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EAN : 9782081459816
258 pages
Flammarion (04/09/2019)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Cet ouvrage est publié à l'occasion du 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci. Si cet "homme de la Renaissance" par excellence maîtrisait tout à la fois la peinture et la sculpture, l'architecture et la musique, l'anatomie et le génie civil, la cartographie et la géologie ou la botanique, l'étendue de son génie a pourtant échappé à ses contemporains et à ses successeurs. Il ne réalisera en effet qu'une vingtaine de tableaux, et très peu de ses autres proje... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
découvert par la précieuse contribution des éditions Flammarion lors de la généreuse opération Masse Critique Graphique.

il y a 500 ans, le 2 mai 1519, à Amboise s'éteignait l'homme de la Renaissance. 2019, en cette date anniversaire, Martin Clayton, responsable des impressions et des dessins au château de Windsor, rend hommage à Léonard de Vinci, et plus particulièrement aux feuillets de l'artiste dont il a la charge et qui appartiennent à la collection royale britannique depuis le XVIIe siècle.
préfacé par son altesse royale le prince de Galles, ce magnifique livre, format 26 par 21 de 1,262kg, est de ceux que l'on retrouve dans les boutiques des musées.
l'introduction retrace la vie, les voyages, l'oeuvre, et les choix de matériel de dessin de Léonard de Vinci qui maniait plume, encre, sanguine, mine, lavis, craie blanche, pierre noire et préparait ses supports dans un but de longue conservation.
juxtaposant réalisations par l'artiste légendées et explications du spécialiste, l'iconographie est centrée sur 200 études et croquis parmi les 600 détenus par la famille royale d'Angleterre.
esquisses de composition, études de détails pour des tableaux, travaux d'agrandissement, études scientifiques physiques et anatomiques, exercices de dessin, esquisses rapides, études de composition très fouillées, études de formes, de chevelures, de drapés, de paysages, de mouvements... tout autant de réalisations de Léonard de Vinci sur des feuillets composés de plusieurs croquis, parfois concernant des domaines différents sur le même support, et d'annotations rédigées avec une écriture inversée, l'écriture spéculaire. il était gaucher et, dans un soucis pratique, écrivait de droite à gauche pour laisser l'encre sécher. pour déchiffrer ses notes, il fallait donc un miroir. de nos jours, pour le lire, vous pourrez utiliser la fonction de symétrie disponible sur n'importe quel logiciel de création graphique.

cet ouvrage propose une approche chronologique des oeuvres et donc de la vie de l'artiste au gré de mécénat, commande et exil favorisé par le contexte politique.
de Florence à Amboise en passant par Milan et Rome, c'est ainsi que l'on suit le périple artistique de Léonard de Vinci : élève d'Andrea del Verrochio, artiste placé sous la protection de Laurent de Médicis et de Ludovic Sforza puis architecte militaire et ingénieur de César Borgia, au service du gouverneur de Milan et pour finir sous la protection de François Ier.
s'intéressant à la "peinture, la sculpture, l'architecture, la musique, l'anatomie, le génie civil, la cartographie, la géologie ou la botanique", il n'aura réalisé qu'une vingtaine de tableaux et très peu de projets menés
à leur terme. les feuillets mis en lumière par Martin Clayton constituent un héritage précieux, fruit de l'imagination, des observations, des dissections humaines et animales, parfois des transpositions pas toujours judicieuses (placenta humain à l'image de celui d'une vache), des réflexions et analyses de Léonard de Vinci.
les dessins sont expliqués, d'une part dans leur contexte historique, politique et géographique, et d'autre part, avec l'acquisition de connaissances de l'artiste, au fur et à mesure de ses études. la numérotation des dessins permet de pouvoir retourner d'un dessin à l'autre quand le conservateur souligne un lien entre eux.

plusieurs projets sont restés au stade d'étude : l'horloge aquatique, la bataille d'Anghiari - peinture murale qui aurait du s'étendre sur 18 mètres et les monuments équestres dont celui en hommage à Francesco Sforza commandé par son fils Ludovic et celui dédié au chef mercenaire Jacques de Trivulce.
pour le premier monument équestre qu'il voulait gigantesque, Léonard de Vinci avait même dessiné la machine pour couler le bronze. 75 tonnes qui seront finalement réquisitionnées pour faire des canons alors que l'armée française envahit l'Italie.
pour le second, Léonard de Vinci rencontre un problème technique de la réalisation liée à la position cabrée du cheval.
anatomie et mouvement, réflexion sur la posture de l'animal, les nombreux travaux préparatoires sont présents dans ce livre et même une étude plus tardive dans laquelle il s'attelle à résoudre le problème d'équilibre du monument.

