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3,86

sur 261 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est en présence du fantôme de l'immense Lu Xun que s'ouvre cette exploration d'un des plus prometteurs romanciers contemporains chinois, vague paronyme assonant, Liu Cixin.
Dans « Une brève histoire du roman chinois » (1930), l'auteur — qui fit basculer la littérature nationale dans la Modernité — pressentait les conséquences des profondes transformations qu'allait subir son pays ( tant en avantages qu'en inconvénients ) sur son expression culturelle, sa singularité comme possible frein à son épanouissement.
En passant, il concluait à demi-mot que le côté « folklorique » attaché aux mythes et légendes de sa civilisation empêchait l'établissement d'un véritable art du roman, ce que le siècle de tous les bouleversements ne viendra pas aider, bien au contraire, laissant une des cultures mondiales prédominantes plutôt pauvre en proportion d'écrivains talentueux.

Impossible alors de ne citer Mo Yan, premier Prix Nobel de littérature, bien qu'ici la rencontre n'ait pas encore donné de fruits mûrs…
Est-on en présence d'un « Grand », à même de renouveler, voire de sublimer aussi bien un genre qu'une nation plutôt en mal d'excellence ou d'avant-garde ?
La Science-Fiction profitera-t-elle d'un front venu d'Orient ? La trilogie initiée avec « Le problème à trois corps » semble plaider en sa faveur, mais commençons cette découverte par son roman le plus « réaliste », répondant au genre d' « Hard-Science » comme gage de rigueur narrative.

On pourra tout d'abord remercier ou brocarder, c'est selon, la théorie quantique actuelle qui, par son incomplétude et sa large porte ouverte à une forme de « magie » relativiste, permet à notre auteur de développer son intrigue à nous en arracher le scalp sans jamais sortir des codes du genre, à savoir un rapport de causalité scientifique « plausible ».
On regrettera qu'un chercheur comme Gerard 't Hooft ( entre autres torrents de médailles, lauréat du Prix Nobel de Physique 1999 ) grand critique de « l'indétermination », ne soit pas plus populaire chez les romanciers, bien qu‘on comprenne volontiers l'intérêt d'une théorie offrant ses palmes au « tout et son contraire » en même temps, le charlatanisme post-moderne en faisant bien son fond de commerce.

Et pour continuer sur l'appréciation de l'intrigue en elle-même, bien que l'auteur sache assez bien la mener, son rythme apparait quelque peu désincarné, la faute sans doute à une galerie de personnage à la saveur robotique, particulièrement son héroïne, fantasme guerrier de Monique Wittig, le souffle en moins ; ou bien esquisse d'une héroïne de manga sans grande imagination, voire marketing sexiste autodestructeur… bref cette « mystérieuse et séduisante » Lin Yun s'avère décevante, plus proche d'une IA ou d'une Lara Croft que d'un réel personnage bien campé.
Le narrateur n'est pas en reste : il rappelle vaguement la saveur d'un kroupouk… sûrement sa texture spongieuse et son éclat de polystyrène expansé.

Il réussit pourtant quelques belles descriptions, dont une saisissante, digne de l'incroyable armada, avec l'arrivée de la flotte ennemie en Mer de Chine, celle de l'adversaire dont jamais le nom n'est prononcé, le Mordor arborant sûrement la bannière étoilée.

C'est bien sur ce point que ce roman reste remarquable, forcément du fait de la nationalité de son auteur ; car la Chine, plus que les Etats-Unis à présent, est la nation ayant la plus grande confiance en elle.
Alors que l'Occidental est à présent pris dans des débats autodestructifs, agité de remords jusqu'à la négation de son être, ne croyant plus à sa capacité à améliorer les choses, parfois comprenant la possible impasse du Progrès , le Chinois ne le remerciant jamais assez pour la place laissée.
Dans l'écriture de Liu Cixin, il y a cette confiance en soi et en l'avenir ( technologique, politique, etc. ) que l'on ne retrouve plus dans nos contrées, à part pour quelques illuminés qui ont séché les cours de thermodynamique, ou pour qui Jancovici est sans doute une marque de viande en barquette. le plus connu étant l'infâme Laurent Alexandre, mais il y en a de plus dangereux…

