Un petit délice à croquer ! La plume de
Colette offerte à nos amis à 4 pattes ne pouvait donner qu'un récit charmant et croustillant.
Les dialogues mettent en exergue le comportement bien différent du chien et du chat. Alors que kiki- la-doucette ne supporte pas la moindre des obligeances,Toby le chien , lui se plie en quatre pour assouvir les moindres exigences de sa maîtresse tant aimée.
On ne peut qu'admirer le talent de
Colette, grande amoureuse des bêtes, pour avoir si bien cerné les caractéristiques de l'un et de l'autre.
J'avoue que j'ai un faible pour les
chats et je me suis délectée dans le personnage de Kiki-la-doucette bien que j'ai souvent compati au sort de Toby devant supporter à la fois sa maîtresse et ce taquin de chat.
Des passages chargés d'humour mais aussi de poésie j'ai adoré la scène auprès du feu par exemple :
Je donne la parole à kiki-la-doucette : “On dirait que je dors, parce que mes yeux s'effilent jusqu'à sembler le prolongement du trait velouté, coup de crayon hardi, maquillage oriental et bizarre, qui unit mes paupières à mes oreilles. Je veille pourtant. Mais c'est une veille de fakir, une ankylose bienheureuse d'où je perçois tout bruit et devine toute présence...Mes yeux privilégiés, Feu, te contemplent mieux lorsque je les clos, et je puis compter les essences diverses que tu mêles en bouquet étincelant. Voici, flamme mauve, bleue et brûlante, l'esprit d'un rameau de thuya. Hier encore, cette branche, qui tord son squelette délicat de ramille, berçait sur l'allée son ombre plate en plumeau ; Elle l'a tranchée d'un coup de sécateur, pourquoi ? Peut-être pour que s'exhalât son âme mauve et bleue et brûlante ? Car elle se plaît comme moi à ta danse, Feu, et châtie ton repos d'une pincette sévère. Que lit-Elle la tête penchée, et les bras glissés le long d'Elle, dans ton coeur compliqué comme une rose embrasée ? J'ignore. Elle sait beaucoup, assurément, mais moins qu'un Chat.”
Le chien est tout à fait en admiration pour Elle, sa maîtresse.
Toby-chien : “La voici. Elle a quitté son fauteuil de paille: étiré ses bras gracieux, et je lis l'espoir d'une promenade dans le mouvement de sa robe. Tu la vois, derrière les rosiers ? Elle casse de l'ongle une feuille de citronnier, la froisse et la respire... Je lui appartiens. Les yeux fermés, je devine sa présence...”
Comme tout animal domestiqué à outrance nos deux compères ne vivent que pour la pitance, la sieste et caresse... ce qui donne des dialogues souvent loufoques mais tellement vrais !
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