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sur 573 notes
On le sait, Colette était une fervente admiratrice des félins, au point d'écrire en leur compagnie, et, surtout, de les transposer dans ses romans. Ce court texte est d'abord paru, d'avril à juin 1933, sous la forme d'un feuilleton dans le journal Marianne. le livre sortit en septembre de la même année. Les critiques furent divisées. Il faut dire qu'au premier abord, l'histoire semble un peu ridicule : Camille, jeune épouse est jalouse de Saha, la chatte de son mari Alain, car celui-ci y prête un peu trop d'attention à son goût. Elle en arrive à vouloir la tuer... Alain supportera-t-il cet affront ?

Bien évidemment, il ne faut pas en rester là. Ce texte est bien plus profond que ça. le mariage de ces deux personnes a été arrangé. Alain n'est pas heureux dans son couple, lui qui se refuse à grandir. Sa jeune épouse lui fait peur. Elle est trop moderne, trop sexy pour quelqu'un de si peu sûr de lui. Son compagnon à quatre pattes représente un monde dans lequel il voudrait se réfugier, celui de son enfance. Et c'est justement ce que ne comprend pas Camille qui traite le félin comme une rivale sans se rendre compte qu'elle ne représente aux yeux de son époux qu'un passé révolu, "une chimère" selon la mère d'Alain.

Ce texte est d'autant plus intense qu'il se déroule pratiquement à huis-clos. Toute l'intensité dramatique est là. Si les personnages sont réduits à l'essentiel, les actions sont rapides : on observe, on agit. Et n'est-ce pas mimétique de l'écriture de Colette ?
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Alain a accepté ce mariage de convenance avec Camille , lui qui ne peut vivre ailleurs que dans la maison familiale auprès de sa chatte Saha. Car entre Alain et Saha se joue une véritable histoire d'amour.
Un petit appartement triangulaire, leur ‘nid' comme l'appelle Camille, est le décor de ce huis clos étouffant. Alain et Camille ne communiquent plus que par non-dits, Saha dépérit progressivement. Jusqu'au moment où…

Ce roman très court décrit les affres de la jalousie, même si nous avons ici dans notre triangle amoureux un couple et un chat. Colette a su parfaitement mettre en mots les relations qui s'établissent entre un humain et un animal (au point où parfois les relations maître – animal sont inversées).


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« Déjà elle embaumait la menthe, le géranium et le buis. Il la tenait confiante et périssable, promise à dix ans de vie peut-être, et il souffrait en pensant à la brièveté d'un si grand amour.
- Après toi je serai sans doute à qui voudra... A une femme, à des femmes. Mais jamais à un autre chat. »
Alain vénère Saha, une chatte de la race des chartreux qui partage son coeur et son jardin de verdure. Il passe son temps à la cajoler et à s'extasier sur sa majestueuse beauté. Rien n'est trop beau ni trop bon pour cet animal qu'il gâte outrageusement. Un comportement qui n'est pas du goût de Camille, la jeune fille qu'il vient d'épouser. Si cette dernière est follement éprise de son jeune mari, Alain lui préfère de loin sa tendre et silencieuse Saha. Le jeune homme de 24 ans, oisif et très infantile, voit avec effroi son univers douillet se fissurer par la présence bien trop envahissante de cette jeune femme épousée suite à un arrangement entre familles du même milieu social. Un bancal ménage à trois va se mettre en place, la chatte prenant de plus en plus de place dans cette union boiteuse qui ne tient qu'à un fil. Camille va prendre en grippe sa féline rivale et tenter de l'écarter de son chemin par tous les moyens.
Qui remportera la mise ? La femme amoureuse ou la chatte ?

C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve la plume poétique et inimitable de Colette dont j'ai dévoré les écrits quand j'étais adolescente. Cruel et délectable à la fois, ce court roman qui nous raconte l'histoire d'une passion exclusive et dévorante entre un homme et son félin n'a rien perdu de sa justesse et de son originalité. Avec une grande subtilité, l'auteure dissèque à la perfection les affres de la jalousie et les liens étroits et privilégiés que peuvent entretenir un animal et son maître. Voilà un récit dérangeant (car comment l'être humain qui croit en sa suprématie pourrait-il songer ne serait-ce qu'un instant d'être détrôné par une bête ?) mais ô combien réaliste !