Cette sensation paradoxale est sûrement le sel de ce roman ; l'humaniste ne pouvant que s'incliner devant l'avénement international à présent bien confirmé de cette nouvelle culture de masse, produit d'une acculturation parfois surprenante, les empires s'interpénétrant beaucoup plus qu'on ne le pense.
Il va peut-être falloir s'habituer à ce que notre principale source de Divertissement vienne d'ailleurs…
En attendant, lisons davantage Lu Xun, son oeuvre essentielle et si peu prolifique, avec la certitude de toucher cette fois-ci l'acmé de la culture littéraire d'une immense nation.
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Ce roman est comme une vaste station spatiale.
On part d'un bout de la station, on sait que l'on attendra le bout (avec des réponses).
Mais…
Mais… En route on va rebondir sur les murs, sur le plafond, sur le sol … (oui la métaphore de la station spatiale est là pour illustrer le côté inattendu) Il y a des rebondissements dans le récit. Des épisodes incroyables et fascinants (je pense à l'incroyable voyage en Sibérie)
Chaque rebond relance le roman, pas forcément dans le sens que l'on attendait, mais toujours vers une révélation finale.

Quelques thèmes qui tiennent la narration sont

Science et Armes : Très vite la recherche sur la foudre en boule tombe sur les militaires. Oui c'est un roman que l'on pourrait qualifier de HardSF. Mais ne cherchez pas un livre de vulgarisation sur la foudre (en boule ou autre), ni sur la physique fondamentale.
Beaucoup de science, mais une science fictive au service du récit.

La fascination pour les armes. Chen rencontre quelqu'un qui voue sa vie aux armes.
Trouver l'arme qui assurera la supériorité de la Chine face à ses adversaires est une obsession de certains.

La guerre et la toute-puissance de l'armée. La vie de certains personnages est marquée par les guerres passées, futures et même présentes.
Mine de rien un conflit ouvert entre la Chine et les États-Unis a lieu durant le roman !
Intéressant, non ? À quel point le “retard” de la Chine et un affrontement avec l'occident sont-ils des thèmes communs en Chine ?

On retrouve comme dans “Le problème à trois corps” cette idée de retard, de compétition avec l'“autre” plus avancé.

Le problème à trois corps” et ses romans suivants ayant beaucoup plus d'amplitude. Je vous les conseille plutôt que “Boule de foudre” qui est bon, mais pas aussi bon.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Résumé : J'avoue je ressors de ma lecture pas complètement convaincu par ce Ball Lightning qui, même s'il reste divertissant et entraînant, m'a paru clairement un ton en dessous que la précédente trilogie de l'auteur. L'intrigue de la quête des héros, même si elle s'avère fluide, m'a donné l'impression de manquer de tension pour complètement me captiver. J'ai plus eu l'impression d'avoir un récit un peu nonchalant qui ne sait pas obligatoirement toujours où il va. D'une certaine façon Cixin Liu a voulu nous montrer son intérêt pour la science, mais aussi la complexité quand on est scientifique. Dommage que parfois il laisse un peu trop vagabonder son imagination, ce qui donne des théorèmes scientifiques parfois un peu trop incongru. le tout se situe dans une Chine imaginaire en plein bouleversement, devant asseoir sa puissance devant des ennemis de plus en plus présents. Les thématiques soulevées par le récit ne sont pas mauvaises, brassant de nombreuses idées, pour autant j'ai eu l'impression que sur certaines l'auteur manquait de complexité. Comme s'il avait un peu peur de trop pousser ses arguments, principalement concernant tout ce qui tourne autour des militaires et de l'éthique de la science qui est vite balayée. Concernant les personnage, même si j'ai bien accroché à Lin Yun qui m'a paru complexe et intéressante, j'ai un peu moins accroché à Ding Yi qui est un peu caricatural, mais qui amène des réflexions et des visions intéressantes je suis un peu passé à côté de Wen Chen. J'ai aussi trouvé que l'auteur abusait un peu des dialogues, je pense par exemple à une scène entre Lin Yun et son père qui m'a paru perdre un peu de sa puissance. La plume de Cixin Liu est simple, efficace et entrainante et même si je me suis laissé facilement porté il n'a pour autant pas complètement répondu à mes attentes.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
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J'ai fini ce livre il y a déjà plusieurs mois et ne sait toujours pas trop quoi en dire. C'est un bon roman de "Hard SF", mais qui n'atteint pas le brio de la célèbre trilogie de l'auteur chinois. C'est un bon cran en dessous.

