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Une très belle découverte marquante sur un sujet qui m'intéresse énormément : la chasse aux sorcières au XVIIe siècle.

Nous rencontrons Tituba à la barbade. Elle est née d'un viol entre sa mère et un marin anglais. Elle va être élevée et initiée aux pouvoirs surnaturels avec l'aide de Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Tituba rencontre John Indien un esclave avec qui elle va se marier. John va être vendu à un nouveau maître les forçant à quitter la Barbade pour le village de Salem.

Un roman passionnant mélant sorcellerie, faits historiques, place de la femme et la folie des hommes. Malgré une plume brutale et difficile par moment, l'autrice a réussi à m'immerger dans cette histoire aux côtés de Tituba avec beaucoup de poésie. J'avais un peu peur au début de sa plume mais au final, cela ne m'a dérangée, bien au contraire. L'histoire débute avec le viol de la mère de Tituba. Les premières pages sont douloureuses et pourtant importantes pour comprendre tout le cheminement derrière.

L'autrice redonne vie dans ce roman à ces femmes qui, sous l'hystérie générale de l'époque, se sont retrouvées emprisonnées et persécutées pour leur croyance et pour leur différence.
Le personnage de Tituba m'a touché. J'ai souffert, pleuré avec elle, j'ai ressenti sa colère au plus profond de moi et wow quelle expérience.

Elle dégage une telle force que j'en suis restée bouche bée, refusant de se laisser marcher dessus, se battant pour ses convictions et sa liberté du début à la fin. Là où certains auraient flanché, elle n'a pas peur.

Un sentiment d'injustice et de colère s'est élevé en moi face à toutes ces atrocités commises par l'homme que ce soit envers Tituba et envers les esclaves. Nous avons droit à un tableau absolument terrifiant de la condition de la femme et des esclaves qui ne laisse personne de marbre.

Un roman puissant, dont on ne peut tirer qu'une belle leçon de courage. Merci à l'autrice pour avoir mis des mots sur les maux de Tituba.

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J'ai adoré la plume de Maryse Condé. En moins de 300 pages, on a une histoire complexe plutot bien cadrée, avec des developpements dans plusieurs pays. Sorcière, Salem...
Mais voilà je n'ai pas accroché au personnage de Tituba dans cette reprise: trop tendancieuse à foncer dans le mur.
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Ecriture fluide et très maîtrisée pour un sujet brûlant... Qui n'a pas fini de faire crier, écrire, pleurer.
Un livre écrit en 1986 qui donne un la à une foule d'autres, plus récents et essentiels ; les descendants et descendantEs des esclaves ont encore beaucoup à exprimer. L'humanité (principalement la blanche) a encore beaucoup à entendre et modifier pour qui sait un jour retrouver une certaine dignité.

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Tituba est la fille d'Abena, une esclave violée par un marin anglais avant d'être achetée pour tenir compagnie à la femme de son maître. Jugée inutile car enceinte, elle est donnée en mariage à un autre esclave. Lorsque sa mère est condamnée à mort et son père adoptif se suicide, la jeune Tituba est recueillie par Man Yaya une guérisseuse qui communie avec les forces naturelles et surnaturelles. La vie de Tituba bascule lorsqu'elle rencontre et tombe amoureuse de John Indien. L'amour l'esclavagera et la mènera au coeur des procès de Salem... sur le banc des accusés.

Autant vous le dire, cette histoire ne respire pas la joie de vivre dès les premières lignes (mais on était prévenu entre l'esclavage et Salem) et les âmes sensibles devraient s'abstenir car certaines scènes (la torture des sorcières notamment) peuvent s'avérer très violente.
Cependant le projet du livre est des plus intéressants : Tituba est un personnage historique, elle a réellement été l'une des premières accusées à Salem d'être une sorcière. Mais qui était-elle vraiment ? L'histoire raciste et la société patriarcale n'ont pas jugé qu'il était intéressant de le consigner. Maryse Condé recrée donc l'histoire de Tituba. Certains passages appartiennent à l'histoire, d'autres sont totalement inventés pour combler ses lacunes et c'est tout l'atout du texte.
La grande réussite dans le style de l'autrice est la narration à la première personne qui permet de plonger dans l'histoire que Tituba nous raconte de sa propre voix. On la laisse enfin s'exprimer après l'avoir réduite au silence. Même certaines notes de bas de page sont ambiguës, les unes nous donnent des sources historiques objectives et les autres sont plus subjectives comme si Tituba nous avait fait des annotations.
Si le début avait un enchaînement rapide, j'ai trouvé que la fin traînait un peu en longueur et j'aurais aimé voir Salem un peu plus approfondit puisque c'est ce passage qui est mis en valeur par le titre.
Or j'ai eu l'impression que les procès étaient un peu survolés et ne prenaient finalement pas tant de place dans la totalité du livre. On nous décrit l'ambiance religieuse malsaine qui y règne mais ensuite Tituba est en prison et n'en sort pas avant le pardon général. On nous raconte les rumeurs qui lui parviennent de la prison mais qui sont incomplètes, incertaines et on n'en mesure pas vraiment l'envergure.
Pourtant, bon point pour la fin, je ne m'y attendais pas vraiment. Bien que j'aurais souhaité une fin différente, c'est finalement la plus réaliste.
Malgré ses nombreuses erreurs, on s'attache à Tituba qui est, au final, l'un des seuls personnages que j'ai réellement apprécié avec Man Yaya et Hester (tous les autres étaient vraiment détestables).
L'auteur développe, en plus d'une réflexion forte sur la liberté et l'esclavage, un questionnement éminemment féministe à de nombreuses reprises notamment grâce au personnage d'Hester, condamnée à la lapidation pour avoir trompé son mari.
La dimension surnaturelle des pouvoirs de Tituba est finalement ce qui amène à garder espoir dans un épilogue doux qui contraste avec une vie de souffrance. Il élargit le livre mais l'allège aussi, ce dont j'avais clairement besoin après une journée complète à lire Tituba passant de malheurs en malheurs.
Bien que confrontée aux difficultés de la vie, ce que j'ai apprécié chez la personnage principale, c'est qu'elle arrive à être heureuse à certains moments. Elle a conscience que son bonheur est éphémère et imparfait mais elle le souligne malgré tout.
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« Blancs ou Noirs, la vie sert trop bien les hommes »

