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2,86

sur 255 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai trouvé , pour ma part, ce livre assez réussi! Dans ce qu'il voulait décrire.. Agréable à lire, c'est autre chose..
Ce groupe de femmes, étudiées ( c'est le mot, elles sont décrites avec une précision d'entomologiste!) par Rachel Cusk dans un intervalle de temps donné sont toutes différentes, mais leur point commun, c'est leur impossibilité à agir. Certaines en sont conscientes, d'autres pas.
Piégées, coincées, elles sont. En cage dans leur Arlington Park ! Une vie rangée, programmée, et un horizon identique.

"Christine n'avait jamais cru bon de faire le tri alors que tout lui semblait du pareil au même; mais maintenant, elle se demandait si ce n'était pas exactement cela qui vous maintenait à votre place, cette acceptation des choses, de sorte que vous tourniez continuellement en rond et n'arriviez jamais nulle part. Si vous acceptiez les choses, où aller quand elles devenaient insupportables? A qui le dire? Il fallait de la place pour le changement-il fallait de la place pour l'imprévu!"

"-On aurait dit que la fin du monde allait arriver, observa Christine d'un ton morose.
- Parfois je me dis que c'est déjà fait, dit Maisie, avec une sorte de dignité hésitante. du moins notre petit bout à nous.."


Alors, il y a les révoltes.A leur niveau. L'oubli de la tarte au citron et le poulet trop cuit pour le dîner de 8 ( sujet de discussion, les permis de construire...) parce que le mari n'a pas aidé, et la mère de famille nombreuse qui projette furieusement les boîtes-repas de ses enfants sur le mur de la cuisine en hurlant qu'ils lui gâchent la vie . Et qui calme son exaspération en regardant les miettes et les croûtes de sandwich retomber en lent crépitement sur le plan de travail.

Que du bonheur ordinaire, Arlington Park..

Je viens de voir l'adaptation française d'Isabelle Czajka , La vie domestique.
Transposé dans la banlieue parisienne, le film m'a semblé plus.." soft"? Moins violent, moins grinçant que ce qui était, pour moi, un exercice de style plutôt réussi sur l'ennui ordinaire de la mère de famille qui a du laisser de côté ses ambitions et intérêts professionnels propres. D'abord il semble moins pleuvoir, dans Arlington Park, il pleut en permanence ce qui rajoute au confinement. Les sujets de discussion de ces fameux dîners de voisins changent , mais après avoir passé des heures à les préparer, comme il se doit, on s'y embête tout autant !
Et puis, dans le film, on sent vraiment qu'il y en a au moins une qui va agir ( à son niveau, en commençant par dire non, après un dialogue très fin avec sa mère qui lui fait ressentir ce temps qui passe) . Et on peut espérer qu'au prochain dîner , la tarte au citron va aller s'écraser sur la tête du chef d'entreprise, celui qui lui demande si animer des ateliers de lecture pour des jeunes filles en difficulté scolaire a vraiment une utilité vu ce qu'elles vont devenir, et rajoute: ah, mais , bien sûr, il faut bien que vous vous occupiez un peu.."
De l'action!!!
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Après Les variations Bradshaw, c'est ma deuxième lecture de Rachel Cusk, pour son premier roman traduit en français. Et j'ai une fois de plus été époustouflée par la maîtrise, le sens de la construction et de la narration, en un mot l'intelligence de cet écrivain. Si Les variations parcouraient une année, ici l'action est resserrée sur une journée, et encore une fois le début et la fin se rejoignent : le matin, Juliet Randall émerge d'une nuit de cauchemar, un lendemain de soirée trop arrosée, et la soirée s'achève chez Christine Lanham, complètement bourrée après une journée « difficile ».

Le roman pourrait presque être une suite de nouvelles, puisque chaque moment de la journée correspond à un univers féminin bien particulier, à un type de frustration, souvent lié au mariage, aux maternités, à l'incommunicabilité profonde entre els êtres, aux jalousies, aux rêves brisés, ou à l'impossibilité de retrouver en soi ses rêves, ses désirs d'enfant. Certaines frôlent ou s'enfoncent sans le savoir dans la dépression, voire même la folie, certaines parviennent à survivre grâce à un détachement, une forme d'absence aux autres, ou en se glissant dans la vie d'une autre qui occupe la chambre d'amis.