L'histoire a par contre le mérite d'être parfaitement originale, ça fait du bien !
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Après la fabuleuse trilogie du Problème à trois corps, ce roman apparaît bien terne, et il l'est. C'est une grosse déception.
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A la lecture de ce roman, je me suis souvent posé la question de savoir si j'avais à bien à faire à une narration de science-fiction et oui la fin de ce roman prouve bien sa catégorisation. Mais J'oserai dire que soixante-dix pour cent des pages sont scientifiques à la lecture pas si aisée que cela. J'avoue qu'après un départ captif, je me suis accroché pour poursuivre et connaître la fin. Une expérience de lecture quelque peu difficile mais que je ne regrette toutefois pas. Allez, je le classe dans ma Hard SF.
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C'est le premier vrai roman de Liu Cixin, me semble t-il, et si comme moi on le lit après avoir dévoré l'excellente trilogie du Problème à Trois Corps, on comprendra vite qu'on a pas affaire à la même chose.

Le roman a des qualités: tout d'abord, ça se lit toujours bien, malgré la narration à la première personne (histoire de goût ici peut être mais le ton et le style perdent en maturité). L'histoire a quelques temps forts (un peu trop rares) avec des passages mystérieux très inquiétants et intrigants. La psychologie de certains personnages n'est pas inintéressante. Surtout, le roman est très documenté, et avec un pied dans la hard sf qui fait que tout ce qui est décrit parait plausible au lecteur; ce qui donne d'autant plus le vertige lorsque les explications s'offrent enfin à nous.

Cependant, malgré tous les efforts de recherche de l'auteur, il faut bien admettre quelque chose: la foudre en boule n'est pas si captivante. Il parvient à nous accrocher au début et à la rendre réellement mystérieuse mais cette excitation retombe vite. Elle retombe d'ailleurs au même moment où on se demande si le roman raconte l'histoire de Chen ou celle de Lin Yun. On se posera vraiment la question à la fin.
Quelques scènes frisent un peu l'absurde par maladresse (la prise d'otage, le dialogue entre Lin Yun et son père à la toute fin).
Surtout, on perd un peu de vue l'enjeu du roman au fil de la lecture et on ne sait pas vers quoi tend le récit. La foudre en boule ? Chen? sa relation avec Lin Yun? Lin Yun ? la guerre ? le macro univers ..? Au final, tout est résolu, mais on a perdu quelques un de ces enjeux en chemin, ou plutôt ils ont été résolus et le récit a embrayé sur autre chose. En fait, c'est très bien fait et raconté, mais c'est un roman de SF qui manque de piquant et de rebondissements.
On peut aussi être un peu agacé par la dimension très militariste de certaines parties du récit. On aurait aimé lire quelque chose qui ressemble plus au début du roman, avec cette ambiance inquiétante (quasi surnaturelle pour certaines pages) et peut être moins terre à terre... mais ce n'est pas ce que compte écrire Liu Cixin et au final il le fait plutôt bien malgré tout.


