Ces
Mémoires sont à prendre avec un peu de recul : on sait que
Philippe de Commynes (né à Renescure, château flamand en 1447 et mort au château d'Argenton en 1511) est passé du service du duc de Bourgogne Charles le Téméraire à celui de Louis XI, et forcément son témoignage est peu flatteur à l'égard du premier que du second. Connaissant les emportements du duc, témoin de la rencontre de Péronne qui vit Louis XI se fourrer dans un guêpier dont il sut se sortir, piteusement ou habilement, chacun jugera, Commynes s'est laissé séduire par le discours enjôleur du roi de France et a fini par lâcher le flamboyant mais trop colérique et trop téméraire Charles pour rejoindre notre très rusé roi.
Son point de vue est-il le résultat d'une analyse objective des comportements du duc et du roi ? N'est-il pas un peu partial et orienté en raison de ses options personnelles, contrairement à ce que l'on a l'habitude de dire à son sujet, car, pour beaucoup, Commynes aurait été un exemple d'impartialité ? Ne serait-il pas adepte de l'idée que seul le vainqueur a raison ?
Certes, il goûtait peu les faits guerriers et souhaitait sincèrement que les princes occidentaux se réconcilient tous pour donner une saine image de la Chrétienté. Mais l'on ne peut s'empêcher de penser que malgré toute son honnêteté et son esprit d'analyse,
Philippe de Commynes a bel et bien choisi un camp contre l'autre, en préférant un homme à un autre, et qu'il a fait là un choix tranchant, qui le rangeait d'un côté et ne pouvait pas lui permettre de se poser en apôtre des grandes réconciliations européennes, lui qui savait l'importance du rôle des personnalités, et des fortes personnalités, dans l'histoire humaine.
François Sarindar, auteur de :
Jeanne d'Arc, une mission inachevées (2015)