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Je m'appelle Saha, je suis une chatte de la race des Chartreux, et j'adore mon maître: Alain. Jusqu'ici, je coulais des jours heureux dans sa maison d'enfance , je vagabondais dans le jardin, et nous nous retrouvions , complices, je dormais la nuit dans sa chambre. J'étais " son pigeon bleu", " son démon couleur de perle"...

Mais " elle", l'étrangère , est venue troubler notre beau lien, cette Camille qu'il va épouser. Je sais qu'il ne l'aime pas vraiment, il n'aime que moi. Il comprend mon langage, et il m'admire , moi, " une petite créature sans reproche, bleue comme les meilleurs rêves, une petite âme." Mais pourtant, mon maitre m'a abandonnée, pour aller vivre ailleurs....

... pas longtemps! Je dépérissais, il m'a emmenée chez lui. Et alors...terrible confrontation avec ma rivale. Rien ne se glissera jamais entre mon maitre et moi, rien ni personne!

Avec un sens aigu de l'observation, Colette livre une histoire intense, passionnelle et cruelle, où animalité et humanité se mêlent, Saha , la belle chatte orgueilleuse n'étant pas forcément la plus animale des deux ennemies!
Je garde l'image de Saha, tout en élégance, possessivité et mystère.



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Elle est belle, bien sûr, cependant il lui trouve le cou un peu trop court, il n'aime pas le parfum qu'elle met et « qui la vieillit », et puis, la première nuit de noces, elle n'a aucune pudeur, on dirait qu'elle aime ça et qu'elle en redemande. Déjà, fiancés, elle mendiait des baisers-sur-la- bouche, pire, elle en tenait la comptabilité.

Il lui en veut du plaisir qu'il lui donne.

Colette le dit avec des mots beaucoup plus fins, mais elle le dit. Camille n'émeut pas Alain, ce qu'elle affirme ne le touche pas, il est révulsé à la vue d'un cheveu noir laissé sur le lavabo, quand elle prétend le connaître, il sait que non, il s'efforce, pourtant, il essaie, il se tempère, évite les éclats et les disputes…
Et puis il y a Saha, la chatte, son amour de chatte, avec qui il communique et dont il comprend tous les Me-rroin. Elle, il l'aime, et son amour est partagé, au point que Saha se laisse mourir quand il part dans un autre appartement avec Camille. Elle reste dans le jardin où elle chasse, petite lionne féroce qui s'oublie à son animalité. Et qui essaie pourtant de se maitriser pour se rapprocher le plus possible de l'humain (comprenons : d' Alain). Elle chasse une mésange, “ Assise, les pattes jointes, son jabot de belle femme tendu » Alain la caresse au moment où elle va maitriser son instinct félin, alors la chatte le mord brusquement « pour dépenser son courroux ».
Mais contre toute attente, cet accès de sauvagerie contribue moins à ravaler Saha au rang d'animal qu'à rapprocher, par le biais de la sexualité, l'homme de la bête. « Il regarda sur sa paume deux petites perles de sang, avec l'émoi coléreux d'un homme que sa femelle a mordu en plein plaisir ».
C'est elle, la femme, depuis le début, et Camille, l'intruse, l'étrangère. Lorsque Camille parle du futur « nid » (essai de se rattraper en animalité ?) Alain et Saha préfèrent fermer les yeux, ensemble. C'est Saha, la pudique, qui essaie de cacher sa propre passion pour Alain, discrète, digne, aimant inconditionnellement, exclusivement, patiente, empressée à ne pas lui déplaire. Il souffre en pensant à la brièveté d'un si grand amour», il lui répète des litanies passionnées « Mon petit ours à grosses joues », « mon pigeon bleu », « démon couleur de perles » ou bien : « mon petit puma, ma chatte des cimes, ma chatte des lilas ».


Entre Camille et Alain, les non dits s'accumulent : il lui préfère son ombre, il la juge, et se repait des critiques qu'il entend sans être vu de la part des domestiques. le parfum ! Entêtant !Et puis l'impudeur ! Rédhibitoire ! Quand on sait combien l'odorat des chats est développé !

