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EAN : 9782020132176
217 pages
Seuil (05/02/1992)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Immense, difficile, controversée, l'œuvre d'Ibn Arabî (1165-1240) n'en a pas moins marqué de son empreinte huit siècles de vie spirituelle en Islam, du Maghreb à l'Extrême-Orient. Son auteur l'affirme tout entière puisée dans le Coran, l' " océan sans rivage ". C'est ce que Michel Chodkiewicz a entrepris de vérifier dans cette étude qui analyse de nombreux textes, parmi lesquels cette somme prodigieuse que constituent les Futûhât Makkiyya, les " Illuminations de La ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre famélique (l'appareil critique mesure presque un quart de l'ouvrage déjà assez étriqué) est une introduction panoramique à la pensée akbarienne ; en quelque chapitres, Michel Chodkiewicz, un spécialiste de la spiritualité en Islâm qui occupa des postes administratifs majeurs dans le domaine de l'édition ou encore joua un rôle certain dans le monde académique, exfolie l'influence d'Ibn Arabî - le Shaykh al Akbar ou Doctor Maximus ("plus grand maître") - dans le monde musulman, aussi bien explicite que mieux camouflée ; dans la première, signalons son influence diffuse parmi les turuq majeurs ("ordres soufis", lui-même n'étant affilié à aucune tarîqa pour justement permettre "l'universalité" de ses enseignements, d'après l'auteur), influence qui se fait ressentir même chez ses "critiques", qui, en réalité, "pondère" plus que ne vocifère ses ouvrages (Ahmad Sirhindî en Inde qui propose l'expression de wahdat ash shuhud - unicité de l'expérience cognitive - qui, d'après son disciple Shah Waliullah, n'est pas une "réfutation", mais plutôt une reformulation du wahdat al wujud, ou encore Ibn Taimyyah qui aurait apprécié les Futuhat, même si son jugement des Fusus est fondamentalement autre.)
Dans la seconde catégorie, celle des influences "indirectes", citons l'exemple d'un historien de Fés qui, dans une histoire ou description de sa ville, sème des citations d'Ibn Arabi...

Ensuite, les autres chapitres sont consacrés à la doctrine stricto sensu : celle-ci, montre l'auteur, est toute ancrée dans le texte coranique et le fait prophétique, et en réalité les structures des chapitres des Futuhat sont des parallèles de l'arrangement des sourates coraniques !
Après un développement sur ce sujet, nous profitons d'un point de vue "akbarien" sur quelques points, et celui - extensif - sur la prière, en particulier, ne vous laisse pas "froid", et il est pensable que vous ne considérerez plus la prière comme avant la lecture de ce livre aux dimensions modeste qui, en définitif, est un avant-goût ou une "circumambulation" décisive pour quiconque veut, dans un futur proche, creuser plus en profondeur la pensée de ce génie universel.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L’illustre théologien Fakhr al-dîn Râzî (ob. 1209) vint un jour trouver un saint (walî, pl. awliyâ) non moins illustre – il s’agissait de Najm al-dîn Kubrâ – et demanda à entrer dans la Voie sous sa direction. Le saint chargea l’un de ses disciples d’installer Râzî dans une cellule et prescrivit au théologien de s’adonner dans cette khalwa à l’invocation. Il ne s’en tint cependant pas là ; projetant sur Râzî son énergie spirituelle, son tawajjuh, il le dépouilla, dit-on, de toutes les sciences qu’il avait acquises. Or, quand Razî prit conscience que s’effaçaient soudainement de sa mémoire les connaissances dont il était si fier, il se mit à crier de toutes ses forces : « Je ne peux pas, je ne peux pas. » L’expérience s’arrêta là. Râzî sortit de sa khalwa et prit congé de Najm al-dîn Kubrâ.

Ce détour anecdotique permet de mieux préciser le statut de la ummiyya, de l’« illettrisme spirituel ». Dans l’hagiographie, quand on parle d’un saint ummî, c’est toujours d’un saint inculte ou proprement illettré qu’il s’agit. Nous avons déjà fait mention dans ces pages d’un cas remarquable, celui d’Abd al-Azîz al-Dabbâgh. Mais les exemples sont innombrables. Le grand walî berbère Abû Ya’zâ, encore très vénéré aujourd’hui, n’avait appris du Coran que la Fâtiha et les trois dernières sourates, qui sont parmi les plus courtes. Pour s’entretenir avec ses visiteurs arabophones, il avait besoin d’un interprète. Cela ne l’empêchait pas de déceler miraculeusement les erreurs que pouvait commettre, dans la récitation du Coran, l’imâm qui dirigeait la prière.
(…)
Mais pour Ibn Arabî, qui consacre à la notion de ummiyya un chapitre des Futûhât, on peut être ummî sans être analphabète dès lors que l’intellect est capable de suspendre ses opérations (« La ummiyya, pour nous, consiste à renoncer à user de la spéculation et du jugement de la raison pour faire surgir les significations et les secrets »). A l’exemple du Prophète, récepteur virginal de la Révélation, l’être doit s’ouvrir tout entier aux lumières de la grâce. Cela n’implique pas que toute activité intellectuelle doit être proscrite comme contradictoire avec cette disposition à accueillir une illumination surnaturelle. Abd al-Karîm al-Jîlî, parmi beaucoup d’autres disciples du Shaykh al-Akbar, insiste au contraire sur l’importance des livres comme supports de la baraka et comme instruments de perfectionnement spirituel et Nâbulusî, dans un traité inédit, défend le même point de vue. (pp. 52-54)
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