Egypt Farm

Si j'avais eu un coup de coeur pour Arlington Park et un avis positif sur Contrecoup, j'avoue qu'Egypt Farm me laisse quelque peu sans voix.
Tout comme le protagoniste Michael, qui n'a pas un jour, était confronté à un événement qui a fait basculer sa vie ? Pour cet homme, c'est la chute de son balcon qui va être le facteur déclencheur. Suite à ce malencontreux accident, il va, accompagné de son fils Hamish, se rendre à Egypt, cette ferme dans laquelle il a connu dans sa jeunesse. Depuis, bien du temps a passé. Marié à Rebecca, une jeune femme bien plus intéressée par sa galerie d'art que par sa famille, il a besoin de prendre un peu de recul.
A Egypt farm, il retrouve son camarade de fac, Adam, mais aussi toute sa famille. Des êtres plus loufoques les uns que les autres. Cette petite communauté a, comme nous tous, ses secrets. Si certains étaient révélés, la ferme pourrait bien leur échapper.
Quel était le but de Michael en revenant sur un lieu de son passé ? Comptait-il retrouver les choses telles qu'il les avait laissées des années plus tôt ? C'est impossible. Tout le monde le sait. Ou souhaitait-il simplement s'éloigner dans un quotidien devenu difficilement supportable ? Au contact d'Adam, de Lisa, de Vivian, de Caris…les problèmes de la petite tribu, de cet endroit pas comme les autres, ne sont pas sans lui rappeler ses propres problèmes.
Je dois dire que cette lecture ne restera pas ancrée dans ma mémoire. L'ensemble m'a paru très brouillon. J'ai mis du temps à comprendre où voulait en venir l'auteure. L'idée de départ est intéressante mais malheureusement la façon dont Rachel Cusk la traite ne m'a pas happée. Limite même ennuyée. Je ne me suis absolument pas attachée aux personnages que j'ai trouvés assez creux. Un avis tout à fait personnel bien sûr…
Un point sur lequel, toutefois, je n'aurais rien à redire : Rachel Cusk a une très belle plume, ce qui m'a amenée jusqu'à la fin de ce livre. Une écriture très personnelle, tellement personnelle qu'on se perd parfois dans ses méandres qui donnent toutefois envie d'être visités.

Michael marié à Rebecca, père d'un petit garçon de trois ans, Hamish, décide de changer d'air et de retourner pour une semaine avec son fils à Egypt Farm chez les Hanbury, dont le fils Adam est un ancien camarade de classe.
Michael a fait la connaissance de cette famille bohème alors qu'il avait 18 ans, il a été invité pour l'anniversaire de Carie (soeur d'Adam), il en a gardé un bon souvenir, - même le désordre de la campagne avait cédé sa place à un paysage splendide -, la famille ressemblait à des personnages de conte de fées.
Que retrouve-t-il après tant d'années ?
Paul (le père) est hospitalisé, il n'a pas de visite, les deux fées (la mère et la belle-mère) se sont plutôt transformées en sorcières, leurs rapports sont à couteaux tirés. Les enfants ne s'entendent pas.
Tout le roman repose sur les illusions perdues, en équilibre, l'auteur excelle dans la pensée de ses personnages, le ressenti de chacun.
Les descriptions de la campagne, des maisons toujours en arrière plan sont magnifiques.
Si l'histoire est un peu longue à se mettre en place, il faut vraiment persister afin de découvrir le coeur de cette oeuvre l'amertume du temps qui passe, les frustrations, une belle satire sociale.

Cette lecture a été l'occasion d'un séjour vraiment pénible à la ferme en compagnie de personnes pas attachantes pour un sou ! Impossible d'éprouver la moindre sympathie pour ces personnages désagréables et leur tourbillon de cogitations alambiquées. La capacité compulsive d'introspection tordue et tortueuse que l'auteur leur a attribué donne un livre sans air et étouffant. Malgré les pointes d'humour acide que j'apprécie tout particulièrement, le récit m'a paru sinistre et déprimant. Les mots ont glissé sur moi comme la pluie sur les plumes d'un canard, rendant la lecture particulièrement laborieuse. Pas du tout le moment de plaisir que j'attendais....

Ce roman m'a fait l'effet d'un film d'avant-garde, style "nouvelle vague" française, mal joué, au scénario décousu et incompréhensible.
Beaucoup de descriptions extrêmement détaillées, de personnages ou d'éléments de décor, mais parcellaires ... ce style recherche manifestement de créer une représentation visuelle chez le lecteur, puis l'autrice décide de compléter sa description, quelques pages plus loin, (me) faisant perdre le fil de l'action ténue et floue qui avait fini par s'ébaucher.
Beaucoup de situations plus ou moins loufoques, inquiétantes ou grotesques sont ébauchées, puis interrompues sans que l'on comprenne réellement le choix d'une ellipse ou d'une fracture à ce moment du récit.
L'autrice a sans doute injecté du symbolisme dans son texte, mais il m'a totalement échappé, me laissant seulement avec quelques heures d'ennui et de perplexité.

C'est un étrange personnage qui prend les devants de ce livre. Il n'a aucune caractéristique, aucune histoire presque, si ce n'est qu'il observe les autres et leurs défauts tout du long de l'histoire.

On ne sait pas très bien ce que lui fait concrètement pour créer du lien, pour améliorer la vie de ses proches, pour exister autrement que comme un passager.

J'ai beaucoup aimé l'ambivalence que cela crée d'être dans sa tête, de se demander comment ce comportement, relativement dur, pouvait expliquer son manque de capacité relationnel. Tous ses jugements sont à la fois vrais ou perspicaces et fallacieux.

De la même manière, les analyses des dynamiques de classe et de genre sont super intéressantes. Les dialogues marchent extrêmement bien (en anglais en tout cas, car je l'ai lu en VO).