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sur 4637 notes
Rangement de bibliothèque… et découverte, dans un coin de deux vieilles éditions : « le Cid », édition « Classiques Larousse » 1933 ; « Les Plaideurs », édition « Classiques Larousse » 1935 …

« le Cid », une pièce de théâtre, lue au collège, et relue à l'âge adulte. Je ne reviendrai pas sur l'ennui au collège et l'intérêt de cette lecture beaucoup plus tard…
Je n'aurai pas le coeur (n'est-ce pas Rodrigue ?) à résumer ce monument de la littérature française, tellement d'autre l'ont fait avec talent. Un élément, malgré tout : le « drame cornélien », l'affreux dilemme de se trouver devant une alternative malsaine qui, quelle quoi soit la décision prise conduira au même résultat catastrophique… Une situation, parfois vécue au travail, et bien inconfortable.

Il me reste de cette lecture le souvenir d'une langue magnifique - charme de l'alexandrin ? sans doute... - un sens de la formule quasiment inégalé ; tout au moins à cette densité. On pourrait extraire de ce petit bouquin de cent-dix pages, au moins une citation par page…
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Ah, vieillesse ennemie... Une phrase qui me revient souvent à la mémoire.
Moi qui ai si peu goûter aux classiques, il en est, de mon époque lycéenne, qui se rappellent à mon souvenir. Celui-ci en fait partie, avec bonheur...
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Dans l'Espagne du XVIIème siècle, Chimène aime Rodrigue et Rodrigue aime Chimène. le père de la jeune fille va consentir au mariage quand la jalousie l'oppose à don Diègue, qui vient d'être choisi par le roi comme gouverneur du prince. le comte de Gormas gifle le vieil homme qui en appelle à son fils pour le venger. "Rodrigue, as-tu du coeur?"
Et nous voila face au terrible choix cornélien : si Rodrigue veut laver l'honneur de sa famille, il lui faudra tuer le père de sa bien-aimée et dire adieu à un mariage auquel il ne pourrait pas non plus prétendre s'il laissait l'injure impunie.

Quelle personne ayant un minimum de culture peut, de nos jours, dire qu'elle ne connait pas le Cid? Cette tragi-comédie de Corneille est connue, archi-connue, vue et revue. Qui donc n'a jamais entendu le fameux "Va, je ne te hais point" ou encore "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" ?
Avec cette lecture, j'ai enfin la réponse à LA question : comment cette histoire se finit-elle? Car si l'on nous parle toujours des hésitations des personnages, jamais on ne nous dévoile le dénouement de la pièce et, moi non plus, je ne dirai rien.

Challenge ABC 2015/2016
Challenge Petits plaisirs 2014/2015
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Il y a plusieurs années, j'avais rédigé une critique à la hâte, dénigrant la pièce et Corneille. Je fonctionnais alors par systématisme manichéen opposant la liberté absolue et la folie jubilatoire de Shakespeare à la froideur frustrante enserrée dans les carcans des codes du théâtre classique français de Corneille. J'étais tombé sous le charme des pièces du grand William durant mes études universitaires avec des profs géniaux, et à l'inverse, une prof horrible spécialiste du XVIIe siècle français et XIXemophobe au possible (comment pouvions-nous nous entendre hein, pour ceux qui me connaissent?) avait associé Corneille, Molière, Racine (ce qui est terrible!) à sa personne qui m'insupportait. Mais tout ça, c'était avant. Avant que je ne sois prof moi-même, avant que je me trouve contraint d'enseigner le Cid à des 4e et prenne un plaisir fou à leur faire découvrir la moindre subtilité de la pièce, de ce langage élégant dont il faut posséder les clés, et du jeu avec les contraintes... Voir année après année chaque classe de 4e que j'avais s'envoler et se passionner pour cette pièce sous ma baguette fit non seulement partie des récompenses de mon travail, mais m'a fait évidemment revoir mon jugement immature sur la pièce, l'auteur et le siècle (et mea culpa pour Molière et Racine aussi, surtout ce dernier où je me régale toujours lorsque je tombe sur des passages et je déplore son absence dans ma bibliothèque...)

