S'il est un écrivain qui connait l'
outback australien comme sa poche, un gars pour qui le bush n'a plus aucun secret, c'est bien
Kenneth Cook !
A qui n'aurait jamais entendu parler du bonhomme, je conseillerais pour s'en convaincre de commencer par ses invraisemblables mais pétillants recueils de nouvelles ("le koala tueur [*]", "la vengeance du wombat [*]" et autre "ivresse du kangourou [*]"), qui toutes prennent racines dans la poussière aride de ces régions perdues [**].
Après ça, si les plus motivés n'ont toujours pas leur content de vitamine D, de pistes caillouteuses, de sables mouvants, de serpents venimeux ou de monolithes brûlants, rien ne les empêche d'enchainer à toute berzingue [*] avec le présent roman.
Plus sec, plus nerveux, plus stressant que les recueils mentionnés ci-dessus, mais aussi un peu moins réussi (à mon humble avis).
Il faut dire que Kenneth joue là sur un terrain complètement différent : celui de la course poursuite infernale, du "roman d'action pur et dur [...] qui captive par sa cadence furieuse", comme nous l'explique très bien en préface
Douglas Kennedy himself (excusez du peu !)
Intrigue plus que minimaliste (deux jeunes gens sans histoire, traqués dans le désert par un démon mi-homme mi-bête bien décidé à leur faire la peau sans que personne ne sache pourquoi), personnages sans épaisseur, croqués à la hâte, contexte à peine esquissé (d'où viennent-ils, pourquoi sont-ils là, qui est ce prédateur sanguinaire ? Les mystères restent entiers...), décor tout juste planté, pas de temps à perdre, il faut fuir.
Plus loin, plus vite, sans se retourner.
Bien sûr on pense au célèbre "Duel" de Spielberg, bien sûr aussi, plus récemment, au superbe "Mad Max Fury Road" de George Miller ... et bien sûr on finit par s'essouffler un peu sous ce soleil de plomb et sur ces terres nues, dures, rouges, sans vie.
À l'image de son tueur sans visage, inlassablement cramponné aux basques des fuyards,
Kenneth Cook ne nous laisse aucun répit et joue avec nos nerfs.
Quel soulagement alors que d'arriver, en nage, au terme de ces 200 pages chargées d'adrénaline, où chaque virage révèle un nouveau danger et où la moindre décision hasardeuse peut s'avérer fatale !
S'il n'est pas d'une grande originalité, je garderai néanmoins de ce texte - simpl(ist)e mais diaboliquement efficace - le souvenir d'une chasse à l'homme rythmée et surtout d'un cadre grandiose, hostile et fascinant : celui de ce désert immense que les aborigènes désignent parfois comme "le coeur mort" de l'Australie.
Voilà qui fait rêver, n'est-ce pas ?
- - - - -
[*] Mais où le sieur Cook va-t-il chercher ses titres ? Je soupçonne le brave homme d'avoir peut-être passé un peu trop de temps au soleil...
[**] Ça c'est bô, hein ?