AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,44

sur 1262 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Gros coup de coeur pour le dernier roman de Jonathan Coe, un auteur dont les précédents livres, en dépit du succès remporté, ne m'avaient pas encore conquis ("Testament à l'anglaise" m'avait beaucoup déçu)
Son héros est un anti-héros. Maxwell Sim, la quarantaine bien entamée, a perdu son boulot, sa femme, sa fille et sa mère (en ce qui concerne sa mère, la perte est définitive puisqu'elle est morte). Il n'a plus guère de contact avec son père parti vivre en Australie où s'ouvre - avant de se clore - le roman.
Entretemps, Maxwell Sim reviendra en Grande-Bretagne et profitera d'un long périple à travers l'île pour revisiter les lieux de sa vie, draguer sans succès une jeunette rencontére dans l'avion, renouer avec son ex-femme, élucider quelques questions irrésolues ... et tomber amoureux de la voix de son GPS.

Comme dans les précédents livres de Jonathan Coe, on retrouve l'humour pince-sans-rire de cet auteur typiquement britannique, dans la veine des meilleurs Lodge, Boyd ou McEwan.
Mais cet humour est mobilisé au service d'une analyse psychologique d'une grande subtilité.
La métaphore qu'illustre le livre est celle des 1001 collisions automobiles qui, à chaque instant, sont évitées. Pourquoi, nous dit le héros, les voitures qui se croisent sur la route ne se percutent-elles pas ? pourquoi, faut-il lire au premier degré, le monde n'est-il pas plus chaotique qu'il ne l'est ? pourquoi, faut-il comprendre au second degré, rate-t-on de quelques minutes, de quelques centimètres, les rencontres qu'on aurait pu faire.
Milan Kundera au début de "L'insoutenable légèreté de l'être" insistait sur la masse des hasards qui avaient conduit Tomas à rencontrer Teresa. Jonathan Coe renverse cette situation : le père de Maxwell Sim ratera par deux fois, à 40 ans d'intervalle, le rendez-vous qui aurait pu/dû changer le sens de sa vie.
Notre vie est-elle condamnée à être ballotée par le hasard ? Avons-nous un destin que tôt ou tard nous finirons par rencontrer ? Tomas et Teresa chez Kundera incarnaient ces deux facettes : Tomas rencontrait Teresa par hasard alors que Teresa rencontrait Tomas parce c'était écrit. Maxwell Sim incarne, à lui seul, ces deux facettes ... jusqu'à ce que, par une ultime pirouette, Jonathan Coe, ne nous rappelle le pouvoir démiurgique du romancier ...
Commenter  J’apprécie          811
Un roman gigogne!
Si la vie privée de Mr Sim ne vous passionne pas, ce qui a fort peu de chance d'arriver, vous pourrez peut-être trouver votre bonheur avec les confessions de son père, ou encore avec le récit de la supercherie du navigateur solitaire Crownhurst, ainsi qu'avec les nombreuses tranches de vie des amis ou relations du héros. On a en effet plusieurs tiroirs de narration, ce qui est fait qu'il n'est jamais ennuyeux. Ce n'est pas le seul artifice : la vie privée de Mr Sim est en effet très riche dans sa banalité. Il n'est pas loin d'être le parangon du looser, la médaille d'or des mauvais choix et des erreurs de communications. Il faut dire que d'emblée, l'auteur lui a plombé le décor : en arrêt de travail pour dépression, séparé, pas d'ami, tentative de renouer avec son père aux antipodes ratée....C'est la que commence un road movie qui va conduire notre héros de Londres aux îles Shetland, pour faire la promotion de brosses à dents écologiques c'est du moins le projet de départ! car se retrouver seul, même au volant d'une Prius toute neuve et entièrement gadgetisée, ça fait gamberger; et les moments intenses d'échange avec Emma, la dame du GPS sont hilarants (c'est un des points forts du roman). Cette situation le remet également dans les conditions du navigateur Crownhurst auquel il va complètement d'identifier. Ceci constitue la trame principale du roman. Mais on y rencontrera aussi Poppy, une jeune femme dont le métier est de fournir des alibis aux maris volages utilisant les vols internationaux, Roger, un dandy grenouillant dans le milieu de la finance, ami du père de Maxwell, Trevor, le vendeur de brosses à dents, Allison, l'amie d'enfance, tous catalyseurs d'une prise de conscience rédemptive. A moins que tout cela ne soit illusion....

