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EAN : 9780050119334
Editions Rombaldi (10/01/1965)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Poèmes / Salvatore Quasimodo
illustrations originales de Met Ivers
traduction par Pericle Patocchi
Auteur
Quasimodo, Salvatore

La "petite histoire" de l'attribution du prix Nobel à Salvatore Quasimodo / par ... Kjell Strömberg, ...
Discours de réception prononcé par Anders Österling, ... lors de la remise du prix Nobel ... à Salvatore Quasimodo le 10 décembre 1959 La vie et l'oeuvre de Salvatore Quasimodo
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Salvatore Quasimodo (1901-1968, prix Nobel de littérature en 1959) fut un poète italien né en Sicile. L'évocation des paysages de son île natale parsème ses textes et permet au poète d'imprimer une atmosphère initiale au poème - à l'instar d'une illustration qui agrèmenterait un roman. Quasimodo fut aussi un traducteur de grec ancien, il était imprégné de cette culture d'une Méditerranée antique.
La fiche Wikipedia sur l'auteur nous précise ceci:
"l'une des grandes figures de l'hermétisme contemporain, un « ermetismo » naturel à l'italienne, émergeant des grands mythes ancestraux de son île, la Sicile. "
Les évocations hermétiques prennent une place prépondérante surtout dans ses oeuvres de jeunesse:

"Tyndare, je sais ta douceur
entre de larges coteaux, suspendu
sur les eaux des sereines îles d'Éole,
aujourd'hui tu m'assailles
et te penches en mon coeur.
Je gravis les sommets d'aériens précipices
pensif au vent des pins,
et la bande qui légère m'accompagne
s'éloigne dans l'air,
vague de sons et d'amour ......."
(Vent à Tyndare)

Les références chrétiennes, voire christiques, sont fréquentes:

"Tu me trouve désert, Seigneur, en ta journée
-banni de toute lumière.
...."
(Le jour se penche)

Sa poésie reste abstraite, la signification de certains poèmes étant franchement difficiles dans certains cas. La traduction (de Pericle Patocchi) bien qu'excellente n'aide pas parfois, parce que l'on perd le travail sur les allitérations, assonances et autres sonorités qui souvent servent le sens d'un texte.

Ceci dit, au fil du temps, le poète devient plus précis, et il ressent le besoin d'exprimer le réel de manière plus appuyée. L'époque de Quasimodo, c'est deux guerres mondiales, comment aurait-il pu rester dans une position d'esthète pendant et après les horreurs du deuxième conflit ? Les camps de concentration, les images brutes de scènes macabres sont évoquées de manière précises, comme dans le long poème "Auschwitz" (recueil "Le faux et le vrai vert"):

"Là-bas, à Auschwitz loin de la Vistule,
mon amour, le long de la plaine nordique,
dans un champ de mort: la pluie
est froide et funèbre sur les poteaux
que ronge la rouile...
...........
De cet enfer qu'ouvrait une blanche inscription:
Le travail vous rendra libre
s'échappa longuement la fumée
de milliers de femmes extraites
au point du jour des chenils et poussées
contre le mur du stand,
ou bien suffoquée sous les douches à gaz
tandis que leurs bouches de squelettes hurlaient
miséricorde à l'eau
.............."


Tous les poèmes de l'ouvrage que j'ai lu exprimaient de la mélancolie et se concluaient en laissant une certaine tristesse à l'esprit, voire carrément une impression macabre. Je prends la fin d'un poème au hasard:

"leurs tombes s'engloutissent dans les cendres,
les oiseaux noirs, le vent, couvrent leur coeur."
(Homme de mon temps)


J'ai trouvé sa poésie certes mélancoliques, mais aussi parfois émouvante, comme "Lettre à ma mère":

"Je sais
que tu ne vas pas bien, que tu vis
comme toutes les mères des poètes
pauvre et juste
dans la mesure d'amour pour tes fils éloignés.
Aujourd'hui c'est moi qui t'écris.
Enfin - diras-tu - deux mots de cet enfant
qui s'échappa la nuit avec un manteau court
et quelques vers dans sa poche.
Pauvre, le coeur si prompt,
on le tuera un jour quelque part."


Vous l'aurez compris, la poésie de Salvatore Quasimodo ne respire franchement pas la joie de vivre. Mais quels sentiments auraient pu toucher l'hypersensibilité du poète qui a vécu le séisme de Messine en 1908 (il en parle dans "Pour mon père") , le fascisme, la 2e Guerre Mondiale et son cortège d'horreurs ? L'ouvrage que j'ai lu est exactement celui de la photo de la fiche, tiré de la collection des Prix Nobel de Littérature, une vieille publication de feu les éditions Rombaldi, agémenté des très évocatrices illustrations de Mette Ivers.Allez, je suis sympa, en citation je vais retranscrire un ou deux poèmes un peu moins déprimants.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
DANS L’ANTIQUE LUMIÈRE DES MARÉES
  
  
  
  
Cité sur l’île
engloutie dans mon cœur,
voici je descends
dans l’antique lumière des marées
près de sépulcres au bord
d’une eau qui dégage sa joie
d’arbres rêvés.

Je m’appelle : un son se mire
en un écho d’amour et son secret est doux,
un frisson de larges écroulements d’air.

Quelle lassitude de renaissances précoces
s’écoule en dedans !
Toujours la même peine d’être à moi
au sein d’une heure au-delà du temps.

Et je sens dans la jalouse
pulsation de veines végétales
tes morts devenus
moins profonds :

une respiration assidue des narines.
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DÉJÀ LA FLEUR MAIGRE S’ENVOLE
  
  
  
  
Je ne saurai rien de ma vie,
sang monotone obscur.

Je ne saurai qui j’aimais, qui j’aime,
maintenant que reclus et réduit à mes membres,
au vent pourri de mars
j’énumère les maux des jours déchiffrés.

Déjà la fleur maigre s’envole
des branches. Et j’attends
la patience de son vol irrévocable.
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Tu as entendu le cri du coq dans l'air
par-dessus les murs, au-delà des donjons
couverts d'un jour glacial pour toi inconnu
- cri fulgurant de vie, et tu as écouté
un bruissement de voix dans les cellules,
l'appel d'oiseau de la ronde avant l'aube.
Tu n'as point proféré des paroles pour toi:
tu étais désormais dans un cercle exigu,
et l'antilope et le héron se turent
perdus dans un souffle de fumée maligne
talismans d'un monde à peine éveillé.
Et la lune de février passait ouverte sur la terre,
mais elle n'était qu'une image allumée
dans ta mémoire, à son propre silence.
Et toi aussi longeant les cyprès des remparts
tu pars maintenant sans bruit: en ce lieu la colère
s'apaise dans le vert des jeunes morts,
et la pitié lointaine est presque de la joie.

"Depuis les remparts de Bergamo Alta", Jour après jour (1947)
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À LA NUIT
  
  
  
  
De ta matrice
je monte sans mémoire
et pleure.

Des anges marchent, muets
avec moi ; les choses
n’ont pas de respiration; toute voix
est devenue pierre,
silence de cieux engloutis.

Ton homme premier
ne sait, mais il souffre.
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OUBLIEUX DE LA MORT
  
  
  
  
Le printemps soulève arbres et fleuves,
perdu en toi
je n’entends guère, mon aimée,
sa voix profonde.

Oublieux de la mort
épousés dans la chair
le vacarme du dernier jour
nous réveille adolescents.

Personne n’écoute
combien léger respire le sang !

Devenue branche
ma main fleurit
sur ta hanche.

Au fil de l’air les animaux
naissent des plantes,
des eaux, des pierres.
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