Donner de son temps, la belle idée ...Encore faut-il que quelqu'un soit prêt à l'accepter ! (p. 55)
Signer une lettre, ce n'est pas seulement y apposer son nom, c'est beaucoup plus que cela. C'est la revendiquer, la faire sienne entièrement. Se l'approprier.
Dans la nature aucune autre espèce ne se livre à ce jeu de massacre. La maltraitance des femelles n'existe pas. Pourquoi chez les humains ce besoin de détruire, de briser ? Il y a les enfants aussi. D'eux on ne parle pas ou si peu.
Elle voudrait lui expliquer pourquoi elle est partie. Pourquoi elle a pris Sumeya, sa petite sœur, et pas lui. Elle voudrait lui raconter ce que l'on fait aux filles dans leur pays, la Guinée. Elle se souvient du jour de ses quatre ans, lorsqu'on l'a emmenée et qu'on lui a tenu les jambes. Elle se souvient de la douleur fulgurante qui l'a coupée en deux et l'a fait s'évanouir, cette douleur ravivée le soir de ses noces, comme à chacun de ses accouchements, telle une punition sans cesse renouvelée. Cette abomination qui se perpétue de génération en génération. Ce crime contre la féminité.
Elle ne voulait pas ça pour Sumeya.
Non, pitié. Pas ça pour Sumeya.
Le constat de l'enquête est alarmant : les femmed sont les premières victimes de la pauvreté, les premières bénéficiaires du RSA. Elles représentent 70 % des travailleurs pauvres. Plus de la moitié des personnes faisant appel aux banques alimentaires sont des mères célibataires. Le chiffre est en constante augmentation, il a doublé en quatre ans.
La vie ne manque pas d’ironie.
Les mots sont des papillons, fragiles et volatils. Il faut le bon filet pour les rattraper.
Le voilà, le vrai visage de la précarité. Il n'est ni dans le journal, ni sur un écran de télévision mais se tient là, en face d'elle, tout près. Il ressemble à deux euros dans un porte-monnaie. (p. 59)
Et Solène a souri, en songeant qu'elle ne serait peut-être jamais écrivain, jamais une grande romancière, mais qu'elle était une plume, oui, de cela elle était fière ; une plume de colibri, au service de ces femmes que la vie avait malmenées et qui gardaient la tête haute...
L'estime de soi, c'est ce qu'il y a de plus difficile à regagner.