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3,77

sur 227 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une écriture très fouillée, un style foisonnant et très poétique, une lecture simple et douce pour un livre qui fut pourtant lourd à écrire pour Colette… C'est le livre de la maturité de l'autrice célébrée et admirée, un roman autobiographique - une autofiction dirait-on aujourd'hui- celui du renoncement non pas à l'amour mais plutôt au tourment amoureux, à l'approche de la vieillesse ( elle n'a pourtant que 57 ans!!! ). L'amour des animaux des arbres des plantes et du potager demeure bien sûr ainsi que l'amour des amis et de la vie simple et spontanée à “La Treille Muscate” sa nouvelle villégiature à Saint-Tropez qui n'est alors qu'un petit port de pêche inconnu…
On y retrouvera un peu l'ambiance naturaliste de “Les vrilles de la vigne” et l'une des obsessions de Colette dans l'ombre de Sido : la liberté et la contemplation !
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Une oeuvre magnifique, vibrante, lyrique.

Colette a cinquante-cinq ans lorsqu'elle commence à écrire, avec difficulté d'ailleurs, ce récit du renoncement et de la conquête de la solitude.Elle connaît ( et elle le sait) son dernier grand amour en la personne de Maurice Goudeket.

Je dis " récit" car ce n'est ni un roman, ni vraiment non plus une autobiographie.Disons plutôt un journal de bord, une chronique légèrement romancée. Elle est bien désignée par les autres " Colette" dans ce livre mais certains personnages comme l'homme amoureux d'elle, Vial,d'ailleurs peu convaincant, sont pure invention.Elle n'a pas voulu mêler à ce texte son véritable amour...

Hymne à ce Midi brûlant, à une maison qu'elle fait sienne,aux bains de mer matinaux, aux animaux familiers avec lesquels elle communique en silence,les pages déroulent un long poème en prose, tout en nuances et en délicatesse.

Hymne à la renaissance, dégagée de la contrainte amoureuse: " Faire peau neuve,reconstruire, renaître,ça n'a jamais été au-dessus de mes forces.(...)Mais c'est la première fois qu'il va falloir vivre- ou même mourir- sans que ma vie ou ma mort dépendent d'un amour."

Hymne surtout à sa mère Sido, dont les lettres( réelles ou imaginées...) parsèment le texte, de leurs vérités simples et émouvantes.Et dont elle se sent plus proche encore, en vieillissant.

Chaque phrase est un bijou, un scintillement, une flamme...

" Voici l'aurore.Elle n'est aujourd'hui que petites nues en pluie de fleurs, une aurore pour des coeurs délivrés..."