Bref, ce qui est incroyable avec le Cid, c'est qu'il est érigé en modèle de pièce tragique française classique, alors qu'en réalité, attention spoiler.... Après 95% de tragédie pure, il se finit en tragicomédie. Rodrigue et Chimène s'aiment, mais leurs pères sont en conflit pour le poste de Gouverneur du Roi. le père de Chimène déshonore le père de Rodrigue par un soufflet (généralement, j'encourage mes élèves à se mettre des soufflets!), mais, trop vieux, le père de Rodrigue demande à son fils de rétablir son honneur, véritable obsession pour tous les personnages tout au long de la pièce, système répétitif là aussi fascinant à souligner aux élèves. Rodrigue est donc tiraillé, mais c'est très célèbre, entre l'honneur de son père (et par extension le sien), et son amour pour Chimène. Tuer le père de Chimène et perdre celle-ci, ou ne pas le tuer et laisser son père dans l'infamie (généralement, là, je suis inarrêtable sur la fama latine, fame/infame qu'on retrouve en anglais, blablabla...) Il y a plein de passages passionnants à étudier, lorsque le père de Rodrigue emploie la rhétorique à merveille pour persuader son fils de le venger, la description épique par Rodrigue de la bataille contre les Maures (qui joue avec l'interdiction à l'époque de représenter la violence sur scène, et on peut s'imaginer diverses mises en scène actuelles), le duel hors-scène et l'annonce de son dénouement plus tard (idem), le bouleversement final si inattendu du tout est bien qui finit bien... Que de souvenirs formidables avec des classes formidables et éminemment réceptives. Merci les élèves de m'avoir ouvert les yeux! Je retourne à Dostoïevski...
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Il est bon parfois de s'attaquer aux grands classiques que diverses circonstances scolaires ne vous auront pas fait rencontrer malgré les nombreuses années passées sur les bancs et une terminale littéraire en bout de parcours. Sans doute le Cid fut trop brut pour mon époque !

Ce qui impressionne surtout à sa lecture, c'est le nombre impressionnant de réplique que l'on connaît sans l'avoir jamais lu. Quelle est la recette pour passer ainsi à la postérité ? D'abord la langue est tout à la fois complexe et simple. Dure à percer dans sa signification au départ, sa musique finit par s'imposer à vous et à couler de sources. Les nombreuses notes de l'édition scolaire que j'ai lu ont fini par devenir superflues voire énervantes.

Au delà de la langue, l'histoire est universelle et intemporelle. Elle parle à tous d'où qu'ils soient car honneur et amour opposé sont de tous temps même si les circonstances varient.

C'est donc dans l'incohérence et la confrontation des opposés complémentaires que cette oeuvre trouve son caractère éternel. Cette incohérence est peut-être LE trait caractéristique de notre humanité, qui à trop vouloir se questionner ne parvient jamais à se décider. Cette histoire nous le confirme sans jamais nous donner le moyen de sortir du dilemme ! O rage, o désespoir !
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Quitte à lire le Cid sans le voir au théâtre, on aurait intérêt à le comparer à Roméo et Juliette de Shakespeare, pièce qui le précède de quarante ans à peine. Dans les deux cas, les querelles des pères retombent sur les fils et les filles et les empêchent de s'aimer librement. Dans les deux cas, tout le tragique vient de l'héritage des parents qui étouffe les enfants. Mais si Roméo et Juliette passent outre, s'aiment et se marient avant de mourir, en rejetant le legs empoisonné de la haine de leur famille, Rodrigue et Chimène, plus nobles, assument cela, prennent leur croix et sacrifient un temps leur amour au service qu'ils doivent à leur lignée. Il faut le Roi et sa volonté souveraine pour imposer aux jeunes gens de se réconcilier et se promettre un mariage dans l'avenir : le roi est seul capable d'imposer une fin à la guerre des clans et d'obliger sa noblesse à tourner la page. Hélas pour Roméo et Juliette, le Prince est incapable d'imposer la paix de leur vivant, et la conclut sur leurs cadavres, bien trop tard.
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Je ne me permettrai pas d'écrire une critique du Cid, donc je vais juste vous livrer un petit témoignage.
Je viens de relire le Cid pour accompagner mon fils qui est en quatrième et ne savait pas trop par quel bout le prendre. Au début, il avait vraiment du mal à comprendre les vers de Corneille malgré les nombreuses notes de bas de page qui figuraient dans son édition scolaire, et je devais tout lui réexpliquer, en disséquant les phrases et en remettant les mots dans l'ordre. Puis il a commencé à s'habituer, et à la fin il n'avait presque plus besoin de mon aide et il a même pris du plaisir à sa lecture!
Plaisir que j'ai partagé !
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Si Racine est le roi de l'expression pathétique et vibrante des émotions des personnages qu'il met en scène, Corneille, lui, est le maître de l'expression en parole du combat entre ladites émotions et la fierté de ces personnages.
Et, j'ai rarement lu aussi réussi en la matière que le Cid.
Cette histoire, pleine de verve, d'un amour impossible, est toujours aussi vivante plusieurs siècles après sa création.
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Le Cid est une oeuvre que j'ai étudiée au collège. Je reviens vers cette dernière avec grand plaisir. Chimène et Rodrigue s'aiment mais leur amour va être contrarié. En effet, Rodrigue va venger son père âgé offensé par le père de Chimène quant à son grand âge. Sauver l'honneur par la mort ne fait pas bon ménage avec l'amour surtout lorsque la victime n'est autre que le père de l'être aimé. Ces grands sujets remuent fortement les passions et en opposent l'impétuosité aux lois du devoir et aux tendresses du sang. Ceci donne grand relief à cette tragédie.Je m'attarderais un peu sur cette légendaire litote : «  Va, je ne te hais point ». Ces quelques mots tracent toute la complexité et le déchirement qu'engendre la situation. Je ne te déteste pas pour ce que tu as fait, mais tu dois partir. Notre amour est désormais impossible. Je continue de t'aimer mais tu dois partir.
Quelle tristesse !
Cette pièce est d'une grande richesse tant par ses textes que par la morale qu'elle véhicule tout en élégance.
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Comment faire une critique originale d'une oeuvre maintes fois décortiquée par ses pairs, jugée par la toute jeune Académie française, décriée par ses contempteurs, vantée par les grands esprits de son temps et, surtout, commentée par des générations entières d'élèves de collège ? Car à part dire que la pièce est d'une hauteur tragi-comique et épique sans commune mesure, critiquer cette référence de la littérature française est comme s'exposer au (Roi)-Soleil sans FPS 50.