J'ai adoré ce roman, à l'humour typiquement anglais, qui regorge de situations burlesques et de révélations inattendues; l'auteur joue en fait le rôle du GPS et vous mène tambour battant dans ces aventures mouvementées. dont la fin (que je tairai bien entendu) m'a totalement bluffée

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          250
Maxwell Sim, 48 ans, n'est pas vraiment ce que l'on pourrait appeler un « homme heureux ». Sa femme l'a quitté six mois plus tôt pour s'installer à Kendal avec leur fille Lucy et depuis, plus de nouvelles. En guise de cadeau de rupture, elle a offert à Max un aller/retour pour l'Australie où vit son père, un homme maladroit et distant, plus sensible à la poésie de T.S. Eliot qu'à sa famille. Ce voyage sera l'occasion pour Max de faire des rencontres étonnantes qui modifieront le cours de sa vie et l'orienteront dans ses choix. de retour en Angleterre, un nouveau travail l'amènera, en tant que représentant en brosses à dents à traverser le pays jusqu'aux Shetlands dans sa Toyota Prius de location. Ce trajet rempli d'imprévus lui permettra de renouer avec ses racines, de tomber amoureux, mais surtout de trouver des réponses quant aux questions qu'il se posait sur sa véritable identité…
Avec « La vie très privée de Mr Sim », Jonathan Coe nous offre un roman initiatique d'un genre nouveau. Terminé le héros jeune et naïf parti faire l'apprentissage de la vie dans un monde où le bonheur est au bout d'un chemin semé d'embûches. Ici, la jeunesse du protagoniste est déjà loin derrière lui, sa naïveté a été remplacée par la lassitude et le bonheur semble perdu à jamais. Dis comme ça, l'histoire pourrait paraître sombre et déprimante et pourtant, il n'en est rien ! Au contraire, la plume de l'auteur est pleine d'humour et de légèreté. Sous ses dehors solitaire et dépressif, Maxwell est en fait un personnage attachant et un peu loufoque qui ne manque pas une occasion de faire rire et d'amuser (souvent à ses dépens) le lecteur. On dévore avec une réelle avidité les aventures de cet homme banal, qui pourrait être Mr tout le monde, et qui néanmoins surprend et émeut par sa sensibilité à fleur de peau et la force de son caractère. Max est un personnage qui évolue, passif et effacé au début, son voyage lui permet de se découvrir de jour en jour, bien souvent grâce au regard des autres. Un roman sensible et humain donc, servit par le style remarquable de Coe. C'était mon premier roman de cet auteur et je dois dire que j'ai trouvé l'écriture extrêmement agréable, à la fois fluide, piquante et dotée d'une bonne dose d'humour ! Bref, un livre que j'ai vraiment adoré et que je recommande sans hésiter à tout le monde !
Un énorme merci aux éditions Folio et à Livraddict pour cette excellente découverte !
Commenter  J’apprécie          230
Jonathan Coe himself démontre jusqu'à la dernière ligne de ce roman toute son habileté pour mener son lecteur et son personnage par le bout de nez. Guidé ainsi, je ne me suis jamais ennuyé et n'ai senti aucune aigreur d'estomac devant les multiples petits drames épouvantables vécus par Maxwell Sim. Celui-ci apparaît pourtant comme un soi potentiel navrant. La dérision perceptible derrière chaque situation (du flegme !) engendre assez de distance pour éviter de sombrer dans l'amertume, mais elle incite aussi à toucher du doigt certains aspects préoccupants de la civilisation moderne.

C'est un avis très personnel mais j'ai cru voir du Peter Sellers et même du Mr Bean dans ce personnage. Un antihéros de la middleclass, touchant, loser - je ne veux pas dire raté, ce serait trop dur pour Mister Sim qui ne le mérite pas, qui lit bravement les manuels high-tech sans vraiment intégrer ces objets dans son quotidien. Avec son GPS baptisé Emma, il vit une passion décalée: la passagère rêvée parle sans le contrarier, humble, efficace et neutre. Ce dernier mot justement, neutre, insipide, sans vie propre, la désincarnation hante le récit: l'individu sans corps et sans relief, le réseau des êtres immatériels au bout du wi-fi planétaire, visages-vignettes figés et fantômes. Des "êtres cosmiques" selon les mots du navigateur solitaire Crowhurst1, devenu fou en mer, écrasé par la pression de son manager, poussé à la mort plutôt que de révéler sa tricherie, plutôt qu'apparaître dans son humanité. Une victime précoce de l'image de marque.