La naissance du jour , comme un élan velours, comme un élan d'amour.
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"A l'espèce chat,je suis redevable d'une certaine sorte,honorable,de dissimulation,d'un grand empire sur moi-même,d'une aversion caractérisée par les sons brutaux,et du besoin de me taire longuement".
Cette confidence glanée dans l'un des livres de la célèbre écrivaine française Colette (Sidonie Gabrielle Colette), qui a marqué le XX° siècle de sa plume vibrante d'une prose aux résonnances poétiques enchantées, annonce parfaitement la double facette de sa personnalité qui éclaire et porte aux nues La naissance du jour.
Dans ce roman autobiographique, Colette, qui a osé toucher au tabou des amours adolescentes dans le blé en herbe, s'attaque à du tout aussi subversif (mais d'actualité vu la recrudescence du phénomène des cougars): sa liaison avec un homme qui aurait largement pu être son fils.
Elle situe la trame au coeur des paysages bucoliques de Provence dont "le sol a soif", près du golfe de Saint-Tropez qui par grand vent "ronflera tout entier comme un coquillage"", dans sa "délicieuse maison provinciale" de la Treille Muscate dont elle a souvent vanté les charmes paisibles (Lettres à sa fille, Lettre à Marguerite Moreno..).
Frémissant pouvoir évocateur du soleil qui "ride et confit sur le cep la grappe tôt mûrie", de la "petite aile de lumière qui bat entre les deux contrevents et touche,par pulsations inégales,le mur ou la longue,lourde table à écrire,à lire,à jouer,l'interminable table qui revient de Bretagne,comme j'en reviens."
Douceur de vivre parmi "les miens", ses chats au regard ensommeillé; "ses chiens,déjà retirés du monde; "ses jeunes mandariniers", son jardin chatoyant et cette lumière magique qui sourd et se teinte de bleu,de rose,de vert pour métamorphoser les choses et les êtres.
Soudain,alors que tout semblait sage et paisible, arrive dans une cuisine déjà empreinte d'une forte créativité, une simple tache, mais halée en diable, qui se muscle, à pas de géant, pour basculer le lecteur vers une autre dimension,celle (bien légère pourtant car il faut fantasmer ferme sur une épaule au sel léché pour entrevoir l'indicible :)) ).
Saint-Tropez vibre alors d'un tout autre langage,celui des intellectuels et artistes, dont certains comme Vial,"garçon ordinaire" qui se dit décorateur, ou Hélène, la peintre du dimanche, sont exclus sauf pour peut-être pour d'autres jeux manipulatoires plus cruels.
Innocence intéressée face à perfide innocence, un chat et des souris tissent souvent de bons romans.
Emaillé de bouts de lettres de Sido, mère phare admirée et admirable, mais étouffante et restrictive "Cassandre" à Colette son "Minet-Chéri", mère à la "cruauté céleste" (qui a éveillé cette écriture incomparable à jamais vibrante d'une enfance éblouie;marqué par le thème favori de l'auteur sur l'amour teinté de jalousie, parsemé de réflexions sur la vie et sa fatale échéance, La naissance du jour est une petite merveille à savourer sans modération.
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A qui souhaite lire un puissant texte sur le retour à soi, Colette nous transporte, au travers de chacune de ses phrases, dans les profondeurs de son être. C'est une ode à la nature, à la naissance du jour, à ce que lui a transmis sa mère. Il faut s'attarder sur chaque phrase, si riche, pour en déguster toute la sève.
Un magnifique roman comme il n'en n'existe plus beaucoup de nos jours, tant la plume est subtile et travaillée.
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Colette détestait écrire.
Pourquoi donc continuait-elle ? me diriez-vous. C'est qu'elle en a laissés, sur son sillage, des coeurs ensorcelés, avides de son encre bleue, de ses mots étoilés... Peut-être que Colette elle-même s'était ensorcelée. Rendue captive par son propre charme.
L'écriture, pour Colette, était un gagne-pain, une vocation et son talent. Une passion ? Que nenni. Ses passions étaient tout autres : tournées vers les êtres, la vie, la nature, les larmes et la liberté... Pourtant, sa plume aujourd'hui compte parmi les plus splendides qui n'eussent jamais vues le jour. Cette belle écriture laborieuse et qui tremble, tressaille, frissonne et qui s'aiguise au débordement de sa sensibilité. C'est juste délicieux. Nous, lecteurs, on savoure, on se délecte de toute cette douleur, de toute cette couleur desquelles les pages sont embaumées. Goûtez un peu ceci : "La nuit dorée va finir; entre les étoiles pressées se glisse une pâleur qui n'est déjà plus le bleu parfait des minuits d'août. Mais tout est encore velours, chaleur nocturne, plaisir retrouvé de vivre éveillée parmi le sommeil..." Nous voilà saisis. Nous voilà picorés de sensations jusqu'à l'âme. Et Colette, sensuelle Colette, honorable Colette qui ne craignait pas de mourir ; qui ne craignait que de "ne plus vivre"...
"La mort ne m'intéresse pas" disait-elle à André Parinaud dans les entretiens de Mes vérités. Mais Colette, sache que c'est par l'écriture - celle dont tu exécrais l'entreprise - que ta vie est restée. Plus que resté, ton souffle se transmet et fait pulser les autres de ta personne fleurie, avertie, de ton délice de vivre et de tes langueurs. Certes es-tu morte. Mais tu vis encore.
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paru en 1928

Ode à ce livre, sucs, réminiscences, prose et poésie, réalité, fiction, louange, chant, chaleur où la fatigue se fait douce et la paresse, un art de vivre... "La naissance du jour" occupe une place à part dans l'oeuvre de Colette. Elle s'y "livre" et se dérobe. Elle nous "livre" bien des sentiments et réflexions parmi lesquels nous pouvons nous retrouver. Elle nous donne une énergie, un amour de la vie intense, l'envie de la dévorer à tout âge.

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Quel régal que ce livre ! L'écriture de Colette y est limpide, lumineuse, forte et posée. Les phrases coulent claires comme de l'eau. On entend la mer, on sent la chaleur du soleil, on voit les couleurs de ces paysages méditerranéens comme si on y était.
Une grande amoureuse s'assagit, une paix profonde et non feinte point, sans austérité. La figure de la mère, Sido, fait des apparitions qui nous éclairent davantage sur le coeur de l'auteur. Navigant entre le roman et la biographie, ce texte est un enchantement tant sur le plan de la connaissance de l'intime que Colette explore à merveille que du point de vue des descriptions.
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J'ai adoré, même si la fin, la partie plus psychologique, l'histoire d'amour, me semble un peu plus faible. C'est une prose poétique de pure beauté qui se lit sans peine, à mi voix, le crayon à la main afin de souligner les plus beaux passages. Un des grands classiques du XX ième.
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