Michael Connelly n'aura pas attendu longtemps avant de mettre en place le face à face entre ses deux héros, l'indébounable Harry Bosch d'un côté et la jeune et farouche Renée Ballard de l'autre. Une rencontre qui promettait un récit intense sous les cieux californiens mais l'auteur va aller à l'encontre des attentes de ces lecteurs.
Le principal problème du récit vient de son intrigue principale dont le squelette semble un peu maigre pour que l'ensemble de l'ouvrage repose dessus. Cette enquête sur une ancienne affaire de 2009 sur une mineure fugueuse perd vite en intérêt. L'enquête se résume à éplucher d'anciennes fiche d'interpellations jusqu'à tomber sur un profil suspect. On a connu Connelly plus inspiré. L'enquête autour de cette pauvre Daisy ne prend jamais d'ampleur, ne gagne jamais en intensité et se résolve d'une manière trop aisée pour être mémorable.
Comme l'enquête principale se révèle un plat trop frugal pour être consistant, l'auteur s'est senti obligé de broder autour de ses personnages fétiches. S'il est toujours intéressant d'enrichir sa connaissance sur les us et coutumes de la police de Los Angeles, on apprend ainsi que la hiérarchie de la police demande à ses agents de tenir à jour un registre afin de noter les liens entre les forces de l'ordre et les membres des gangs. Pour un spectateur extérieur c'est toujours intéressant de voir comment une société s'adapte à la criminalité. Mais il faut reconnaître que cela fait peu à se mettre sous la dent.
Je n'ai pas pu m'enlever de la tête que l'auteur cherchait à inclure à son récit, de manière poussive, toutes les anecdotes qu'il a dû recueillir auprès de vrais représentants de la loi qui effectuent leur service la nuit. Les chapitres consacrés à Ballard sont l'occasion de livrer un échantillon de tout ce que la nuit californienne peut livrer de plus sordides, ou drôle. Malheureusement ces anecdotes, sympathiques au demeurant, ne suffisent pas pour bâtir un récit qui va rassasié le lecteur avide d'enquêtes palpitantes.
Quant au duo Ballard-Bosch, oui je place Renée en premier la galanterie est une vertu à laquelle je crois, il fonctionne plutôt bien mais il manque d'étincelle. Tout se met en place trop facilement entre ses deux chasseurs solitaires, il manque des points d'achoppement, une petite bataille d'ego pour épicer un récit un peu trop linéaire. de plus j'ai du mal à comprendre la quasi disparation de l'entourage de Ballard, comme d'habitude l'auteur privilegie le personnage de Bosch. du coup on a surtout l'impression de lire une énième enquête de l'enquêteur éternel que d'une réelle enquête en duo. Enfin la faute morale de Bosch lors de la conclusion me paraît en complète contradiction avec le portrait brossé par l'auteur depuis plusieurs volumes, Bosch apparaît comme un inspecteur chevronné et rigoureux, le voir succombé à l'appel de la vengeance sommaire me paraît hors de propos.
Cette nuit sombre était l'occasion où jamais de mettre en place le passage de flambeau entre le vieux briscard qui refuse de céder sa place et la jeune recrue pleine d'entrain mais on se retrouve finalement avec une aventure assez plate et sans rythme. J'espère fortement que l'auteur saura dynamiser son duo lors de sa prochaine virée dans la ville des anges.
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