J'étais resté sur ma faim à la lecture du tome 2 mais celui ci vient de me redonner de l'appétit quant à cette série. Et j'ai plaisir à retrouver les qualités d'écriture de son auteur,
Sylvain Cordurié, que j'apprécie particulièrement.
Ce tome est dense. 56 pages pour nous emmener au coeur de la guilde des Assassins, par les yeux et dans les pas de Neida, une femme surdouée dans son domaine, membre de la guilde et figurant parmi les meilleurs assassins que celui ci compte à ce jour.
Nous suivons donc le destin de Neida, qui va être bouleversé par sa rencontre avec Eliezer un ancien Maître Inquisiteur, exarque de l'ordre, sa nouvelle cible. Nous retrouvons également avec plaisir Neferis, la cheffe de la guilde, et c'est autour de ces trois personnages que l'intrigue de ce tome va tourner.
Ce tome porte le titre de Neida, l'assassin, mais c'est bien le Maître Inquisiteur qui va mener la barque du début à la fin.
C'est avant tout un vrai plaisir que de retrouver le duo Maître/Elfe, qui fut le point central de la série mère. Mais c'est également un vrai régal que de se plonger enfin dans le lore, dans les entrailles de cet univers par le biais de ce scénario extrêmement bien maîtrisé et mené par
Sylvain Cordurié. Un scénario cohérent et/mais alambiqué comme l'auteur sait si bien le faire, un scénario qui se déroule sur plusieurs niveaux. D'une par, l'intrigue autour de Eliezer et Néferis, et les intrications entre la Guilde et l'Ordre, et d'autre part, le parcours individuel de Neida.
L'auteur prend le temps de nous plonger au coeur de la guilde et de son fonctionnement interne, son poids dans la cité et la région, ses méthodes d'exécution, et son ancrage dans le paysage. On ressent immédiatement la puissance et la place qu'il occupe dans le monde, même s'il agit exclusivement dans l'ombre. Il était temps, après 3 tomes.
Il nous présente et développe également beaucoup plus le personnage de Néferis, dont on apprend qu'elle n'est pas à la place qu'elle occupe pour rien, le pouvoir qu'elle possède. C'est un personnage réfléchi, posé, calculateur et conscient de la position et de l'importance de la guilde dans le paysage politique global. Par ses paroles, l'auteur nous en dit davantage sur la Guilde et l'Ordre, leur place au sein de l'équilibre général du monde, même si leurs méthodes diffèrent radicalement.
Tout comme dans la série mère, l'Elfe joue un rôle important et c'est heureux que l'auteur ne l'ait pas oublié et relégué au second rang. Sa présence rend possible des discussions entre lui et Neida, notamment sur le rôle d'assassins qu'ils sont tous deux, mais qu'ils jouent différemment. Cela va permettre d'opérer un parallèle intéressant entre les deux personnages, l'elfe, normalement un assassin froid et méthodique, qui se moque des émotions que ressent désormais Neida, conséquence du pouvoir du Maître Inquisiteur. Celle ci n'est plus elle même et perd même de son efficacité du fait qu'elle puisse maintenant ressentir de l'empathie, du remords ou de la compassion pour ses victimes. Mais je trouve juste dommage que cette dimension là ne soit pas plus développée. Elle aurait mérité plus de profondeur ne serait ce que parce que ce tome porte le nom de Neida. On a un peu l'impression qu'elle tout de même après l'intrigue autour d'Eliezer, et on a un peu de mal à comprendre en quoi cette perte "d'inhumanité" est importante dans le récit. Ok, Neida est froide et insensible et c'est ce qui fait d'elle la meilleure... et c'est tout! 9a s'arrête là...! Ç'eut été appréciable que d'aller creuser un peu plus loin, que d'explorer un peu plus avant les conséquences, pourquoi pas désastreuses sur son activité, pour elle, et pourquoi sur sa place dans la guilde, du fait que Neida retrouve son humanité et ressentir ce qu'elle fait subir à ses victimes...
L'elfe et l'assassin enquêtent donc, côte à cote, autre parallèle à la série mère.
Les quatre personnages qui font le récit sont bien caractérisés, ce qui amène de la profondeur à l'histoire et permet d'asseoir un peu plus et un peu mieux cet univers, et ainsi établir un lien fort avec la série mère. Celui ci prend réellement vie avec les graphismes et les différentes ambiances. À ce propos, j'aime beaucoup le design des Assassins en mission.
Ce tome me permet de renouer avec la série, que je trouvais un peu molle jusqu'ici, et de renouveler ma confiance en
Sylvain Cordurié, qui est pour moi, un écrivain de talent.