parmi les oeuvres achevées, le conservateur nous révèle la conception de L'Adoration des bergers, L'Adoration des mages, La Dernière Cène, La Vierge à l'Enfant avec sainte Anne.
le choix chronologique permet aussi de suivre l'évolution des sujets d'intérêt de l'artiste. les Têtes grotesques laissent place aux Têtes d'hommes idéales. les paysages bucoliques italiens aux costumes, bâtiments et murailles du château d'Amboise.

ayant eu vent de la précédente publication de Martin Clayton, Léonard de Vinci anatomiste, je craignais que les études anatomiques soient exclues cette fois mais ce n'est pas le cas.
on retiendra - outre le dessin le plus fantaisiste d'une femme sans ovaire ni cœur - les études de nus, des poumons, du cœur, de l'épaule, du cou, des muscles, des os dont l'impressionnante représentation de la colonne vertébrale, les somptueux drapés, les multiples études d'allures des chevaux, le tracé des reliefs avec la précision des arbres, montagnes et affleurement de la roche, de nombreux dessins militaires (chars, armes, canons, fusils, mortiers, bateaux), ses considérations optiques, ses réflexions sur le système respiratoire et dans la fin de sa vie, ses préoccupations sur la mort et la destruction rassemblées autour d'une étude artistique de la dynamique, réaction de la matière lors du déchaînement des éléments en livrant une succession de dessins représentant des tempêtes, des déluges.

alors que d'un côté, est imprimé sur la jaquette abritant une couverture épaisse cartonnée, le Barrage sur l'Arno à l'est de Florence (probable commande de la Ville, sur laquelle on voit l'eau jaillir et la digue endommagée), de l'autre, la quatrième de couverture, on referme ce livre sur le Portrait de Léonard de Vinci par son élève Francesco Melzi, comme pour faire face une dernière fois à cet homme talentueux et créatif, qui voulait réaliser des traités sur la peinture, l'hydraulique, la mécanique, la croissance des végétaux et l'être humain.
si vous souhaitez voir les oeuvres précédemment citées, la plupart sont accessibles via le site officiel de la Royal Collection Trust.
Lien : https://www.rct.uk/collectio..
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Un oeil sur la couverture et quelques pages feuilletées suffisent à saisir une beauté discrète toute en teintes passées, ocre et bleu gris, rose chamois et gris rouillé, tons pastel relevés d'orange éteint et de sanguine. le plaisir des yeux n'est pas gâté par le toucher : feuilles satinées, souples mais robustes, et la vraie reliure autorise l'ouverture à plat sans rupture, bref un beau livre réussi.

Le contenu [traduit de l'anglais] séduit par sa concision, dirigé par un expert en la personne de Martin Clayton, conservateur de la collection royale britannique, spécialiste de Léonard de Vinci. Les reproductions des dessins, esquisses et peintures sont d'une qualité remarquable : chaque document est accompagné d'un numéro (RCIN) qui permet de l'examiner en haute définition sur le site du Royal Collection Trust, dont tous les dessins sont issus. Leur état de conservation est étonnant.

Le commentaire des livres d'art fait souvent la part belle à l'interprétation des oeuvres. Ici, le comment l'emporte sur le pourquoi, l'accent est mis sur la technique, les matériaux, le travail préparatoire d'oeuvres abouties. C'est d'autant plus intéressant que les dessins remontent aux quinzième et seizième siècles : il ne s'agissait pas de sortir son bloc et son crayon, bien que progressivement avec l'invention de l'imprimerie, le papier devînt un support courant. Plusieurs croquis antérieurs à 1490-1500 sont réalisés à la pointe métallique sur un support préparé avec un enduit. Avec cet outil, l'épaisseur du trait ne varie pas avec la pression et surtout la ligne ne peut s'effacer : exigeant.