Passionnant roman, au récit qu'on ne lit pas tous les jours.

C'est d'abord une proposition futée : un roman sur l'histoire fictive d'une personne réelle, un style à cheval entre le roman fantastique et historique. Ce sont des anachronismes voulus et maîtrisés, le lecteur se prend à croire à l'existence de ces personnages et de ce monde parallèle aussi triste que merveilleux.

Mais c'est aussi un portrait de la féminité qui réussit à ouvrir une troisième voie en érigeant au même niveau ce qu'elle a de plus organique, de plus spirituel, que ce qu'elle a de plus politique (ca fait plaisir de ne pas opposer nature à culture). C'est d'ailleurs récurrent dans Moi, Tituba, qui porte au fil du roman, cette troisième voie(x).

Car on peut connaître les récits sur l'esclavage et le racisme, on peut connaître le sort réservé aux sorcières et femmes savantes, mais rester abasourdi et révolté de réaliser à quel point 1 + 1 font 3 pour Tituba, sorcière noire de Salem.

Unique en son genre, un remède à la binarité et une bonne initiation à l'intersectionalité, pour ceux qui en douteraient encore 😏
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Merveilleux roman que je viens de relire. Tituba a réellement existé, est mentionnée dans les actes du procès des sorcières de Salem en 1692-1693 mais on ne connait rien d'elle. Maryse Condé lui redonne vie dans un roman à la fois historique, poétique, merveilleux, palpitant car la vie de Tituba est riche d'aventures.
Issue d'un viol entre une esclave et un marin blanc sur un bateau négrier, elle accoste à la Barbade, aux Antilles. Après la mort de sa mère pendue sous ses yeux pour s'être défendue contre un planteur trop entreprenant, elle est élevée jusqu'à ses 14 ans par Man Yaya, une femme qui l'initie aux soins par les plantes, lui apprend à communiquer avec les invisibles, les morts qui nous sont chers, à devenir une sorcière qui fait du bien.
Tituba rencontre John l'Indien, un homme lâche pour l'amour duquel elle redevient esclave. Tituba comme lui dira plus tard Hester rencontrée en prison aime trop l'amour et les hommes, c'est sa grande faiblesse, jamais elle ne pourra de venir féministe. Ces passages là sont très drôles. Tituba, en effet, n'est pas une esclave noire soumise, elle est forte, elle aime la vie malgré les malheurs qu'elle endure. Maryse Condé lui redonne vie et surtout une personnalité, des pensées.
Embarquée à Salem par Samuel Parris, un pasteur puritain fanatique, elle est accusée de sorcellerie, elle qui se servait de ses dons pour soulager et guérir. Les Blancs puritains n'y voient qu'une emprise du Malin, la différence de mentalité est totale. Cette communion totale avec les Esprits, la Nature n'est vue que comme la marque du diable par les Puritains.
Un livre sur l'esclavage, sur les femmes, sur l'amour. Tituba, une femme généreuse, solaire, drôle, intelligente et humaine par ses faiblesses...les hommes et l'amour.
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C'est l'histoire d'une femme extraordinaire qui reste debout et fidèle à elle-même malgré les violences et les trahisons dont elle est victime.
C'est l'histoire des sorcières de Salem du point de vue de celle que les historiens ont oublié, Tituba l'esclave noire qui voulait guérir et qu'on a condamné à cause de la couleur de sa peau.
C'est un roman extraordinaire qui montre le racisme et le sexisme et dénonce le fanatisme religieux mais parvient tout de même à faire rêver grâce à son réalisme magique.
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Encore un livre riche en émotions. On suit l'histoire romancée de Tituba, son périple jusqu'à Salem, les injustices qu'elle endure dans un climat où être une femme, noire, et sorcière qui plus est, représente une difficulté sans commune mesure à survivre dans le contexte de l'époque. J'ai apprécié le fait que l'auteur se soit documentée sur le procès de Salem et l'histoire qui l'entoure, afin de nous fournir une oeuvre certes romancée, mais qui s'appuie sur des faits réels. Cela donne un petit air de biographie à la lecture, entourée de magie. L'héroïne va d'espoirs en désespoirs. le texte nous offre un tableau très bien présenté de l'horreur qui caractérisait l'époque de l'esclavage.
L'écriture est belle et fluide.
Je vous conseille vraiment ce livre !
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J'ai pris grand plaisir à parcourir ce roman de Maryse Condé. Une lecture qui confirme sa place parmi mes écrivains favoris. Pour l'ensemble de ses oeuvres, elle obtint le Prix Nobel de littérature alternatif 2018 qui est une consécration de son art assumé de peindre des personnages pleins de reliefs psychologiques et émotionnels devenant attachants au fil des pages. Ce prix à mon humble avis est pleinement mérité de par le calibre de l'écriture, de l'imagerie de scènes, de personnages, de langage et d'émotions dans un vocabulaire soigné, dans une érudition de connaissances historiques et générales, dans des phrases sculptées dans la poésie, l'humour ou l'ironie. Elle a l'art de me faire rêver tout en m'inondant de connaissances.