Mais ces femmes sont liées par cette banlieue de Londres qu'elles connaissent depuis toujours, ou qu'elles ont choisi pour horizon de leurs velléités de bonheur. En arpentant jour après jour les rues de la ville, les cours d'école, le parc et le centre commercial, elles prennent la mesure du vide, elles extirpent les racines de leur mal-être pour mieux les enfouir et se réengloutir dans un quotidien noyé de pluie. Car la pluie ne cesse de tomber sur Arlington Park tout au long de cette journée, comme un symbole de gris et de boue sur ces destins perdus. Autre élément récurrent : les cuisines familiales, dont le décor reflète les ambitions ou les défections des unes et des autres.

Sans défense contre elles-mêmes, toutes ces femmes d'Arlington Park le sont sans doute. Elles m'ont fait penser parfois aux héroïnes des Heures de Michael Cunningham ou à la Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Mais elles m'ont un peu flanqué le cafard, je dois bien l'avouer ! Si le roman est aussi passionnant dans son intelligence, je garderai peut-être une petite préférence pour Les variations Bradshaw, parce que c'était ma première rencontre avec Rachel Cusk !
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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"Je déteste être une femme au foyer !" pourrait-être le sous-titre de ce roman cynique qui raconte le quotidien de 4 femmes résidant dans la banlieue de Londres.
C'est l'ennui, la sensation d'avoir raté leur vie professionnelle et amoureuse et d'avoir fait les mauvais choix qui envahissent ces épouses et mères qui, en apparence, ont tout pour être heureuses. Elles sont mariées, ont généralement des époux aimants ou du moins qui ne leur tapent pas dessus quand ils ont faim ou qu'ils veulent leur journal, des enfants en bonne santé, de jolies maisons fleuries...

Durant une journée, nous les suivons dans tous les gestes du quotidien , préparant le petit déjeuner familial, faisant du shopping ou s'offrant une coupe chez le coiffeur, attendant les enfants à la sortie de l'école … et chacun d'eux nous semblent vains, rappelant leurs espoirs déçus.

Leurs réparties, leurs humours teintés de sarcasme nous fait cependant esquisser de larges sourires qui viennent adoucir cette triste journée.
Arlington Park dynamite les clichés sur la famille, le couple, la maternité, avec une lucidité dévastatrice. On en ressort un peu dubitatif quant à la santé mentale de l'auteur...était-elle en plein baby-blues pendant la rédaction de l'ouvrage ? Sinon, je lui conseille de petites vacances loin de sa famille pendant quelque temps car elle m'a l'air d'en avoir ras la casquette !


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Rachel Cusk raconte vingt quatre heures de la vie de quatre femmes d'Arlington Park, banlieue résidentielle d'Angleterre, qui ont tout pour être heureuses : mari, enfants, maison, amis... Nous plongeons dans les détails de leur quotidien, entrons dans leurs maison, les suivons au supermarché ou pendant la préparation d'un dîner, et nous entrons surtout dans leurs pensées.

suite sur http://liliba.canalblog.com
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"Arlington Park" de Rachel Cusk, fait indéniablement parti de ces romans psychologiques sur l'aliénation domestique, que le lecteur n'est pas prêt d'oublier ! Il s'insère peu à peu dans notre esprit, l'air de rien, entre passages parfois difficiles et dialogues vifs, naturels, réalistes et redoutablement efficaces ! Ce roman parlera donc à toutes les femmes, entre problèmes de couple, relation complexe avec la famille, vie de famille, travail, etc...

Le quotidien de Juliet, Amanda, Maisie et Solly devient alors le nôtre, s'immisce et se calque sur notre propre vie, ce qui nous donne une singulière et dérangeante impression d'avoir été espionné... Un roman redoutablement bien écrit, dont la patte littéraire devient de suite reconnaissable, d'une justesse folle et d'un réalisme saisissant ! Après la lecture d'un roman comme celui-ci, il sera difficile, voire pénible pour le lecteur, de reprendre une vie normale, sans penser à ces héroïnes du quotidien, dont la folie grignote peu à peu leur cerveau. Il faudra du temps pour se replonger dans un autre livre et même dans ceux de cette incroyable auteure de talent ; dans la lignée de Joyce Maynard, Liane Moriarty et Tupelo Hassman. Celles qui mieux que quiconque, ont réussi à comprendre, à soutenir et à faire parler les femmes...
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Quand les femmes font face à la vérité de leur couple et de la maternité, le tout dans une banlieue huppée.
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