3 étoiles tout de même pour Liu Cixin qui ne fait ici qu'affuter sa plume; il s'est montré finalement être un auteur incontournable du genre. Si vous souhaitez le découvrir, lisez plutôt le Problème à Trois Corps, c'est une lecture indispensable.
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Le destin de Chen s'est joué le soir de son quatorzième anniversaire. Sous ses yeux, une boule de foudre a jailli d'un orage et réduit ses parents en cendres. Désormais, Chen va consacrer sa vie à la foudre en boule et commencer une longue carrière scientifique dédiée à mieux comprendre ce phénomène mystérieux. Dans sa quête, il va faire la connaissance de Lin Yun, une jeune militaire et brillante ingénieure, emplie d'une fascination maladive pour les armes. Des sommets du Mont Taï aux confins de la Sibérie, ses recherches le conduisent vers une autre facette du monde guidée par des lois encore plus complexes.

« Boule de foudre » est un roman écrit par Liu Cixin, une légende de la science-fiction en Chine. Dans une note située à la fin, l'auteur explique le but qu'il a poursuivi. Il déplore le fait que la science-fiction chinoise n'a pas créé d'univers fictionnel, contrairement, par exemple, à ceux d'Arthur C. Clarke. Il s'agit là d'une entreprise ardue qui demande audace et créativité, « et ces deux derniers points sont précisément ce qui fait le plus défaut à notre culture ». Alors, il a pris le parti d'introduire un objet inédit dans l'univers que nous connaissons et de tisser autour de lui une trame d'imaginaire. Cet objet est précisément celui de la foudre en boule. A ses confins, l'auteur fait graviter une cohorte de chercheurs, civils et militaires, puis fait éclore une guerre. Au fil des années, les recherches vont progresser, incarnées par des personnalités aussi originales qu'effrayantes. Car les conflits éthiques ne sont pas loin, liés au potentiel destructeur de la foudre en boule, le spectre de la bombe atomique planant toujours sur l'humanité.

L'intrigue est très bien écrite : malgré bon nombre de descriptions techniques (parfois bien longues), l'auteur sait restituer du sens et de la poésie à un propos qui pourrait paraître abscons, surtout pour des béotiens en la matière. Quand des boules de foudre parviennent à jaillir des instruments scientifiques, c'est un nouveau soleil en miniature qui se lève ; des arcs électriques rayent le ciel en de longs filaments scintillants ; des cordes surgissent sur le fond du ciel, leur existence révélée par les rayons du soleil. Et quand elles s'enroulent l'une autour de l'autre, c'est un soleil bleu qui éclate dans un silence surnaturel.

Malgré ces éclairs d'audace et de créativité dont l'auteur fait montre, l'intrigue peut sembler longue, les explications scientifiques et militaires s'accumulant au fil des pages et l'action s'enlisant parfois dans des digressions sans fin. Mais dans la dernière partie, la tension regagne en vigueur, mettant en lumière la personnalité effrayante de Lin Yun.

« Boule de foudre » est une oeuvre puissante mais exigeante, à l'image du travail d'écriture de Liu Cixin.
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De la science fiction avec un accent scientifique fort (tenez-le vous pour dit). On pourrait situé le roman vers l'an 2000, selon le calendrier de l'occident.

À part l'utilisation du calendrier grégorien, l'histoire se déroule à partir d'une perspective chinoise, ce qui ajoute un élément intéressant au roman.

C'est un roman « masculin », i.e. dont les protagonistes principaux, scientifiques et militaires, sont à plus de 80% masculin.

L'auteur part d'un phénomène météorologique rare et encore insuffisamment expliqué, une foudre globulaire, dont il a été spectateur lui-même. Là s'arrête le lien avec sa réalité car cela devient parfois à la limite du surnaturel.

L'utilisation de la boule de foudre par les services militaires chinois dans cette oeuvre m'ont fait penser au roman de Robert Merle, Un animal doué de raison, où les états-uniens usent des dauphins comme instruments de guerre.

Peux-t-on vraiment faire confiance aux scientifiques et militaires pour nous protéger des dégâts du nucléaire? Permettez-nous d'en doutez au plus haut point.
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