Vuillard et l'art du Japon

Comme on dirait pour un chanteur, un air me trottait dans la tête pour l'avoir vu dans les revues, les expos consacrées aux Nabis, peut-être se situait-il quelque peu éclipsé par l'ombre de Bonnard qui a littéralement emporté mon enthousiasme pendant bien des années ; j'avais le souvenir comme ça de ses intérieurs.,et puis je crois que c'est le dernier des grands peintres de l'art moderne qui s'est révélé à moi sous un jour nouveau depuis quelques années. Juste avec quelques peintures, il a su me subjuguer, ce ne sont pas forcément des intérieurs d'ailleurs, et me parle comme Tolstoi me parle en littérature dans un langage secret, magique que je ne saurais trop définir. Je ne sais pas dans mon rêve éveillé qui rend visite à l'autre. Par le plus court chemin, régulièrement , je vais compulser mes bouquins, catalogues qui lui sont dédiés, j'en ressors toujours l'âme exaltée. C'est un fragment, une toile de lui que je veux voir qui m'a marquée, ou bien mon intention est là dans l'air de voir de visu la tonalité de sa facture dans le musée le plus proche qui voudra bien le solliciter. Quand c'est bon, c'est très bon, c'est du grand art comme je savoure du plus haut de mon estime. Il y a probablement là une expression dans laquelle je me projette, mais pas seulement des accointances entre les individus doivent certainement opérer. Nous ne nous connaissons pas, il est mort, serait-il en vie que j'aurais immanquablement cherché à le rencontrer pour lui dire combien j'estime son travail dans tel domaine en particulier, assorti d'une ou deux questions ou interpellation comme pour lui dire que son baiser à la jeune fille de son entourage, quelque peu énigmatique, est à mes yeux un des plus beaux baisers peints d'entre tous, oui je suis sûr que je lui aurais demandé s'il l'avait aimée ou n'était-ce que pour la circonstance, bien que j'aie mon opinion là dessus.


Je ne vais pas dire que l'intention est palpable chez Vuillard de vouloir transcender le travail des peintres japonais du début 19 e, d'abord ça ne lui appartient pas à lui seul et deuxio mettre en regard de chaque peinture de l'artiste un plan japonais ne montre qu'une relative influence. Il faut savoir qu'à leur tour ces maîtres japonais vus comme pionniers ont été influencés par l'art occidental.

Je ne connais pas de grands peintres qui n'aient pas subi l'ombre des illustre aînés, voire se livrer à une forme d'émulation. C'est juste amusant de mettre ça en perspective. Cela dit, la variéte de thèmes choisis, me fait dire qu'on retrouve à ne pas s'y tromper des standard communs aux deux écoles : paysage marin, la vague, le bateau sur l'eau, le pont, la montagne, le masque, le portait, l'érotisme, la femme, les cheveux, les costumes, ici le combat, le guerrier non, parce qu'est-ce qu'on aurait mis de Vuillard l'intimiste en regard ?