Mettez-vous aux
Parfums !
Qui mêle dans son esprit « parfum » et « littérature » fait essentiellement référence au roman classique de
Patrick Süskind.
Parfums (2012), autobiographie originale de
Philippe Claudel, auteur primé à de nombreuses reprises, nous enivre tout autant.
En répertoriant ses souvenirs à partir de différentes odeurs, l'auteur nous plonge dans un univers extrêmement sensoriel. Il semble organiser son récit de la même manière qu'on crée un parfum : l'ordre alphabétique de la table des matières évoque ainsi l'orgue du parfumeur sur lequel sont disposés les flacons de chaque fragrance. On est convié à humer chaque chapitre à sa guise, afin d'emplir son flacon personnel.
La précision technique, qui n'a rien à envier à celle du
Journal d'un parfumeur du nez
Jean-Claude Ellena, s'allie à une riche palette de sensations. Comme l'écrit
Baudelaire dans « correspondances », ici « les
parfums, les couleurs et les sons se répondent », provoquant une immersion totale dans l'univers créé.
On savoure chacun des chapitres comme des madeleines de
Proust. Et Claudel nous laisse interpréter librement chaque odeur évoquée. A l'instar de Rousseau qui affirmait que « l'odorat est le sens de l'imagination », le dernier chapitre intitulé « Voyage » ne serait-il pas une invitation à suivre notre propre parcours sensoriel ? Ainsi, de la première à la dernière effluve, et même au-delà, « on respire et on se laisse aller ».