J'avais lu
la maison de Claudine mais ne me souvenais pas d'une telle beauté dans l'écriture.
Sido est un des plus admirables tableaux littéraires qu'il m'ait été donné de contempler. Je me suis surpris plusieurs fois à sourire, ému, devant la force des souvenirs d'enfance de l'autrice.
On la croit terrienne, Bourguignonne, attachée à l'esthétique formelle de sa région, mais ce qu'elle tisse avec le fil du temps est une scène magnifiée, délicate, pleine de subtilité.
Le jardin enclos de sa maison natale, domaine de la sublime
Sido en est une belle illustration.
On a envie de partager ces souvenirs, de rencontrer
Sido, d'entendre le capitaine chanter ou d'apercevoir un de ces sylphes étranges et sauvages qui hantent la campagne Bourguignonne.
Il est difficile de sonder la profondeur des mondes de Colette, parce qu'on dirait qu'
elle se tient toujours à la surface des choses. Pourtant, son génial regard comprend tout, le langage des fleurs, des animaux, et puis évidemment celui des êtres humains avec leurs petites vicissitudes et leur tendre fragilité.
Avec ses fresques poignantes sur "son pays" comme évoqué dans "le jour gris", la prosodie presque élégiaque de Colette nous met devant l'évidence de son talent. Cela m'a fait penser à
Virginia Woolf, à la différence qu'ici je peux lire la version originale, sans rien perdre de la vigueur de son écriture.