Alors que Chimène et Rodrigue étaient prédestinés à former un magnifique, brut et puissant couple, ils rentrent droit dans le mur de l'orgueil. le comte Gomès, le père de Chimène, met une déculottée à Don Diègue, le père de Rodrigue, à cause d'une problème de tutorat. Forcément, le vieux bougre n'est pas content et demande à son fiston de le venger. Tiercé gagnant, le comte Gomès passe de vie à trépas de la main même de son ex-probable beau-fils.

Désormais, entre Chimène et son beau se dressent l'impossibilité de s'aimer en société, et aussi un amant dévoué mais détesté, une Infante friendzonée, un roi intéressé, un mort mort et des Maures morts. Petit moment d'Histoire : Corneille a commis là l'un des seuls impairs : pour faire intervenir les Maures, l'auteur a déplacé l'action à Séville... ville absolument musulmane à l'époque. Deus ex machina au service du respect des règles de lieu et de temps. Bref, heureusement, les Maures apportent le salut à Don Rodrigue. le salut de l'honneur par le Roi, pas celui du coeur. Car Chimène, la gloire de son père chevillée au corps, demande toujours sa tête.

Mais tragi-comédie oblige, quelques actes plus tard, les talents (martiaux, pas d'or) du Chevalier d'un côté et l'amour de l'autre vont finir par les rabibocher (sans compter un petit coup de 49-3 royal, ça marche toujours).

J'ai particulièrement aimé le personnage de Chimène car je trouve que Corneille l'a composé comme le plus tragique de tous. Elle agit tout au long du récit comme une déesse grecque. Agitant sa fureur contre Rodrigue, excitant le Roi, galvanisant le bras armé de Don Sanche contre une promesse d'amour, elle m'a paru le personnage de loin le plus contrasté de tous et le plus emmêlé dans ses turpitudes.

Ce grand cornichon de Rodrigue, lui, m'a évidemment touché. Son personnage tiraillé entre deux feux, celui de l'amour et celui de la gloire, incarne un stéréotype de chevalier que n'importe quel auteur adorerait écrire. D'ailleurs, je ne peux que vous conseillez l'édition Folio Classique de Jean Serroy qui comprend un décryptage assez bienvenu de l'oeuvre, de son évolution et de ses personnages. En même temps, Rodrigue est tragiquement nian-nian. Toujours à en faire plus, à surenchérir dans le mièvre et l'autodestruction, il en devient une farce.

Mais le récit ne se moque jamais de lui ou de Chimène. Les autres personnages ne tournent pas en dérision cet amour de polichinelle mais au contraire le respecte, même l'amant écarté. Peut-être que l'épreuve de Chimène devant le Roi est la marque la plus poussée du comique de la pièce.

Pour relire des classiques depuis quelques temps, je me dis que c'est pas si mal. Ces briques de culture ont un goût particulier à l'âge adulte. Peut-être qu'il était trop tôt, au collège, pour bien en appréhender le suc.

Sans l'avoir jamais lu, le Cid demeure certainement l'un des récits les plus marquants de mon adolescence. Peut-être vous souviendrez-vous comme moi de la Campagne du Cid Campeador sur Age of Empires II. Ah la la, quelle belle époque. Envoyer des paysans récolter de la nourriture tout en écrivant des articles sur son Skyblog... Quel âge d'or.
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