit expose toutes les discriminations, toutes les vexations, humiliations subies par la femme lambda en Corée. La fille accueillie à regret dès la naissance, les conflits opposant garçons filles toujours réglés à l'avantage des premiers, le jugement suscité par la tenue vestimentaire des filles à l'école, au travail, les tâches ingrates dévolues tacitement (y compris par elles) aux filles, le mérite dans la famille, dans les études, au travail toujours alloué à l'Homme…
La violence exercée est rarement éclatante. Elle est plutôt latente, souterraine tellement bien installée dans les mentalités, mais coup après coup elle mine l'équilibre du personnage.
Je comprends que ce texte rencontre un écho formidable en Corée et ailleurs.
Ce qui est dénoncé ici est bien sûr la permanence de ce sous statut de la femme coréenne. le style apparemment simple ne l'est pas tant que ça. Avec subtilité, par petite touche, l'auteure montre la prise de conscience de l'aliénation féminine au profit de la gent masculine.
Et si la législation n'a pu faire autrement que s'emparer du problème, globalement rien en change.
Ainsi même quand il est compréhensif, l'homme finit toujours par garder la meilleure part.
Un récit utile, à diffuser, car en Corée comme en France il reste un long chemin à parcourir en terme d'égalité femme/homme.
Merci aux Editions Robert Laffont et à NetGalleyFrance de m'avoir permis d'accéder à ce roman.
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