Je n'ai pas lu grand-chose de Colette et le peu que j'ai lu ne pas plu. Loin de moi, l'idée de remettre en cause la beauté de l'écriture, mais pour moi, cette écriture très ( trop) travaillée donne un côté artificiel aux récits et aux sentiments des personnages ( cela ne me gène pourtant pas chez les auteurs plus anciens). Mais dans dialogues de bêtes, l'écriture soignée et poétique, était un plus, peut-être parce que cela mettait en scène des animaux. J'ai aimé certaines choses : l'écriture, l'humour, le portrait du chien et du chat qui met bien en évidence l'amour inconditionnel du chien pour sa maîtresse ( même lorsqu'elle le repousse ou l'insulte), et l'indépendance du chat, qui bien que très attaché à son maître a d'abord en tête son bien-être à lui et n'est pas prêt à tout accepter.
J'ai moins aimé certains passages, notamment ceux qui s'attardent sur Elle ( la maîtresse) , notamment dans Toby-chien parle et surtout je trouve que l'on reste sur sa faim, il manque un ou deux chapitres qui permettraient de clore l'histoire.
Deux des dialogues( qui ne mettent pas en scène Toby et Kiki), "celle qui en revient" et "la chienne" ( qui n'est pas un dialogue) m'ont beaucoup plu, plus tristes et plus axés sur la relation animal-maître.
Petit détail, mais je ne comprends pas pourquoi kiki la doucette ( drôle de nom pour un male) est désigné comme un chat des chartreux alors qu'il s'agit d'un angora rayé.
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Personnellement mon édition n comprend 10 dialogues et deux nouvelles narrées. 9 des dialogues sont entre Toby chien et Kiki la doucette, un chat. Plein d'humour, ils sont très expressifs et plein de tendresse. En arrière plan se trouvent Elle et Lui, les maîtres perçus par leurs animaux. C'est savoureux. J'aime moins les 3 récits avec des personnages différents.
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Je relis souvent Colette, son écriture n'a pas pris une ride, le charme envoutant de sa plume m'ensorcelle et agit viscéralement sur mes sens.
Je hume « l'odeur des taupes enchevêtrée à celle des lièvres », j'admire le feu « Que tu es beau ! Ton centre plus rose darde des lambeaux d'or, des jets vifs d'air bleu », j'éprouve la migraine « mes veines sont des vipères convulsées et je ne sais quel gnome forge dans ma cervelle », je « rivalise en bonds, en voltes, en tourbillonnements fols, avec les feuilles », je goûte, j'entends, je vis.
Colette me transporte et m'émerveille toujours.
Anthropomorphisme et humour tendre en sus.
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Colette avait d'abord publié en 1904 quelques-uns de ces dialogues. Ce n'est que vingt-cinq ans plus tard que sera éditée la version définitive, en comportant douze.
Dans " Mes apprentissages", Colette a expliqué l'origine de ce livre :" J'avais un bouledogue, Toby-chien, un long chat angora, Kiki-la-doucette. Inestimable compagnie des bêtes familières...elles ne me quittaient pas."
C'est d'amour , en effet, qu'il est surtout question dans cette oeuvre. Amour des deux animaux envers leurs maîtres , amour de l'auteur envers ce chat et ce chien, acteurs à part entière de ces saynètes du quotidien.
Mais chut! Entrons doucement dans ce monde particulier, où Toby-chien, le bull, vient de s'éveiller , et où Kiki-la-doucette, le chartreux, fait semblant de dormir...
Des le premier texte, " Sentimentalités", les personnalités très différentes des deux animaux sont révélées, observées avec justesse. Toby-chien est attaché passionnément et douloureusement à Elle:" Son pas m'enchante, ses yeux variables me dispensent le bonheur et la tristesse." Kiki-la-doucette a accordé sa préférence à Lui:" C'est à Lui que j'ai donné mon coeur avare, mon précieux coeur de chat. Et Lui, sans paroles, m'a donné le sien."
Les caractères , les contradictions, les faiblesses du chien et du chat s'affirmeront de plus en plus, au fil de ces chroniques qui jalonnent des événements marquants pour eux.
Leurs dialogues sont inventifs, savoureux, drôles, émouvants. Et quelle richesse d'expression de leurs ressentis! Une richesse que l'on devine, dans leur langage propre, quand on vit soi-même avec des animaux...
J'aime tout dans ce livre, mais certains passages m'ont marquée, comme cet éloge que chacun rend au feu, magnifique de poésie et de vérité.
C'est un bijou d'humour, de sensibilité, de délicatesse, et je conclurai par une citation de Francis Jammes . Parlant de Colette, il écrit:" une dame qui chante avec la voix d'un pur ruisseau français la triste tendresse qui fait battre si vite le coeur des bêtes"...
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