Sim, largué par sa femme, pas très proche de son père, délaissant un emploi stable pour pour se lancer dans la campagne de promotion de produits d'hygiène bucco-dentaire désopilants, n'effectue pas toujours les bons choix et il consterne autant qu'il amuse par son inertie, sa distraction et sa malchance. Son voyage en voiture à travers l'Angleterre, avec ses caisses de brosses à dents en soie de sanglier, se transforme en re-visitation du passé avec des révélations qui l'amènent à voir ses proches sous de nouvelles perspectives. Et ce qu'il connaît de lui-même n'est peut-être pas si certain... car l'auteur n'a pas de scrupules à sortir des lapins gigognes de son chapeau d'illusionniste...

Les textes occupent une place déterminante dans l'intrigue. Il détiennent des confidences inattendues qui redistribuent les cartes des sentiments. Leur support est varié: pièce jointe au courriel de l'ex-épouse, lettre sur écran de portable, feuilles d'un travail d'étude de l'ex-possible fiancée, récit autobiographique du père dans un carnet. Pouvoir du document écrit, support de confession innocent et discret, intime et indéniable.

Jonathan Coe a affirmé dans une interview: "L'honnêteté, je l'atteins en échafaudant des mensonges." Il exprime bien par ces mots qu'au-delà du divertissement génial, il pense exprimer une réalité et je pense que ce roman devrait être abordé dans cette optique. Ainsi cette scène particulièrement significative: Monsieur Sim tournique à plein gaz dans un rond-point tandis que GPS-Emma imperturbable répète forcément la même consigne. Hilarant et d'une absurdité féroce. du Chaplin made in XXIè siècle.

1 L'affaire Donald Crowhurst sur laquelle s'attarde un chapitre du roman est une aventure singulière et mémorable de navigateur autour du globe, à l'heure où on retient surtout les Chichester, Tabarly et autres.
Lien : http://marque-pages.over-blo..
Commenter  J’apprécie          200
Comme beaucoup de français, vacances estivales riment avec livres de poches, plus pratiques à emporter et moins onéreux, et si j'en ai lu un certain nombre, j'en retiens surtout trois, totalement incontournables, dans des genres évidemment bien différents

Et pour le premier d'entre eux, j'ai voulu parler du dernier roman de Jonathan Coe paru en poche, la vie trés privée de Monsieur Sim, paru il y a quelques mois en édition Folio.

Je n'ai malheureusement pas lu au jour d'aujourd'hui l'intégrale dec l'oeuvre de Jonathan Coe, un des auteurs phares de la littérature britannique contemporaine, et je le déplore, tant chaque roman que je lis de lui me met en joie.

La vie très privée de Monsieur Sim met en scène un de ces anti héros que j'adore, un type complètement à côté de la plaque, mais qui a encore la lucidité pour s'en apercevoir.

Jonathan Coe est ici à son meilleur, il sait décrire à merveille, avec une imagination fertile et un humour décapant les travers de notre société contemporaine.

Le monde actuel, dans lequel vit tant bien que mal notre anti héros, a beau être celui de la communication à outrance, dans lequel les technologies les plus modernes qui soient (le GPS, les applications mobiles, les mcoe_6042-604x553ails) sont là pour faciliter la vie des gens, ce monde dissimule en fait souvent une triste solitude, un souci d'exister virtuellement quand notre vie sociale s'appauvrit à l'extrême Monsieur Sim a encore 70 amis facebooks, qu'il pense comme une de ses seules bouées de sauvetages, mais qui ne vont pas lui être d'un grand recours.

Mais c'est au fil d'un parcours de type road-movie vers l'Ecosse, au gré d'une vague entreprise de commerce d'une brosse à dent révolutionnaire que Sim va petit à petit revisiter son passé et essayer de redresser la barre.

On est totalement épaté par la maestria avec laquelle Coe nous fait voyager à travers le temps pour mettre en parralèle avec la destinée de Sim les points de vue des protagonistes sur des scènes qui se sont déroulées des décennies plus tôt; mais qui auront été déterminantes pour comprendre le présent.

L'intrigue de Jonathan Coe avance de manière intelligente et surtout très singulière, et l'introspection de Max progresse en étant toujours surprenante et rythmée.

On s'attache férocement à ce personnage complètement perdu mais capable de percevoir une relation unique entre une mère chinoise, et sa fille, une complicité qu'il enviera tout au long de son périple car il n'en jamais connu de semblable avec personne.

