AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781145145399
324 pages
Nabu Press (22/02/2010)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Publiée en 1836, Fleurs du midi est une œuvre poétique de Louise Colet.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Fleurs du midiVoir plus
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Portrait.


Extrait 2

Là, lorsqu'ils ont vidé Champagne et malvoisie,
En le proclamant tous roi de la poésie.
Ils ceignent de lauriers l'heureux amphitryon ;
Et lui, mauvais acteur, né pour être comparse,
Qui peint le sentiment comme on peindrait la farce,
Se croit aussi grand que Byron !

Je ne sais si les chants que son luth criard vibre,
Ont de son faible esprit dérangé l'équilibre ;
Mais lorsqu'il fit gémir la presse et l'éditeur,
Sans l'avoir demandé, j'ai reçu son ouvrage,
Avec ces mots écrits sur la première page :
« Offert par la main de l'auteur ! »

Puis, comme je cherchais au fond de ma province,
Un éloge à la fois poli, mais assez mince,
Pour cet enfant mort-né, sans vie et sans chaleur,
Pour ces vers secs et durs, qu'un âne semble braire,
J'ai reçu tout-à-coup de Lafont, son libraire,
Un mandat, dont je viens d'acquitter la valeur.
Commenter  J’apprécie          90
Réponse à un poète

Comme un astre luit sur la terre,
Sans que sa lumière s’altère
Aux feux obscurcis d’ici-bas;
Ou, comme ces vagues lointaines,
Qui, jamais n’ont baigné les plaines
Que l’homme foule sous ses pas :

Heureuse est ton âme, ô poète!
L’univers entier s’y reflète,
Ton regard plane dans les deux,
Et de ces sphères, qu’il explore,
Il n’a pas vu surgir encore
Les rayons d’un jour soucieux.

À ta voix, toujours ingénue,
L’hymne de deuil est inconnue;
Pour toi la vie est dans sa fleur;
Et sur ton front pur et candide,
On ne voit pas encore la ride
Que creuse, en passant, la douleur.

La muse que tu t’es choisie,
Source de toute poésie,
Inspira mes accords naissants;
À ses foyers, où tu t’embrases,
Au sein des plus pures extases,
Ma lyre enflammait ses accents.

J’évoquais, dans leur harmonie,
Dieu, la nature, le génie;
Ces trois déités que tu sers!
Le monde idéal de mes songes,
Était le même où tu te plonges
Pour créer tes chastes concerts.

Là, m’enivrant comme l’abeille,
Qui boit les parfums, puis sommeille
Dans les calices dépouillés;
J’errais de richesse en richesse,
Et par des larmes de tristesse
Mes yeux n’étaient jamais mouillés.

Mais, quittant sa céleste orbite,
Sur ce globe que l’homme habite
Mon étoile sembla pâlir :
Ici, plus d’ineffable joie;
Je n’ai pas trouvé sur ma voie
Une seule fleur à cueillir.

Voilà pourquoi mon âme est triste :
Hélas ! des banquets où j’assiste
Si je savoure la liqueur,
La coupe, où je cherche l’ivresse,
N’offre à ma lèvre qui la presse
Rien de ce qu’a rêvé mon cœur!

Dans ce monde, où j’ai voulu lire,
Ne va pas, enfant de la lyre,
Abattre ton vol radieux :
Ah ! sur cette terre inféconde,
Il n’est point d’écho qui réponde,
À nos accents mélodieux!
Commenter  J’apprécie          40
Heureux qui voit la mort



extrait 5

Alors, restant pensive, enivrée, et sans voix,
L'hymne fuyait mon cœur, le luth quittait mes doigts,
Par la réalité, lorsque l'âme est saisie.
Trop faibles sont les mots, vide est la poésie ;
Qu'est le chant de la lyre à côté d'un beau jour ?
La gloire et l'avenir, qu'est-ce, auprès de l'amour ?
Ainsi, l'âme plongée en une molle ivresse,
Des peuples d'Orient j'ai compris la paresse ;
Jouissant par la vue, admirant par les sens,
Ils prennent en pitié tous nos arts impuissants ;
Ils ne contraignent pas une langue rebelle
À peindre froidement la nature si belle !
Ils nous laissent les champs de l'idéalité,
Et nos rêves, pour eux, sont la réalité.

                                                                   1836
Commenter  J’apprécie          40
Rêve

Ô mes auteurs chéris, vous qui, lorsque je pleure,
Me consolez toujours, m’entourez à toute heure,
Vos écrits ont calmé mes pensers dévorants,
Et je vous aime tous, en amis, en parents!…

Dans mes rêves brillants, fils de la poésie,
Je vois s’ouvrir pour moi votre foule choisie;
Votre voix m’encourage, et je vous dis comment
Ma jeunesse a passé de tourment en tourment :
Comment, sans qu’un ami soit venu leur sourire,
Je fis mes premiers vers sans savoir les écrire;
On m’interdit l’étude, ainsi que l’on défend
Le jeu, qui le distrait, au paresseux enfant.
Et je cachais à tous, comme on cache des crimes,
Les désirs du poète et ses penchants sublimes!…

Alors, comme un tribut pour ce que j’ai souffert,
Le laurier triomphal par vos mains m’est offert.
Commenter  J’apprécie          30
L’inspiration

Ah! lorsque débordait ainsi la poésie,
Torrent impétueux, brûlante frénésie,
Dans mon âme vibraient d’indicibles accords;
Comme sous l’ouragan bat la vague marine,
Sous la muse mon cœur battait dans ma poitrine,
Mais ma lyre jamais n’égalait mes transports!…
Par l’inspiration je restais oppressée,
Comme la Druidesse au sommet du Dolmen;
J’implorais, pour donner un corps à ma pensée
Ton langage éthéré, musique, écho d’Eden!

Il est des sentiments, mystérieux, intimes.
Qu’aucun mot ne peut rendre, et que toi seule exprimes;
Ces rêves, incompris du monde où nous passons,
Ces extases d’amour, d’un cœur qui vient de naître,
Alors, j’aurais voulu, pour les foire connaître,
Moduler sous mes doigts de séraphiques sons!

J’aurais voulu, penchée à la harpe sonore,
Répandre autour de moi l’âme qui me dévore,
Dans des flots d’harmonie aux anges dérobés!
Oui, j’aurais voulu voir, quand mon âme est émue,
Tous les cœurs palpitants, d’une foule inconnue,
Sous mes accents divins demeurer absorbés!

Vains désirs ! jeune aiglon, on a coupé mes ailes,
On a ravi mon vol aux sphères éternelles,
Pour me faire marcher ici-bas en rampant!
Si la Muse, parfois, vient visiter ma route,
Mon chant meurt sans écho, personne ne l’écoute;
Et l’hymne inachevée en larmes se répand!
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Louise Colet (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louise Colet
Louise Colet, son récit de la Commune dans l'Anarchie des esprits aux éditions ardemment
autres livres classés : poésieVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}