L'oiseau des ténèbres, c'est la chouette, symbole du mal dans l'imaginaire du Moyen Age. C'est aussi l'oiseau peint de multiples fois par
Hieronymus Bosch, contemporain de Léonard de Vinci, mais appartenant plus au Moyen Age qu'à la Renaissance, par ses côtés sombres quant au sujet et par sa touche sans ombre ni sfumato.…..
Un crime est commis, mettant en scène les chouettes du peintre, comme dans le Jardin des délices, partie du triptyque du Jugement dernier, un coup sur la tête a été donné et peut faire penser à l'opération de la pierre pratiquée à l'époque du peintre. le mot d'ordre « prends garde… » est inscrit sur le lieu du crime et Terry Mac Caleb découvre que Bosch le peintre l'avait placé dans un cercle doré « Prends garde, Dieu voit » dans sa représentation des sept péchés capitaux. Connelly nous fait revoir ces tableaux, nous fait les rechercher, puisque désormais ils appartiennent à une scène de crime. J'adore ça, quand un livre nous fait rechercher, ici en l'occurrence, des tableaux, et dans ces tableaux magnifiques, des détails, en ‘occurrence une chouette. Et puis nous visitons en quelque sorte le musée Getty de Los Angeles, autre atout de Connelly qui nous parle de sa ville avec tellement d'amour que je crois la connaitre.
Bosch, le peintre des ténèbres, peint l'enfer sur terre, les horreurs auxquels sont soumis les hommes, horreurs que Bosch le policier côtoie constamment. Et cela lui plait, il aime « danser avec le diable », trouver le meurtrier, résoudre une affaire, même la plus sombre. Il s'agit bien du mal que l'homme étreint en enlaçant la chouette dans le Paradis terrestre, car nulle part, pour le peintre, même au paradis, le mal n'est absent, de la même manière que l'inspecteur est constamment en proie aux crimes et donc au mal.
Connelly nous passionne, puis entrecroise un duel entre ses deux héros, Harry Bosch et Terry Mac Caleb : le second, frappé par les similitudes entre le crime qui reproduit les tableaux de
Hieronymus Bosch et le nom de son collègue, le soupçonne donc. Duel admirable, entre deux héros que Connelly nous a appris à connaître et à apprécier, duel serré, dans lequel s'insère Jack MacEvoy, le journaliste du « poète ». Avec ironie, Connelly l'ancien journaliste montre le rôle de la presse cherchant par tous moyens des informations sur un procès en cours. Toujours avec ironie, Connelly se cite une deuxième fois avec l'évocation de l'avocate qui avait aidé Bosch dans «
l'envol des anges ».
Excellent thriller, avec l'évocation d'un procès où le policier Bosch fait partie de l'accusation, alors qu'il est lui même, de façon plus sournoise, accusé par son collègue et ami. Il y a tout, dans ce livre : le duel entre deux héros bien connus de nous, l'évocation d'un Los Angeles que nous apprenons à connaître grâce à Connelly, la description des tableaux de Bosch, l' intrication de plusieurs affaires différentes. Et tout est passionnant.