L'incompatibilité, à défaut de guerre, est déclarée, seuls des mots échappés et regrettés surnagent du silence. le joli couple, uni par le désir, fondu dans le plaisir, cache des sentiments plus noirs. Elle s'habille de blanc pour susciter le compliment : « ma petite mouche dans du lait », oublieuse du fait que le lait, oui, Saha boit le lait.


Colette partageant elle aussi la complicité avec les chats, sait que les paroles humaines ne sont pas nécessaires lorsqu'une entente supérieure, une transmission de pensée presque divine lie deux êtres. Alain, comme Colette, « parle » chat, il savoure la beauté du silence, aussi.
Elle a écrit « La chatte » en compagnie de la « chatte dernière », irremplaçable et pas remplacée, comme dit Alain à Saha : jamais un autre chat que toi »Camile est trop « normale », presque quelconque, elle ne comprend rien, elle se croit supérieure, elle se rebiffe: sa naïveté aveugle la condamne, sa jeunesse ne l'aide pas. Pire, elle évoque le peu de fortune de son fiancé, matérialisme impardonnable.
On souffre quand on ne comprend pas pourquoi on souffre.

Normal qu'elle soit jalouse, dans ce trio où elle n'occupe pas la bonne place, dans cet appartement triangulaire, comme dans leur triangle amoureux, d'où elle veut déloger la chatte.
« Assis, tous les deux… vous ne m'avez même pas entendue ! Vous étiez comme ça, la joue contre la joue… »
Si lui, en rêvant, pense qu'il ronronne, si Camille le voit sursauter quand elle le touche « nerveux comme un chat » lui dit-elle, la dernière phrase du roman confirme avec génie l'interaction animal-humain, car « Saha, aux aguets, suivait humainement le départ de Camille »et Alain joue comme un chat, « d'une paume adroite et creusée en patte, »avec des marrons d'Inde.
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Colette et les chats... toute une histoire d'amour. Il en est d'ailleurs question ici. D'amour oui, et de chat. D'une chatte pour être plus exacte, Saha, compagne féline, gracieuse et complice d'Alain.

Lui, s'il aime Camille, son amie d'enfance, c'est comme une image, belle, idéalisée, sans grand rapport avec la réalité. Mais voilà, ils vont se marier. Pourtant, à Alain, ça lui convenait bien cette vie de célibataire en compagnie de Saha. Commence un huis-clos où la cohabitation Camille-Saha se révèle problématique. La jeune épouse, aussi idiot que ça puisse paraître à première vue, voit en l'animal sa rivale. La jalousie devient vite haine, avec un Alain qui peine à modifier véritablement son mode de vie.

Sous un aspect de prime abord léger voire ridicule, Colette met en place un enfer domestique. le court récit dépeint sans fard les personnalités du trio. Camille est loin d'être la Beauté immobile vue par Alain mais au contraire une jeune femme moderne et sexy. le jeune homme, lui, pourrait aujourd'hui être taxé d'adulescent. Quant à la belle Saha, elle garde son félin mystère tout en cristallisant la disharmonie du couple et leur incapacité à vivre ensemble.

J'ai beaucoup apprécié ce petit roman de Colette - petit par la taille, je précise. Cette auteure possède une écriture qui me séduit toujours plus à chaque lecture.
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Alain, vingt-quatre ans, épouse Camille. Il n'aurait pas dû, elle est trop dégourdie pour lui, mais surtout il aime, adore et adule Saha, une chatte, non pas une chatte, sa chatte. L'impossible triangle amoureux ne fera pas long feu. Ce livre est court, ce qui n'empêche pas Colette de dresser un portrait assez révélateur de ce couple. On en vient à se demander pourquoi au juste Alain décide de se marier. Les réflexions qu'il se fait sur le physique de Camille ne sont pas flatteuses, son caractère déluré semble l'incommoder et, possiblement avec un fond latent de machisme, il entend bien «changer des choses» lorsqu'ils seront mariés. En plus, et principalement sans doute, son attachement extrême, à un point tel qu'il en devient malsain, pour Saha constitue un obstacle de taille, voire insurmontable, à une relation de couple saine. Il est plus facile de contrôler une chatte qu'une femme. . .

