Lorsqu'elle avait révélé son projet à ses parents, ils s'étaient montrés plus que réticents. Tous deux professeurs de droit, ils considéraient d'un œil méfiant les vocations artistiques, ce chemin à part, méconnu, éloigné es sentiers battus. Il fallait choisir un métier sérieux, reconnu par la société. C'est cela qui comptait.
Une rencontre pourtant, va infléchir la décision (rester célibataire) de Blanche.
Il s'appelle Albin.
Il a dix-neuf ans, et un sourire à briser le plus absolu des serments.
Tous les deux ou trois jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint, dans ce pays qu'on dit civilisé. Jusqu'à quand ? Dans la nature, aucune autre espèce ne se livre à ce jeu de massacre. La maltraitance des femelles n'existe pas. Pourquoi chez les humains, ce besoin de détruire, de briser ?
Sur le bicycle, elle (Blanche) est saisie d'une sensation nouvelle, celle d'une infinie liberté. Elle est seule responsables de son mouvement, de sa vitesse, de sa direction. C'est ainsi qu'elle entend diriger sa vie - sans entrave, du vent des les cheveux.
" Le bonheur des autres est cruel. Il vous tend un miroir sans pitié."
Ils ne faut pas sous-estimer les petits gestes et les sourires, ils sont puissants. Ils sont autant de remparts contre la solitude et l'abattement.
Ne plus penser, se noyer dans la vie des autres comme elle se noyait, jadis, dans les dossiers. C'est un pis-aller, elle le sait, mais elle n'a rien d'autre à quoi se raccrocher.
Des comprimés et du bénévolat, voilà tout ce qu'il a à lui proposer ? Onze ans d'études de droit pour en arriver là ? Solène est déconcertée.
Toutes ont connu une forme de précarité. Toutes savent la violence, l'indifférence. Toutes se tiennent à la lisière de la société.
Dans leurs plans, les concepteurs ont simplement oublié que la justice est rendue par des hommes à d’autres hommes parfois désespérés.