Un très grand personnage de roman pour un livre qui l'est tout autant...Chapeau, Monsieur Sim, enfin je voulais plutot dire, chapeau Monsieur Coe!!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          150
Tout commence par un article de journal où on apprend qu'un VRP a été retrouvé nu dans sa voiture bloquée par la neige sur une route au nord de l'Ecosse. A ses côtés on a trouvé deux bouteilles de whisky vides, deux cartons renfermant 400 brosses à dents et un grand sac-poubelle rempli de cartes postales d'Asie. Il s'agit de Mr Maxwell Sim, 48 ans, domicilié à Watford, en Angleterre, spécialiste de produits d'hygiène bucco-dentaire écologiques pour une société mise en liquidation le jour même.

C'est de la vie intime de ce Max Sim, un type des plus banals, dont il est question tout au long de ce roman que j'ai trouvé éblouissant et jubilatoire, un grand moment de lecture.
Le héros n'est qu'un pauvre homme en pleine crise identitaire, frôlant la dépression et souffrant de solitude après l'éloignement de tous les siens. Sa femme l'a quitté avec sa fille, sa mère est décédée très jeune, son père est la froideur même et son meilleur ami lui en veut pour avoir fait du mal à son fils. Lui-même, bien sûr, ne s'aime pas et il est en passe de perdre aussi son travail.
Caricature du loser? Sûrement! Il cumule tous les clichés: il échoue dans tout ce qu'il fait et son départ d'Australie où il devait se réconcilier avec son père en est l'exemple type. Malgré de belles rencontres dues au hasard généreux ce jour-là, les belles promesses s'envolent aussitôt avec la mort subite de son voisin à qui il racontait sa vie, avec le vol de son portable où était enregistré le numéro de la belle et généreuse, Poppy, la nièce de Clive. Très important Clive! Très!
Bon ce n'est que la goutte d'eau du début de l'action mais il y a tant d'épisodes romanesques à la fois fantasques et réalistes dans ce roman… qu'il faudrait copier le paragraphe final qui résume l'essentiel de l'intrigue, de l'avis même de l'écrivain, celui qui prenait l'avion pour la Russie, au tout début… Et des personnages tous plus ou moins drôles, ayant un lien avec le passé ou l'avenir de Mr Sim, ce n'est pas ce qui manque ici. Ils foisonnent. L'auteur a pris plaisir à les créer et à jouer avec eux. A l'origine comme à la fin , ce beau couple de la chinoise brune et de sa petite fille blonde qui semblent si heureuses en jouant aux cartes, au restaurant de la plage, le deuxième samedi de chaque mois.
Mais l'auteur se voit aussi en tueur en série: ne fait-il pas mourir ses personnages quand il le veut?
Cependant, il ne faut pas se tromper, c'est le lecteur qui est au coeur de ce brillant récit satirique, dans un monde occidental très déstabilisé par les nouvelles technologies et les bouleversements sociaux des années 2010. le romancier, de son propre aveu, est le marionnettiste qui manipule et tire les ficelles. . Il rappelle cette évidence que c'est lui le maître, l'artiste qui crée ses propres acteurs et les fait disparaître à volonté, d'un simple claquement de doigts. Il ne faut surtout pas rater la fin, pirouette inattendue mais logique qui me satisfait pleinement puisqu'elle justifie le triomphe de l'art en somme. Imagination débridée, drôleries, surprises, humour, tout m'a enchanté et surtout l'optimisme qui finalement se dégage d'une histoire qui semblait devoir mal se terminer.

Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          130
Pour être honnête, j'ai lu ce livre en 2012 ou 2013. Mais il m'a marqué car à plusieurs reprises, dans des conversations (professionnelles) j'en ai fait référence et nous avons partagé joyeusement ce livre.
Je n'ai jamais vu Jonathan Coe comme un gai gai luron, mais ce livre est d'un humour très décalé, et dans l'absolu et dans le genre de l'auteur.
Ce Mr Sim est d'une médiocrité indescriptible. Et l'exercice de J. Coe est de le décrire, de le faire vivre... sous nos yeux de lecteurs. A chaque page, j'ai eu envie de le piler sur place ce M. Sim. Et tout désopilant qu'il soit, j'ai continué la lecture en souhaitant vivement qu'il lui arrive une grosse tuile. le génie de J. Coe dans ce livre est qu'il n'y a pas de grosse tuile. Que des petites "merdes", bien toutes médiocres. Tout le talent est de nous tenir en alerte avec un personnage si crotteux. La pérégrination sur les routes d'Angleterre et d'Ecosse est également géniale, complètement désabusée. Et là encore, tenir le lecteur en alerte et avec le sourire, pour nous faire vivre tant de médiocrité, tant de fadaise, tant de platitude. Bravo. Quel talent !
Je me demande même si ce n'est pas mon "préféré" parmi ceux que j'ai lus (je n'ai pas tout lu non plus).
Commenter  J’apprécie          124
Voilà, la 465è page est tournée et je suis sous le charme de cette écriture très particulière de Jonathan Coe. Et Mr. Sim me manque déjà...