Clayton démystifie rapidement l'écriture bizarre qui accompagne les dessins, il ne s'agit pas d'un code mystérieux comme on l'a suggéré mais simplement d'une écriture spéculaire : Léonard de Vinci était gaucher, il écrivait de droite à gauche, en miroir, afin que sa main ne passe pas sur l'encre humide. Il y fallait quand même une habileté étonnante et un esprit résolument pratique. [...].

Six pages aérées retracent la vie de Léonard de Vinci, tout au moins ce que l'on en sait. le côté touche-à-tout de l'homme est mis en avant, lui qui fut un si grand peintre ne réalisa que peu de tableaux. Sa carrière est marquée par la volonté de comprendre l'infinie variété de l'expérience humaine : "Peu de dessins conservés étaient destinés à être montrés. Il s'agit plutôt d'un laboratoire personnel – car Léonard se sert du dessin pour penser sur le papier, imaginer de nouvelles compositions, enregistrer des impressions fugitives, s'efforcer de relever le moindre détail, tester sa compréhension d'un phénomène, explorer toutes les variantes possibles d'uns scénario. Nous verrons clairement que les dessins de Léonard nous permettent de rencontrer l'un des plus grands esprits de l'histoire de l'humanité, avec une immédiateté qu'aucun autre médium ne peut offrir."

Tout est dit, chaque dessin est accompagné d'un texte court et précis agréable à parcourir. Les projets artistiques de Léonard s'étendant sur des décennies, l'évolution scientifique étant rapide, il était malaisé d'établir une présentation entièrement chronologique et le choix s'est porté sur un regroupement par lieu de vie (Florence, Milan, Rome, Val de Loire) et par thème : art, paysage, cartographie, botanique, anatomie, etc..
L'ouvrage est introduit par le prince de Galles himself : "... he used drawing to record, to explore and to think...".

J'ai pratiqué la peinture en amateur (à l'aquarelle surtout) à plusieurs périodes de ma vie et si, à l'issue des ateliers, j'ai pu regretter les résultats, c'était davantage dû à des lacunes du dessin plutôt qu'au travail des couleurs au pinceau. Nombre d'élèves et artistes en herbe décalquent leur dessin avant de peindre, ce que j'ai toujours considéré comme insatisfaisant et m'a conduit à laisser ce passe-temps artistique malgré des dispositions favorables. Je n'en admire que mieux les bons dessinateurs et ce livre des Éditions Flammarion me comble : merci à elles et à Babelio.

Lien : https://christianwery.blogsp..
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Les publications et les expositions fleurissent à l'occasion du 500e anniversaire de la mort de Léonard. Parmi celles-ci, il faut signaler cet ouvrage de Martin Clayton qui présente quelque 200 dessins de l'artiste – 600 sont conservés dans les collections royales anglaises, la plus importante collection de dessins du maître au monde. Au fil d'un parcours chrono-thématique, on découvre de superbes feuilles, qui témoignent de la curiosité insatiable de Léonard. Peinture bien sûr – il envisagea très tôt la rédaction d'un traité sur le sujet –, mais aussi sculpture, architecture, génie civil, cartographie, botanique, anatomie, il semble s'être intéressé à tout. Ses dessins d'anatomie sont particulièrement frappants et révèlent une connaissance approfondie du corps humain, sans équivalent chez ses contemporains. de même, les représentations de fin du monde qu'il multiplie au soir de sa vie sont d'une force expressive peu commune. du projet à peine esquissé au dessin très abouti, on est fasciné par la créativité prodigieuse de l'artiste, qui n'a finalement achevé qu'une vingtaine de tableaux et mené à terme très peu de réalisations dans les autres domaines. C'est d'ailleurs cette soif de tout connaître et cet intérêt inextinguible pour le monde qui l'entoure qui expliquent sans doute que Léonard ait tout commencé et rien terminé. Les oeuvres elles-mêmes sont accompagnées de descriptions soignées et éclairantes, qui guident le regard à travers des feuilles à l'organisation et aux sujets parfois complexes.

Par Camille Jolin, critique parue dans L'Objet d'Art 562, décembre 2019
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Quel bonheur de retrouver ces centaines de dessins - magnifiquement reproduits - signés Léonard ! S'adressant autant aux spécialistes qu'aux novices, cet ouvrage a le mérite d'explorer les travaux du Maître avec à la fois concision et précision.

