Je l'ai vu partout sur les réseaux, pas trop envie de le lire au départ, un roman qui serait une redite de Rebecca de Daphné du Maurier ? … et oui dès les premières pages la comparaison est là ; une maison imposante, l'ex-épouse disparue et pourtant omniprésente, un mari quelque peu ascétique, et une domestique régissant le tout d'une main de maître... Mais, mais !
Seule en sa demeure est subtilement bien écrit et joue de cette ressemblance, de ces codes du roman gothique, de l'atmosphère pesante dans cette maison grandiose, des silences, des non-dits et de mon imagination débordante.
La poésie des mots enchante chaque description ; de la forêt du Jura accouchant du domaine Marchère au tressaillements du huis-clos se jouant entre les draps de la jeune nouvelle épouse, Aimée.
Aimée, dix-huit ans est mariée à Candre. Ce n'est pas un mariage forcé, c'est simplement le cours logique de la vie, ses parents Josèphe et Amand vieillissent, son cousin Claude va partir pour l'armée il est temps pour elle de fonder son propre foyer et qui de mieux que ce jeune veuf et orphelin, riche propriétaire terrien. Il est beau, il est aimable, pas trop comme les autres hommes, loin de l'idée du mariage contraignant que lui dépeignait son fougueux cousin. Alors oui, elle convole avec Candre Marchère, lui qui encore enfant vu sa mère mourir sous ses yeux à l'Église, lui, sans père, si jeune et déjà veuf.
Livrés avec la demeure, la peur, le désir, la sensualité de cette nouvelle vie d'épouse et aussi Henria, la bonne qui a élevé Candre avec amour, tout en sachant garder sa place de domestique. Sous son aile, Angelin, son curieux fils, un peu sauvageon et pourtant taiseux. Et ce malaise persistant … Aimée ne connaît rien finalement des habitants de sa nouvelle maison. Les visites de ses parents et son cousin, ou d'Emeline, sa professeur de flûte, la sortiront-elle de son sentiment de solitude ou la plongeront-elle dans le désarroi? Il y a quelque chose de pourri dans l'empire de Marchère …
J'ai adoré ce roman, l'écriture poétique et précise de
Cécile Coulon fut une réel découverte, elle donne corps aux personnages et au lieux. Lentement et profondément chaque personnage est exploré, les chapitres courts et bien découpés donnent rythme au récit. J'avoue qu'après une centaine de page je suis partie sur un scénario hyper complexe et un complot sombre et machiavélique qui m'a rendue très anxieuse quant au vécu et au sort de certains personnages et je fus presque déçue du dénouement plus simple et un peu expédié sur la fin. Cela en reste une excellente lecture et la belle révélation d'une romancière dont je ne connaissais que le nom.
Merci à Babelio - masse critique et aux éditions l'iconoclaste pour ce beau cadeau livresque.