Jonathan Coe n'a pas son pareil pour décrypter les rapports humains. Un trait qu'il partage avec d'autres grands auteurs. Et en plus, il parsème sa prose de thèmes terriblement contemporains, actuels.

Je ne vais pas essayer de commettre un crime de lèse-pitch, et me lancer dans un résumé... D'autres l'ont fait sur Babelio, mieux que je ne le pourrai (vu que je suis toujours dans l'émotion).

Oui, émotion... le roman commence comme un Coe assez traditionnel. Un loser, une écriture caustique, décalée. le lecteur peut à loisir se moquer de cet homme qui rate tout et se retrouve nulle part à 48 ans. Puis, peu à peu, du lecteur spectateur, on arrive à la position du lecteur empathique. Compatissant, mais pas seulement. Maxwell Sim, j'ai eu envie de lui parler plusieurs fois. de l'aider, de lui dire que la vie est belle et qu'elle vaut la peine.

Le récit va nous plonger dans les affres de la nostalgie. de l'altermondialisme aussi. Des rapports humains. Je l'ai déjà dit. Mais aussi des rapports à soi. Maxwell Sim va en apprendre sur lui en lisant la prose de sa femme, d'une presque ex-petite amie et de son père.

Et sans crier gare, avec un art consommé du miroir aux alouettes, Jonathan Coe bombarde le lecteur avec la folie sous-jacente à la dépression.

Ouh là... C'est sombre, donc? Non. Ce n'est pas non plus du comique troupier. C'est du ... Coe.

Vient le moment de finir... Happy end vs. sinistrose... le choix est dantesque. Coe biaise et nous sert une fin en mille-feuilles. On glisse vers le dénouement heureux. Tout s'arrange. Coe nous fait la leçon, en quelque sorte, se prendre en main, s'autoriser à agir, ne pas attendre mais se dire qu'il n'est jamais trop tard pour (bien) faire... Tout cela est contenu dans la dernière section. Mais Maxwell Sim n'est pas allé assez loin dans ce processus. Il y a encore du travail. C'est alors que Jonathan Coe plante sa dernière banderille... j'ai tellement été scotché que j'ai du mal à ne pas tout dévoiler... Bon, je me tais, mais les 10 dernières pages valent leur pesant de chips oignons-crème aigre. A de multiples reprises dans son roman, Coe avait abordé le processus d'écriture... Magistral.

J'ai dit "roman"? Coe met le mot "conte" dans la bouche d'un protagoniste. Il a bien raison.
Commenter  J’apprécie          122
Le contexte, la toile de fond de ce roman, c' est le monde d'aujourd'hui, ses multiples et nouveaux modes de communication qui influencent et modifient les relations humaines. En contact avec une multitude de "pseudos" grâce aux forums, aux réseaux sociaux .... où en sommes-nous des vraies relations humaines ?
J'ai bien aimé ce personnage un peu paumé, un peu raté mais attachant et tellement seul.... au point d'en tomber amoureux de son GPS !
Un humour anglo saxon assez inimitable et puis la fin ! quelle surprise ..... le roman dans le roman ...... l'écrivain qui raconte l'écrivain ..... superbe idée, dernière pirouette.
Commenter  J’apprécie          110
Très grand livre d'une remarquable finesse psychologique, que j'ai lu en anglais.
Le début est sans doute lent et déroutant et ja'i failli abandonner à la page 50, tant la vie de ce personnage sans charisme est terne et consternante d ebanalité. Puis, comme souvent chez Coe, l'histoire s'accélère et gagne en rythme et en suspense pour devenir passionnante et hypnotique. Pour paraphraser le correcteur de ma copie d'économie de SciencesPo: un livre "qui finit mieux qu'il ne commence" mais que je recommande sans hésitation:un véritable "page turner"
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (2572) Voir plus



Quiz Voir plus

La pluie, avant qu'elle tombe

A quel âge est morte Rosamond?

71
72
73
74

15 questions
62 lecteurs ont répondu
Thème : La pluie, avant qu'elle tombe de Jonathan CoeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..