Classés chronologiquement puis thématiquement au sein des périodes, ces multiples exemples de son génie sont accompagnés de commentaires relatifs à l'histoire, à sa vie, ainsi qu'à ses techniques de dessin et à son matériel. Anatomie, botanique, génie militaire... toutes passions traitées avec un talent stupéfiant mais pas forcément intimidant ; sa curiosité est contagieuse et j'ai eu envie, moi aussi, de dessiner - et de trouver un mécène, mais c'est une autre histoire...

Alors si vous avez la sensation, comme moi, de ne finalement pas avoir "fait vos humanités" à la fac, il est temps de se rattraper avec ce superbe ouvrage, et ce grand professeur.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En haut du feuillet 127, trois petits dessins illustrent la façon dont les muscles sont fixés aux vertèbres de la nuque, étudiées en plus amples détails dans le feuillet 128. Cette région finement structurée est difficile à disséquer sur du matériau frais. Chacune des cinq principales études du feuillet 128 - numérotées de 1 à 5 - révèle une couche supplémentaire. En bas à droite, l'un des schémas de tendons de Léonard réunit les cinq dessins précédents ; chaque muscle est représenté par une corde qui reproduit sa ligne d'action. Léonard a compris que pour presque chaque muscle agissant sur une vertèbre, un autre muscle agit dans la direction opposée. L'un et l'autre sont nécessaires pour permettre le mouvement et stabiliser la colonne vertébrale.
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Le feuillet 140 propose une vue du coeur, des bronches et des vaisseaux bronchiques, avec une description des "plus infimes" ramifications des bronches ainsi que des veines et des artères restant "en contact continu jusqu'aux bouts". Léonard réfute ici la conviction traditionnelle selon laquelle l'air passe directement des poumons dans le coeur - même s'il n'a aucune connaissance des échanges gazeux entre l'air respiré et le sang. "Il me semble impossible qu'un air quelconque puisse pénétrer dans le coeur par la trachée [c.-à-d. les bronches], car s'il se dilate [le poumon], aucune partie de l'air ne s'échappe de nulle part. [...] Mais je ne pourrai pas l'affirmer avec certitude avant d'avoir observé la dissection que j'ai à disposition". Le fait même que cette réfutation soit tout à la fois expérimentale et provisoire montre à suffisance la maturité scientifique de Léonard.
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These drawings cover the whole range of Leonardo's artistic and scientific investigations and provide a remarkable insight into his world. Of Leonardo, perhaps more than of any other artist, it can truthfully be said that 'all human live is there': he used drawings to record, to explore and to think, and through this selection we can comprehend the many aspects of his boundless intelligence. From his studies of the human form - including his groundbreaking anatomical work - to his meditations on the beauty of Nature, and finally to his haunted visions of the end of the world, every variety of experience is laid before us - and that is perhaps why Leonardo still speaks so strongly to us today.
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Peu de dessins conservés étaient destinés à être montrés. Il s'agit plutôt d'un laboratoire personnel - car Léonard se sert du dessin pour penser sur le papier, imaginer de nouvelles compositions, enregistrer des impressions fugitives, s'efforcer de relever le moindre détail, tester sa compréhension d'un phénomène, explorer toutes les variantes possibles d'un scénario. Nous verrons clairement que les dessins de Léonard nous permettent de rencontrer l'un des plus grands esprits de l'histoire de l'humanité, avec une immédiateté qu'aucun autre medium ne peut offrir.
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Léonard clarifie les rapports spatiaux des organes et des vaisseaux, en les ombrant à l'aide d'un hachurage à la plume et d'un lavis jaune. Il perfore les contours des organes et des vaisseaux - réalisés par symétrie en pliant en deux le feuillet - afin d'utiliser ce feuillet comme modèle. Il a pu ensuite saupoudrer au-dessus des perforations de la poussière de craie qui se déposera sur un autre feuillet, puis relier à la plume et à l'encre les points ainsi obtenus - ce moyen permet de créer un nombre illimité de "copies au propre".
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Martin Clayton présente les feuillets de la collection royale britannique qui illustrent l'ouvrage-hommage à Léonard de Vinci
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