Citations sur Les victorieuses (455)
Avocate, ce n'était pas sa vocation. Enfant, Solène avait une imagination foisonnante. À l'adolescence, elle avait révélé des dispositions particulières en français. Ses professeurs s'accordaient à dire qu'elle était douée. Elle noircissait des cahiers de poèmes, de nouvelles qu'elle ne se lassait pas d'inventer. Elle rêvait en secret de devenir écrivain. Elle s'y voyait déjà, assise à un bureau sa vie durant, un chat sur les genoux comme Colette, dans une "chambre à soi" telle Virginia.
Solène croise le regard de Léonard. Et remarque son sourire, pour la première fois. Il est joli, se dit-elle, étonnée. Il a le charme des âmes blessés, de ceux qui sont tombés et se sont relevés.
C'est un drôle de sentiment, qu'elle ne connaissait pas : celui d'être gagnée par la vie des autres, envahie, habitée.
La situation se résume en trois lettres qui viennent la gifler. RSA. Un sigle abstrait qui s'incarne brutalement.
C'est sans doute la tâche la plus difficile qui lui ait été confiée. Elle n'avait pas saisi jusqu'alors le sens profond de sa mission: "écrivain public". Elle le comprend seulement maintenant. Prêter sa plume, prêter sa main, prêter ses mots à ceux qui en ont besoin, tel un passeur qui transmet sans juger.
Un passeur, voilà ce qu'elle est.
Elles songe alors à cette phrase d'Yvan Audouard, tracée sur un mur, non loin d'ici, Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. La lumière est intense ce soir-là, elle brille de mille feux au Palais.
Ils se l'étaient promis ce jour-là, sur le grand-bi : si l'un tombe, l'autre le rattrapera. Ainsi font les soldats. À deux, on est plus forts. Seuls, on ne va jamais loin. Blanche se souvient de ce qu'il avait dit.
Il n'a pas menti. À ses côtés, Albin n'a jamais faibli. Les obstacles ne sont que des cailloux sur la route, lui dit-il. Le doute fait partie du chemin. Le sentier n'est pas uniforme, il y a des passages agréables, des tournants raboteux et pleins d'épines, du sable, des rochers, avant les prairies couvertes de fleurs... Il faut continuer d'avancer, quoi qu'il en coûte.
Chapitre1
Paris,aujourd'hui
Tout s'est passé en un éclair. Solène sortait de la salle d'audience avec Arthur Saint -Clair. Elle s'apprêtait à lui dire qu'elle ne comprenait pas la décision du juge à son encontre,ni la sévérité dont il venait de témoigner.Elle n'en a pas eu le temps.
Saint-Clair s'est élancé vers le garde -corps en verre et l'a enjambé.
Il a sauté de la coursive du sixième étage du palais.
Durant quelques instants qui ont duré une éternité ,son corps est resté suspendu dans le vide.Puis il est allé s'écraser vingt-cinq mètres plus bas.
La suite ,Solène ne s'en souvient pas.Des images lui apparaissent dans le désordre, comme au ralenti. Elle a dû crier ,certainement ,avant de s'effondrer
Elle s'est réveillée dans une chambre aux murs blancs.( Page 13).
"Colibri ! Tu n'es pas fou? Ce n'est pas avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu!".....Et le colibri répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."
Instruites dans les couvents, elles sont mariées à des hommes qu’elles n’ont pas choisis. Nous les élevons comme des saintes, puis nous les livrons comme des pouliches, écrit Georges Sand, [...]