Quant à Camille, on la sent plus déterminée, les pieds sur terre malgré ses rêves, quoiqu'incapable de bien mesurer la force d'attraction de sa rivale. Désespérance et jalousie l'amèneront à un geste radical qui précipitera l'éclatement du couple, dénouement qui ne semble d'ailleurs pas surprendre la mère du grand dadais. Cette première rencontre avec Colette ne m'a pas enchanté, l'histoire est originale, mais ni le style général ni l'écriture ne m'ont particulièrement frappé. Dommage.
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Un récit intimiste pour ce récit à la grâce féline.
Un jeune couple assez mal assorti. Lui issu de la bourgeoisie sur le declin se complet dans son monde de l enfance. Elle représente le renouveau. Sexy moderne assez aisée quoique d un milieu moins "noble".
Camille est son amie d enfance. Alain essaie de composer avec ce mariage arrangé. Tant que sa chatte Saha se porte bien. Seulement la cohabitation entre Camille et Saha ne se passe pas bien. Camille voit en Saha une rivale et la responsable de la mésentente du couple.
Colette connaît bien les chats et les aime. Ca se sent. Chaque attitude de la chatte est décrite avec volupté et sensualité. On se met facilement à adorer le petit puma et à rejeter Camille.
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Alain a épousé Camille dans un mariage de raison. Mais plus que sa femme, c'est Saha, sa chatte et sa présence douce, affectueuse et mystérieuse qu'Alain adore.
Et Camille ne partage pas du tout cette admiration pour le félin de salon. La jalousie naît et Saha devient le révélateur de tout ce qui dysfonctionne dans ce couple (même si Camille la voit clairement comme une rivale)...jusqu'au moment fatal.

Une fois de plus, je suis ravie d'avoir retrouvée l'écriture élégante de Colette et me suis régalée avec cette histoire qui va bien au-delà d'une "simple" histoire d'attachement entre un humain et son animal de compagnie. Ce que j'ai surtout aimé c'est ce jeux de regard sur les évènements, davantage qu'un triangle amoureux car ce sentiment est bien secondaire face à l'affection profonde qui lit le jeune homme et cet animal qui semble être son amie, sa confidente. Et à l'inverse : le regard faussement placide de Saha et celui de la femme impulsive et jalouse.

Colette dépeint un couple mal assorti sur tous les plans :
- Alain est plutôt réservé, Camille est très extravertie et manque parfois de retenue au goûts des bourgeois ;
- Alain vient d'une vieille famille bourgeoise avec des valeurs (et une maison décorée aux goûts) du 19ème siècle, tandis que Camille est une jeune femme moderne, qui embrase pleinement ce qui caractérise ce début de 20ème siècle ;
- mais voilà, la famille de Camille est une famille d'entrepreneur qui a fait prospérer une entreprise innovante, alors que la famille d'Alain, sans être devenue pauvre voit d'un très bon oeil l'arrivée de la situation financière de Camille.

Ce sujet de fond, qu'est l'erreur de casting du couple, même s'il semble secondaire donne toute sa dimension universelle à ce petit roman sans fioriture.
Contrairement à ce que j'imaginais, la chatte ne tient pas une place aussi importante que je l'aurais cru : elle dirige "simplement" le regard du narrateur sur l'environnement décrit.

Un roman qui a confirmé mon envie de lire davantage d'oeuvres de cette auteure!
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Mais quelle écriture ! Fine, ciselée. En très peu de mots Colette envoie du lourd. C'est subtil et profond. J'aime beaucoup. Et pour les amis des animaux, c'est un régal.

Un jeune homme, fils unique et choyé par maman pendant des années, gâté par une vie de haute bourgeoise, rencontre une jeune femme d'un milieu légèrement plus modeste que le sien mais à la différence du sien, en expansion et bien utile pour renflouer les caisses qui se vident rapidement. Il l'épouse. Mais il aime tellement sa chatte. Une chatte de concours, majestueuse. Comment cette chatte noble pourrait rivaliser avec son épouse qui "a le dos du peuple…" ? Oh Camille, tu tenteras le tout pour le tout mais il sait tellement bien manipuler pour se préserver ton gentil Alain, aussi blond que tu es brune. Vous jouerez mais qui gagnera ? Saha ? Toi ou lui ? Lui toujours accroché à ses origines, à son jardin et sa chambre d'enfance qui le protège ?
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