Je ne peux lire Maryse Condé sans un dictionnaire proche, sans souligner au crayon constamment des phrases géniales, des mots certaines fois vieillis mais descriptifs ou utilisés à dessein comme pour mieux situer les personnages dans leur contexte historique. Par exemple, elle écrit « menteries » au lieu du mot moderne : mensonges, ou encore « coutelas » au lieu de : machettes. Cette lecture me captive, mais surtout me porte à penser et réfléchir sur nombre de thématiques qu'elle présente comme : l'esclavage, la sorcellerie, le féminisme, l'iniquité des genres, la sexualité féminine, la spiritualité, et tant d'autres.

L'histoire du roman tourne autour de Tituba, personnage principal, qui est la fille de l'esclave Abena violée par un marin anglais à bord d'un vaisseau négrier. Née à la Barbade, elle est initiée aux pouvoirs surnaturels d'une mère adoptive, guérisseuse et faiseuse de sorts. de la Barbade, Tituba, esclave, sera emmenée à Boston avec son nouveau maitre, puis à Salem où elle sera accusée de sorcellerie lors de l'hystérique chasse aux sorcières, qui est un aberrant fait historique.

Tout au long du roman, Maryse Condé entremêle histoire et imagination. On voit donc défiler cette hideuse institution qu'était l'esclavage avec tous ses avatars comme la chosification des êtres humains réduits à l'état de meubles ou de cheptels taillables et corvéables à merci. On retient les rapports humiliants des maitres aux esclaves, des frustrations psychologiques et physiques endurées journalièrement pendant des siècles par des femmes et hommes déracinés de leurs terres, de leur culture, de leur monde et vouées aux géhennes des Caraïbes et de l'Amérique.

Mais l'auteure peint également la Barbade avec ses plantations de canne à sucre, ses champs, ses jardin-potagers, ses ruisseaux, sa végétation, sa vie de tous les jours. Mais là, je crois que Maryse Condé à légèrement péché en géographie dans ses descriptions de la Barbade. Elle fait une constante référence aux mornes de cette ile, qui en fait ne contient que 12 montagnes. La Guadeloupe, sa terre natale, en contient 246, ce qui a assurément imprégné sa conception d'une ile antillaise. Donc, je crois qu'involontairement elle a entremêlé la Guadeloupe et la Barbade comme une seule et même ile. Amusant et pardonnable.

L'histoire de Tituba est fluide, captivante, et émotionnellement intéressante. le récit est principalement écrit à la première personne et au passé composé. On entre donc dans la peau de Tituba dès la première ligne en pénétrant directement une tranche d'histoire à l'instar d'un voyage dans le temps. Comme dans ses romans : « L'histoire de la femme cannibale » et «En attendant la montée des eaux” – que je recommande également, je me suis délecté à lire une écrivaine purement caribéenne, fière de ses origines africaines, qui dans ce roman offre une vision du monde et de l'histoire qui mérite d'être lu et apprécié.
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Tituba est née à la Barbade, au XVIIe siècle. Elevée par une guérisseuse, elle apprend le pouvoir des plantes et s'exerce à de nombreux rituels. Son mariage avec John Indien, esclave, la mène jusqu'aux Etats-Unis. Elle appartient au pasteur Parris, bientôt nommé à Salem. Là, le rigorisme religieux va mener à un des procès de sorcellerie les plus connus de l'histoire. Tituba fait partie des premières accusées.
Tituba est un personnage historique dont on sait très peu de chose. Quelques archives du procès la nomment, mais on perd vite sa trace, car elle est femme, car elle est esclave, car elle est noire. Maryse Condé a choisi de faire revivre cette femme à la première personne. Son roman est rédigé dans une langue agréable à lire. J'ai aimé en apprendre plus à la fois sur les sorcières de Salem et sur la vie d'une femme esclave à l'époque moderne. Cependant, je ne suis pas complètement entrée dans ma lecture, peut-être parce que j'ai un peu de mal quand la magie fait une incursion dans le roman historique.
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